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19 mai 2025
LA MISSION D'OBSERVATION DE L'UE RÉAGIT À LA LIBÉRATION DE DIOMAYE
"Nous rappelons l'importance d'assurer l'égalité des chances à tous les candidats dans le cadre de la campagne électorale. À cet égard, nous prenons note de la libération, le 14 mars, de l'un des candidats à l'élection présidentielle"
iGFM - (Dakar) La Mission d'observation électorale de l'Union européenne déployée au Sénégal pour la présidentielle, vient de réagir sur les derniers développements liés au processus électoral et au climat politique du pays. Elle s’est aussi exprimée sur la libération de Bassirou Diomaye Faye, candidat à la présidentielle.
«Nous rappelons l'importance d'assurer l'égalité des chances à tous les candidats dans le cadre de la campagne électorale. À cet égard, nous prenons note de la libération, le 14 mars, de l'un des candidats à l'élection présidentielle qui était maintenu en détention, et souhaitons qu'elle puisse contribuer au déroulement d'une compagne apaisée et sans violence", a déclaré Malin Björk, cheffe de la mission d'observation de l'Ue au sénégal.
Dans son communiqué de presse, la mission annonce qu’elle poursuit l'ensemble de ses activités en vue de l'élection présidentielle du 24 mars. Elle dit, cependant, prendre acte du nouveau calendrier électoral et observe le déroulement de la campagne électorale ainsi que les préparatifs du scrutin.
La mission appelle surtout, au plein respect des libertés d'expression, de presse, d'accès à l'information hors-ligne et en ligne, et de réunion durant cette campagne, tout en assurant l'égalité des chances à tous les candidats dans le cadre de la campagne électorale.
Quant à son dispositif de surveillance et d’observation, la Mission explique que les 10 experts électoraux présents à Dakar seront rejoints par 28 observateurs de longue durée qui seront déployés le 18 mars dans l'ensemble des 14 régions du pays. Un second groupe de 42 observateurs sera déployé le 22 mars. Dispositif qui sera renforcé le jour du scrutin par des diplomates de pays membres de l'UE en poste à Dakar, ainsi que par une délégation de députés du Parlement européen.
CONTRE L'AMNISTIE, MOUSTAPHA DIAKHATÉ LANCE "AAR DOOMI SENEGAAL"
L'ancien président du groupe parlementaire Bby a lancé ce mouvement politique pour dire non à "l'aministie-humiliation" de Sonko et Cie.
iGFM - (Dakar) L'ancien président du groupe parlementaire Bby, Moustapha Diakhaté, a lancé ce vendredi un mouvement politique dénommé "Aar Doomi Senegaal/ Mouvement pour la République et la Démocratie pour dire non à "l'aministie-humiliation" de Sonko et Cie.
L'ancien président du groupe parlementaire Bby, Moustapha Diakhaté, a lancé ce vendredi un mouvement politique dénommé "Aar Doomi Senegaal/ Mouvement pour la République et la Démocratie pour dire non à "l'aministie-humiliation" de Sonko et Cie.
Pour Moustapha Diakhaté, le Président Macky Sall a trahi le peuple sénégalais, ceux qui l'ont soutenu durant sa traversée du désert et porté au pouvoir pendant 12 ans.
« Le Président Macky Sall qui devait être le pompier du Sénégal est devenu son pyromane. Après l'adoption par le Gouvernement, le vote par le groupe parlementaire BBY et la promulgation de la funeste loi d'amnistie des crimes et délits commis par Ousmane Sonko et son opposition insurrectionnelle, en plus de sa libération ainsi que celle de dizaine de hordes de terroristes, je ne peux pas me résoudre à voir le plus beau pays d'Afrique et du monde être balafré sans rien faire. Au regard des événements de mars 2021 à juin, jusqu'au 3 Février 2024, date de la tentative de report de la présidentielle au mois de décembre 2024, il est indéniable que la Nation sénégalaise est à la croisée des périls », soutient Moustapha Diakhaté.
«Les soubresauts actuels, à la suite du report de l'élection initialement prévue le 25 février 2024, sont porteurs d'incertitudes, de confusions, de violences et même de graves dangers. La confusion qui règne sur la date du 2 avril 2024 vient accroître le risque d'une plongée vers l'inconnu», fait remarquer Diakhaté.
SUPPOSÉ DEAL AVEC MACKY SALL, SONKO DIT TOUT
Après sa sortie de prison, le maire de Ziguinchor a fait face à la presse pour aborder plusieurs questions dont les négociations entreprises entre son camp et le pouvoir.
Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, après leur sortie de prison, ont décidé de faire face à la presse pour aborder plusieurs questions dont les négociations entreprises entre leur camp et le pouvoir pour apaiser les tensions.
