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MAURITANIE, UN PAYS PROFONDEMENT DIVISE

Même s’il y a la paix et la stabilité, la Mauritanie n’est plus le même pays qu’avant le conflit de 1989. Ces évènements sont venus compliquer les relations déjà conflictuelles entre les différentes communautés.

Seydina Bilal DiaLLo (Envoyé Spécial en Mauritanie)  |   Publication 13/12/2019

Même s’il y a la paix et la stabilité, la Mauritanie n’est plus le même pays qu’avant le conflit de 1989. Ces évènements sont venus compliquer les relations déjà conflictuelles entre les différentes communautés.

«30 migrants sont arrêtés à Aleg (Ndlr : Ville du sud-ouest de la Mauritanie, dans la région du Brakna). Et mon frère fait partie du lot», confesse un homme barbu vêtu d’une chemise à rayures blanches et violettes avec des carrés verts. Longiligne, en sueur, pantalon kaki et sandales aux pieds, notre interlocuteur a du mal à cacher son stress. Venu en cette matinée du 28 octobre 2019, chercher assistance à l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH), cet immigrant malien vivant à Nouakchott n’avait pas encore tout dit. «Qu’est-ce qu’il a fait ?», lui demande le permanent de l’organisation des droits de l’homme, Monsieur Ba. «De la drogue. Mais on ne l’a pas trouvé sur lui. Il a eu le malheur d’être sur les lieux où on a découvert les stupéfiants lors de la descente des forces de l’ordre», explique-t-il pour sauver son jeune frère. «Il est mineur. Il était juste de passage pour tenter l’aventure. Il voulait partir en Europe en passant par le Maroc, puis la Méditerranée», poursuit-il. «Ok. On va lui trouver un avocat», rassure Monsieur Ba qui compte faire bénéficier à ce jeune migrant leur programme destiné aux migrants mineurs qui ont maille à partir avec la Justice.

Soulagé de savoir que son frère aura un avocat pour le défendre, l’homme part rassuré. Les migrants sont très vulnérables dans cette partie de l’Afrique. Faute d’assistance, ils sont souvent condamnés. Mais ces dossiers sont moins compliqués à gérer pour l’AMDH et les organisations comme le Forum des Organisations Nationales de Droits Humains (Fonadh). Leur grand défi aujourd’hui est de faire de sorte que les Mauritaniens soient réconciliés. En réalité, il y a une division des communautés : maures blancs, Haratines et autres negro mauritaniens (Peul, Soninke, Ouolof). Avec une population estimée à 4 millions d’habitants, la Mauritanie est un Etat assez particulier où le contact est différent et particulier. La perception générale est que le noir et le maure blanc n’ont pas les mêmes droits. «Le problème profond de la Mauritanie, c’est le déchirement entre les communautés. Le maure n’aime pas le noir et vice versa. Pourtant, ils sont liés et obligés de vivre ensemble. J’ai honte parfois. Il y a incontestablement une exclusion de la communauté négro-africaine. Nous sommes une République islamique, cela veut dire fondamentalement que nous sommes des frères. Mais la réalité est tout autre. Les problèmes d’esclavage, de discrimination et de langue sont toujours à l’ordre du jour. C’est notre pays, qu’on le veuille ou non. Donc, nous ne devrons pas verser dans des contradictions inutiles», clame Arouna Touré, un ancien inspecteur des douanes, aujourd’hui membre du Fonadh.

