L’ADAPTATION, PREMIERE EPREUVE DE L’ETUDIANT DE KAFFRINE
Nostalgiques de leurs terroirs d’origine, les étudiants du campus de Kaffrine de l’Université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) éprouvent des difficultés à s’adapter à leur nouvelle vie.

Nostalgiques de leurs terroirs d’origine, les étudiants du campus de Kaffrine de l’Université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) éprouvent des difficultés à s’adapter à leur nouvelle vie. Pour faire face, chacun y va avec ses recettes.
Les alentours du campus de Kaffrine de l’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) dégagent une atmosphère vide, froide, voire glaciale. Le paysage est dégarni. Aux abords, pas la moindre demeure. L’entrée présente un aspect tout aussi pondéré. Un bus de transport « Tata » guette la sortie des apprenants. Elle est prévue d’une minute à l’autre.
A côté, de jeunes gens discutent. A l’intérieur, quelques rares étudiants, assis sur des bancs en dur, échangent sur les cours. D’autres déambulent. Il est midi passé. Le campus est presque vide. Le décor contraste avec celui surpeuplé des autres universités publiques du Sénégal. Ici, les rares étudiants trouvés sur place échangent et observent, de temps à autre, une pause, s’esclaffant parfois. L’ambiance est apparemment détendue. Au loin, un groupe palabre. Aboubacar Diop, 18 ans, en fait partie. Ce ressortissant de la région de Tambacounda est en première année de Zootechnie et Santé animale. Une aubaine pour lui, car il a toujours manifesté un intérêt particulier pour les animaux. « Je ne demandais pas mieux. J’aime la compagnie des animaux.
D’ailleurs, j’en élève chez moi. Lorsque j’ai été orienté en Zootechnie, je me suis véritablement réjoui de cela », soulignet-il, tout content. Sous l’emprise de l’euphorie, le jeune homme relègue au second plan une donne essentielle : la distance. En effet, Tambacounda, sa région d’origine, et Kaffrine, son lieu d’orientation, sont séparées de 213 kilomètres. Une fois sur place, le nouvel étudiant vit le dépaysement. « Les deux premiers jours étaient particulièrement difficiles. Je ne connaissais personne, je me débrouillais seul », confie-t-il. Au troisième jour, il rencontre celui qui, depuis, est devenu son « inséparable camarade ». Souleymane est son nom. A notre passage, les deux jeunes étaient assis côte à côte. Parmi les centaines d’étudiants orientés au campus de Kaffrine de l’Ussein, rares sont ceux qui sont originaires du terroir. La majorité est confrontée au dépaysement. Certains tentent de positiver cette nouvelle situation en exploitant les canaux d’intégration. Amadou, âgé aussi de 18 ans, est originaire de la région de Matam. Il conte sa petite mésaventure : « Quand j’ai débarqué, je me suis senti perdu, je me cherche encore ».
Tout le contraire d’Aboubacar qui a déjà réussi à tisser des relations à Kaffrine. « Mon père m’avait recommandé un de ses amis qui m’a accueilli dans sa maison dès mon arrivée », dit-il. Hélas, l’environnement n’est pas à son goût. Mais, avec la chambre qu’il a pu trouver avec certains camarades étudiants au quartier Diamaguène, notre interlocuteur s’adapte de mieux en mieux dans sa nouvelle vie. Pour d’autres pensionnaires de ce campus, étudier loin de chez soi, c’est quitter son environnement familial, des amis et des proches. « C’est une rupture qui est difficile à supporter, surtout à l’occasion de certains évènements marquants, tels que les cérémonies familiales, où tous les parents se retrouvent. Mais, nous sommes tenus d’admettre la nouvelle réalité et de faire avec », explique Diarra qui vient, lui, de Guinguinéo.
Des amicales pour promouvoir la solidarité estudiantine
Pour venir à bout de la solitude, des étudiants se forment en amicales et louent une maison entière, informe Aliou Niome, originaire de Saint-Louis. Cet étudiant en Anthropologie et Développement rural est membre de l’Amicale des étudiants ressortissants de Saint-Louis. Leur structure compte plus d’une centaine de membres. L’objectif de ces amicales est de faciliter la cohésion sociale et la solidarité estudiantine et de combattre la passivité. « Nous bannissons l’isolement et restons en bloc dans un esprit d’enracinement et d’ouverture », raconte Aliou. La même organisation est rencontrée chez les autres ressortissants des régions. Awa Kane, 20 ans, inscrite en première année de Communication, partage aussi son logement avec une copine. D’ailleurs, habiter à deux est considéré même comme un confort pour nombre d’étudiants du campus, confirme Samba, étudiant en Agroalimentaire. « Je m’entends bien avec ma co-locatrice, c’est l’essentiel », fait savoir Awa. Signalons que ces étudiants bénéficient de l’appui financier de leurs parents pour pouvoir louer des chambres.