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15 mai 2025
DIOMAYE PREND LES RENES DU SENEGAL
Le cinquième président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, prend les rênes du Sénégal à partir de ce jour, mardi 2 avril. Cette date qui coïncide avec la fin de mandature du président sortant, Macky Sall, ouvre un nouveau chapitre au Sénégal
Le cinquième président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, prend les rênes du Sénégal à partir de ce jour, mardi 02 avril. Cette date qui coïncide avec la fin de mandature du président sortant, Macky Sall, ouvre un nouveau chapitre à la tête de l’Etat Sénégalais. Pour la première fois, un chef d’Etat issu de l’opposition et élu au premier tour d’un scrutin présidentiel s’installe à la magistrature pour un mandat de cinq ans
Après douze années sous le magistère de Macky Sall, les suffragants sénégalais ont tourné le 24 mars 2024 la page apériste et Benno Bokk Yakaar et ont jeté leur dévolu sur un nouveau président de la République issu de l’opposition dite radicale. Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui a été élu haut la main au premier tour de la présidentielle avec 54, 28 % des voix, selon le Conseil constitutionnel qui a proclamé, vendredi 29 mars, les résultats définitifs du scrutin du 24 mars, prend possession de tous les pouvoirs et attributs du président de la République et va être installé dans ses nouvelles fonctions à partir de ce jour, mardi 02 avril 2024. La cérémonie de prestation de serment devant les membres du Conseil constitutionnel a lieu, au Centre International de Conférences Abdou Diouf de Diamniadio, à partir de 11h.
Après sa prestation de serment, le nouveau président sera officiellement investi lors d’une passation de pouvoir avec le président sortant, Macky Sall, dans l’après-midi du même jour. À cette occasion, le président sortant, Macky Sall, transmettra officiellement les rênes du pays à son successeur élu. Cette passation de pouvoir marquera le début du mandat présidentiel de Bassirou Diomaye Faye. Selon certaines indiscrétions, le chef de l'État sortant, Macky Sall, aurait activé ses relations diplomatiques en vue d'inviter lors de la cérémonie, plus d'une dizaine de chefs d'État de la Cedeao et un invité surprise. Les présidents de la Mauritanie, Mohamed Ould El Ghazouani, celui de la Gambie, Adama Barrow, auraient déjà confirmé leur présence.
Par Alpha Amadou SY
DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE : À QUAND LE GRAND BOND EN AVANT ?
Eu égard à son histoire, à sa culture et à ses ressources humaines, ce pays peut nourrir l’ambition de cesser de faire de « la respiration démocratique » une exception d’un jour de vote pour en rythmer le quotidien des citoyens
Selon les vœux du ministre de l’Intérieur, Mouhamadou Makhtar Cissé, le 24 mars a été « un jour de respiration démocratique ». Des efforts conjugués dans une seule et même symphonie des citoyens motivés, des instructions à l’âme républicaine, d’une presse d’un professionnalisme toujours impressionnant et d’une classe politique responsable a résulté un verdict sans appel et sans la moindre contestation. Aussi, l’écrasante majorité des Sénégalais a-t-elle retrouvé le sourire, le rire voire les éclats de rire,
Et pourtant, malgré cette embellie, qui redore intensément le blason si terni du système politique sénégalais, il est très difficile de parler d’avancées démocratiques notoires.
Les différentes péripéties, qui ont caractérisé la situation du pays depuis au moins 2021, ont fini par convertir en référendum la présidentielle de mars 2024. Partant, sans revenir ici sur les considérations déjà formulées dans nos articles précédents, la présidentielle s’est traduite par le dégagisme. Or celui-ci, même s’il est sans pareil pour se défaire d’un prince, il est aussi générateur de deux effets pervers pour la démocratisation.