Le président de l'ex-parti, Pastef, Ousmane Sonko, dans sa prise de parole lors de cette conférence de presse conjointe, a dit avoir eu des discussions avec des émissaires du pouvoir en place. « Leurs émissaires se sont déplacés d’abord pour me parler du report de l’élection. Ce que j’ai catégoriquement rejeté. Ils m’ont expliqué qu’il faut que l’élection soit reportée sous prétexte qu’il ne peut pas y avoir d’élection sans moi et un autre candidat. Je leur ai répondu que cela ne peut pas justifier le report", a-t-il révélé. « Il ya effectivement des négociations. Et Sonko d'aller plus loin. "Aussi, l’amnistie qui a été rejetée par les députés de Yewwi à qui j’ai demandé d’inviter le ministre de la justice de nous donner clairement le champ d’exécution de ce projet de loi", a reconnu le leader des Patriotes.
SONKO EXPLIQUE LE CHOIX PORTÉ SUR DIOMAYE
"J’ai choisi Diomaye et je sais pourquoi je l’ai choisi. Le slogan Sonko Moy Diomaye est une réalité. On était ensemble lorsqu’on nous a informé de notre sorti de prison."
iGFM (Dakar) Ousmane Sonko a donné qui l'ont poussé à choisir Bassirou Diomaye Faye comme candidat à la présidentielle du 24 mars 2024.
"J’ai choisi Diomaye et je sais pourquoi je l’ai choisi. Le slogan Sonko Moy Diomaye est une réalité. On était ensemble lorsqu’on nous a informé de notre sorti de prison. C’est par la suite que je lui ai ordonné de ranger ses affaires et d’arranger sa barbe", a-t-il déclaré.
"Ma personne n'a plus d'importance. Je ne peux pas être candidat, mais Diomaye est passé, Habib Sy et Cheikh Tidiane Dièye aussi. Beaucoup de choses se sont passées, mais cette élection ne sera pas une guerre. Il n'y aura pas de vengeance, mais de la justice", a ajouté le leader de l'ex-parti Pastef sorti de prison 8 mois après sa condamnation.
A noter que Ousmane Sonko a annoncé une large victoire à la présidentielle sénégalaise pour son candidat Amadou Diomaye Faye. Il a également invité les jeunes à prendre au sérieux le vote et à aller récupérer leurs cartes électeur. "Il faut sortir massivement et sécuriser le vote. Rien n’est gagné d’avance. Mais si tout va bien nous pouvons pas avoir moins de 60%."
VIDEO
DECLARATION DE PRESIDENT OUSMANE SONKO & BASSIROU DIOMAYE FAYE
Déclaration de président Ousmane Sonko & Bassirou Diomaye Faye
GUY MARIUS REND LA MONNAIE A KHALIFA SALL
Réaffirmant, hier, leur ferme volonté de se débarrasser du Cfa une fois au pouvoir, Guy Marius Sagna soupçonne, lui, le leader de Taxawu de rouler pour les intérêts de la France au détriment du Sénégal.
Après le regard critique lancé par Khalifa Sall sur le programme de Bassirou Diomaye Faye, notamment sur la question de la monnaie, la riposte ne s’est pas fait attendre du côté des proches de Sonko. Réaffirmant, hier, leur ferme volonté de se débarrasser du Cfa une fois au pouvoir, Guy Marius Sagna soupçonne, lui, le leader de Taxawu de rouler pour les intérêts de la France au détriment du Sénégal.
Khalifa Sall : «Je plaide pour une Uemoa dotée d’une monnaie commune»
Après les échauffourées, les deux camps sont passés à la guerre des programmes ! Et ce jeudi, c’est à travers des lignes chargées que Guy Marius Sagna a répliqué à l’assaut critique lancé par Khalifa Sall depuis Mbour. «Je plaide en faveur d’une Uemoa plus robuste, dotée d’une monnaie commune, soutenue par plusieurs États. Une monnaie commune constitue un atout majeur pour le développement de nos pays, dont l’économie repose largement sur l’agriculture, la pêche, l’élevage et le tourisme. Une devise stable renforce la confiance des touristes et encourage les investissements dans l’infrastructure touristique», avait proposé le leader de Taxawu face à l’offre politique de Diomaye qui prône, lui, une sortie du Franc Cfa.
Guy Marius : «Khalifa ne défend-il pas ainsi les intérêts de la France ?»
Guy Marius Sagna porte la réplique : «Il a parlé du lien par exemple entre monnaie et tourisme ici au Sénégal. La monnaie n’a pas besoin d’être ‘’adossée’’ à quelque chose, que cela soit le ‘’tourisme’’ ou autre chose. Le président Khalifa doit aussi se souvenir qu’il y a moins de 7 % de la population mondiale qui évolue dans une union monétaire (pays souverains qui partagent une monnaie unique émise par une banque centrale commune). Donc, être dans l’Uemoa ne veut rien dire dans l’absolu». Le responsable du Frapp, dans un texte publié sur sa page Facebook enchaine une rafale d’interrogations presque affirmatives : «Le candidat Khalifa ne défend-il pas le maintien de l’occupation monétaire de nos pays par la France ? Le candidat Khalifa ne défend-il pas ainsi les intérêts de la France et des entreprises du Cac 40 pour le maintien de l’Uemoa et de la colonisation monétaire de nos pays par la France contre le Sénégal et les Sénégalais ?» Déplorant une mainmise du Trésor français sur l’économie des 14 pays de la Zone franc, le député note que, par cette offre programmatique, la coalition «Diomaye Président» entend mettre en place une «monnaie qui ne facilite pas les importations et qui ne contribue donc pas ainsi à la forte mortalité de nos Pme qui est de 54% avec et à cause - en partie - du franc Cfa».
