DES CANDIDATS DITS SPOLIÉS EXIGENT LA REPRISE INTÉGRALE DU PROCESSUS ÉLECTORAL
Pour le Front démocratique pour une élection inclusive, les décisions de validation ou d'exclusion de candidatures lors du dépôt des dossiers sont nulles et non avenues. Les prétendants écartés comme ceux toujours en lice seraient à "remettre à zéro"
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 18/02/2024
Le Front démocratique pour une élection inclusive (FDPEI), qui regroupe plusieurs candidats à la présidentielle sénégalaise, demande officiellement la reprise du processus électoral dans sa totalité. Cette exigence fait suite à la décision rendue le 15 février dernier par le Conseil constitutionnel sur la tenue du scrutin.
Dans une déclaration de 4 pages publiée le 18 février, le FDPEI décrypte point par point les implications de l'arrêt de la haute juridiction. Ses membres, qui se disent nombreux à avoir été spoliés de leur droit de participer à l'élection, estiment que le Conseil constitutionnel a levé toutes les ambiguïtés.
Tout d'abord, en annulant le décret reportant le vote au 15 décembre et en jugeant anticonstitutionnelle la loi y afférent, le Conseil a acté de facto le report du scrutin initialement prévu le 25 février, analysent-ils. De plus, en invitant les autorités à l'organiser "dans les meilleurs délais", il n'a pas fixé de date butoir mais ouvert la porte à des discussions apaisées, poursuivent-ils.
Sur cette base, le FDPEI en déduit logiquement que "la reprise intégrale du processus électoral s'impose". Cela signifie, selon le front, que les décisions d' validation ou d'exclusion de candidatures lors du dépôt des dossiers sont nulles et non avenues. Les prétendants écartés comme ceux toujours en lice seraient donc à "remettre à zéro" dans un nouveau cadre consensuel.
Le collectif conteste également les analyses relayées par certains médias étrangers, qui prétendent à tort que le Conseil a prescrit la tenue du scrutin d'ici début avril. Pour lui, une telle "marche forcée" ne ferait qu'aggraver les tensions.
En citant les termes même du considérant 19 sur la mission de régulation de la juridiction "dans l'intérêt général et la stabilité", le FDPEI exhorte le président Macky Sall à engager sans délai la "concertation nationale". Celle-ci devrait déboucher sur de nouvelles règles consensuelles du jeu électoral, de manière à organiser ensuite une présidentielle "apaisée, démocratique et inclusive".
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LA PRESSE PRISE POUR CIBLE
Giflée, traînée dans un fourgon, passée à tabac jusqu'à l'inconscience : Absa Hanne, journaliste, raconte avec effroi son agression sauvage par les forces de l'ordre lors d'une manifestation. Un récit poignant qui interroge
C'est un témoignage poignant qu'a livré Absa Hanne, journaliste pour Seneweb. Le 9 février dernier, alors qu'elle couvrait une manifestation interdite à Dakar, cette professionnelle a été prise à partie sans raison par les forces de l'ordre.
"J'ai été giflée, traînée dans un fourgon et passée à tabac. J'ai perdu connaissance", raconte Absa, encore sous le choc. Pourtant, elle et ses confrères évitaient soigneusement de se mettre entre manifestants et policiers.
Le récit cru de cette agression gratuite soulève de nombreuses questions. Comment expliquer une telle violence contre des journalistes clairement identifiés ? Le manque de formation des forces de l'ordre en est-il responsable ?
Meurtrie physiquement et psychologiquement, Absa Hanne livre ici un témoignage essentiel. Celui d'une professionnelle prise pour cible alors qu'elle ne faisait que son travail.
L'UA ACTE L'EXCLUSION OFFICIELLE D'ISRAËL DE L'ORGANISATION
Israël n'est désormais plus le bienvenu à l'Union africaine. Après une expulsion mouvementée il y a un an et les critiques contre son offensive à Gaza, l'État hébreu se voit définitivement privé de son statut d'observateur
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 18/02/2024
Après des années de tensions, l'Union africaine (UA) a officiellement retiré son statut d'observateur à Israël lors de son sommet qui s'est tenu du 17 au 18 février 2024 à Addis-Abeba, en Éthiopie. Cette décision marque la fin d'un long débat sur la présence de l'État hébreu au sein de l'organisation panafricaine.
L'incident qui avait précipité ce retrait de statut s'était produit en février 2023. Une délégation israélienne avait alors été expulsée sans ménagement de l'Assemblée générale de l'UA alors que se tenaient les discussions entre chefs d'États africains. L'Afrique du Sud et l'Algérie s'opposaient fermement au statut d'observateur d'Israël. Cependant, la question n'avait pas été officiellement tranchée à l'époque.
Un an plus tard, le débat a été définitivement clos suite à l'opération militaire d'Israël dans la bande de Gaza en octobre 2023. "Le dossier concernant l’accréditation d’Israël est clos", a déclaré un haut cadre de l'UA cité par Le Monde. La porte-parole de la commission de l'UA, Ebba Kalondo, a précisé que "Israël n’est pas invité au sommet" . Après deux ans en tant qu'observateur, Israël se retrouve donc exclu de l'institution.
À l'inverse, l'Autorité palestinienne était au centre des discussions. Le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh, invité à la tribune, a reçu de longs applaudissements pour son discours sur la défense de la Palestine face au colonialisme. Les dirigeants africains présents ont vivement condamné les actions d'Israël à Gaza, qualifiées de "plus flagrante violation du droit humanitaire international" par le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat.
