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26 août 2025
LA DÉCHARGE MUNICIPALE DE KAOLACK COMME UNE PRISE EN CHARGE
La décharge municipale de déchets de la commune de Kaolack (centre), située dans la commune de Mbadakhoune, dans le département de Guinguinéo, région de Kaolack, est une véritable source de revenus et un lieu de travail de nombreuses personnes désœuvrée
Kaolack, 13 fév (APS) – La décharge municipale de déchets de la commune de Kaolack (centre), située dans la commune de Mbadakhoune, dans le département de Guinguinéo, région de Kaolack, est une véritable source de revenus et un lieu de travail de nombreuses personnes désœuvrées, a constaté l’APS.
Implantée à Mbadakhoune, à quelques encablures de la cité religieuse de Médina Baye, une trentaine de jeunes viennent chercher tous les matins à la décharge, des déchets plastiques, de la ferraille et autres matériels récupérables issus d’ordures ménagères.
La décharge est reliée à la commune de Kaolack par une piste latéritique en mauvais état. Elle se trouve au bout de ce tronçon routier sur une superficie d’une centaine de mètres carrés sans mur de clôture et aucune limitation exacte de son périmètre.
Une odeur nauséabonde titille les narines à l’approche de la décharge à ciel ouvert. Sous des rayons ardents du soleil, des ramasseurs et recycleurs, s’activent sous une forte canicule autour de ce tas d’ordures.
Alioune Ndiaye, un jeune recycleur tente de récupérer quelques objets, sans masque de protection, et sans gants aux mains.
‘’On n’a pas de gants ni de masque encore moins de chaussures de sécurité. Nous sommes obligés de faire avec, parce que la situation nous y oblige’’, a-t-il expliqué, tenant entre ses mains une barre de fer et un objet destiné à faciliter la recherche ”d’objets précieux”, récupérables.
Sur la décharge, des camions de la Société nationale de gestion intégrée des déchets (SONAGED) effectuent des rotations pour décharger les ordures.
A proximité d’un de ces camions, une dizaine de ramasseurs, minus de barres de fer se ruent déjà sur les ordures à peine décharger. Des scènes qui se répètent à chaque fois qu’un camion arrive sur la décharge.
Au milieu de ce décor insalubre, aux côtés des jeunes, des pères de familles tentent également de gagner leur vie sur ce déversoir municipal de déchets de la ville de Kaolack.
‘’On vient ici chaque jour pour subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles. On ramasse des caoutchoucs, de la ferraille, des bidons, entre autres objets à revendre sur le marché”, a dit Ousseynou Sarr, un des pères de familles trouvés sur le site.
”Le kilogramme de caoutchouc est vendu à cent francs CFA et les bidons à cinquante francs CFA l’unité’’, a ajouté M. Sarr.
Sur le site, après déchargement de chaque camion, les déchets sont empilés grâce à un engin mécanique manœuvré par un usager.
Les jeunes talibés ou élèves d’écoles coraniques viennent également sur la décharge pour récupérer des objets récupérables.
Mbaye Lô, âgé de 15 ans, est un jeune talibé qui dit venir à la décharge en dehors de ses heures d’apprentissage . ‘’Je gagne parfois jusqu’à mille francs CFA par jour. Quand je ne suis pas au +daara+ (école coranique), je viens ici’’, a fait valoir, le jeune garçon , originaire de Kanda, un quartier de la commune de Kahone, situé à l’est de la ville de Kaolack.
Ousmane Ndiaye, maçon de profession est assis sous un arbre grignotant un pain déclare avoir gagné ”souvent plus de 3000 francs CFA en une journée”.
‘’Je peux gagner jusqu’à plus de trois mille francs CFA avant la fin de la journée. Mais, des agents de la SONAGED nous font la concurrence en récupérant la ferraille, les caoutchoucs et autres plastiques. Ils ne laissent que des déchets dérisoires”, a-t-il déploré.