CISSE OUVRE LA TANIERE, MAIS S'AGRIPPE A SES CONVICTIONS
Après la débâcle des Lions en Côte d’Ivoire- le nom n’est pas de trop- la plupart des sportifs sénégalais s’attendaient à ce que Aliou Cissé soit débarqué de son poste de sélectionneur pour insuffisance de résultats.
L’équipe nationale du Sénégal joue deux matchs amicaux, le 22 et 24 mars prochain au stade de la Licorne à Amiens contre le Gabon et le Bénin. Les Lions, qui se préparent pour les éliminatoires du mondial, doivent intégrer du sang neuf dans la tanière. Cependant Aliou Cissé s’accroche à ses convictions.
Après la débâcle des Lions en Côte d’Ivoire- le nom n’est pas de trop- la plupart des sportifs sénégalais s’attendaient à ce que Aliou Cissé soit débarqué de son poste de sélectionneur pour insuffisance de résultats. Mais la FSF l’a conforté dans son poste en perspective des prochaines sorties des Lions. D’ailleurs, Aliou Cissé va publier une liste de joueurs qui doivent prendre part à deux matchs amicaux prévus durant ce mois de mars à Amiens.
Dans un premier temps, les poulains d’Aliou Cissé affronteront le Gabon puis le Bénin. Les Lions préparent les éliminatoires de la prochaine Coupe du Monde. Ils devraient rencontrer la Rd Congo en juin au stade Me Abdoulaye Wade. Pour le moment, les Lions occupent la première place du groupe B devant le Soudan du Sud, la RD Congo, le Togo et la Mauritanie. Au vu de la composition du groupe et des prestations de certaines équipes lors de la dernière coupe d’Afrique des nations qui s’est déroulée en Côte d’Ivoire, il y a de quoi s’inquiéter.
Conscient qu’il faut de nouveaux hommes pour améliorer la qualité de jeu des Lions, Aliou Cissé, qui va publier la liste des joueurs pour les deux matchs amicaux, est tenté d’ouvrir la tanière pour accueillir de nouvelles têtes. C’est ainsi que le coach national a soutenu par le biais de nos confrères de Sud Fm radio qu’il serait intéressant d’avoir un joueur comme le milieu de terrain Strasbourgeois Habib Diarra, né à Guediawaye. « (...) Il est important de donner plus de temps de jeu et de confiance aux jeunes qui arrivent. Ce match amical nous donne l’occasion de promouvoir ces jeunes talents.(...) Habib Diarra est un joueur bien connu et de qualité et j’ai tout fait pour le ramener en équipe nationale. Il est né à Guediawaye, sa place est dans l’équipe nationale du Sénégal» a-t-il révélé à nos confrères.
Aliou Cissé pour une fois est loin de fermer la tanière aux nouveaux talents sénégalais éparpillés un peu partout à travers le monde. Les férus du ballon rond l’ont toujours critiqué sur cette allergie de vouloir apporter du sang neuf à la tanière. Cet échec en terre ivoirienne semble lui avoir permis de recouvrer tous ses esprits.
Avec la publication de cette liste, ce ne serait pas une surprise de voir certains anciens qui ne pètent plus la forme écartés de l’effectif qui doit disputer les deux matchs amicaux. Il serait temps pour le sélectionneur national de donner la chance aux jeunes qui ont fait la coupe d’Afrique des nations et celle du monde U20, et U17. Dans le cas échéant, ces derniers seront obligés de pourrir dans les petits clubs en Europe. Où est la génération de Pape Matar Sarr qui avait disputé les phases finales de coupe du monde de leur catégorie ?
Par Abdoul Aly KANE
A PROPOS DE L’ABANDON DU FRANC CFA PRONE PAR DES CANDIDATS
Pointé du doigt par les jeunes activistes africains comme le symbole persistant du colonialisme et du non-développement, le franc CFA s’invite, contre toute attente, dans le débat programmatique de cette présidentielle
L’exercice auquel nous voulons nous prêter ici n’a pas la prétention de porter des critiques ou amendements sur les programmes de candidats qui sont le fruit de réflexions approfondies d’experts en toutes matières.
Il a plutôt pour but d’apporter une contribution citoyenne surs des thèmes sensibles comme la monnaie, et d’autres non suffisamment développés mais nous semblant importants, tel et le contrôle à priori dans les entreprises du secteur public.
D’une manière générale, les candidats ont besoin que leurs idées soient confrontées à des avis contraires ou nuancées selon les sensibilités et convictions des citoyens sénégalais. Dans cette chronique, ces observations portent sur le thème de la monnaie et sur la problématique du contrôle à priori dans les entreprises du secteur public avec conseil d’administration.
