LE RAVAGE DES CONTENUS A CARACTERE SEXUEL SUR LA TOILE
Envoyer des nus, par sextos, sextapes, vidéos ou photos, c’est la tendance actuelle pour se rapprocher d’une femme ou d’un homme ou tout simplement pour faire plaisir à son copain(e) , son conjoint (e).

Envoyer des nus, par sextos, sextapes, vidéos ou photos, c’est la tendance actuelle pour se rapprocher d’une femme ou d’un homme ou tout simplement pour faire plaisir à son copain(e) , son conjoint (e). Des vidéos, des photos et des messages qui, (pour la plupart) se retrouvent sur la toile, avec tout ce que cela engendre comme conséquences. Nombre de personnalités politiques, artistes, stars et autres célébrités, en ont fait les frais, à l’instar de l’homme politique français, Benjamin Griveaux. Il a dû renoncer à sa candidature au poste de maire de Paris, à un mois de l’élection, après la diffusion d’une vidéo de lui, à caractère pornographique. Au Sénégal, cette tendance existe bel et bien, et des artistes, des personnalités politiques, des danseurs et même des citoyens lambda en ont été victimes.
Jadis, l’homme ou la femme se mettait dans la peau d’un poète ou d’un écrivain et rédigeait des lettres ou poèmes d’amour pour déclarer sa flamme . Mais, de nos jours, avec l’évolution des technologies de l’information et de la communication (Tic) et de l’Internet, ces pratiques sont abandonnées. Place aux sextos (messages électroniques à caractère sexuel - érotique), aux sextapes (vidéos à caractère sexuel), des vidéos et autres photos à caractère sexuel, pour la drague ou faire plaisir à son copain ou sa copine, sa nouvelle conquête, etc.
Fatou*, une étudiante de 23 ans, se souvient avoir fait trois ans auparavant les frais de cette pratique . A l’époque, son copain qui l’avait filmée à moitié nue la faisait chanter en menaçant de poster cette vidéo, après leur séparation. «J’étais avec mon copain dans sa chambre, la musique à fond. Je me rappelle, à un moment donné, je me suis levée pour danser, je portais seulement un pantalon et un soutien-gorge. Alors que je dansais sexy, mon copain était en train de me filmer. Je le savais, nous avions d’ailleurs même rigolé sur la façon dont je dansais», explique-t-elle. Mais, pour Fatou, les problèmes ont commencé lorsqu’elle a rompu avec son mec. «Un jour, ma mère m’a informée qu’un homme les a appelés pour leur dire que «votre fille est une fille de mœurs légères et que d’ailleurs même il détient une vidéo indécente» de moi et qu’il allait la publier», révèle-t-elle. Avec l’implication de ses parents, l’affaire a été portée devant la justice. «Mes parents ont porté plainte contre mon ex et il a purgé une peine,parce qu’il voulait me faire chanter avec la vidéo pour que je revienne avec lui. Il devrait même me verser une amende, mais je ne voulais pas de son argent», confie-t-elle.
Mamadou, 23 ans et étudiant, lui aussi a déjà envoyé des photos et vidéos à caractère sexuel à sa copine de l’époque. «Je faisais ça, mais c’était il y a très longtemps. J’étais avec ma copine et on vivait «l’amour à l’adolescence». En plus, nous sommes la génération de l’Internet ; on fait tout avec l’Internet. Elle m’envoyait des sextos et des vidéos sexy et vice-versa. Sur les vidéos, elle me disait, entre autres : «je m’apprête à aller aux toilettes pour me doucher» ou «il fait chaud, je ne porte pas de vêtements». Et moi aussi je faisais pareil. On le faisait dans ce cadre-là», se souvient-il. Etant très jeune au moment de ces pratiques-là, «j’ai d’ailleurs arrêté depuis que j’ai vu des photos et des vidéos indécentes de personnes sur Internet». Mamadou craint, avec l’avancée de la technologie, que ses photos et ses vidéos ne se retrouvent sur la toile. «On a l’habitude de dire que sur Internet, il n’y a pas de confidentialité. Et, je ne sais pas, peut-être que ça peut avoir des conséquences à l’avenir. Un jour, je peux devenir quelqu’un dans ce pays et que mes photos et mes vidéos que je faisais, se retrouvent sur la place publique. Et cela pourrait jouer dans ma vie», redoute-t-il.