La première perversion réside dans la focalisation autour du départ, laquelle hypothèque l’organisation des débats sur les programmes. Sous ce rapport, la présidentielle de mars 2024 est une répétition des législatives de 2023. En optant de mener sa campagne par la défense et l’illustration des réalisation infrastructurelles du président Sall, BBY a été fort vulnérable à la stratégie de l’opposition dont le mot d’ordre fera mouche : « Votez massivement, afin de mettre fin au pouvoir en place !»
Dans ce contexte, même AAR (Alternative pour une Assemblée de Rupture), quoique créditée d’une intéressante campagne, n’a eu qu’un seul député. L’explication en est la suivante : cette élection a été le point de cristallisation du vote utile et du vote -sanction.
Pareillement, la présidentielle, tenue dans des conditions les plus rocambolesques, n’offrait pas l’opportunité d’un débat sur les programmes, condition de leur appropriation. Avec une campagne écourtée pour une raison institutionnelle et un candidat libéré pratiquement à une semaine du scrutin, le temps pour convaincre était quasi inexistant. Ainsi, comme lors des législatives, les citoyens ont sanctionné le pouvoir en place. La seconde perversion est que le dégagisme jette l’opacité sur le landerneau politique. Les forces coalisées pour faire triompher le dégagisme, en faisant prévaloir le vote utile, s’interdisent de se compter pour évaluer le poids réel de chaque composante. Ce faisant, avec la stratégie « du marcher ensemble », tant qu’elle est payante, prédomine la fraternité, mais au moindre soubresaut « le marcher séparément » survient avec souvent un déchirement inouï. Ainsi, YAW, dont le coude à coude, au sortir des législatives, préfigurait un séisme politique au cœur de l’hémicycle, avait caressé le rêve d’opposer à la majorité mécanique de la mouvance présidentielle son unité mécanique, a vite déchanté. Sa dynamique unitaire a souffert de la controverse née du dialogue auquel les conviait le président Macky Sall. Cette divergence atteindra son summum avec la décision surprenante du groupe parlementaire PDS de s’allier avec les députés issus de la majorité présidentielle pour accuser le dauphin, choisi par le chef de l’État en personne, de corruption de deux membres du Conseil Constitutionnel.
Force est alors de reconnaitre que cette présidentielle de mars 2024, pas plus que celle de mars 2012, n’atteste d’une avancée significative de la démocratie sénégalaise. Elle est plutôt la défense et l’illustration de l’engagement des Sénégalais à préserver les acquis arrachés de haute lutte à la faveur de la première alternance politique survenue au Sénégal le 19 mars 2000
Il est même loisible de considérer que, sous les trois alternances politiques, les gouvernants n’ont pas su mettre à profit l’importante architecture institutionnelle héritée du président Abdou Diouf. Au contraire, le tripatouillage constitutionnel, la question de la dévolution monarchique du pouvoir et la promotion du clientélisme sous ses formes les plus abjectes ont confiné le système politique dans un état de danse sur place. Le nombre de morts, les peines d’emprisonnement surréalistes, les immenses dégâts matériels et le lourd tribut payé par la presse restent suffisamment révélateurs du fait que les « biens immatériels » ont constitué le ventre mou de la gestion du Sénégal par les pouvoirs issus des alternances politiques. Aujourd’hui, la sérénité avec laquelle les citoyens-électeurs se sont acquittés de leur devoir confirme la pertinence de la thèse selon laquelle les Sénégalais sont en avance sur leur classe politique. Aussi revient-il au pouvoir et à l’opposition politique de combler ce retard en faisant du coup réaliser à la démocratie un bon en avant.
