LES ACTEURS REVISITENT LE JOURNALISME EN PERIODE ELECTORALE
A l’instar des autres pays du monde, le Sénégal a célébré hier, vendredi 03 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse, sous le thème : « Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation »

A l’instar des autres pays du monde, le Sénégal a célébré hier, vendredi 03 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse, sous le thème : « Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation ». A cette occasion, des panels tournant autour de cette thématique ont été organisés par l’Unesco, en collaboration avec la Convention des jeunes reporters du Sénégal(Cjrs).
«I l ne saurait y avoir de pleine démocratie sans accès à une information transparente et fiable ». Ce message, délivré par le secrétaire général des Nations unies à l’occasion de la commémoration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, revient sur la pertinence du thème de cette année, dans un contexte de brouillage de l’identité, de la profession et de la défaillance des médias. Pour le Sg des Nations Unies, la liberté de la presse est la pierre angulaire de l’édification d’institutions justes et impartiales, tout en permettant de mettre les dirigeants devant leurs responsabilités et d’exprimer la vérité face aux puissants. Avant de lancer comme plaidoyer en cette journée, «la défense des droits des journalistes, dont le travail nous aide à bâtir un monde meilleur pour tous ». Car, poursuit Antonio Guterres, « quand les professionnels des médias sont pris pour cible, c’est la société tout entière qui en pâtit». Pour le secrétaire général du Synpics, Bamba Kassé, en 2018, près de 100 journalistes ont été tués dans le monde dans l’exercice de leur fonction. Il se réjouit que le Sénégal ne figure pas dans la catégorie des pays où la pratique journalistique peut être un billet gratuit vers des exactions et violences. Cela est d’autant plus vrai qu’au Sénégal, l’attaque des journalistes lors de la campagne n’a pas fait de morts, dixit Bamba Kassé qui révèle par ailleurs que «nous avons un bel environnement où la pratique journalistique n’est pas synonyme d’une entrave à la liberté ». Même si pour lui, il ya des manquements. Comme la lenteur notée dans l’application du Code de la presse qui, selon lui, pourrait être « bientôt un mauvais souvenir, vu l’implication du chef de l’Etat ». L’autre manquement, pour le Sg du Synpics est l’inexistence dans «notre arsenal juridique d’une loi d’accès universel à l’information, l’un des chevaux de bataille du Synpics », précisera Bamba Kassé.
DIRECTEUR REGIONNAL DE L’UNESCO A DAKAR «L’Unesco promeut l’éducation aux médias et à l’information»
« Cette journée est l’occasion de faire l’état des lieux mais aussi une opportunité de réaffirmer plus qu’hier la centralité de cette liberté pour une démocratie dynamique qui reflète et respecte les droits de chacun, un développement social inclusif et le renforcement de la compréhension mutuelle entre les peuples. La thématique de cette journée est particulièrement importante parce que l’une des aspirations de l’Ua est de voir à l’horizon 2063, une Afrique ou règne la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l’homme, la justice et l’Etat de droit ».
ABDOULAYE DIOP, MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET DE LA CULTURE «Toutes les instructions seront prises pour la signature rapide de l’ensemble des textes»
«La journée mondiale de la liberté de la presse est aussi un devoir de mémoire à l’endroit des professionnels qui ont perdu la vie. Le 3 mai est aussi l’occasion de magnifier tous les professionnels des médias qui, au prix d’humbles sacrifices, sont debout tous les jours pour nous informer de ce qui se passe ici et ailleurs. Les principes fondamentaux de liberté de la presse et de pluralisme médiatique sont consacrés par notre Constitution. Il faudrait aussi noter que, malgré les dérives que nous regrettons, aucun journaliste n’a été tué dans l’exercice de ses fonctions et dans les mêmes conditions, depuis fort longtemps aucun journaliste n’a été arrêté, pour avoir failli dans son travail. Parmi les acquis, le vote d’un nouveau Code de la presse, prenant en compte l’essentiel des préoccupations des acteurs de la presse. Le thème de cette année est pertinent dans la mesure où on ne peut pas parler de démocratie, s’il n’ya pas de liberté. Cependant cette prérogative du journalisme professionnel est de plus en plus remise en cause, par le développement de la technologie. La presse traditionnelle, le journaliste professionnel n’ont plus le monopole de l’information, l’espace est ouvert et les acteurs de l’information se sont multipliés. Les conséquences sont un flot de fausses informations que même certains médias reprennent. Pour y remédier, le journaliste doit se remettre aux principes fondamentaux de sa formation. Suite aux instructions du président qui d’ailleurs s’est exprime sur la question, toutes les instructions seront prises pour la signature rapide de l’ensemble de ces textes».
BAKARY DOMINGO MANE DU CORED, SUR JOURNALISME ET PRESIDENTIELLE «Pour ce qui est de la collecte et du traitement de l’information, il y avait plutôt la routine»
« Dans le domaine de la régulation et de l’autorégulation, le Cnra était présent avant, pendant et durant la campagne électorale, en rappelant aux journalistes les règles. Le Cored, quant à lui, était absent. Le Synpics a communiqué quand la sécurité des journalistes a été menacée. Pour ce qui est de la collecte et du traitement de l’information, on a constaté qu’il avait plutôt la routine. Les journalistes ont privilégié les comptes-rendus, les portraits et dans une moindre mesure les Itv. On a aussi noté une rivalité mimétique, c'est-à-dire que les journalistes se copient, avec absence de recherche de singularité dans le choix de l’angle de traitement, de rares papiers de fond. Sur le respect des règles d’éthique et de déontologie, on a noté un équilibre et une équité dans le traitement. L’autre aspect, noté toujours lors de l’élection présidentielle est le syndrome de Stockholm. En effet, les reporters ne sont pas à l’abri de ce phénomène psychologique qui consiste à cultiver une certaine proximité avec le candidat. Sur le plan sécuritaire, des journalistes ont été blessés notamment avec les affrontements entre le Pur et Benno Bokk Yaakaar, à Tambacounda. Nous recommandons comme palliatifs, la capacité des journalistes en matière de couverture des élections (Synpics-rédactions). Aussi privilégier la sédentarisation des reporters pour échapper à la routine et au syndrome de Stockholm ».
IBRAHIMA BALDE DE LA CRJS « Revisiter les fondamentaux d’un métier en perpétuel défi »
« Cette journée-là marque une occasion pour nous de revisiter les fondamentaux d’un métier en perpétuel défi. Maintenant pour nous, les défis de la presse sont énormes dans la mesure où on est dans un contexte de changement technologique avec l’avènement du numérique où tout citoyen a une certaine liberté d’expression. Il ne faut pas oublier qu’on est dans une profession où il faudrait respecter un certain nombre de fondamentaux pour permettre aux citoyens de faire la part des choses. Notre métier est aujourd’hui dans une dynamique de diffuser une certaine politique qui échappe aux citoyens et en période électorale de diffuser largement les programmes des candidats pour permettre au Sénégalais à faire son choix ».