UNE REALITE MAL APPREHENDEE PAR LES DECIDEURS POLITIQUES AFRICAINS
Après avoir développé sur le dynamisme de l’intelligence économique dans le monde, Chérif Salif Sy dira: "Dans le contexte africain, il reste beaucoup à faire en matière d’intelligence économique."

Ne pas avoir une vraie politique industrielle, une bonne stratégie industrielle et une perspective éclairée du libéralisme dans un monde quasiment embastillé par la guerre économique, c’est tout simplement prendre le risque de disparaitre au profit de ceux qui en font un outil stratégique, peut-on ainsi résumer les propos de Chérif Salif Sy, directeur du Forum du Tiers monde et Amath Soumaré, président de Sopel international et du Centre africain de la nouvelle économie qui débattaient sur le Thème: «L’intelligence économique et l’Afrique», samedi , à Dakar. C’était dans le cadre des activités mensuelles de l’Arcade en collaboration avec la Fondation Rosa Luxembourg dénommées les samedis de l’économie.
Après avoir développé sur le dynamisme de l’intelligence économique dans le monde, Chérif Salif Sy dira: «Dans le contexte africain, il reste beaucoup à faire en matière d’intelligence économique. Cependant, certains pays, comme le Maroc, la Tunisie et dans une moindre mesure la république démocratique du Congo en ont fait un axe prioritaire de développement». Vu sous l’angle continental avec l’avènement de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), opérationnelle depuis le 7 juillet dernier, M. Sy est d’avis que cela n’aura de sens si une bonne politique d’industrialisation, une bonne stratégie industrielle et une bonne perspective éclairée combinant monde économique et monde politique sont appliquées. Certes, l’idée est géniale, dira-t-il: «Mais, il faut travailler à faire de l’Afrique un continent industrialisé en transformant localement nos produits. Et c’est seulement de cette façon-là qu’on arrivera à faire un continent économiquement viable et politiquement décisionnel».
A l’en croire, «les Africains ne décident presque de rien aussi bien des politiques, des orientations, des décisions et même du choix de leur président de la République qui leur est dicté. Il faut que les médias occidentaux parlent du bon ou du mauvais candidat selon ce qui les arrange pour qu’enfin, les Africains se résolvent à choisir». Pis, déplore-t-il: «Si tout cela est possible, c’est parce que nos dirigeants ne lisent pas nos recherches approfondies et bien adaptées pour notre propre développement. Et pour s’en convaincre, il est quasi rare, voire inexistant de entendre quelqu’un citer un auteur africain sur tel ou tel autre domaine de recherche. On préfère valoriser les Occidentaux qui ont fait les études que les Africains, aux mêmes compétences et qui ont fait des recherches approfondies des bien des domaines…».
ETAT, ENTREPRISES ET SOCIETE CIVILE, GARANTS D’UN DEVELOPPEMENT HARMONIEUX
Dans le même sillage, Amath Soumaré, président de Sopel International et non moins premier africain diplômé en intelligence économique de souligner que le concept de l’intelligence économique est l’ensemble des activités coordonnées de collecte, de traitement et de diffusion de l’information utile aux acteurs économiques, en vue de son exploitation, tout en opposant celle-ci à l’espionnage économique ou industriel. Non sans préciser qu’elle se pratique ouvertement et utilise uniquement des données accessibles au public et par des moyens légaux. A suivre sa réflexion, «le développement implique deux fondamentaux que sont l’organisation (discipline) et l’intelligence collective. Faute de quoi, point de développement. Donc, le développement est une question de civisme, de patriotisme et de stratégie. Légitimant son propos, il dira ceci : «Au niveau africain, nous avons le Rwanda qui est un exemple patent. Ce n’est nullement en récitant chaque jour la Bible ou le Coran qu’on arrivera à se développer. Il faut de l’organisation, la discipline, le patriotisme pour y arriver». A l’en croire: «Il ne saurait y avoir de développement sans la sécurité alimentaire, la sécurité économique et le patriotisme civique. Et pour ce qui est des entreprises, point de développement sans la valorisation de son personnel». Il ajoute enfin: «Le développement, c’est la connaissance du savoir aujourd’hui basée sur l’information décisionnelle…».