Pour Ousmane Ndiaye qui s’adonne, de temps en temps, au ramassage d’ordures, ce travail sur la décharge est plus dangereuse à cause des fils électriques de haute tension qui surplombent ce déversoir municipal.
Il a appelé , le Gouvernement à trouver des emplois plus décents aux ramasseurs d’ordures notamment dans les secteurs de l’agriculture ou des industries.
LE PRÉFET DE DAKAR INTERDIT LA MARCHE DE LA PLATEFORME AAAR SUNU ELECTION
Le préfet de Dakar a interdit la marche silencieuse que les membres de l’initiative ‘’Aar Sunu election’’ (protéger notre élection) projetaient d’organiser mardi à Dakar en hommage aux trois personnes décédés lors des manifestations de protestation
Dakar, 13 fev (APS) – Le préfet de Dakar a interdit la marche silencieuse que les membres de l’initiative ‘’Aar Sunu election’’ (protéger notre élection) projetaient d’organiser mardi à Dakar en hommage aux trois personnes décédés lors des manifestations de protestation contre le report annoncé de l’élection présidentielle du 25 février, a appris l’APS de source officielle.
L’autorité administrative déclare ‘’ne pas pouvoir donner une suite favorable’’ à la requête des organisateurs en raison de ‘’problèmes de mobilité’’.
‘’L’occupation de l’itinéraire choisi aux horaires retenus, risque de perturber gravement la libre circulation des personnes et de leurs biens au regard des problèmes de mobilité notés actuellement”, indique le préfet dans un arrêté.
Les organisateurs prévoyaient d’organiser cette marche sur l’avenue Bourguiba sur l’itinéraire Rond-point Jet d’eau-FASTEF.
Dans son arrêté, l’autorité administrative invite les initiateurs à lui proposer ‘’un nouvel itinéraire qui fera l’objet d’une instruction’’.
‘’Aar Sunu election’’, plateforme regroupant des organisations et mouvements se réclamant de la société civile avait appelé lundi les Sénégalais à se joindre à son plan d’action pour protester contre le report de la présidentielle.
‘’Nous invitons la population à venir participer massivement à la marche pacifique dans l’après-midi du mardi 13 février, pour protester contre le report de notre élection’’, a déclaré lors d’une conférence de presse Ndongo Sarr, secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (Cusems), une organisation membre de la plateforme ‘’Aar Sunu election’’.
INTERNET DES DONNÉES MOBILES ENCORE SUSPENDU
Alors que la préfecture a interdit la marche silencieuse de «Aar Sunu élection», le ministère de la communication vient d’annoncer la suspension de l’internet des données mobiles.
Alors que la préfecture a interdit la marche silencieuse de «Aar Sunu élection», le ministère de la communication vient d’annoncer la suspension de l’internet des données mobiles.
Encore une suspension de l’internet des données mobiles au Sénégal. La décision vient d’être annoncée par le ministère de la communication, des Télécommunications et du Numérique. «En raison de la diffusion sur les réseaux sociaux de plusieurs messages haineux et subversifs qui ont déjà provoqués des manifestations violentes avec des décès et des dégâts matériels importants, l'internet des données mobiles est suspendu ce mardi 13 février 2024 selon certaines plages horaires», a indiqué le ministère dans son communiqué de presse. Les opérateurs de téléphonie sont tenus de se conformer aux réquisitions notifiées, dit-il.
COUPURES D’INTERNET, DEUX ORGANISATIONS SAISISSENT LA COUR DE JUSTICE DE LA CEDEAO
Media Defence et le Rule of Law Impact Lab de la Stanford Law School ont déposé un recours devant la Cour de justice de la CEDEAO pour contester la coupure d’Internet par les autorités sénégalaises.
Ce sont Media Defence et le Rule of Law Impact Lab de la Stanford Law School qui ont déposé un recours devant la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest pour contester la coupure d’Internet par les autorités sénégalaises en juin, juillet et août 2023.