L'Afrique du Sud, à l'origine du dépôt d'une plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour "génocide" contre les Palestiniens, a été félicitée. En janvier 2024, la CIJ a effectivement donné raison à Pretoria sur ce point, une victoire "célébrée" à l'UA selon la chercheuse Liesl Louw-Vaudran.
Toutefois, l'influence d'Israël sur le continent africain reste importante, fruit d'années de diplomatie intensive depuis les années 2010 selon Le Monde. Bien que banni formellement, des représentants israéliens ont encore été aperçus à Addis-Abeba pendant le sommet. Israël continue à entretenir des relations étroites avec de nombreux pays africains dans les domaines de la sécurité, du renseignement et de la défense.
DIOMAYE PRÉSIDENT EXIGE LE RESPECT DE L'ÉCHÉANCE PRÉSIDENTIELLE
La coalition veut une date de vote avant le mandat la fin du mandat de Macky Sall. Elle exige aussi plus de transparence et la libération de ses candidats emprisonnés
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 18/02/2024
La situation politique reste tendue après la décision du Conseil constitutionnel censurant le report des élections et annulant la révision constitutionnelle visant à prolonger le mandat du président Macky Sall. Dans un communiqué publié le 17 février, la coalition Diomaye Président dirigée par le candidat Bassirou Diomaye Diakhar Faye s'est fait l'écho des attentes du peuple sénégalais en matière de transparence et de respect du calendrier électoral.
Tout d'abord, la coalition a tenu à présenter ses "condoléances attristées au peuple sénégalais", faisant référence aux morts lors des récentes manifestations contre le report du scrutin. Elle a affirmé partager "la peine et la douleur que vivent tous nos compatriotes" dans ce "contexte douloureux".
Sur le fond, la coalition s'est félicité de la décision du Conseil constitutionnel qui, selon une citation du communiqué, "consolide nos acquis démocratiques et raffermit le pacte républicain remis en cause par le report illégal du scrutin". Elle a en particulier souligné l'annulation de la loi visant à prolonger le mandat du président et la confirmation que "la date de l'élection ne peut être reportée au-delà de la durée du mandat".
C'est pourquoi la coalition "exige le respect strict de cette échéance indépassable dans la détermination d'une nouvelle date du scrutin", qui devra donc se tenir "impérativement avant l'expiration du mandat du président de la République (le 2 avril)".
Elle a également appelé à "une plus grande transparence du processus électoral" à travers une "vérification accrue du fichier électoral et des mécanismes de surveillance et de supervision du vote". Le communiqué précise également que "tous les candidats doivent être soumis au principe constitutionnel de l'égalité de traitement", estimant que la libération du candidat Bassirou Diomaye Diakhar Faye est une "exigence populaire et respectueuse de la Constitution".
La coalition Diomaye Président a par ailleurs demandé la libération "urgente" d'Ousmane Sonko, leader de l'opposition, tout en se félicitant de celle des autres "détenus politiques". Elle a appelé à libérer les "prisonniers politiques encore injustement incarcérés".
Elle a enfin invité "les forces vives de la nation à rester vigilantes" et interpellé "la communauté internationale" afin de faire respecter par le gouvernement sénégalais "ses engagements internationaux" et les "droits fondamentaux des citoyens".
LE SOMBRE DIAGNOSTIC DE CLÔTURE DU SOMMET DE L'UNION AFRICAINE
Le 37e sommet de l'Union africaine, qui s'est achevé le 18 février à Addis-Abeba, a laissé transparaître de sérieuses inquiétudes quant à la déstabilisation croissante que connaît le continent
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 18/02/2024
Le 37e sommet de l'Union africaine, qui s'est achevé le 18 février à Addis-Abeba, a laissé transparaître de sérieuses inquiétudes quant à la déstabilisation croissante que connaît le continent, selon les propos tenus en clôture par l'ambassadeur Bankole Adeoye, Commissaire du Conseil paix et sécurité de l'organisation.
Comme le rapporte RFI dans son compte rendu, M. Adeoye a fait part des craintes exprimées par les chefs d'État et de gouvernement participant à ce sommet au sujet de la multiplication des putschs militaires en Afrique ces derniers mois. Il a notamment cité les six pays actuellement suspendus de l'UA pour ne plus respecter la voie démocratique : trois pays du Sahel (Mali, Burkina Faso, Guinée), le Gabon et le Soudan.
Le commissaire a rappelé la politique de "zéro-tolérance" adoptée par l'Assemblée face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir, avec la suspension systématique des pays concernés. Il a également insisté sur le soutien apporté par l'UA aux processus de transition afin de restaurer l'ordre constitutionnel, via des programmes menés avec des partenaires comme le PNUD.
Tout en reconnaissant les défis, Bankole Adeoye a souligné les progrès accomplis sur la voie du renforcement démocratique, avec pas moins de 13 élections observées l'an dernier et 15 à venir cette année. Il a aussi mis en avant la nécessité d'opérationnaliser la Force africaine en attente pour intervenir dans les crises, ainsi que le rôle clé joué par le président angolais dans le dossier de la RDC.
En dépit de ces avancées, ce sommet a aussi montré les divisions persistantes entre nombre d'États membres sur certains des conflits évoqués. À l'heure où l'UA rejoint le G20, certains observateurs s'interrogent sur sa capacité à trouver des positions communes face aux enjeux sécuritaires du continent.