Avec ce nouveau défi, il serait rassurant de se rendre compte que la bourrasque, qui a emporté les terribles accusations d’atteinte à la sécurité de l’État du Sénégal, n’a pas drainé sous son sillage les dossiers ayant trait au soupçon de détournements des deniers publics. Et s’il est vrai qu’il faut du temps pour avoir droit à des reformes substantielles, il reste que le nouveau peut, à moindre frais, lancé des signaux forts
Participeraient de ces initiatives immédiates, la réduction du train de vie de l’État, la protection des ressources naturelles et la promotion du consommer local. L’interdiction du sponsoring politique qui oblige les ministres et Directeurs à user de deniers du contribuable pour entretenir la clientèle politique feraient partie de ces signaux. le nouveau serait aussi bien inspirée en préconisant cette pratique bien connue des Ivoiriens : inviter les ministres à séjourner chaque week-end chez eux. Ce faisant, ils ne se déconnecteront pas du quotidien de leurs électeurs. En outre, ce séjour les inciterait à améliorer le cadre de vie de leur terroir où ils ne s’y rendent en général qu’à l’occasion des décès et des meetings politiques. La perspective est d’autant plus intéressante que le travail en ligne et la desserte par voie aérienne de certaines localités du Sénégal militent en sa faveur.
En tout état des cause, l’espoir suscité est tel que tout dévoiement pourrait faire le lit de courants politiques aux finalités les plus regrettables.
Dans cette quête de l’amélioration qualitative du système politique, l’opposition est, elle aussi, à interpeller. Alors que, en bonne démocratie, les opposants s’inscrivent dans le double axe de l’amélioration qualitative des condition de vie des citoyens et de la consolidation de l’État de droit, au Sénégal ces derniers marchent sur une jambe, la lutte pour le pouvoir. Et pour cause, les manifestations contre le pouvoir ne réussissent le plus souvent que quand elles sont interdites !
Par ailleurs, tout étant conscient que, en démocratie, aucun acquis n’est irréversible, l’opposition politique ferait avancer la démocratie en cessant de se focaliser sur la question de la fiabilité du fichier électoral et de la disqualification du ministre de l’Intérieur pour l’organisation des élections.
Pour rappel, le soupçon sur la fiabilité du fichier avait amené l’opposition politique à boycotter les législatives de 2007. Pourtant, c’est pratiquement le même document qui sera utilisé lors des législatives de 2009. Et le revers électoral subi par le PDS avait préfiguré le déclin fatal du pouvoir libéral. Enfin, au regard des enseignements de cette présidentielle, la contestation du fichier électoral peut-elle continuer à polluer l’espace politique ?
Dans le même esprit, un regard plus circonspect sur la question du parrainage est nécessaire. Le principe de la participation inclusive ne doit pas déboucher sur un nombre surréaliste de candidats. Hormis les coups financiers aux frais du contribuable, il y va de la qualité de l’écoute citoyenne que requiert le vote. Le Sénégal compte suffisamment de compétences capables de soumettre à la classe politique des solutions à cette délicate équation.
Finalement, débordant le jour de vote, le Sénégal profite de conditions exceptionnelles d’une très bonne « respiration démocratique ». Seulement, eu égard à son histoire, à sa culture et à ses ressources humaines, ce pays peut nourrir l’ambition de cesser de faire de « la respiration démocratique » une exception d’un jour de vote pour en rythmer le quotidien des citoyens.
Une telle utopie tient sa positivité en ce qu’elle incite chacune et chacun à ne ménager aucun effort pour le développement du Sénégal. Car d’une économe de rente ne peut que résulter des perversions démocratiques, conséquences de la faiblesse des forces sociales censées animer le jeu démocratique. Dès lors, l’urgence est de créer les conditions pour enclencher des dynamiques à même de faire émerger de grands agriculteurs et des capitaines d’industries.