Cette coupure d’internet était liée aux violentes manifestations politiques dans le cadre des affaires Ousmane Sonko, leader de Pastef et Adji Sarr, employée d’un salon de beauté et Sonko-Mame Mbaye Niang. Selon un communiqué, l’affaire est introduite au nom des AfricTivistes, une organisation panafricaine sénégalaise de protection de la démocratie et des droits de l’homme, ainsi que les journalistes sénégalais, Moussa Ngom et Ayoba Faye. «Les plaignants et leurs représentants considèrent que les restrictions imposées par le Sénégal sur Internet ont violé les droits des requérants à la liberté d’expression ainsi que le droit des journalistes à travailler, tout en étouffant de manière significative la liberté des médias et la liberté d’expression au Sénégal», précise la source.
La requête a été déposée le 31 janvier 2024, soit peu de temps avant l’annonce par le Président Macky Sall d’un report de l’élection présidentielle prévue initialement le 25 février. Le 4 février, le ministre sénégalais de la Communication a annoncé de nouvelles mesures de restriction de l’accès à l’internet mobile pour des raisons de sécurité, alors que 97 % des internautes utilisent ce mode de connexion selon un rapport de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), cité par le communiqué.
Il estime que la procédure vise à obtenir des mesures provisoires pour protéger le public sénégalais contre d’autres potentielles coupures lors de la prochaine élection présidentielle, prévue initialement le 25 février 2024, mais qui a été repoussée. «Les coupures d’Internet avant et pendant la période électorale empêcheraient le partage d’informations sur les candidats et le scrutin avec les électeurs sénégalais. Les coupures menacent également la transparence et l’intégrité des élections en ayant un impact sur le suivi indépendant des résultats des bureaux de vote, étant donné que les observateurs citoyens partagent souvent les résultats du scrutin sur les médias sociaux», indique le communiqué.
La même source de préciser que la Cour de justice de la Cedeao a déjà jugé que les coupures totales d’Internet sont illégales dans d’autres affaires initiées par Media Defence contre la Guinée et le Togo.
L’APPEL DES PRÉSIDENTS DIOUF ET WADE ET LES TENTATIVES DE DÉCRISPATION DE L’ESPACE POLITIQUE AU MENU DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS DE CE MARDI
Les quotidiens de ce mardi 13 février 2023 font écho à l’appel des anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade et les démarches entreprises par des bonnes volontés pour une décrispation de l’espace politique
Dakar, 13 fév (APS) – L’appel des anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade et les démarches entreprises par des bonnes volontés pour une décrispation de l’espace politique sont les principaux sujets traités par les quotidiens reçus mardi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
”Abdou Diouf et Me Wade s’en mêlent”, selon Sud Quotidien, faisant allusion à la déclaration conjointe des deux anciens présidents de la République, invitant ”la jeunesse à arrêter immédiatement les violences et la destruction de biens et surtout à prendre du recul pour ne pas être manipulée par des forces extérieures aux desseins obscurs’’.
”L’appel de Diouf et de Me Wade’’, met en exergue Le Soleil. Abdou Diouf et Abdoulaye Wade invitent l’ensemble de la classe politique ainsi que la société civile à participer au dialogue national lancé par le chef de l’Etat, Macky Sall pour ”des discussions franches et loyales” afin que ”la prochaine élection présidentielle du 15 décembre 2024 soit tenue dans des conditions parfaitement transparentes, inclusives et incontestables”.
Selon Les Echos, ”Abdou Diouf et Me Wade adoubent Macky Sall’’. ”Dialogue en chœur”, dit L’As, soulignant que les deux anciens présidents ont ‘’fait preuve de sagesse pour essayer d’éteindre le feu qui couve dans le pays depuis le report de la présidentielle du 25 février au 15 décembre 2024’’.