Face à cette situation, une dame, Djeynaba Mamadou Wélé s’est engagée en politique pour ne pas laisser la situation pourrir. Originaire de Diéwol dans la région de Kaédi en Mauritanie, elle a vécu et grandi à Nouakchott depuis l’âge de 5 ans. Déportée lors des évènements de 1989, elle est aussitôt revenue après la crise avant de s’engager pendant 14 ans au sein du Mouvement pour la Refondation (MPR), parti dirigé par Kane Hamidou Baba. «J’ai très tôt compris que pour bien s’intégrer et être respecté dans ce pays, il faut faire soit du commerce ou de la politique», déclare-t-elle. C’est ainsi qu’elle a commencé à militer dans ce parti négro-mauritanien. Lasse des discours du genre : «ils ont tué, ils ont pillé, … » ; et de la politique de complaintes et de dénonciations qui, selon elle, éveille le sentiment revanchard, elle a décidé d’aller rejoindre en 2017 un parti de maure blanc dénommé El Karama, un parti qui a d’ailleurs soutenu Ghazouani à la dernière présidentielle mauritanienne. «C’est pour essayer de comprendre la perception des maures blancs sur les négros mauritaniens et leur façon de faire la politique etleur vision de l’avenir de la Mauritanie. C’est une démarche préventive. Ainsi, rien ne pourra se décider sans nous les négro-mauritaniens», dit-elle. Ainsi, elle a été désignée responsable des femmes de la Commune de El Mina. Elle lutte aujourd’hui pour l’égalité et l’équité entre les noirs et les blancs. «Je n’ai jamais eu de fonction là où j’ai débuté en politique. Mais quand j’ai rejoint El karama, une semaine après j’ai été désignée candidate du parti pour la mairie de El Mina. Je suis arrivée à la 7ème position sur 45 candidatures. Je siège aujourd’hui au Conseil municipal d’El Mina».Déterminée, elle soutient que tant qu’il y aura des élections dans ce pays, elle participera. «Je ne laisserai plus les gens décider à notre place. Je suis impliquée dans tout ce qui se fait dans ma Commune. Il n’y a pas longtemps, le maire est venu me demander des noms pour des emplois à pourvoir», explique-t-elle.

DJEYNABA MAMADOU WELE, RESPONSABLE POLITIQUE : «CETTE HAINE EST DEVENUE CONTAGIEUSE ET ON LA TRANSMET A NOS ENFANTS»

Elle avoue cependant que la haine est présente dans le cœur de certains Mauritaniens. «C’est dans les veines. C’est pourquoi ce sera très difficile de la combattre», déclare Djeynaba Mamadou Wélé qui propose à ce que les noirs essayent d’oublier ce qui s’est passé et de tourner la page. «Cette haine est devenue contagieuse et on la transmet à nos enfants. La preuve, mon fils né en 1989 a voulu s’engager dans l’armée ; mais lors des tests on lui a posé des questions vraiment gênantes en lui demandant si son père a été victime des évènements de 1989. Se sentant stigmatisé, il n’a pas voulu répondre. Finalement il n’a pas été retenu. Stigmatisés, les jeunes ne veulent plus faire l’armée», regrette-telle.

D’un autre côté, poursuit-elle, les noirs aussi ne veulent pas oublier et ont un sentiment revanchard. D’ailleurs, elle affirme que chaque année pendant la commémoration du 28 novembre, on se rappelle ces évènements et la haine rejaillit. Le plus désolant, fait-elle savoir, c’est qu’à chaque fois qu’il y a émeute, les gens veulent en profiter pour accroitre la division communautaire. «Récemment, il y avait des émeutes, mais quand les noirs arrêtaient un taxi, ils faisaient descendre le blancs et s’attaquaient à eux. Ici, blanc, haratine et peulhs se regardent en chiens de faïence», affirme-t-elle.

Pourtant loin des clichés, soutient-elle, les maures blancs ne sont pas aussi mauvais qu’on le pense. Une autre situation participe à distendre les lignes. Après les évènements de 1989 et la «déportation» des negro mauritaniens, il y a eu ce que les gens appellent «tuerie» contre les hauts fonctionnaires et les soldats. «Dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, jour de l’Indépendance de la Mauritanie, 28 militaires, officiers, sous-officiers et soldats ont été arrêtés torturés et tués».