Sur le débat monnaie CFA contre monnaie locale
Pointé du doigt par les jeunes activistes africains comme le symbole persistant du colonialisme et du non-développement, le franc CFA s’invite, contre toute attente, dans le débat programmatique de cette présidentielle. Ce débat prend sa source dans les propositions inédites du candidat Bassirou Diomaye Faye d’abandonner le Fcfa au profit de la création d’une monnaie nationale.
Une mesure qui trouve sa force dans ce qu’elle implique en termes de rupture du partenariat monétaire avec la France et les autres pays de l’UMOA, ce qui contraint ses partisans à préciser leur position sur la question.
Il est notoire que cette question est particulièrement d’actualité dans les pays de l’AES (Alliance des Etats du Sahel regroupant le Niger, le Burkina et le Mali) qui évoquent, de temps à autre, l’éventualité d’une sortie de la zone CFA.
Le rôle attendu de la monnaie par le consommateur est de payer ses achats, préserver son pouvoir d’achat et de protéger son épargne. La monnaie est un intermédiaire dans les échanges servant de moyen de paiement, mais aussi, réserve de valeur. Elle se doit d’avoir de la stabilité.
Dans le commerce, la stabilité est importante ; dans des pays comme le Nigéria et le Ghana, les commerçants sont souvent confrontés à une « valse des étiquettes », les mettant dans l’impossibilité d’afficher des prix stables en monnaie nationale sur une longue durée.
Le système monétaire international est dominé par le dollar qui est la principale monnaie de facturation des transactions internationales, même si la part de cette devise dans les transactions internationales de la Chine (principal exportateur au monde) est tombée de 84 à 44% en 2023, du fait de la politique de dédollarisation menée par ce pays. Les actifs de la Chine à l’étranger (bons du trésor américain en particulier) restent encore libellés à hauteur de 60%en dollar. La part du dollar américain dans les réserves mondiales de devises est également prééminente, soit environ 60% du total global. Enfin, le dollar, c’est 80% des réserves des banques centrales du monde.
Cette position dominante avait conduit la président Giscard d’Estaing à constater qu’avec leur monnaie, les USA bénéficiaient d’un « privilège exorbitant » depuis la fin de la 2ème guerre mondiale.
Fort de ce constat de domination, les Européens ont créé l’Union Européenne comme espace de fusionnement de leurs marchés nationaux, et l’euro comme monnaie commune. Dans les faits, après son lancement en 1999, la zone euro est devenue un espace à deux vitesses. La Banque Centrale Européenne doit faire face à deux types de pays membres, à savoir les pays endettés (France, Italie, Grèce…)) qui ont intérêt à maintenir des taux d’inflation bas pour pouvoir rembourser et s’endetter plus encore, et les pays peu endettés, favorables à une augmentation des taux d’intérêts pour casser la spirale inflationniste (Allemagne).
L’institution « joue » sur le levier principal qui est le taux d’intérêt, pour garder un taux d’inflation permettant de préserver la valeur de la monnaie sur le marché des changes et en même temps faciliter le refinancement des banques centrales nationales et favoriser la croissance économique. Comment lisser les politiques monétaires de façon à préserver la valeur de la monnaie, sans pour autant pénaliser les pays axant leur croissance sur l’endettement, c’est le défi à relever par la BCE. Il en va de même dans l’UEMOA où la gestion de la monnaie dans le souci d’en préserver la valeur (celle de l’euro), est encore plus orthodoxe.
Par conséquent, il est permis d’affirmer le primat de l’économie sur la monnaie. Une économie forte, exportatrice renforce la valeur d’une monnaie. Un franc CFA fort, du fait de son arrimage à l’euro, n’a pas impulsé le développement des économies africaines, faute de compétitivité sur le plan international. La monnaie nationale permettant de conduire une politique monétaire ajustable en fonctions des objectifs économiques précis est elle pour autant la solution ?
Elle se heurterait à deux gros problèmes : sa reconnaissance comme instrument d’échange dans le commerce international ainsi que la capacité propre du pays émetteur de disposer de réserves de changes suffisantes pour couvrir ses importations.
Pour payer leurs fournisseurs étrangers notamment en matière de pétrole, les pays à monnaie nationale doivent acheter du dollar, de l’euro, du yen sur les marchés ou s’échangent les monnaies (marché des changes).
En revanche, l’appartenance des pays membres la zone CFA leur fait bénéficier de la mutualisation des réserves de change, les dispensant, contrairement aux pays à monnaie nationale, de la quête en solitaire de devises sur le marché des changes.
L’autre avantage du Fcfa est d’être une monnaie refuge, très demandée sur les marchés des changes africains. Les pourfendeurs de la monnaie nationale voient par-là, la preuve de la supériorité du CFA sur le Cedi ghanéen ou le Naïra nigérian, alors qu’il s’agit d’un leurre. La vraie monnaie «refuge», réserve de valeur, est l’euro dont le Fcfa est le miroir. C’est grâce à un mix de politique monétaire que l’on pourrait arriver à prendre en compte l’ensemble des préoccupations.
