L'ÉGLISE CATHOLIQUE A UN NOUVEAU PAPE
Après moins de 24 heures de conclave, la fumée blanche s'est élevée au-dessus de la chapelle Sixtine. Les cloches de Rome ont retenti pour annoncer l'élection du 267e pape, successeur de François, décédé le 21 avril dernier

(SenePlus) - Des milliers de fidèles ont explosé de joie jeudi sur la place Saint-Pierre lorsque la fumée blanche a jailli de la cheminée de la chapelle Sixtine peu après 18h00, heure locale. Cette apparition tant attendue signale la fin du conclave et l'élection d'un nouveau pape, successeur de François décédé le 21 avril dernier à l'âge de 88 ans.
"Des milliers de fidèles et touristes massés sur la place Saint-Pierre ont salué avec des acclamations de joie et des applaudissements l'apparition des volutes s'échappant de la mince cheminée plantée sur le toit de la chapelle Sixtine", rapporte l'AFP, dont les journalistes ont assisté à la scène. Beaucoup immortalisaient l'instant historique avec leurs téléphones portables tandis que les cloches de la basilique Saint-Pierre et d'autres églises romaines se mettaient à sonner à toute volée.
Le 267e souverain pontife a été élu par un collège cardinalice particulièrement diversifié. En effet, un nombre record de 133 cardinaux issus de 70 pays différents s'étaient réunis dans le secret absolu de la chapelle Sixtine depuis mercredi soir. Cette assemblée reflétait la volonté du pape François de renouveler l'Église : environ 80% des cardinaux présents avaient été nommés durant son pontificat, avec une attention particulière pour les "périphéries", ces régions éloignées de l'Europe traditionnellement moins représentées.
Le nouveau pape a obtenu la majorité requise des deux tiers, soit au moins 89 voix, mais les détails du scrutin resteront secrets, conformément à la tradition vaticane. Son identité et son nom de règne seront annoncés par le cardinal "protodiacre" qui prononcera depuis le balcon de la basilique la célèbre formule "Habemus papam" ("nous avons un pape"). Lors de l'élection de François en 2013, l'attente entre la fumée blanche et cette annonce avait duré "un peu plus d'une heure", précise l'AFP.
Le nouveau pontife prend les rênes d'une Église confrontée à de multiples défis. Lors d'une messe célébrée avant le conclave, le doyen du collège cardinalice, l'Italien Giovanni Battista Re, avait appelé ses pairs à choisir le pape "dont l'Église et l'humanité ont besoin en ce tournant si difficile, complexe et tourmenté de l'Histoire", insistant particulièrement sur "le maintien de l'unité de l'Église".
Cette préoccupation n'est pas anodine. Le pontificat de François, marqué par des réformes audacieuses et des prises de position tranchées, a parfois divisé l'institution. Le nouveau pape devra composer avec "des sensibilités culturelles très diverses, entre une Europe sécularisée et des 'périphéries' en croissance", souligne l'AFP.
Parmi les dossiers urgents qui attendent le successeur de François figurent "les finances, la lutte contre la pédocriminalité, la baisse des vocations" dans une institution "en perte de vitesse en Europe". Plusieurs figures étaient citées parmi les favoris, notamment "les Italiens Pietro Parolin et Pierbattista Pizzaballa, le Maltais Mario Grech, le Français Jean-Marc Aveline, ou le Philippin Luis Antonio Tagle", selon les informations recueillies par l'AFP.
La procédure d'élection du pape, avec son rituel immuable, contraste fortement avec l'effervescence médiatique qui l'entoure. Les cardinaux avaient été coupés du monde extérieur pendant toute la durée du conclave : "aucun téléphone portable n'était autorisé, et les réseaux de télécommunication étaient coupés entre les murs de la Cité du Vatican".
Après l'annonce de son identité, le nouveau souverain pontife devrait apparaître sur le balcon de Saint-Pierre pour sa première bénédiction "urbi et orbi" (à la ville et au monde), s'adressant symboliquement aux "plus de 1,4 milliard de catholiques dans le monde". Ce geste inaugural marquera le début d'un nouveau chapitre pour l'Église catholique, douze ans après l'élection de Jorge Mario Bergoglio, devenu le pape François.
Ce conclave s'est déroulé remarquablement vite. Commencé mercredi soir, il s'est achevé dès le lendemain après-midi, signe possible d'un consensus rapide parmi les cardinaux sur la personne capable de relever les défis considérables qui attendent l'Église catholique dans les années à venir.