SEULS 28% DES ACHATS PROFITENT AUX ENTREPRISES NATIONALES DANS LE SECTEUR DES MINES
La Chambre des Mines du Sénégal (CMDS) organise à Thiès une rencontre de deux jours sur les achats locaux dans le secteur des mines.

La Chambre des Mines du Sénégal (CMDS) organise à Thiès une rencontre de deux jours sur les achats locaux dans le secteur des mines. Il s’est agi d’une plateforme d’échanges entre tous les acteurs impliqués, pour permettre aux entreprises nationales de tirer le maximum de retombées dans ce domaine. Selon le président de la CMDS, Daour Dieng, sur les 715 milliards de Fcfa d’achats répertoriés dans le secteur, 28% seulement profitent aux entreprises nationales.
La Chambre des Mines du Sénégal (CMDS) est une association à but non lucratif regroupant une cinquantaine de sociétés minières et de sous-traitants qui agissent dans les domaines de l’exploration et de l’exploitation minière sur l’ensemble du territoire national. Elle s’est prescrit la mission de créer les conditions favorables d’une expansion durable du secteur minier et de l’économie nationale, mais aussi de favoriser l’émergence d’un secteur minier dynamique et structuré. C’est dans ce cadre qu’elle a organisé à Thiès une consultation sous la forme d’un «Atelier Régional sur les Achats Locaux dans le Secteur Minier» et qui s’inscrit en droite ligne des orientations de la politique gouvernementale en matière de Contenu Local et, fait échos aux conclusions de l’atelier régional organisé dans le secteur minier aurifère à Kédougou il y a deux ans. Selon le président de la Chambre des Mines du Sénégal, Daour Dieng, sur les 715 milliards de Fcfa d’achats réalisés par les mines, 28% seulement profitent aux entreprises nationales. Une tendance qui peut être inversée.
Pour lui, il faut que tous les acteurs qui se retrouvent autour de ce processus, puissent s’asseoir autour d’une table, pour échanger et décliner les voies et moyens à mettre en mouvement. «Au Sénégal, le secteur minier contribue énormément à l’économie nationale. Les études de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (l’ITIE) ont prouvé qu’il y a une forte contribution des sociétés minières, mais qui est susceptible d’être améliorée. D’aucuns pensent qu’une bonne partie des achats de ces sociétés profitent aux entreprises étrangères. Or l’Etat, dans sa lettre de politique sectorielle, a initié une loi pour promouvoir le contenu local, pour que les sociétés nationales profitent au mieux des retombées positives du secteur. C’est dans ce cadre que la Chambre des Mines, en parfaite intelligence avec l’Etat du Sénégal se positionne comme l’un des pionniers pour le renforcement de cette politique du contenu local».
Il s’est agi avec cette rencontre de partager cette loi avec les fournisseurs sénégalais et leur donner le maximum d’informations et voir comment les préparer pour qu’ils captent davantage les retombées dans ce domaine. A cet effet, le gouverneur de la région de Thiès, Alioune Badara Mbengue insiste sur la nécessité d’avoir un système privé revigoré, renforcé par la possibilité de fournir des services, du matériel destinés au secteur minier, pour pouvoir davantage capter des retombées, pour se développer, même s’il est vrai qu’il y a des domaines qui nécessite une certaine spécialisation avec des appels d’offres internationaux. Selon lui, l’Etat a mis en place des structures d’encadrement comme la DER, pour accompagner les fournisseurs locaux. «Si les mines jouent convenablement leur rôle, en prêtant une oreille attentive aux préoccupations des riverains, les populations les accueilleront toujours à bras ouverts et la cohabitation ne pourrait que s’en porter mieux», indique le chef de l’exécutif régional de Thiès.
MAGATTE WADE, MAIRE DE MEKHE «LES CONTRATS MINIERS DOIVENT FAIRE L’OBJET D’UNE PLUS GRANDE SURVEILLANCE DE LA PART DES AUTORITES»
Si les chiffres rapportés par l’ITIE font état d’avancées importantes en termes de paiements aux entreprises nationales, souligne le gouverneur Alioune Badara Mbengue, des progrès plus soutenus sont nécessaires, pour permettre aux PME et PMI de la région d’optimiser leur participation dans les chaines de valeur de l’industrie minière, en dehors des efforts appréciables consentis par les sociétés minières, dans le cadre de la Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE). Il a cité l’exemple de la Grande Côte Opérations (GCO) qui a réalisé 70% d’achats locaux au Sénégal, soit 53 milliards Fcfa sur les 80,5 milliards Fcfa en 2021. Ces retombées sont allées à 5.500 bénéficiaires dont entre autres 22 Groupements d’Intérêt Economique (GIE) locaux comprenant 1.500 membres et 6 GIE totalisant 437 femmes. A cela, s’ajoute l’approvisionnement en denrées alimentaires du camp de Diogo.
Selon Magatte Wade maire de la commune de Mékhé, le premier marché local au niveau du secteur minier, c’est le marché contractuel entre les mines et l’Etat, en terme de respect des cahiers des charges et d’investissements. C’est à travers ces investissements que les fournisseurs locaux parviennent à accéder aux ressources de la mine. Il ajoute, « mais malheureusement, nous n’avons pas d’indicateurs au niveau du respect du cahier des charges avec ces investissements. Les contrats miniers doivent faire l’objet d’une plus grande attention, d’une plus grande surveillance de la part des autorités, pour qu’ils soient bénéfiques aux populations et au pays. Il est constaté qu’une bonne partie des cahiers des charges est respectée, mais l’essentiel devant aller vers les populations en terme d’investissements sectoriels comme l’augmentation du réseau d’eau, d’électricité, construction d’écoles, d’hôpital, partage de l’énergie, pose encore problème. C’est ainsi que les sites miniers sont parfois abondamment fournis en électricité, en eau, alors que les villages environnants n’en ont pas. Il a appelé l’Etat et les mines à être beaucoup plus vigilants sur le respect des cahiers des charges, d’autant plus que le pays est doté d’un code minier de très bonne facture.