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29 mai 2025
MACKY SALL ACCUSÉ DE TUER LE SUFFRAGE UNIVERSEL
Le comité "Doleel PIT-Sénégal" appelle à l'union des forces vives de la nation pour empêcher "la dérive du camp libéral (APR/ PDS) et de la démission nationale". Il exhorte syndicats, partis politiques et société civile à intensifier la protestation
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 08/02/2024
En reportant sine die la date de la prochaine présidentielle, le président Macky Sall plonge le Sénégal dans l'inconnu et brise la vitrine démocratique du pays, selon les opposants.
"Sa parole n'est plus digne de confiance" déclare le Comité pour la Plate-forme de Réflexions "Doleel PIT-Sénégal ngir defaraat reewmi" dans son communiqué du 7 février 2024. Beaucoup avaient en effet vu venir cette dérive dictatoriale, à travers les agissements du chef de l'État ces dernières années : son fameux "ni oui ni non", la dissolution de la Commission électorale nationale autonome (CENA), la répression des manifestations de mars 2021 et juin 2023, l'emprisonnement de leaders de l'opposition comme Ousmane Sonko.
En reportant l'élection, Macky Sall montre selon ses détracteurs "sa peur bleue des lendemains de l’alternative" que représentait l'opposant pressenti pour la victoire au premier tour, Ousmane Sonko. Le président sortant se substitue ainsi au peuple souverain et remet en cause les décisions du Conseil constitutionnel, devenant aux yeux de beaucoup "le fossoyeur patenté de la République".
Face à cette dérive anticonstitutionnelle, le comité "Doleel PIT-Sénégal" appelle dans son communiqué à l'union de toutes les forces vives de la nation pour empêcher "la dérive du camp libéral (APR/ PDS) et de la démission nationale". Il exhorte syndicats, partis politiques et société civile à intensifier la lutte par des mouvements de protestation. Le comité demande aussi aux organisations internationales comme l'ONU, l'UA ou la CEDEAO d'exiger fermement le respect du calendrier électoral par Macky Sall.
LA CEDEAO AU PIED DU MUR
Son impuissance jugée "évidente" après le report de l'élection au Sénégal. Ses communiqués ne suffisent plus, selon des experts. Réunie en urgence ce jeudi, l'organisation doit retrouver les moyens d'agir pour stabiliser la région
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 08/02/2024
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) tient ce jeudi une réunion d'urgence à Abuja, au Nigeria, pour discuter de "la situation sécuritaire et politique actuelle dans la région", selon son Conseil de médiation et de sécurité. Cette réunion intervient dans un contexte de crises majeures au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali et au Niger, mettant à l'épreuve l'influence de l'organisation ouest-africaine.
"Le report de l'élection présidentielle sénégalaise est une 'nouvelle crise dont la Cédéao n'a pas besoin'", déclare à l'Agence France-Presse (AFP) Djidenou Steve Kpoton, consultant politique béninois indépendant. "Son impuissance face à la situation est évidente", ajoute-t-il. Au Sénégal, l'annonce samedi du report de la présidentielle du 25 février 2024 par le président Macky Sall a provoqué la pire crise politique depuis des décennies dans ce pays d'habitude stable.
Selon Rama Salla Dieng, maîtresse de conférences en études africaines à l'Université d'Edimbourg, la Cédéao "publie des communiqués, mais lorsqu'il s'agit d'agir, elle ne fait rien". "Un coup d'État est un coup d'État, il y avait des élections planifiées avec une date fixée. On a l'impression qu'ils sont vraiment impuissants", estime-t-elle. Depuis leurs coups d'État respectifs, le Burkina Faso, le Mali et le Niger se sont officiellement retirés de la Cédéao cette semaine, compliquant encore davantage la situation.
Face à cette série de crises, certains experts appellent à une réforme de l'organisation. "On ne peut pas continuer comme si de rien n'était", affirme Mme Dieng, appelant à consulter le public sur le rôle de la Cédéao. Reste à savoir si cette dernière, créée il y a près de 50 ans, sera capable de s'adapter aux nouveaux défis sécuritaires et politiques en Afrique de l'Ouest.
par Ndèye Aram Dimé
AUX JUGES DE SAUVER L'HONNEUR DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE
Vous ne devez rien à un président et quelques députés usurpateurs. Assumez la vocation qui vous est dévolue de droit et qui est de protéger la Constitution
Rendez au Sénégal ce qu'il vous a donné. S'il y a une seule dette, vraiment une seule, est venu le temps de l'honorer. Je commence par cette banalité qui aurait dû à elle seule suffire.