Cette perspective est solidaire d’un engagement conséquent pour diffuser les lumières et promouvoir les sciences et tous les arts, y compris la comédie intelligente. Le succès de cette option politique reste fondamentalement tributaire de la valorisation des langues nationales, du patrimoine culturel et de tout ce que l’humanité a créé de meilleur au cours de sa longue et tumultueuse histoire. Alors, l’instruction civique, une fois mise à contribution, permettra chaque citoyen de faire prévaloir une subjectivité pleine et entière l’autorisant à être électeur et/ou éligible
Par Vieux SAVANÉ
L’ANTISYSTÈME FACE À LUI-MÊME
« France Dégage ». « A bas l’impérialisme ». « A bas le néocolonialisme », etc. Si mobilisateurs qu’ils soient, les slogans même dopés par la puissance performative qu’on semble leur prêter, n’ont en effet aucunement vocation à transformer le réel
Suite à sa prestation de serment aujourd’hui, mardi 2 avril, devant le Conseil constitutionnel et des homologues de l’espace CEDEAO et de la Mauritanie, il est attendu de Bassirou Diomaye Faye, président nouvellement élu, qu’il porte sans tarder l’ambition de faire avancer le Sénégal, et par ricochet le continent, en rectifiant certains errements qui ont cours aux plans politique, économique, culturel et social.
Il doit avoir à cœur de le transformer au mieux, en y injectant un possible adossé à la valeur travail, à l’éthique, à l’engagement, au don de soi, à la volonté de servir sa communauté.
Avec un pays fort de quelque 75% de jeunes, continuer de comptabiliser des rêves d’avenir de centaines voire de milliers de filles et de garçons engloutis dans les profondeurs océanes, calcinés par le brûlant soleil du désert, interroge forcément sur le mode de gouvernance. Surtout qu’au bout de leur témérité, scintille l’urgence de s’en sortir. A croire d’ailleurs que pour une bonne frange d’entre elle, céder à de telles pulsions suicidogènes est l’expression subliminale du besoin de voir la politique ne pas s’abîmer à capter les ressources nationales à des fins personnelles, familiales et claniques.
Sans ergoter sur les engagements déclinés dans le projet « Pastefien » et repris lors de la campagne électorale, il convient de rappeler que la parole donnée, après avoir été fortement malmenée par le « wax-waxeet » de Wade et décrédibilisée sous Sall par une plurivocité qui en dilue le sens, mérite de retrouver sa sacralité, en l’occurrence l’univocité qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Dans cette perspective, l’antisystème tant chantée est la mise sur orbite d’un président de la République qui ne pense pas à sa réélection et organise sa mandature autour de la Souveraineté, à savoir une prise en main de soi par soi. Il consiste aussi à veiller au bon fonctionnement des institutions en respectant les prérogatives de chacune d’entre elles et à se donner les moyens de son indépendance. Loin d’être déclamatoire, la Souveraineté dont il est fait cas ne saurait être figée dans des slogans, fussent-ils les plus disruptifs. « France Dégage ». « A bas l’impérialisme ». « A bas le néocolonialisme », etc. Si mobilisateurs qu’ils soient, les slogans même dopés par la puissance performative qu’on semble leur prêter, n’ont en effet aucunement vocation à transformer le réel. Prise en main de soi par soi, la Souveraineté incite au contraire à se doter des moyens de son indépendance autour d’une vision soucieuse de se mettre au service des besoins et des attentes des populations
Un préalable toutefois : savoir rompre avec des pratiques endogènes, négatives voire corruptogènes, organisées autour d’un narratif intériorisé par une grande majorité de nos compatriotes. Ce qui fait dire àIbrahima Thioub qu’« il suffit que vous soyez nommé à un poste ou que vous accédiez à une position de pouvoir quelconque pour qu’on vous submerge de félicitations et qu’on s’attende en retour à ce que vous en profitiez pour vous enrichir et procéder à une redistribution » (in Sud quotidien . Mars 2014). Et de souligner que « cette conception du pouvoir qui accouple prédation et clientélisme a profondément pénétré nos sociétés » (ibidem). Ce que fustige d’ailleurs la jeunesse lorsqu’elle se désole du « toog muy dox » (s’enrichir à ne rien faire)
En réalité, il n’est pas demandé l’insurmontable au président Bassirou Diomaye Faye, sinon d’inaugurer une nouvelle aube qui s’illumine dans le travail bien fait. A défaut d’avoir réussi à mettre en place le Sénégal de nos rêves, il est maintenant question de faire la place à toute une énergie souterraine qui se déploie loin du clinquant médiatique, dans des domaines aussi divers et variés que les finances, l’agriculture, les services, les sciences et techniques.