‘’Diouf et Wade en béquilles’’, selon WalfQuotidien qui écrit : ‘’Les anciens présidents Abdou Diouf, enfin sorti de son roupillon, et Abdoulaye Wade prennent le contre-pied des Sénégalais qui sont opposés, dans leur écrasante majorité, au report de la présidentielle. Dans une lettre commune, ils se disent bizarrement favorables au report du scrutin et appellent l’opposition à participer au dialogue voulu par Macky Sall’’,.
Enquête parle de ”temps de manœuvres’’. ”La loi d’amnistie générale qu’envisage de faire voter le gouvernement tel qu’annoncé par Le Quotidien est au cœur de toutes les polémiques. Beaucoup dénoncent une manœuvre de Macky Sall pour diviser l’opposition et faire baisser les tensions dans le pays suite au report de la présidentielle”, relève le journal.
Concernant ”les tractations autour d’un projet de loi d’amnistie et du dialogue nationale”, Libération rapporte que l’homme d’affaires Pierre Goudiaby Atépa et le défenseur des droits de l’homme Alioune Tine sont ‘’à la manœuvre’’.
‘’Dans la nuit dakaroise, Pierre Goudiaby Atépa et Alioune Tine ont révélé lundi que des négociations allant dans le sens de la libération de tous les détenus politiques de mars 2021 et juin 2023, se font depuis un certain temps. Si elles aboutissent, Ousmane Sonko et tous les autres détenus vont recouvrer la liberté avec une loi d’amnistie”, indique le journal.
Vox Populi parle de ”dégel Macky-Sonko”. ”Après Khalifa Sall et Karim, Sonko va-t-il dealer avec Macky Sall’’, s’interroge La Tribune.
Alors que les appels à manifester ”se poursuivent, parallèlement, les acteurs politiques jouent la carte de l’apaisement”, selon le quotidien Bës Bi. ”Dans la foulée du projet de loi d’amnistie pour Sonko et Cie, annoncé par Le Quotidien, Pierre Goudiaby Atépa a révélé, hier, sur RFM, que +les deux hommes (Macky Sall et Ousmane Sonko) sont prêts à faire des concessions importantes pour décrisper l’atmosphère politique”, rapporte le journal.
Par Hamidou Sall
ÉVITER LE VICIEUX PIEGE OCCIDENTAL
L’Occident est ambigu, assurément ambigu ! En ces jours de tension politique dans notre pays, mes pensées sont toutes tournées vers un homme qui me fut un père et ami très proche, Aimé Césaire.
En ces jours de tension politique dans notre pays, mes pensées sont toutes tournées vers un homme qui me fut un père et ami très proche, Aimé Césaire.
Enfant d’un odieux crime contre l’humanité perpétré par l’Occident, il était aussi un pur produit de la prestigieuse École Normale de la rue d’Ulm. Poète et homme politique de renommée, il a laissé à la postérité une œuvre littéraire monumentale dont l‘épine dorsale s’articule autour du Cahier d’un retour au pays natal et du Discours sur le colonialisme. Césaire était le fils d’une Afrique blessée et humiliée, enfant de la cale du bateau négrier, cet indicible génocide perpétré par l’Occident, cette nuit noire au cœur de son « Siècle des Lumières », un Occident également auteur et acteur de la tragédie qui a déraciné et dispersé depuis Élam, depuis Akkad, depuis Sumer… Dans son Discours sur le colonialisme, il nous dit qu’une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. Depuis quelques jours, médias, organisations diverses, quelques hommes politiques, intellectuels et artistes n’arrêtent de brandir sous nos yeux les propos d’un Occident donneur de leçons : Quai d’Orsay, Union Européenne, Département d’État américain, le Werderscher Markt et j’en passe…
