REORIENTATION STRATEGIQUE DE L’ACTION GOUVERNEMENTALE
M. Boubacar Camara a été nommé Secrétaire général du gouvernement, succédant à M. Mouhamadou Al Aminou Lô promu ministre chargé de la coordination, du suivi et de l’évaluation de l’Agenda national de transformation « Sénégal 2050 ».

Le Président de la République a procédé, mercredi dernier, à un réajustement ministériel d’envergure stratégique, visant à lever les obstacles entravant l’exécution optimale du programme gouvernemental. Ce dernier semble aujourd’hui pris en étau entre, d’une part, une conjoncture budgétaire particulièrement contraignante et, d’autre part, l’attente prolongée d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue d’un nouveau programme de soutien financier. Cette double impasse fragilise la capacité de l’État à impulser les réformes structurelles prévues dans le cadre de son programme de transformation nationale.
Conscient de ces défis majeurs, le chef de l’État, M. Bassirou Diomaye Diakhar Faye, en concertation avec son Premier ministre, M. Ousmane Sonko, a jugé nécessaire de procéder à une recomposition partielle, mais stratégique, de l’organigramme gouvernemental. Cette décision traduit une volonté manifeste de renforcer la gouvernance technocratique de l’État en confiant des responsabilités clés à des profils dotés d’une double légitimité : politique d’une part, et technico-administrative d’autre part.
Dans cette dynamique, M. Boubacar Camara a été nommé Secrétaire général du gouvernement, succédant à M. Mouhamadou Al Aminou Lô, désormais promu ministre auprès du Président de la République, chargé de la coordination, du suivi et de l’évaluation de l’Agenda national de transformation « Sénégal 2050 ». Ce programme, qui constitue le socle de la vision prospective du développement du pays, nécessite un pilotage rigoureux et une capacité d’anticipation des mutations économiques et sociales à venir.
L’attribution de cette mission à M. Lô n’est guère fortuite. Ce dernier a su, tout au long de son parcours récent, s’imposer comme l’un des visages les plus pédagogues et accessibles de l’équipe gouvernementale. Ses interventions récurrentes devant la presse, dans le cadre des séances d’explication des politiques publiques, ont contribué à ancrer une culture de la transparence budgétaire et à rapprocher l’action publique des citoyens. Sa promotion à ce poste stratégique témoigne de la confiance renouvelée que lui accorde le chef de l’État, mais aussi de l’importance accordée à l’Agenda 2050 dans l’architecture globale du projet présidentiel.
Quant à la désignation de M. Boubacar Camara comme Secrétaire général du gouvernement, elle s’inscrit dans une logique de consolidation de l’efficacité institutionnelle. Cette fonction, véritable plaque tournante de l’appareil d’État, requiert à la fois une connaissance fine des rouages administratifs et une capacité à coordonner les actions des différents ministères dans le respect des orientations politiques définies par le chef de l’exécutif.
M. Camara, figure politique de premier plan et président du Parti pour la citoyenneté et la solidarité (PCS/Tabaax Jengu), apporte avec lui une légitimité politique indéniable, renforcée par sa participation à la dernière élection présidentielle de mars 2024. Son engagement de longue date aux côtés du président Ousmane Sonko dont il fut un soutien actif dès la campagne présidentielle de 2019 en fait un acteur clé de la coalition au pouvoir.
Son parcours administratif témoigne, par ailleurs, d’une expertise solide et diversifiée. Ancien inspecteur général d’État M. Camara a fait le choix de se retirer prématurément de la fonction publique, décision rare quireflète une exigence personnelle en matière d’intégrité et de principes. Il a ensuite élargi son champ de compétences en intégrant le secteur privé, où il a notamment exercé les fonctions de président du conseil d’administration de la société Sococim, un acteur majeur de l’industrie cimentière.
Dans la sphère publique, il a occupé des fonctions de haut niveau, notamment à la tête des Douanes sénégalaises, où il a su conjuguer rigueur administrative et réforme de l’institution. Il a également été Secrétaire général du ministère de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures (MICATI), sous l’autorité de M. Karim Wade, où il s’est distingué par sa capacité à coordonner des secteurs complexes et à forte dimension stratégique.
Enfin, son expérience internationale, acquise en tant que directeur général adjoint des Douanes du Bénin, vient parachever un parcours exceptionnel, le dotant d’une vision régionale et d’un savoir-faire transposable à l’échelle nationale.
Ces nominations traduisent ainsi la volonté du pouvoir exécutif de recentrer son action autour de compétences avérées, dans un contexte de grande exigence économique et de profonde mutation institutionnelle. Elles marquent une inflexion stratégique dans la gouvernance, portée par une quête de résultats, de transparence et d’efficacité.