J'ai passé la nuit dans la solitude d'une blessure profonde, à tourner et retourner dans tous les sens l'évènement politique absurde qui vient de se dérouler sous nos yeux.
Deux partis politiques ont décidé de museler toute une Nation en imposant un coup de force. Le décret annoncé par Macky Sall le 3 février, indûment adopté et qui prétend abroger un précédent décret convoquant le corps électoral pris sur la base d'une compétence liée ne suffit pas. Les violences à l'encontre des députés de l'opposition, qu'on attaque et réduit au silence, ne suffit pas. La soixantaine de jeunes tués pour avoir osé exprimer leur ras-le-bol et les milliers de détenus politiques écroués pour avoir aménagé un contre espace d'expression face à la dictature de Macky Sall, n'ont pas non plus suffi. Il a fallu en sus qu'on nous inventât de toutes pièces une "crise" et nous imposât une rhétorique qui ne traduit en rien la réalité.
Puis, lorsque nos députés ont tenu à restaurer cette réalité par le vote, le PDS/Wallu et certains députés de Benno Bokk Yakaar soutenus dans leur forfait d'usurpation par Amadou Mame Diop, président de l'Assemblée nationale, ont poussé le vice aussi loin que de soumettre cette réalité à leur répugnante volonté. Rien dans l'histoire politique du Sénégal n'égale en violence cette scène de forces de sécurité empêchant l'opposition de voter et de représenter le peuple. Rien ne sera jamais aussi insultant, méprisant et souillant que cette scène où Amadou Mame Diop prétend faire le décompte en à peine quelques secondes et en l'absence de l'opposition, pour proclamer 104 voix en faveur du report de l'élection présidentielle du 25 février au 15 décembre 2024.
Messieurs les juges,
Il y a eu trop de morts. Beaucoup trop de morts dont nous ne pouvons faire qu'approximativement la comptabilité. Que direz-vous à leurs mères qui les pleurent encore ? À leurs enfants qu'ils ne verront pas grandir ? Aux femmes, aux époux, à ceux qui comptaient sur eux pour survivre ? Parviendrez-vous à regarder vos propres enfants dans les yeux sans baisser la tête ? Est-il uniquement question de privilèges ? Ces privilèges valent-ils vraiment votre dignité ? Valent-ils de tourner le Sénégal en dérision à la face du monde ?
Vous ne devez rien à un président et quelques députés usurpateurs. Vous le savez mieux que nous. Assumez la vocation qui vous est dévolue de droit et qui est de protéger la Constitution. Nous voulons croire que quelque part, dans ce pays, la justice peut encore s'affirmer dans un sursaut d'indépendance républicaine ; comprendre qu'elle n'est redevable qu'à la République. Ne faites pas de nous d'imbéciles naïfs de croire en vous.
N'acceptez pas de tremper vos mains dans le sang déjà versé et celui qui pourrait encore l'être davantage. Vous avez toutes les cartes en main : il suffit de dire le droit.
L'injustice, Messieurs, n'attend pas le jugement pour hurler. Si elle crève vos tympans et que malgré cela vous en veniez à arbitrer en faveur de l'iniquité, du mépris et du cynisme de l'exécutif et du législatif en faillite, j'espère que la mauvaise conscience vous plongera dans des nuits sans aube ; mais que surtout avant toute justice divine, la République et les citoyens sauront se rappeler à votre souvenir ici-bas. Laissez les faux calculs à ceux qui ont déjà failli, vous pouvez encore laver l'honneur de notre démocratie et paver une bonne fois pour toute, le chemin à une justice indépendante.
Vous avez les cartes en main. Les véritables maîtres du jeu, c'est vous. Nos espoirs ? C'est encore vous. Notre avenir, ne vous y trompez pas, c'est également le vôtre.
Ndèye Aram Dime est consultante en affaires publiques et politiques.
par Ndeye Aminata Dia
LA TERREUR QUI SÉVIT AU SÉNÉGAL
Il est là l'enjeu de ce moment : restaurer notre foi. Notre foi que le pouvoir du président Macky Sall est bel et bien fini et que son règne est terminé. La foi que justice sera rendue à tous les prisonniers politiques qui peuplent nos prisons
7 février 2024, 04 jours après l'annonce du report de l'élection présidentielle, prévue le 25 février 2024 par le président Macky Sall, les rues de Dakar, la capitale sénégalaise, sont fluides.
En lieu et place des embouteillages habituels et des klaxons caractéristiques du paysage urbain, les voitures circulent sans encombres. Une personne qui ne suit aucun média, ni ne sait rien de l'actualité politique du pays pourrait facilement qualifier la ville de calme, d'apaisée et de tranquille.