Ces communiqués, prises de position, injonctions et menaces sont agités continuellement par certains acteurs manifestement partisans. Les réactions du Quai d’Orsay et du Département d’État américain sont scrutées et attendues par certains pour, espèrent-ils, exercer une pression sur l’État du Sénégal. L’Europe et les Etats-Unis, c’est une longue histoire jalonnée de faits louables pour certains et abominables pour d’autres. L’Europe, c’est les grandes équipées océanes des rois catholiques, qui installèrent bien des peuples pacifiques dans les abîmes de la nuit noire du colonialisme. Violences indicibles, viols, vols, pillages, déstabilisation, dépersonnalisation, et bien d’autres maux qu’elle a fait subir plus de quatre siècles durant. Pendant plus d’un demi millénaire, cette Europe s’est enfermée dans son soliloquium. Elle a soliloqué en prenant son nombril pour le centre du monde. Arrogante et suffisante, elle a refusé d’entendre les messages venus d’ailleurs. De l’autre côté de l’océan, c’est le massacre du peuple indien, les autodafés des civilisations précolombiennes, aztèques, mayas et autres. Et plus récemment, pendant près de trois décennies, au nom de la défense d’un projet de société contre un autre, les USA ont déversé des millions de tonnes de napalm sur un petit peuple dont le seul tort était le refus de s’aplatir et de marcher dans la direction indiquée par son bourreau. Ici encore, je cite à nouveau Césaire, qui avertissait dans le Discours : On a cru n’abattre que les Indiens, ou des Hindous, ou des Océaniens, ou des Africains. On a en fait renversé, les uns après les autres, les remparts, en deçà desquels la civilisation européenne pouvait se développer librement. Veut-on encore faire bégayer l’histoire ? Ça en a tout l’air.
Mon propos ici n’est pas d’entrer dans une quelconque polémique. Je constate et analyse avec la distance nécessaire par rapport aux acteurs politiques et à un espace public confus et agité en la circonstance. Mon propos est surtout une réaction face à une immixtion excessive et inacceptable de puissances occidentales dans le processus électoral sénégalais. Ce que tu veux enflammer chez les autres il faut que ça brûle d’abord en toi, parole de Sénèque, un sage de l’Antiquité, qu’il me plairait de voir les Occidentaux méditer avant de vouloir nous donner des leçons.
De cette «crise institutionnelle sénégalaise», parlons-en
Nous vivons des moments particuliers. L’élection présidentielle est un rendez-vous important d’un peuple avec lui-même. Il s’agit, en effet, parmi plusieurs prétendants, de choisir celui qui, cinq années durant, aura l’exaltante et redoutable charge de présider aux destinées de millions de femmes et d’hommes ayant investi leur confiance sur lui. Ce rendezvous est très important. Son importance requiert une rigueur et une méticulosité pour encadrer le processus en amont comme en aval, c’est-à-dire avant, pendant et après. L’organe chargé essentiellement de veiller à la certification du scrutin et d’en proclamer les résultats à la fin des fins, c’est le Conseil constitutionnel. Pour ce cas d’espèce, nous n’en n’étions qu’au début du processus que cet organe de régulation et de supervision a failli. Comment ? Il a reçu une pléthore de candidatures, en a éliminé beaucoup avant de publier la liste officielle des candidats aptes, au regard et en vertu de notre loi fondamentale, à concourir pour les élections présidentielles du 25 février 2024. Parmi les recalés, un candidat détenteur d’une double nationalité, ce que notre Constitution n’accepte pas. Mais, quelques jours après la proclamation, quelle ne fut notre surprise d’apprendre qu’une personne détentrice de deux nationalités figurait sur la liste officielle des candidats. Cela, et cela seulement, est largement et objectivement suffisant pour tirer la sonnette d’alarme, revoir de fond en comble le processus pour éviter des contestations capables d’ouvrir un cycle de crises électorales et post- électorales porteur de tous les dangers. C’est ce qui a été fait avec les prolongements que l’on connaît et sur lesquels je n’ai pas besoin de revenir ici.
