LA PALESTINE PAR DEVOIR !
EXCLUSIF SENEPLUS - Gaza est devenue une prison à ciel ouvert, une fosse commune. Avons-nous perdu le sens de la vie ? L’État israélien serait-il un intouchable ? Le rôle d’intellectuel et d’universitaire est historiquement lié au refus de l’arbitraire

Depuis plusieurs années, le peuple palestinien souffre le martyr dans la bande de Gaza sans que des mesures radicales ne soient prises pour mettre fin au massacre génocidaire de l’État d’Israël. En effet, après l’attaque du 7 octobre 2023 revendiquée par le Hamas, Israël a accentué ses interventions meurtrières dans la bande de Gaza, prétextant vouloir éliminer une bonne fois pour toute les membres du Hamas. Hélas, les populations civiles paient depuis le début des interventions de l’armée israélienne un très lourd tribut. Le bilan actuel, du reste très funeste, fait état de plus de 50 000 morts du côté palestinien. Les enfants, les femmes sont quotidiennement fauchées par une armée aveugle composée de soldatesques qui ne doivent leur raison d’être que pour « exterminer des êtres humains dont le seul tort est d’être Palestinien ». L’armée israélienne s’oppose régulièrement à l’entrée de l’aide humanitaire, pour davantage affamer la population gazaouite dont la dignité est en jeu, malgré les innombrables appels d’organisations humanitaires à un rétablissement du cessez-le-feu. Chaque jour, les enfants et femmes, pour tromper leur faim, se disputent les quelques miettes de nourritures distribuées. Quelle lutte acharnée pour la survie !
Déjà en mars 2025, la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial des Nations Unies s’alarmait de la situation en ces termes : “Les familles de Gaza meurent de faim alors que la nourriture dont elles ont besoin est bloquée à la frontière. Nous ne pouvons pas leur fournir cette assistance vitale en raison de la reprise du conflit et de l’interdiction totale de l’aide humanitaire imposée début mars[1].”
Concomitamment, l’armée israélienne massacre les humanitaires, les agents de Croissant Rouge, aux journalistes. Gaza est devenue une prison à ciel ouvert, une fosse commune. Avons-nous perdu le sens de la vie ? À ce bilan macabre de l’État israélien, il faut ajouter la destruction volontaire des infrastructures médicales, éducatives (hôpitaux, écoles), les lieux de culte et routes. Au même moment, l’Union Européenne, les Etats-Unis s’associent à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie.
En Afrique, l’Afrique du Sud est l’une des rares voix audibles qui a osé dénoncer le génocide israélien.
Nous, universitaires, conscients de notre rôle d’avant-gardistes, regrettons l’indignation sélective de la Communauté internationale face au massacre de la population palestinienne sur son propre sol. Ne pas condamner ce que subi le peuple palestinien, c’est être complice tacite de la volonté de l’État israélien d’exterminer les habitants de Gaza, à défaut de les pousser à la migration forcée. Il faut dénoncer avec force l’intention inavouée du président Benyamin Netanyahu d’annexer la bande de Gaza pour élargir son territoire. Cette colonisation a d’ailleurs été annoncée par le président américain Donald Trump qui, dans le cadre d’un simulacre de plan de paix, proposait de déplacer les habitants de la Bande de Gaza vers l’Égypte et la Jordanie qui ont aussitôt refusé cette décision inélégante et inhumaine d’un chef qui pense que l’action doit présider la réflexion.
En réalité, en violant la trêve avec le mouvement Hamas, entrée en vigueur en janvier 2025, (cessez-le-feu conclu le 15 janvier 2025), Benyamin Netanyahu semble vouloir forcer le destin du peuple palestinien qu’il souhaite le pire.
Pourtant, au même moment, l’Union Européenne, les États-Unis condamnent fermement l'intervention russe en Ukraine et soutiennent activement l’État ukrainien en fournissant une aide politique, financière, humanitaire et militaire, ainsi qu'en imposant des sanctions à la Russie. Au nom de l’humanisme, il faut soutenir le peuple palestinien et mettre fin à l’indignation sélective : toutes les vies se valent.
Aujourd’hui, le procureur de la Cour Pénale internationale (CPI), Karim Khan, qui avait ouvert des enquêtes contre Israël pour des crimes de guerre perpétrés à Gaza, et lancé un mandat d’arrêt contre le président israélien Benyamin Netanyahu, fait objet d’une enquête pour faute présumée. Le président des États-Unis, Donald Trump, qui avait annoncé des sanctions contre la CPI, en février 2025, et les alliés inconditionnels de l’État israélien ont-ils mis en œuvre leur menace ? L’État israélien serait-il un intouchable ? Pourtant, il y a moins d’un siècle l’État d’Israël ne figurait pas su la carte du monde. Déclarée persona non grata dans presque tous les coins du monde, l’Occident, tel pour réparer l’Holocauste juive, a acté la création de l’État d’Israël en 1948. Mais il semble que le monde souffrirait d’une amnésie chronique qui n’autorise la moindre réminiscence d’une histoire douloureuse qui ne grandit pas le monde occidental ayant abrité les plus grands camps de concentration et d’extermination juive.
Nous, universitaires, homoacademicus, dénonçons le massacre des civiles, le déplacement forcé des populations et la destruction intentionnelle des infrastructures visant à transformer la bande de Gaza en champ de ruine.
En effet, le rôle d’intellectuel et d’universitaire est historiquement lié au refus de l’arbitraire, de l’injustice et de toutes formes d’inégalités. En réalité, l’engagement des universitaires dans la lutte pour respect de la dignité du peuple palestinien n’est qu’un retour à leur terrain naturel (Diaw, 1992). C’est ce refus de l’injustice qui distingue l’intellectuel traditionnel (rôle que nous revendiquons) de l’intellectuel organique qui défend l’intérêt d’un groupe ou d’une classe sociale. Dès lors, soutenir le peuple palestinien est un devoir ; une obligation morale. Comme producteurs de sens et de savoir (Diouf, 1992), les universitaires ont donc un rôle prépondérant à jouer dans l’émancipation des peuples opprimés. L’enserrement de leur discours dans le social leur permet de jouer pleinement le rôle d’avant-garde que leur assigne la société (Camara, 2025).
Nous appelons au respect immédiat de la trêve par Israël pour mettre fin aux dizaines de morts enregistrées par jour. Par ailleurs, nous invitons la communauté internationale à hâter la création d’un État palestinien souverain pour le respect de la dignité de ce peuple martyr.
Aimer la Palestine, c’est refuser l’occupation illégale de son territoire et l’extermination de sa population par Israël depuis 19 mois.
[1] Cindy McCain, directrice exécutive du Programme alimentaire mondial des Nations unies, source : https://www.unicef.fr/article/israel-palestine-les-enfants-paient-le-prix-de-la-guerre