Certains s'en offusquent même sur la toile : "comment est-ce que les Sénégalais peuvent vaquer à leurs occupations comme si de rien n'était ?" "Pourquoi les gens ne descendent-ils pas dans les rues?" "Les Sénégalais sont passifs, il ne va rien se passer et ce report de Macky passera comme lettre à la poste", soulignent beaucoup avec réprobation et indignation. "On pensait que le pays serait à feu et à sang. Qu'une foule de personnes s'en irait vers le palais pour montrer leur indignation et résister à ce coup d'Etat constitutionnel!", appuient d'autres, le cœur lourd de désolation et de désespoir. De ces complaintes, j'entends un cri, une souffrance, un refus même d'accepter ce qui se passe : "ce n'est pas possible. Mais dites-moi que ce n'est pas possible. Ça ne va tout de même pas passer."
"Ce n'est pas possible... Ça ne va tout de même pas passer", une phrase longtemps répétée devant les exactions du Président Macky Sall ces douze dernières années. Déclaration de patrimoine de 12 milliards à son arrivée au pouvoir alors qu'il a été fonctionnaire de l'État tout au long de son parcours? "Ce n'est pas possible". Traque des biens mal acquis pendant les deux ans qui ont suivi son élection? "Ce n'est pas possible". Référendum? "Ce n'est pas possible".
Introduction du parrainage dans le processus électoral ? "Ce n'est pas possible". Faire volte face pour effectuer un mandat de 7 ans au lieu de 5 comme initialement promis? "Ce n'est pas possible". Réduction de l'opposition à sa plus simple expression à travers l'arrêt des opposants, la dislocation du parti socialiste (PS), l'achat des consciences, la promotion de la transhumance, la restriction des libertés de manifester et d'expression et l'élimination des leaders politiques dans son propre parti : "ce n'est pas possible." Jusqu'au troisième mandat où pour une fois, beaucoup ont alerté que c'était bel et bien possible. Là, coup de surprise : "je ne me présenterai pas pour un troisième terme". Cette décision acclamée et félicitée des quatre coins du monde a aussi créé une bouffée d'oxygène dans le pays. Le suspens, maintenu pendant trop longtemps, a cédé place à un sentiment d'espoir : l'espoir d'une fin de règne avec tout ce que cela comporte comme peurs et comme foi en de meilleurs lendemains.
Le calme revenu après cette décision de ne pas poursuivre un troisième mandat devient un nid propice au renforcement de la répression : les arrestations reprennent en masse en commençant par Ousmane Sonko, le président du parti les Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l'Ethique et la Fraternité, Pastef-Les Patriotes en abrégé suivi des cadres de ce même parti. Coup de maître : le parti le Pastef-Les Patriotes lui-même est dissous. Certains membres du parti s'exilent pour échapper au destin de leurs camarades. La non-poursuite de ce troisième mandat coûte cher à bon nombre de nos concitoyens - Mais puisque Macky part de toute façon et que les élections sont proches, à quoi bon contester maintenant ? "Lou metti yaggoul, diekh na ba paré. - L'épreuve n'est pas longue, c'est bientôt fini."
Pendant ce temps, le nombre de jeunes qui choisissent la voie de l'immigration clandestine augmente. En pirogue ou en avion par la voie du Nicaragua, des communautés entières se vident de leurs jeunes qui, certains de n'avoir aucune perspective dans leur propre pays, choisissent la fuite vers l'étranger à leurs risques et périls. Périr, beaucoup d'entre eux le font en mer. La toujours, on compte les jours : « Lou metti yaggoul, diekh na ba paré. - L'épreuve n'est pas longue, c'est bientôt fini." Pendant ce temps, des mères pleurent leur fils ou filles en prison et non jugés, des épouses pleurent leurs époux. D'autres, leurs amis, frères, sœurs, cousins, tontons, collègues, voisins. La déchirure est profonde dans le cœur des familles divisées, des vies confisquées, des lendemains arrêtés pour seule cause : l'expression d'une perspective différente, d'un mécontentement assumé par rapport à leur chef de l'État. Pire, ils se voient traités de "terroristes", de "criminels", d' "islamistes", de "personnes coupables d'appel à l'insurrection", de « fauteurs de trouble », de « jihadistes » pour ne citer que ces quelques exemples. Diabolisés, criminalisés, déshumanisés, leur vie est présentée comme sans valeur, leur histoire comme inexistante, leur personne comme éliminable.