Ayant quitté sa copine, avec qui il est «en bons termes», l’étudiant se dit convaincu que son ex ne publiera pas ses photos et vidéos. «Nous sommes des amis maintenant et je ne pense pas qu’elle va publier ces vidéos. D’ailleurs même je ne pense pas qu’elle détienne toujours ces photos-là. Je pense qu’elle est passée à autre chose», confesse-t-il, avec une once de certitude.
CHANTAGES, VENGEANCE ET AUTRES ACTES DE BARBARIE : Violations de la vie privée de personnalités publiques Sénégalaises
Entre chantages, vengeance et autres actes de barbarie, nombre de personnalités publiques sénégalaises ont été victimes de violation de leurs intimités ou agressions sur la toile. En attestent ces quelques cas concernant des hommes politiques.
AFFAIRE DES SUPPOSEES «PHOTOS INTIMES» DE SERIGNE MBACKE NDIAYE
Serigne Mbacké Ndiaye, ancien ministre-conseillé de l’ancien président Me Abdoulaye Wade, avait lancé une alerte à l’endroit de ses amis et proches sur les agissements d’un individu qui déclarait détenir des «images intimes» de lui et lui réclamait la somme de 900.000 F Cfa pour que celles-ci ne se retrouvent sur la place publique. Ce «maître-chanteur» qui se présentait comme étant une femme, avec le pseudonyme de Fatouma Youla, était en réalité un homme. Selon «Les Echos», il s’agit d’un jeune gabonais vivant hors du Sénégal. Il avait contacté l’ancien ministre, via une messagerie, exigeant de lui de payer une «rançon», contre la suppression de ces supposées images. Face à l’intransigeance de «sa victime», le «brouteur» a alors envoyé les messages à ses contacts, histoire de faire mousser l’affaire. Mais c’était peine perdue. Serigne Mbacké Ndiaye n’a pas cédé d’un iota. Au contraire, il lui a même demandé d’en faire ce qu’il voulait, avant d’informer ses proches et la Police.
Affaire DIOMBASS DIAW, ON S’EN SOUVIENT
C’est une histoire de mœurs ou «politico-sexuelle» qui a fait du bruit en 2010 et qui plaçait une dame, nommée Khadija Mbaye au centre de la polémique. Elle aurait filmé les ébats, entre elle et Diombass Diaw, alors responsable politique à Dagana du camp du pouvoir libéral lui aussi. Ce, à l’insu de ce dernier. L’objectif était de les publier sur le Net, si elle n’obtenait pas, en échange, cinq (5) millions de F Cfa, un passeport diplomatique et une villa. Engluée dans ce scandale «politico-sexuel» qui a fini au tribunal, Khadija Mbaye a déclaré avoir agi sur instruction des adversaires politiques de Diombass Diaw, à savoir Oumar Sarr, ex-numéro 2 du Pds, alors ministre de la République, et ses proches collaborateurs. Alors que le premier jugement avais mis Oumar Sarr hors de cause, Khadija Mbaye, reconnue coupable d’outrage aux bonnes mœurs ainsi que ses complices, certains décrits comme proches d’Oumar Sarr, avaient été condamnés, le mardi 23 novembre 2010, à six (6) mois de prison ferme et à payer dix (10) millions de F Cfa à la partie civile. Le tribunal avait aussi relaxé Abdou Aziz Diop, alors directeur de cabinet d’Oumar Sarr, également poursuivi dans le cadre de cette affaire.
SERIGNE ASSANE MBACKE ENDOSSE L’INCENDIE DES DOMICILES DE MOUSTAPHA CISSE LO
Le 20 juin 2014, un groupe d’individus avait mis le feu à deux maisons et une boulangerie appartenant à Moustapha Cissé Lô, à Touba, aux quartiers Darou Marnane et Gare Bou Ndaw. Quelques jours plus tard, Serigne Assane Mbacké, sera alpagué. Il avait revendiqué, à travers le Net, ces actes criminels, commis, dit-il, pour protester contre les propos du parlementaire à l’encontre de son oncle, Serigne Abdou Fatah Falilou Mbacké. Placé sous mandat de dépôt, il bénéficiera d’une liberté provisoire. Entre temps, la victime, Moustapha Cissé Lô, avait, via un communiqué, pardonné. Mais l’action judiciaire s’est poursuivie, avec le renvoi du prévenu devant la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Diourbel qui prononcera l’acquittement de Serigne Assane Mbacké, le mercredi 18 décembre 2019.
*Les prénoms utilisés sont des emprunts