Les familles des victimes et populations négro mauritaniennes gardent toujours ça à l’esprit. Un vent chaud et sec souffle en cet après-midi du 29 octobre. Dans la banlieue de Nouakchott, loin des grandes avenues et des jolis immeubles de la capitale. Ici, les ruelles sont cahoteuses par endroit et sablonneuses dans d’autres. Des flaques d’eau usées et autres immondices sont déversées sur la route. Au «Sixième carrefour Yéro Sarr», quartier général des victimes civilo-militaires des évènements de 89-91, Houlèye Sall pleure toujours son fils. Cette dame très âgée dirige aujourd’hui le regroupement des veuves qui réclament vérité et justice. Son fils Abdoulaye Moussa Sall, lieutenant de l’armée, fut tué en 1990 à Inal, localité située entre Nouadhibou et Zouerate. Torturé, l’officier va perdre finalement la vie le 23 novembre 1990. «C’est un de ses amis rescapés qui a informé la famille de sa mort. Ils étaient trois à être torturés ; il a été le seul à ne pas survivre. Son père décéda quelques jours après quand il a su que notre fils a été torturé et tué».Depuis sa famille, sa maman en première ligne, est engagée pour faire la lumière sur ce qui s’est passé et que justice soit faite. Malgré les années, la maman d’Abdoulaye Moussa Sall a plus que jamais mal. «Regardez comment nous vivons dans cette maison. S’il était encore vivant, nous ne serions pas dans cette précarité», dit-elle tête courbée. Elles sont une quarantaine de veuves à venir ces derniers temps chez elle pour élaborer des stratégies d’actions dans leur lutte qui, pour elles, est plus que jamais d’actualité. A chaque fête de l’Indépendance qu’elles considèrent comme une journée d’ «horreur», elles s’activent. Non loin de là, toujours dans les ruelles sablonneuses de la banlieue de Nouakchott, le collectif des victimes civilo-militaires des événements de 89-91 dispose d’un siège. Mamadou Lamtoro Camara, chargé des affaires juridiques du collectif des victimes civilo-militaires des événements de 1989 et son grand frère Bocar Lamtoro Camara, membre aussi de l’association, ont toujours le cœur meurtri. L’ainé se rappelle : «Mon père sous-officier de la marine fait partie des 28 tués en novembre. J’avais huit ans et mon frère 22 mois. Il a été arrêté le 26 novembre à Nouadhibou. Il était en mission, on l’a rappelé avant de le tuer. C’était juste une épuration ethnique contrer les noirs.»

MAMADOU DIA «J’AI LA HAINE… »

Poursuivant, Mamadou Lamtoro Camara soutient que l‘Etat a reconnu officiellement le 24 mars 2009 à Kaédi les évènements et s’est excusé. «Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a demandé aussi pardon au nom de l’Etat et institué la date du 25 mars comme journée de réconciliation. Mais nous pensons qu’avant de se réconcilier, il faut faire la justice, rétablir la vérité des faits. En tant qu’orphelins, nous voulons qu’il y ait vérité, justice et réparation», tape-t-il du poing sur la table. Quant à Mamadou Dia, vice-président de l’association, il se fait plus virulent : «Nous ne pouvons pas pardonner. En tout cas, personnellement j’ai la haine. Si je trouve un moyen de me venger ; je me vengerai. On n’a ni oublié ni pardonné. On veut que tout le monde puisse savoir ce qui a été fait pendant ces années noires. Il faut que les descendants des bourreaux sachent la vraie histoire de la Mauritanie et ce qui s’est réellement passé durant ces périodes. A partir de là, on pourrait voir si on va pardonner ou pas. On pourrait également parler de paix et d’unité». En attendant, la journée du 28 novembre est considérée comme un jour de deuil. Pour le collectif des victimes civilo-militaires des événements de 89-91, l’Indépendance de la Mauritanie est souillée et que le drapeau est tacheté de sang.

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