Haro sur les donneurs de leçons
Depuis l’an 1 de nos indépendances, nous n’avons cessé de nous battre pour nous sortir de la nasse dans laquelle des siècles de domination nous avaient méthodiquement et savamment enfermés. Une farouche volonté d’être les maîtres de nos destins dans un monde qui ne cesse de se transformer, avec un centre de gravité qui bouge et se déplace en fonction de nouveaux paradigmes politiques, économiques et géostratégiques. Ces logiques nouvelles ont fini par changer nos rapports avec les anciennes puissances coloniales aujourd’hui incapables d’être les maîtres absolus du jeu. Pendant longtemps sous leur diktat, nous avons marché sur le chemin tracé par eux sur la ligne de leurs seuls intérêts. Aujourd’hui, nous pouvons et osons sortir de la ligne, regarder ailleurs et traiter avec d’autres. Et cela, on ne nous le pardonne pas. On veut nous imposer des choix sociétaux que nous refusons catégoriquement car ils ne correspondent pas à nos codes et valeurs. Cette nouvelle liberté durement conquise et à consolider, on veut nous la faire payer très chèrement au prix de l’asphyxie financière, d’un chantage éhonté qui passe par la désinformation organisée, la déstabilisation calculée, jusqu’au dénigrement systématique de nombre de nos leaders. Les médias occidentaux, depuis quelques années, à feu continu, pilonnent en donnant au moindre éternuement chez nous l’ampleur d’un tsunami planétaire. Mieux encore, savamment, ils nous divisent et nous dressent les uns contre les autres.
L’édition du 10 février 2024 d’un journal parisien est même allée jusqu’à barrer à sa Une : Crise au Sénégal : un coup d’État militaire est-il inéluctable ? En ce qui concerne le Sénégal puisque je suis Sénégalais et que je parle du Sénégal, toutes ces organisations qui nous pondent des papiers révoltants pour exiger l’organisation d’élections à date échue, savent pertinemment que si on organise ces élections nous entrerons dans un cycle de contestations sans précédent. Elles le savent pertinemment. Elles le savent mais nous poussent vers ce scénario comme pour nous jeter dans le précipice afin de venir en saveurs nous tendre la main et nous donner une corde pour une remontée à leurs conditions. Et ces conditions tournent autour d’enjeux économiques et civilisationnels ; faire main basse sur nos ressources et nous imposer des lois sociétales qui ne correspondent pas à notre culture et à notre identité. Mais ces donneurs de leçons, où étaient-ils pendant que des leaders africains se battaient pour obtenir une place plus que légitime de l’Afrique au sein du G20 ? Où sont-ils alors que l’Afrique se bat depuis plus de 30 ans pour siéger comme membre permanent au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, dont je le rappelle les deux tiers des questions discutées la concernent directement ? Ou sont-ils et que disent-ils devant le l’affreux et innommable drame de Gaza où un peuple risque tout simplement l’effacement devant les yeux du monde ?
Et mieux, toujours en politique et en matière d’élections à date échue et de transparence et de sincérité du vote, qu’avaient-ils dit ou fait au sujet de ce grand pays d’Afrique centrale où un chef d’État sortant avait organisé une des élections les plus chaotiques de l’histoire, allant jusqu’à se payer le luxe suprême de proclamer vainqueur un candidat arrivé bien loin derrière celui qui avait engrangé plus de 60% des suffrages ? Fait inédit qui s’est passé dans un pays aux richesses inouïes et essentielles au développement d’un Occident, qui, toute honte bue, a fermé les yeux sur cette forfaiture. « Laissons passer, c’est un compromis à l’africaine », avaiton osé dire à la face d’un monde africain stupéfait auquel on donne aujourd’hui des leçons de vertus politiques, de bonne gouvernance et de respect strict de calendrier et de transparence dans le vote. Voilà ce que nous avaient dit les donneurs de leçons ! Et d’ailleurs, je rappelle au passage, que dans ce pays d’Afrique centrale, avant l’organisation de ces élections chaotiques, le président du pays s’était maintenu au pouvoir plus de deux ans après le terme de son mandat. C’est ce qu’on a appelé « le glissement » ! Les mains dans le succulent et apetissant bol du sol et le sous-sol de ce géant aux pieds d’argile, les donneurs de leçons ont mangé en silence.