Certains parlent de l’ECO pour remplacer le FCFA; encore faudrait-il que les pays de la CEDEAO arrivent à rendre l’organisation plus engagée sur les questions économiques et monétaires. D’autres sont alléchés par l’offre des BRICS d’accepter les monnaies nationales comme moyen de paiement de leurs importations. Pour l’instant, on demeure encore dans le flou concernant cette perspective.
En définitive, la préférence pour une monnaie nationale ne saurait être forcément source de catastrophe pour un pays. Les cas gambien avec le dalasi et mauritanien avec l’ouguiya sont là pour le rappeler. Celui de Cuba est d’autant plus intéressant que ce pays a longtemps été soumis à un embargo commercial par les Etats-Unis.
En réaction, il a développé un système de change à plusieurs niveaux. Cuba dispose de 2 monnaies nationales, soit le peso cubano, la monnaie nationale officielle et le peso cubano convertible, appelé le CUC indexé sur le dollar (sa valeur officielle est fixée à 1 dollar).
Avec une perte de 57 % de la valeur de sa monnaie sur le marché des changes, le Ghana aurait engagé des négociations avec une société émiratie pour acheter du carburant avec de l’or, à la place du dollar, afin de préserver son stock de réserves de change.
Pour rappel, le Ghana est le 10ème producteur d’or au monde alors que sa monnaie s’est fortement dépréciée. Pour ce qui concerne le Sénégal, la priorité est de le sortir d’un modèle qui n’a pas permis l’impulsion du développement économique depuis 63 ans. La balance commerciale est structurellement déficitaire depuis cette date, l’agriculture n’arrive pas à couvrir les besoins alimentaires de la population, l’industrie est toujours balbutiante, et l’offre d’emplois générés par l’économie, atone.
Des candidats prônent, malgré tout, la stabilité voire la continuité. Nous préférons, pour ce qui nous concerne, encourager ceux qui souhaitent le changement d’orientation économique, tout en leur demandant de rester ouverts aux observations, suggestions et autres critiques que ne manqueront pas de susciter ces annonces de rupture d’avec le modèle en place.
Sur le contrôle à priori dans les entreprises du secteur public
Dans l’entendement populaire, le contrôle des entreprises publiques est du ressort exclusif des corps de contrôle de l’Etat (IGE, Cour des comptes). Pourtant ce dernier a mis en place des structures de contrôle à priori au sein de ces entreprises que sont le Conseil d’Administration et le Contrôle financier dépendant des services présidentiels qui siège en permanence dans les Conseils d’Administration en qualité d’observateur.
La loi qui organise la gestion et le contrôle de ces entreprises est principalement la loi 90-07 du 26 juin 1990. Cette loi avait été précédée de la loi n°87-19 du 3 août 1987 qui avait comme objectif de constituer un cadre favorisant une plus grande autonomie des entreprises publiques vis-à-vis de l’Etat. Elle avait toutefois maintenu un contrôle a priori exercé par le Centre des Etablissement publics et ses organes d’exécution, soient l’Agence Comptable des Etablissements publics, et le Contrôle des Opérations Financières.
Par la loi 90-07, le législateur a voulu aller plus loin en matière d’autonomisation des entreprises dans leur gestion. Celle-ci a donc supprimé le contrôle à priori exercé par l’Agence Comptable des Etablissements publics, et le Contrôle des Opérations Financières, et institué le Conseil d’Administration comme organe de contrôle interne de l’entreprise, renforcé dans cette mission par le Contrôle financier (art. 28 de la loi 90-07).
Dans les faits, il est loisible de constater que ce contrôle du Conseil d’Administration s’est avéré être inopérant. Les détournements de deniers publics et autres cas de mal gouvernance établis par les rapports IGE et Cour des Comptes ont continué à faire la une de la presse nationale. L’intervention de ces corps de contrôle ne s’effectuant qu’à postériori et sur des périodes couvrant plusieurs exercices ( 2 à 5 ans), sauf lorsque des indices de mauvaise gestion sont probants, le contrôle en temps réel de la gestion de l’entreprise est quasi inexistant, sauf en matière budgétaire et d’arrêté des comptes annuels. Les objectifs d’autonomisation et de renforcement du contrôle interne visés par la loi 90- 07, n’ont donc pas été atteints.
En réalité, cette situation résulte de l’absence de clarté sur la bonne répartition des pouvoirs de tutelle dans l’entreprise. Le Directeur général est sous la tutelle d’un ministre de « tutelle » qui propose sa candidature au président de la République qui le nomme.
Dans un deuxième temps, il est demandé au Conseil d’Administration de délibérer pour rendre cette nomination effective, ce qui est à l’évidence de pure forme. Le Conseil d’administration n’a pas la possibilité de contrevenir à une nomination proposée par un ministre même si le profil n’était pas en adéquation avec le poste.
Ce schéma institutionnel réduit drastiquement le pouvoir de contrôle du conseil d’administration sur le Directeur général, qui prend directement ses ordres et instructions du ministre, alors qu’il est précisé dans les statuts types que le conseil est « investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de l’entreprise, et pour faire ou autoriser toutes les opérations intéressant son activité dans la limite de son objet social.