Ce récit maîtrisé d'un pays en danger, d'une République attaquée, "de forces occultes" contre lesquels il faut lutter en mobilisant la "pleine force de l'État" est tenu, télévisé et plébiscité par le président de la République, chef suprême de l'armée et commandant des forces de l'ordre, qui, prenant sérieusement leur mission de protéger leur pays en danger, voit en toute personne qui affiche une contestation minime : un "dissident", un "criminel à maîtriser".
La violence n'arrive pas du jour au lendemain. Elle a des fondements et un mode de fonctionnement. Elle se construit dans les mots utilisés, les paroles échangées et les histoires partagées. Ces histoires répétées deviennent des imaginaires qui s'ancrent dans les consciences et donnent vie à des actions menées sans même qu'on s'en rende compte. De la même manière, la peur est une émotion contagieuse. Elle prend racine dans notre cœur et se mue dans le corps. Elle attaque les membres, fragilise la voix jusqu'à ce qu'elle devienne aphone et paralyse le reste du corps petit à petit, là encore sans même qu'on s'en rende compte. Il est là le drame de ce que nous vivons : ce calme apparent n'est pas un signe de faiblesse ou de lâcheté comme le dénoncent certains, c'est le miroir de la terreur qui s'est installée tout au long de cette décennie et qui nous a atteint jusqu'au plus profond de notre être. C'est le miroir d'une lassitude et d'un désespoir inouï. « Lou metti yaggoul, diekh na ba paré. - L'épreuve n'est pas longue, c'est bientôt fini" : la nôtre ne semble pas finir. Devant ce constat effrayant, cette incertitude concertante, ce doute qui jaillit, la force de l'action est diminuée. L'envie même d'agir s'éteint.
La foi s'amenuise.
Il est là l'enjeu de ce moment : restaurer notre foi. Notre foi que le pouvoir du président Macky Sall est bel et bien fini et que son règne est terminé. La foi que justice sera rendue à tous les prisonniers politiques qui peuplent nos prisons. La foi que les besoins d'expression, de sécurité, de choix, d'autonomie, d'harmonie, de paix, de stabilité seront assouvis. La foi, finalement, qu'au bout de l'épreuve, se trouve bel et bien la libération et que notre dignité, bien que bafouée, n'est pas morte.
En écrivant ces lignes, j'ai sincèrement foi que le président Macky Sall en tant qu'être humain a les mêmes besoins : les besoins de sécurité et de protection pour lui et sa famille, les besoins de choix, d'autonomie, d'impact, d'influence, de reconnaissance et de contribution. Contribuer à la construction d'un Sénégal prospère et émergent", pour reprendre ses mots. Besoin qu'il s'est évertué de remplir à sa manière ces douze dernières années. Ce moment pourrait nous faire oublier l'ensemble de ces réalisations sur le plan des infrastructures, mais même si ce n'est qu'une journée, il s'est évertué à sa manière d'apporter sa pierre à l'édifice. L'idée n'est pas ici de défendre ses actions ou de justifier les dérives, mais juste de reconnaître son humanité. Ces besoins sont valides comme le sont ceux du peuple sénégalais. Nul n'est au-dessus de l'autre. Le reconnaître n'invalide pas notre peine ni n'efface nos souffrances. Le reconnaître, c'est différencier l'homme des actions qu'il entreprend. C'est aussi souligner que la stratégie que le président Macky Sall a employée et continue d'employer pour remplir ses besoins est en conflit manifeste avec toutes les valeurs qu'il a eu à défendre avant son accession au pouvoir, les fondements de notre démocratie et les besoins du peuple qui l'a élu et qui aujourd'hui veut le voir partir. Mais le déshumaniser reviendrait à agir de la même manière que lui et à faire le même choix que celui que nous condamnons, perpétuant ainsi un cycle de violence sans fin.
Je finis donc par ce message : de grâce président, il n'est pas trop tard. Lorsqu'on a un besoin donné, on peut penser qu'il n'y a qu'une seule manière pour y arriver, mais cela n'est pas vrai. À tout moment, il y a toujours plusieurs options qui s'offrent à nous, plusieurs voies et choix possibles. Une fois un choix effectué, on peut aussi penser qu'il est trop tard pour revenir en arrière. Par peur et par honte, on peut continuer à s'enfoncer dans le chemin initial, incapable de changer de cap en pensant que c'est déjà trop tard. Seulement, il n'est jamais trop tard. On peut toujours changer de cap et choisir autrement. De la même manière que chacun d'entre nous peut choisir différemment, vous le pouvez aussi. Pour votre paix, celle de vos concitoyens et celle du Sénégal dans son ensemble, de grâce, choisissez autrement et respectez la Constitution en rétablissant le calendrier électoral pour des élections à la date du 25 février 2024. "Lou metti yagg na, diott na mou diekh - L'épreuve a duré, le temps de la fin a sonné."