Durant la pandémie de la Covid 19 les médias avaient ainsi relayé moult innovations propulsées par une jeunesse pétrie de talents sans que les pouvoirs publics ne capitalisent sur cela. Aussi, face à cette jeunesse désabusée, mue par une forte défiance, essayant vaille que vaille de s’en sortir, il convient justement de lui redonner confiance en réconciliant la politique avec son sens étymologique, à savoir se mettre au service de la cité. Pressés par un présent entêtant, les jeunes ne se projettent pas dans le futur et ne sont nullement nostalgiques d’un âge d’or révolu qu’ils n’ont pas connu. Ils se retrouvent plutôt dans le désir brûlant de se réaliser. Désir de boulot. Désir d’équité. Désir d’excellence. Désir de justice sociale, économique. Désir d’une République qui couve ses enfants de la même manière en leur offrant les mêmes opportunités.
Il est donc attendu de Bassirou Diomaye Faye qu’il ne se laisse pas happer par les signes extérieurs du pouvoir tel qu’il se donne à travers des voitures de luxe construites autour de longs cortèges qui désertent les bureaux, perturbent la circulation des personnes. Déjà, pour l’avenue Léopold Sédar Senghor dont le trottoir longeant le palais présidentiel a été confisqué de manière disproportionnée, pour la sécurité d’une seule personne, il est attendu qu’elle se libère. Ce faisant, le palais redeviendra cette maison où le citoyen lambda peut s’arrêter pour admirer à travers les barreaux son imposante façade, ses beaux jardins. Se promener librement et prendre des photos avec les gardes rouges tout autant que les touristes, sous le regard vigilant des gendarmes en charge de la sécurité. Ce qui est encore attendu c’est qu’on torde le cou à l’ « heure sénégalaise », cette drôle d’incongruité pour dire le laxisme, le laisser aller, contrairement à la ponctualité, l’ordre et la discipline, gages de performance et de sérieux. Certes il n’est question que de la partie lilliputienne de l’iceberg puisqu’il est des problèmes autrement plus importants déclinés sous les tons, ayant trait à l’emploi, à la reddition des comptes, à la refondation des institutions, etc.
Seulement voilà, parce que le diable est dans le détail, il faut précisément être regardant par rapport aux insignifiances qui changent la vie. Et il en est tant d’autres. Aussi, au-delà d’une vigilance tatillonne, la rupture attendue est-elle de voir le président Bassirou Diomaye Faye déjouer les pièges qui aspirent, avalent et enferment à bas bruit dans le « pouvoirisme », en épousant une posture, un état d’esprit capables de faire front.
Par Emile Victor Coly
LES FEUILLETONS POLITIQUES CRÉÉS POUR LA CONSERVATION DU POUVOIR
Le Sénégal, une démocratie majeure - devant la montée en puissance du leader incontesté de l’opposition sénégalaise, le régime de Macky Sall a tout fait pour barrer la route à son ascension politique et sociale – ce dernier étant considéré comme un messie
Depuis 2021, le Sénégal a connu des périodes sombres de son histoire politique avec la «série Ousmane Sonko». En effet, devant la montée en puissance du leader incontesté de l’opposition sénégalaise, le régime de Macky Sall a tout fait pour barrer la route à son ascension politique et sociale – ce dernier étant considéré comme un messie par la jeunesse.
Le «feuilleton Adji Sarr» avait fini de convaincre le peuple sénégalais que c’était une machination orchestrée et entretenue par le régime en place
S’en est suivi le «feuilleton Mame Mbaye Niang» qui devait ferrer plus facilement le leader de l’opposition, pour in fine, l’empêcher d’être candidat à l’élection présidentielle de 2024. C’était sans compter avec le génie politique de Sonko et de ses camarades qui ont, malgré l’emprisonnement de ce dernier, réussi à dribbler le pouvoir en proposant une multitude de candidatures dont celle de Bassirou Diomaye Faye, lui-même incarcéré.