Que disent enfin ces donneurs de leçons prompts dans la réaction à géométrie variable quand des hordes de gens armés et chauffés par un président défait, ont envahi le Capitole le 6 janvier 2021 pour contester les résultats d’une élection présidentielle aux États-Unis, pays qui se considère comme la plus grande démocratie au monde ? C’est cet Occident, hier soutien et défenseur de l’odieux système de l’Apartheid des décennies durant, qui donne des leçons de morale au reste du monde. Et c’est le même Occident qui célèbre Nelson Mandela, victime d’un système raciste et inégalitaire. On a vu mieux en termes de cohérence… Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. Encore du Césaire. Aujourd’hui nul n’ignore que notre planète est en danger par le fait de la prédation qu’elle subit du fait essentiellement des grandes puissances. Le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles qu’il génère menacent jusqu’à la pérennité de l’espèce humaine sur terre. L’Occident porte une grande responsabilité dans la crise écologique qui rend la planète de jour en jour plus invivable. Mais après avoir bâti son industrialisation sur l’exploitation des énergies fossiles, l’Europe désormais exige de nous une bifurcation systémique et une renonciation au développement par l’usage de nos ressources naturelles.
Or les spécialistes ont calculé que la part de l’Afrique est infime dans la pollution mondiale. Le continent ne contribue que pour 3% aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mieux, il est possible de bâtir une croissance dynamique par l’exploitation des ressources naturelles tout en ouvrant un chemin vers la transition écologique à moyen et long terme. Il est évident qu’aujourd’hui, au regard de la marche du monde, l’Afrique a fait preuve de résilience. Nolens volens, elle est en train de devenir le nouveau centre de gravité du monde. Pourtant – grand paradoxe – elle a toutes les difficultés à obtenir sa juste place dans concert des nations. La dette continue de plomber ses initiatives, notamment en matière de construction d’infrastructures modernes pour dynamiser les échanges et favoriser la croissance. Les agences de notation continuent à exagérer volontairement le seuil de risque des pays africains, affectant ainsi la confiance des prêteurs et maintenant haut les taux d’intérêts des crédits.
Face à cette réalité et dans ces circonstances exceptionnelles, une lucidité nous incombe pour trouver des solutions issues de nos anthropologies culturelles africaines, de cet héritage senghorien de « l’accord conciliant », afin de préserver la paix, le calme, la stabilité et l’unité nationale. Toute personne de bonne foi sait que les conditions dès le début n’étaient pas réunies pour envisager une élection sereine, apaisée et inclusive. Aussi, des acteurs ont, dès le 16 janvier 2024, par une lettre publique, sollicité le chef de l’État pour l’arrêt du processus électoral. L’installation d’une commission d’enquête parlementaire est venue imposer une pause afin de tirer toute la situation au clair avant d’envisager d’aller aux urnes. Le chef de l’État a agi conformément à ses attributs de garant du fonctionnement normal des institutions. Si le Conseil constitutionnel le souhaite, à l’issue de la nouvelle date retenue, le président de la République transmettra le relais à son successeur et la marche de la nation dans l’histoire se poursuivra dans la paix civile, la démocratie, la cohésion et la concorde. Dans cette marche, l’élection est un moment important. Le Sénégal nous dépasse toutes et tous et il nous survivra.