Texte Collectif
STOPPER LE COUP CONSTITUTIONNEL
Macky Sall s’aventure à entraîner le Sénégal sur la voie de l’instabilité, de l’anarchie et des troubles civils, et toutes les forces démocratiques en Afrique et dans le monde devraient converger dans une lutte unie pour stopper cette dérive
Nous, intellectuels africains et activistes de la société civile réunis à Abuja ce 7 février 2024, tenons à exprimer notre choc et notre profond dégoût face à l'utilisation des gendarmes pour expulser physiquement les parlementaires de l'opposition de l’Assemblée nationale la veille, en vue de l'adoption d'un projet de loi inconstitutionnel prolongeant le mandat du président Macky Sall pour un troisième mandat et reportant l’élection présidentielle qui étaient prévues le 25 février 2024.
Cet acte constitue une violation flagrante de l'État de droit et des droits démocratiques du peuple sénégalais. C’est également une violation de la Charte de l’Union africaine, de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, ainsi que du Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, auxquels le Sénégal a adhéré et intégré dans son droit interne.
Nous exhortons donc le gouvernement sénégalais à respecter la sacralité du processus démocratique.
Nous avons suivi avec un vif intérêt la détermination du peuple sénégalais à bloquer toutes les tentatives du président Macky Sall de se procurer un troisième mandat ainsi que son annonce de ne pas rechercher un tel mandat illégal, catégoriquement interdit par la Constitution du Sénégal. Il est désormais clair que sa déclaration publique n’était qu’une ruse pour tromper le peuple et poursuivre son ambition mégalomane de prolonger son règne.
C'est pour cette raison qu’il a déployé la police pour arrêter brutalement toutes les manifestations, couper Internet et continuer à utiliser le système judiciaire pour emprisonner et intimider tous ceux qui s’opposent à son ambition de continuer à gouverner par des moyens extraconstitutionnels.
Le président Sall s’aventure à entraîner le Sénégal sur la voie de l’instabilité politique, de l’anarchie et des troubles civils, et toutes les forces démocratiques en Afrique et dans le monde devraient converger dans une lutte unie pour stopper cette dérive et maintenir le Sénégal dans sa tradition démocratique.
Nous appelons le peuple sénégalais à maintenir sa lutte opiniâtre pour la préservation de la démocratie. Il s'agit d'une lutte commune pour tous les Africains et les forces démocratiques ;
Nous appelons la CEDEAO, l’UA et l’ONU à déclarer ouvertement que les actions du président Sall et des crapuleux législateurs qui ont soutenu son projet de loi anticonstitutionnel sont contraires à la Constitution, tout en exigeant un retour immédiat à l'ordre constitutionnel et au calendrier électoral prévu.
Le constitutionalisme et l’organisation des élections en temps voulu sont les fondements de la démocratie qui doivent être préservés.
Ont signé cette déclaration :
⎯ Prof Adele Jinadu
⎯ Prof Adebayo Olukoshi
⎯ Dr Kole Shettima, Abuja, Nigeria
⎯ Dr Emmanuel Akwetey, Institute for Democratic Governance, Accra, Ghana
⎯ Prof Jibrin Ibrahim, Senior Fellow, Centre for Democracy and Development, Abuja
⎯ Prof Mohammad Kuna, Usman Danfodiyo University Sokoto, Nigeria
⎯ Dr Charmaine Pereira, Independent Scholar, Abuja
⎯ Princess Hamman-Obels, The Electoral Hub, Abuja
⎯ Moussa Tchangari, Alternative Espaces Citoyens, Niamey
⎯ Adagbo Onoja, Abuja, Nigeria
⎯ Dr. Sa’eed Husaini, Abuja, Nigeria
⎯ John Odah, Abuja, Nigeria
⎯ Samson Itodo, Yiaga Africa, Nigeria
⎯ Professor Victor Adetula, University of Jos, Nigeria
⎯ Professor Istifanus Zabadi, Bingham University, Nigeria
⎯ West Africa Civil Society Institute
⎯ Professor Warisu O Ali, Abuja
⎯ Professor Remi Aiyede, University of Ibadan
⎯ Bernadette French
⎯ Gloria Ukpong, The Electoral Forum, Abuja, Nigeria
⎯ Everest Amaefule, The Electoral Forum, Abuja, Nigeria
⎯ Okechukwu Ndeche, Dispute Resolution Practitioner, Abuja, Nigeria
⎯ Dr. Lassane Ouedraogo, Researcher, CDD West Africa, Abuja, Nigeria
⎯ E.A. Johnson, Electoral Practitioner, The Electoral Forum
LE REPORT DE L’ELECTION AU SÉNÉGAL AU MENU DE LA SESSION D’URGENCE DE LA CEDEAO CE JEUDI
Après le report de la présidentielle sénégalaise, la CEDEAO a exhorté Dakar à respecter son calendrier électoral initial. Mais elle essuie de plus en plus de critiques qui remettent en cause son influence sur les Etats membres.