Les manifestations politiques de 2021 à 2024 ont occasionné des dizaines de morts. Le climat politique devenait de plus en plus délétère, surtout après le coup fourré des parlementaires de la coalition Wallu Sénégal encouragés par certains de leurs collègues de la majorité présidentielle. Ces derniers souhaitaient mettre sur pied une commission parlementaire pour enquêter sur un soi-disant soupçon de corruption de membres du Conseil constitutionnel. Le but visé était de retarder, voire reporter l’élection présidentielle fixée au 25 février dernier et l’inscrire aux calendes grecques. Le président Sall a ensuite initié un dialogue largement boycotté par l’opposition significative.
LE REFUS DES INSTITUTIONS DE LA REPUBLIQUE D’ETRE MANIPULEES
Cependant, les conclusions du dialogue ont permis d’élargir de prison bon nombre de militants de Pastef, parmi lesquels le leader Ousmane Sonko et son adjoint Bassirou Diomaye Faye, candidat de Sonko inéligible, un tandem « Diomaye Mooy Sonko ». Entre-temps, le Conseil constitutionnel avait fermement demandé au chef de l’Etat d’organiser l’élection présidentielle non pas en juin 2024, mais dans les meilleurs délais, finalement le 24 mars 2024
De son côté, la Cour suprême a conforté les décisions du Conseil constitutionnel, rejetant ainsi la requête de la coalition Wallu Sénégal demandant l’annulation du décret fixant la date du scrutin au 24 mars 2024.
Nous profitons de l’occasion pour féliciter les membres du Conseil constitutionnel, ainsi que ceux de la Cour suprême, d’avoir permis au Sénégal d’être un Etat debout. Ces juges ne pouvaient pas faire moins que leurs prédécesseurs, à l’image du Président Kéba Mbaye – paix à son âme.
LA MOBILISATION DU PEUPLE SENEGALAIS POUR IMPOSER SON DESIR DE CHANGEMENT
Tout le monde est témoin du climat apaisé qui a entouré le scrutin du 24 mars dernier. Les sénégalais, debout comme un seul homme, sont allés voter, sans bruit, mais déterminés à bouter dehors ce régime qui avait fini de piétiner les libertés les plus élémentaires d’une démocratie.
Au soir du 24 mars 2024, après le décompte des voix au niveau des premières localités, une tendance lourde se dessinait en faveur du poulain d’Ousmane Sonko. À 23 heures, la messe était dite malgré le scepticisme de certains leaders du parti présidentiel. Même Amadou Ba, le protagoniste de Bassirou Diomaye Faye, pensait certainement aller au 2nd tour. C’est le lundi 25 février vers 16h00 qu’il s’est décidé à féliciter son adversaire. Geste éloquent !
En votant pour le changement, le peuple sénégalais a souhaité un nouvel ordre de gouvernance et un nouvel ordre moral. Cela m’a rappelé les paroles fortes du Président Mamadou Dia qui, après son élargissement de prison, a sillonné le pays pour sensibiliser les populations sur cette nécessité de changement et surtout sur l’impérieuse nécessité de remodeler l’Homo Senegalensis pour pouvoir aller résolument vers le développement.
En effet, ce qui nous empêche d’emprunter la route de l’émergence, c’est que la plupart de nos politiques ne gèrent que leurs intérêts personnels et ceux de leurs clans. Cette élection présidentielle va permettre d’envoyer à la retraite bon nombre de politiciens déjà très âgés, mais en majorité peu soucieux du bienêtre des populations. Le peuple sénégalais a fait montre d’une maturité politique sans égal afin de prendre son destin en main. Il a compris qu’il n’y a pas d’hommes providentiels.