Tous les actes d’administration et de direction qui ne sont pas légalement attribuées aux assemblées d’actionnaires sont de sa compétence ». Faute d’une vraie tutelle sur les directeurs généraux et de moyens humains, privé d’informations en provenance des services de contrôle interne de l’entreprise, le Conseil d’Administration ne peut exercer aucun contrôle en temps réel ou différé.
Le contrôle en aval qu’il exerce ne lui permet en aucune manière de « prévenir » les actes de mauvaise gestion qui ne seront souvent découverts que tardivement lors des missions des corps de contrôle (IGE, Cour des Comptes).
Les candidats à la présidence de la République sont donc interpelés pour se prononcer sur cette question de la plus haute importance, surtout dans une configuration où les Directeurs généraux sont appelés à s’engager en politique pour renforcer l’assise populaire du parti au pouvoir qui les a nommés.
CONCLUSIONS
D’autres thèmes que nous jugeons pertinents, seraient utiles à développer, tels ceux énumérés ci-dessous: Comment changer le système sans changer une classe politique virevoltante, prompte à gagner les rangs de tout nouveau pouvoir sans adhésion à des idéaux ou programmes ? Comment faire du neuf, en gardant le centralisme jacobin intrinsèque à l’administration, la bureaucratie héritée de la colonisation et dont les aspects les plus bloquants se rapportent aux règles contraignantes de la comptabilité publique ?
Quid d’une décentralisation avec des collectivités territoriales sans ressources propres et sans autonomie financière ?
Par Hamidou Anne
EST-CE DONC ÇA LE PROJET ?
Par la grâce de la loi d’amnistie votée par l’Assemblée nationale, Dakar compte deux fascistes de plus dont nos oreilles et nos yeux avaient pris congés. Il faudra compter à nouveau sur un vacarme insupportable car vide de contenu et de substance.
Par la grâce de la loi d’amnistie votée par l’Assemblée nationale, Dakar compte deux fascistes de plus dont nos oreilles et nos yeux avaient pris congés. Il faudra compter à nouveau sur un vacarme insupportable car vide de contenu et de substance. Notre démocratie se déshonore à avoir un parti fasciste avec cette assise électorale ; le tout avec un programme aride, puéril et dangereux. Un parti d'hommes et de femmes dont l'adn est l'absence de limite, la propagation de la vulgarité, du mensonge et de la manipulation pour arriver à leurs fins. Combattre ce populisme est une exigence pour éviter que le Sénégal ne rejoigne la trop longue liste d’États au dirigeants pittoresques et irresponsables, qui plongent leurs nations dans les abîmes. Il suffit de jeter un coup d'œil dans la sous-région pour avoir une idée du destin d’un pays avec des populistes aux manettes.
Dans cette campagne électorale, le programme que les fascistes sénégalais nous proposent est un aperçu de leur impréparation mais surtout de leur manque de sérieux. La tête d'un État n’est pas un lieu de stage ni un manège pour enfants gâtés. Les masques tombent, car leurs propositions montrent qu'ils n'ont ni la profondeur historique ni la crédibilité technique pour gouverner.
Avec le parti dissous, le projet, ce sont les insultes, les calomnies, les outrances, les outrages, les médisances et les diffamations répétitives qui ont d’ailleurs valu condamnation à son leader. Le projet, ce sont les menaces de mort adressées au chef de l’État, aux magistrats, aux officiers, aux journalistes, aux intellectuels et aux simples citoyens qui ont eu le tort de ne pas se soumettre à leurs injonctions. La violence verbale charriant toujours la violence physique, le projet a charrié une insurrection, des attaques physiques des médias, des commerces, des stations-service. Le clou du spectacle du projet a été l’incendie de l’université de Dakar. La profanation du temple du savoir suivie d’une danse autour des flammes, devant le silence d’universitaires devenus pétitionnaires compulsifs, a été le summum de la décivilité et de la barbarie.
Le projet, c’est l’effondrement intellectuel et la décadence morale d’une partie des élites politique et intellectuelle, devenues de vulgaires rentiers, mais qui masquent leur quête du gain et des postes par des postures guerrières qui ne révèlent que leur duplicité.
Le projet, c’est appeler à fusiller les anciens chefs d’État, invoquer les références à la tragédie de Samuel Doe, traiter le doyen des juges de « lâche ». Le projet, c’est chanter et danser devant les dépouilles de Samba Sall, magistrat émérite, et de Pape Serigne Niang, sous-préfet de la République.
Le projet, c’est agréger autour d’une candidature de substitution une trainée d’ambitieux qui suivent de façon moutonnière le néant qui parade. Le projet, c’est instaurer un débat malsain sur l’ethnicisme, inventer une inexistante bataille entre « le Sénégal des Ba et le Sénégal des Faye », « Un Sénégal des Almadies et celui des Parcelles Assainies » comme pour donner corps à une logique belliciste qui réduit l’autre à la figure de l’ennemi à abattre.