La CEDEAO se réunit ce jeudi en urgence. La crise politique au Sénégal est bien inscrite à l’ordre du jour. Le pays est en passe de traverser une crise politique sans précédent après le report de l’élection présidentielle qui aura finalement lieu ce 15 décembre 2024. Lors de cette réunion, il sera aussi question des situations au Niger, Burkina Faso et Mali. Ces trois derniers ont annoncé la semaine dernière leur retrait de l’organisation sous-régional.
Les ministres des affaires étrangères de la CEDEAO devront tous prendre part à cette réunion, la présence de leur homologue Sénégalais reste à confirmer. Nous apprend-t-on.
Après le report de la présidentielle sénégalaise, la CEDEAO a exhorté Dakar à respecter son calendrier électoral initial. Mais elle essuie de plus en plus de critiques qui remettent en cause son influence sur les Etats membres.
AAR SUNU ELECTION INVITE TOUTES LES COUCHES DE LA SOCIÉTÉ À MANIFESTER
La plateforme Aar Sunu Élection appelle les «mouvements citoyens et religieux, les organisations socio-professionnelles et les personnalités de la société civile à exiger le rétablissement du calendrier républicain.»
Dans un communiqué datant du 8 février 2024, la plateforme de lutte AAR SUNU ELECTION veut tenir tête au chef de l’Etat qui a annulé l’élection présidentielle du 25 février 2024. Ainsi, voulant coûte que coûte tenir les joutes à date échue, elle appelle les «mouvements citoyens et religieux, les organisations socio-professionnelles et les personnalités de la société civile réunis autour de la Plateforme Aar Sunu Élection » à exiger le rétablissement du calendrier républicain.
«Constatant avec indignation la signature par le président de la République, d’un décret violant la Constitution, abrogeant le décret 2023 2283 de la 29/11/2023 portant convocation du corps électoral dont la mise en œuvre autorise le démarrage de la campagne électorale le Dimanche 04 février 2024, et la tenue du scrutin présidentiel le 25 février 2024. Constatant que le Sénégal ne vit aucune crise politique ni institutionnelle qui justifie l’arrêt du processus électoral. Constatant que les députés ont voté sans débat la proposition de loi qui reportait la date de l’élection présidentielle au 15 Décembre 2024, et risquerait de prolonger le second mandat du Président de la République dont le terme est fixé au 02 Avril 2024, nous exigeons le rétablissement du calendrier républicain », renseigne la note. Poursuivant les membres de la société civile invite les 7 sages ainsi que la Cour suprême à prendre, en ces moments sombres, leur responsabilité devant l’histoire «en rétablissant immédiatement l’ordre légal et constitutionnel ».
Ne s’arrêtant pas là, la plateforme, décidée à en découdre avec le régime actuel, appelle à une mobilisation populaire sur toute l’étendue du territoire des citoyens soucieux de leur devenir et de leur démocratie. Mais encore à une union des prières des musulmans et des chrétiens.
En effet, tous les musulmans sont invités à se rendre massivement à la grande prière de ce vendredi 09 février 2024, habillés en blanc, « arborant des couleurs du drapeau national pour manifester colère et indignation face à cet affront fait au peuple sénégalais ». Les Chrétiens sont aussi invités le dimanche 11 février durant leur messe, à faire une grande mobilisation et formuler des prières.
Les imams et les évêques sont également invités dans leurs prêches de vendredi et dimanche à dénoncer la violation de la Constitution par Macky Sall.
VIDEO
LA PEUR DES URNES DE MACKY SALL
René Lake décrypte les motivations cachées du président sur VOA à travers l'émission « Straight Talk » diffusée en anglais. Selon lui, aucun des candidats pressentis n'arrangeaient le chef de l'État soupçonné de vouloir écarter certains noms menaçants
Le politologue sénégalais basé à Washington, René Lake, a analysé le report de l'élection présidentielle annoncé par Macky Sall sur le plateau de l'émission politique américaine consacrée à l'Afrique sur VOA Aftique « Straight Talk ».