LES CHANTIERS DU NOUVEAU REGIME
L’élection présidentielle est maintenant derrière nous. Le peuple met Pastef devant ses responsabilités et est prêt à sévir dès la prochaine élection, en cas de manquements. En effet, le peuple souhaite que Pastef gouverne seul avec sa coalition. En aucun cas il n’acceptera l’idée d’un gouvernement d’union nationale qui n’est nullement justifié, car les résultats du scrutin sont éloquents. Aussi, ne va-t-on pas repêcher des malfrats de l’ancien régime pour les caser dans le prochain gouvernement ou à des postes stratégiques. Les membres du prochain gouvernement devront être irréprochables. Pas une minute de répit. Donc, il faudra faire focus sur les urgences. Il s’agira dans un premier temps d’opérer des économies sur certaines lignes pour en subventionner d’autres. Sans être exhaustif, on peut rappeler la nécessité de :
1. Réduire la taille du gouvernement et le train de vie dispendieux de l’Etat.
2. Veiller à une bonne lisibilité du budget de l’Etat (toutes les dépenses doivent être clairement affichées).
3. Réduire le prix des denrées de première nécessité en vue de soulager les populations.
4. Engager une large campagne de sensibilisation et d’écoute pour une meilleure lisibilité et une appropriation du Programme Pastef par les populations.
5. Vu toutes les récriminations soulevées lors du déroulement du processus électoral, le Chef de l’Etat élu pourrait initier un vrai dialogue national après son installation afin d’arriver à une réconciliation véritable. Ce dernier pourrait parfaire la constitution pour régler entres autres, les questions liées à l’indépendance de la justice et l’hyper-présidentialisme qui risque de faire éclater un jour la cohésion nationale et le bon vivre ensemble. Il faudra également engager une réflexion sur la nécessité de réformer certaines institutions comme le Haut Conseil du dialogue social, le Conseil économique social et environnemental, le Haut conseil des collectivités territoriales, entres autres.
6. Prévoir dans les meilleurs délais d’organiser des élections législatives en vue d’asseoir une majorité permettant de dérouler le programme Pastef.
7. Bannir définitivement le phénomène de transhumance de nos pratiques politiques et refuser les passe-droits et autres trafics d’influence, car tous les citoyens sont égaux devant la Loi.
8. Poser sans précipitation et sans a priori un regard particulier sur les derniers actes (nominations et autres) posés par le président sortant qui défient toute logique, ainsi que sur les contrats de concession sur les ressources naturelles.
Vive le Sénégal !
Vive la République !
VIDEO
CES DERNIÈRES NOMINATIONS EN MODE FAST-TRACK
Les récentes nominations sont certainement l'un des actes posés par le chef de l’État que les Sénégalais garderont pour l’histoire et la mémoire. Mais pour certains, un futur ancien president ne devrait pas faire ça. Opinions sur rues.
À quelques jours de la passation de charge avec son successeur, le president Macky Sall as procédé à des nomination au sein de la justice, du Conseil économique social et environnemental (CESE) et même au sein de son cabinet. A cela, s’ajoute l’augmentation des salaires des agents de la télévision nationale RTS.
Interpellés dans les rues sur le sujet, la plupart des citoyens sont en total désaccord avec ces dernières décisions du president Sall dont le candidat a été littéralement et copieusement laminé lors du scrutin du 24 mars 2024.
Les interlocuteurs d’AfricaGlobe Tv trouvent la décision du president inopportune et plutôt intéressée. D’autres pensent que Diomaye peut avoir été mis au parfum de la décisions. Ce qui reviendrait à un deal entre les deux hommes afin de normaliser les relations entre sortant et entrant, soupçonnent certains.
D’autres. Conseillent au president élu de s’occuper des urgences sociales plutôt que de se lancer dans une éventuelle traques aux biens mal acquis ou à une chasses aux sorcières.