Le projet, c’est une recyclerie de vieilles nappes du champ politique, un agrégateur d’étoiles pâlies de la gauche, dont la durée sur le champ politique est inversement proportionnelle au poids électoral, un enclos de petits ambitieux, tonneaux vides adeptes du jambarisme politique ; le projet offre une maison commune aux complotistes, insulteurs publics et autres charlatans…
Une observation rapide de cette assemblée fait penser à Nuremberg aux heures de pointe, tellement les fachos s’y mélangent et s’y échangent des amabilités.
Le projet, ce sont deux personnages grotesques candidats non-candidats qui ne méritent finalement qu’un profond mépris. Leurs noms seront consignés dans le chapitre de l'indignité du grand livre politique national.
Le projet, c’est endosser la charte des Assises nationales, annoncer s’inscrire dans le continuum des luttes du 23 juin 2011 et fustiger les changements institutionnels mais proposer dans son programme présidentiel l’instauration d’un poste de vice-président taillé sur mesure pour son patron.
Le projet, c’est faire preuve d’incohérence et d’absence de colonne vertébrale en critiquant le présidentialisme tout en promettant une fois au pouvoir de le renforcer par l’instauration encore plus marquée d’un régime de type présidentialiste.
Le projet, c’est passer une décennie à honnir le « système », accuser des responsables publics de voleurs et d’incompétents et en faire des alliés une fois qu’ils ont quitté le camp de la majorité.
Le projet, c’est ne justifier d'aucun résultat dans les municipalités dirigées depuis deux ans et transformer le Parlement en une arène de gladiateurs ou en un cirque. Ils y ont installé une culture de la jacquerie, du désordre et de la violence conformément à leur volonté de désacraliser les institutions et de salir notre pays devant les caméras du monde entier.
Le projet, c’est se dire panafricaniste et prôner l’aventure de la monnaie nationale après la sottise de la monnaie locale. C’est exiger de notre pays qu’il renonce à sa vocation d’ouverture, de coopération et de solidarité. Le projet consiste en une négation du Sénégal et en une ignorance des symboles qui fondent notre récit national. Le Sénégal dirige depuis toujours, quasiment sans discontinuité, la commission de l’Uemoa ; Dakar accueille la banque centrale. Nous sommes un pays dont la promesse depuis les Pères fondateurs est de nous inscrire dans le schéma du multilatéralisme pour toujours être au cœur des grands enjeux internationaux. Nous sommes une voix sur la scène diplomatique mondiale que le projet par son caractère rabougri et étriqué veut faire taire en nous réduisant en un banal État ordinaire, replié sur lui-même.
Comment être digne de diriger ce grand pays quand on est indigne d’aller à sa conquête sur son propre nom ; quand on est un sous-titre au lieu d’être une parole forte et claire, intelligible et puissante, quand on est une marionnette à la solde d’un aréopage de conspirateurs, de haineux et de revanchards.
La République, c’est une grande exigence sur les valeurs civiques, une responsabilité sur les questions économiques et une volonté de toujours sacraliser la mystique qui entoure le service de ses concitoyens. C’est pour cette raison qu’il faut mener un combat de front contre ces aventuriers dont le programme révèle l’impréparation, la vulgarité et la trivialité.
C’est en républicains engagés et exigeants qu’il faut leur faire face pour préserver notre pays de la violence, de l’intolérance, de la sécession, de l’obscurantisme et de l’intégrisme religieux.
Pour finir, Je m’adresse à la gauche qui a choisi de se renier pour se ranger derrière nos plus vieux et nos plus redoutables adversaires depuis plus de deux siècles : les fanatiques, les nationalistes conservateurs, les promoteurs de l’identité exclusive et les intégristes religieux. En décidant de se renier ainsi, ils montrent que ce n’est ni la cohérence ni la dignité qui les étouffe.
PAR Yoro Dia
LA PRÉSIDENTIELLE, LE PREMIER BARIL DE PÉTROLE ET LES PYROMANES
Nous ne voulons pas être le prochain membre de l’Alliance des États du Sahel avec un souverainisme désuet comme le propose Diomaye Faye. Alors que le Sénégal se projette sur Dubaï, il veut nous ramener au franc guinéen de Sékou Touré
Autant on a pu « laisser des intellectuels jouer avec des allumettes » jusqu’à ce que les étudiants incendient l’université sans qu’ils ne le condamnent, autant on ne peut pas laisser les politiciens pyromanes de l’Ex-Pastef jouer avec des allumettes sur nos barils de pétrole dont le premier est attendu entre mai et juillet selon le ministre Antoine Diome. Le Sénégal va être un pays gazier et pétrolier dans quelques mois alors que le cercle de feu du péril militaro-djihadiste est en train de se refermer sur lui. Cette situation devrait aussi être au centre de la campagne. Il est vital que les Sénégalais entendent la position des candidats sur cette question de sécurité nationale. Néron jouait de la musique quand Rome brûlait.