Pour René Lake, « le paysage des candidats ne convenait pas à Macky Sall ». Selon lui, « le premier ministre Amadou Ba était donné perdant » et « Pastef représentait une menace, avec un candidat qui aurait de grandes chances de gagner ». Le président aurait ainsi voulu « redistribuer les cartes » pour choisir son adversaire.
Interrogé sur la perception de coup d'État institutionnel par l'opposition, l'analyste rappelle que des opposants comme Khalifa Sall « ont déjà été victimes de l'instrumentalisation de la justice ». Et d'ajouter : « Le nouveau candidat de Pastef, Bassirou Diomaye Faye, aurait été un scénario catastrophe pour Macky Sall ».
Sur l'image démocratique du Sénégal, René Lake indique que cette décision « a changé la perception ». Il rapporte même les propos d'un sénateur américain qualifiant la situation de « dictatoriale ». Pour l'invité de VOA, Macky Sall « utilise le système judiciaire de manière partisane » depuis son accession au pouvoir.
Les agents de l’administration reçus par le Premier ministre
Les agents de l'administration sénégalaise en grève depuis quelque temps étaient à la primature. Ayant sollicité à plusieurs reprises une audience, le secrétaire de l’intersyndicale, Oumar Dramé et ses camarades ont été finalement reçus hier par le Premier ministre Amadou Ba. D’après un communiqué parvenu à «L’As», la rencontre fait suite aux instructions données par le président de la République pour échanger autour des sept points de revendications dont le plus important est la généralisation de l'indemnité de logement. Oumar Dramé souligne que le chef du gouvernement s'est réjoui de cette rencontre et promet d'apporter des réponses nécessaires à leurs revendications. Il renseigne avoir saisi les différents ministères concernés pour la satisfaction complète des points de revendications. C’est dans ce sens qu'il a saisi le ministre des Finances et du Budget car les points saillants ont une incidence financière pour savoir l'impact budgétaire. A l’en croire, c'est à partir de là que le gouvernement dira s'il va accéder oui ou non à leurs requêtes. Selon le syndicaliste, Amadou Ba a promis en outre de leur revenir le vendredi pour une réponse.
Cri du cœur du troisième âge de Keur Massar
Les personnes du troisième âge résidant dans le département de Keur Massar veulent un centre gériatrique et une maison des retraités. Ce, pour faciliter leur accès aux soins sanitaires qui demeurent parfois difficiles du fait d’un manque de certains spécialistes. Ce qui les oblige du coup à se rendre à Dakar. Ces personnes du troisième âge, regroupées autour du « Conseil des aînés du département de Keur Massar » présidé par Alassane Thioune, ont fait ce plaidoyer au cours d’une journée de prières pour la paix organisée à Malika où elles ont également exhorté les jeunes à éviter la violence, et aux partis politiques d’aller au dialogue pour préserver la paix et la stabilité du pays.
Libération de Seydina Oumar Touré et Cie
Dix responsables de l’opposition dont l’ex-capitaine de la Gendarmerie Seydina Oumar Touré, arrêtés avant-hier à Pikine par la police, tous de la coalition « Diomaye président » et placés en garde à vue au Commissariat central de Guédiawaye, ont été finalement libérés. A l’exception de A. Baldé qui était recherché depuis quelque temps. Il est cité dans une affaire d’escroquerie au foncier. Nos radars renseignent que A. Baldé qui avait été convoqué suite à une plainte de sa victime avait refusé de déférer. Ces derniers ont eu donc la chance de le croiser à Pikine lors de cette manifestation interdite avant de le placer en garde à vue pour les besoins de l’enquête sur l’escroquerie au foncier.
Le Forum Civil va organiser des marches
Le Forum Civil est très engagé pour la poursuite du processus électoral stoppé par le Président Macky Sall. A cet effet, le bureau exécutif du Forum Civil donne mandat aux sections territoriales de formuler des demandes d'autorisation de marche auprès des autorités administratives compétentes pour dénoncer «le coup de force inacceptable» actuellement en cours, et demander le respect strict du calendrier électoral initial.
Des responsables de l’ex-Pastef arrêtés à Rufisque
Même si le pouvoir est dans une dynamique d’apaisement, les forces de défense et de sécurité continuent d’interpeller des opposants. En effet, le président du Conseil départemental de Rufisque, Pape Mamadou Fam, le 1er adjoint au maire de la ville de Rufisque Assane Diop, le président de la cellule communication de la coalition «Diomaye Président» Mamadou Thiombane, Ibrahima Mbaye de Maggi Pastef et responsable de massification, et des patriotes, ont été arrêtés hier vers 15h lors d’une caravane suivie de porte-à-porte qu'ils comptaient tenir pour les besoins de la campagne électorale présidentielle.
Pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam
Le chef de l’Etat a insisté hier, en conseil des ministres, sur une bonne organisation du pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam. A cet effet, il a demandé au Premier ministre et au ministre des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur de prendre toutes les dispositions nécessaires avec les acteurs publics et les opérateurs privés, en vue d’assurer l’organisation dans les meilleures conditions, de l’édition 2024 du Pèlerinage aux Lieux Saints de L’islam. Dans le même sillage, il a exhorté le gouvernement de prendre toutes les mesures requises, en liaison avec les organisateurs, pour assurer le bon déroulement des célébrations de la 144e édition de l’Appel de Seydina Limamou Laye.
Oulimata Sarr nommée présidente de l’ITIE
Le président de la République a trouvé un remplaçant au Pr Awa Marie Coll Seck qui a claqué la porte après le report de la présidentielle. En conseil des ministres hier, il a nommé l’ancienne ministre et experte financière, Oulimata Sarr, présidente du Comité national de l'Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (ITIE).
Les pouvoirs du Conseil constitutionnel
C’est le Conseil constitutionnel qui tient la clé de sortie de crise. Du moins, selon le fondateur d’Afrikajom. Pour Alioune Tine, la seule voie de salut pour sauvegarder la République, l’ordre constitutionnel rompu et relancer le processus électoral passe aujourd’hui par le Conseil constitutionnel. A l’en croire, si le Conseil constitutionnel donne une suite favorable et annule le décret qui reporte l’élection présidentielle, il crée les conditions légales et constitutionnelles de sortie de crise. Il est d’avis que la saisine du Conseil constitutionnel par les candidats à la présidentielle, Amadou Gakou et Cheikh Tidiane d’une requête demandant l’annulation du décret demeure une bonne fenêtre d’opportunité de sortie de crise. Mais faut-il que l’exécutif ait la sagesse, le pragmatisme et le sens des réalités en acceptant et en exécutant cette décision de justice, s’interroge M. Tine. D’ailleurs, l’exécutif sénégalais a-t-il le choix aujourd’hui, poursuit-il, car jamais un régime politique sénégalais n’a été aussi seul et aussi isolé au plan national, africain et international. Alioune Tine pense qu’au regard des réactions nationales et internationales, le régime est de plus en plus frappé de malédiction et d’indignité. A l’en croire, le Conseil constitutionnel n’a pas d’autre choix. Il est interpellé et sa décision est attendue avec intérêt par la Nation et par le monde entier. «Il faut encore espérer et rêver des capacités du pays roseau qui plie et ne rompt pas», dit-il.
AFFAIRE DIFFAMATION, LE JOURNALISTE MADIAMBAL DIAGNE PERD FACE AU JUGE TÉLIKO
L’affaire de diffamation entre le juge Souleymane Téliko et l’administrateur du Groupe Avenir Communication, Madiambal Diagne, qui était pendante devant la justice depuis 2021 et après trois ans de procédure, est maintenant définitivement close.
L’affaire de diffamation entre le juge Souleymane Téliko et l’administrateur du Groupe Avenir Communication, Madiambal Diagne, qui était pendante devant la justice depuis 2021 et après trois ans de procédure, est maintenant définitivement close.
La Cour suprême, dans son verdict rendu hier, a confirmé la décision de la Cour d’appel de Dakar en rejetant la plainte du journaliste contre l’ancien président de l’Ums. Ce faisant, les juges contredisent l’avis de l’avocat général, Mansour Mbaye, qui avait jugé la plainte « recevable ».
Madiambal Diagne, poursuivi pour « diffamation », avait été condamné à six mois de prison, dont trois mois fermes, le 17 juin 2021, en première instance. Le tribunal lui avait également infligé une amende de 600 millions de francs CFA et lui avait ordonné de verser cinq millions de francs CFA à Souleymane Téliko.
De plus, il lui avait été ordonné de publier la décision dans les journaux à ses frais, sous astreinte de 100 000 francs CFA par jour de retard. Dans une sortie médiatique, le journaliste avait accusé le magistrat d’avoir indûment encaissé des frais de mission lors de la commission rogatoire au Tchad dans l’affaire feu Hissène Habré. En juillet 2021, outre son appel contre la décision en première instance, le patron du Groupe Avenir communication avait déposé une plainte avec constitution de partie civile pour « diffamation » contre le magistrat.