Jusqu’à quand la classe politique va user de l’arme de distraction massive de la politique politicienne pour détourner le regard sur cette question, alors que le feu djihadiste se rapproche dangereusement de nos frontières. Il y a eu une attaque djihadiste à 60 km de Bakel il y a quelques semaines. Jusqu’à quand on va occulter les leçons de la géographie qui « sert à faire la guerre » selon Yves Lacoste ou aussi à l’éviter. Et la meilleure façon d'éviter la guerre est de s’y préparer comme l’a fait le président Sall en augmentant le budget de la défense de 250 %, parce que qui veut la paix prépare la guerre. Le camp militaire de Goudiry, qui est un verrou stratégique, est une anticipation très rationnelle sur la probable guerre de l’Est. Ce qui est fort sage parce que si gouverner, c’est prévoir, « défendre, c’est prévenir ».
Sur le plan de la sécurité nationale, le bilan de Macky Sall est exceptionnel. Il a réussi à préserver le Sénégal comme une exception : le dernier îlot de stabilité dans notre sous-région malgré les assauts de la vague islamo-militaro-populiste qui se décline en complot au niveau national et en conspiration sur l’international. Le Sénégal est resté l'îlot de stabilité dans l’océan d’instabilité qu’est devenu l’Afrique de l’Ouest parce que le président s’est appuyé sur nos deux acteurs sur la scène internationale : le diplomate et le soldat. Le soldat avec la montée en puissance de l’armée (augmentation budgétaire de 250%) pour être dissuasif, mais aussi le diplomate. Si la « géographie sert à faire la guerre », elle sert aussi à faire la paix comme le prouve les 12 ans de politique de bon voisinage avec les pays frontaliers.
Le bilan de la politique de Macky Sall avec les pays frontaliers est résumé par deux ponts : Farafegny et Rosso. Douze ans pour réaliser des rêves géopolitiques de 50 ans. Ce miracle confirme deux postulats de la science politique à savoir que des pays qui font du business se font rarement la guerre comme le confirme le modèle de l’Union européenne qui n’est rien d’autre que la substitution de l’économie à la guerre comme mode de régulation des relations entre États. C’est ce que le président a fait avec le partage des ressources gazières avec la Mauritanie que le très belliqueux monsieur Ousmane Sonko menaçait de ses foudres lors de la présidentielle de 2019.
L’autre postulat sur lequel le président s’est appuyé veut que les démocraties ne se fassent pas la guerre. Faire partir Yaya Jammeh sans un coup de feu, en plus d’être à la fois une prouesse militaire et diplomatique, a permis à la Gambie de retrouver ses instincts démocratiques pour redevenir le frère siamois du Sénégal.
En outre, il ne faut pas oublier l’accompagnement de la Guinée Bissau pour un retour à la démocratie. Les retours de la démocratie en Gambie et en Guinée Bissau ont été des armes de destruction massive contre le MFDC qui ont été aussi dévastateurs que les obus de l’armée. Donc le « miracle » d’être le dernier îlot de stabilité de la sous-région résulte en grande partie de la vision et de la stratégie de la sécurité nationale du président Sall.
Le président que nous allons élire sera aussi le chef suprême des armées. Il serait donc normal que les Sénégalais sachent ce que les candidats pensent de cette question de sécurité nationale qui est vitale, même si elle n’intéresse pas les foules. Cette question est vitale car selon mon ami Bakary Samb, notre meilleur spécialiste de cette question, les djihadistes qui veulent un accès à la mer ont décidé de réserver le Sénégal pour le « dessert ».
Ce qui est très plausible parce que si les intellectuels africains perdent du temps sur la question des frontières tracées lors du congrès de Berlin, les djihadistes eux ont transcendé cette question ; et le Sénégal qui est l’antithèse de leur projet est naturellement leur objectif ultime. Le 24 mars, les Sénégalais devront choisir s’ils veulent que leur pays reste comme la Suisse, un îlot de paix et de stabilité alors que ses voisins étaient en guerre, ou un autre Liban, toujours théâtre de la « guerre des autres ». Ces autres qui ont déjà un cheval de Troie à la présidentielle.
Le président ne pouvait pas si bien dire quand il prévenait la classe politique que nous ne sommes plus seuls sur la scène. Il parlait des autres dont la dernière attaque a eu lieu à 60 Km de Kidira. Dans Le Sénégal et ses voisins, Momar Coumba Diop décrit le premier cercle autour du Sénégal comme une cercle de feu (tensions avec la Mauritanie, interventions militaires en Gambie et en Guinée Bissau, tensions diplomatiques avec la Guinée de Sékou Touré, échec de la Fédération avec le Mali). Macky Sall a transformé le cercle de feu en un cercle de paix et de stabilité. Le premier devoir de son successeur sera de tout faire pour que le Sénégal reste le dernier rempart, l’ilot de stabilité, l’oasis de paix face à l’avancée du désert militaro-djihadiste.
Nous ne voulons pas être le prochain membre de l’Alliance des États du Sahel avec un souverainisme désuet comme le propose Diomaye Faye. Alors que le Sénégal se projette sur Dubaï, il veut nous ramener au franc guinéen de Sékou Touré. Comme le vol d’Emirates, on veut décoller pour Dubaï ; il veut détourner l’avion et nous faire remonter le temps pour atterrir à Conakry sous Sékou Touré. Le souverainisme c’est accélérer vers l'Émergence et permettre au Sénégal d’être l'avant-garde mais pas des combats d’arrière-garde.