Le Président Sall n’est pas à l’initiative de ce report mais face à un processus biaisé, il a le devoir d’écouter sa majorité et son opposition. Devant une crise qui se profile, et dont nous pouvons éviter d’éventuelles conséquences graves, il a appelé à un dialogue national pour ensemble trouver les solutions concertées au lieu de se faire face ou de nourrir des rancœurs stériles. Répondre positivement à cette main tendue, c’est contribuer à pacifier l’espace public et promouvoir l’apaisement et la réconciliation nationale pour des élections inclusives et transparentes. Notre démocratie s’est fortifiée au fil des décennies par le dialogue pour régler nos divergences sans recourir à la violence ou à la division. Le moment est propice pour se retrouver autour d’une table dans la confiance et la sérénité, car il n’y a plus de conflit possible avec un homme qui ne se présente plus à aucun mandat, qui dit haut et fort qu’il a comme unique volonté la transmission du relais dans la paix et la stabilité. Que les occidentaux nous laissent entre nous, nous rassembler le largement possible dans un élan solidaire, imbibés de nos traditions, de notre histoire et de nos valeurs ancestrales pour, épaule contre épaule, faire du Sénégal notre grand dessein :
Voici venue l’heure de Rassembler les poussins à l’abri des milans, Pour en faire, de l’est à l’ouest, du nord au sud, Dressé, un même peuple, un peuple sans couture, Mais un peuple tourné vers tous les vents du monde.
Hamidou Sall
Écrivain
LE SENEGAL ET LES MEDIATEURS NIGERIANS
Obasanjo sous Wade, Tinubu sous Macky Sall, Bis repetita. Comme en 2012, cette fois-ci encore, c’est un autre Nigérian, Bola Tinubu, qui est aux manettes pour ramener autour d’une même table de négociations le président de la République et l’opposition.
Le président du Nigéria était attendu au Sénégal ce lundi. Et cette visite devait être une médiation suite à la crise provoquée par le report de la Présidentielle. Même si Bola Tinubu est le président en exercice de la Cedeao, ce déplacement, décalé ou annulé, rappelle la médiation de son compatriote Olusegun Obasanjo en 2012 lorsque Wade a décidé de faire un 3e mandat contre vents et marées.
Missions de Tinubu et de Obasanjo
Bis repetita. Comme en 2012, cette fois-ci encore, c’est un autre Nigérian, Bola Tinubu, qui est aux manettes pour ramener autour d’une même table de négociations le président de la République et l’opposition. Le déplacement du président en exercice de la Cedeao à Dakar, annoncé hier, a été repoussé ou annulé (?). Un de ses prédécesseurs à la tête du Nigéria, Olusegun Obasanjo avait échoué en 2012, même s’il n’était plus président de la République. En tant que chef de la Mission d’observation électorale dépêchée par la Cedeao et l’Union africaine, Obasanjo était venu à quatre jours de la tenue du scrutin du 26 février, négocier avec le Président Wade. Révélant les termes de sa mission à Dakar, il disait : «Vous de la presse avez utilisé le mot médiation. Nous sommes venus ici pour une mission de paix, qui comprend deux parties. Une partie consacrée à une mission d’observation électorale. La seconde est une mission de prévention. Les deux sont liées.».
Quand l’opposition exigeait le retrait de la candidature de Wade
En 2012, alors candidat à la Présidentielle, l’opposant Macky Sall déclarait sur Rfm : «Un président qui n’a plus de mandat n’en est pas un. Il peut essayer d’avoir la force, en ce moment, il reste chef de l’Etat par la force. La force du peuple est incommensurablement plus forte que toute tentative de confiscation. Il doit respecter le calendrier républicain.» Outre Macky Sall, les autres candidats comme Moustapha Niasse, Cheikh Tidiane Gadio, Idrissa Seck, Ibrahima Fall avaient campé sur leur position de poursuivre le combat jusqu’au retrait de la candidature du chef de l’Etat sortant, Abdoulaye Wade. Alioune Tine, alors président de la Rencontre africaine de défense des droits de l’Homme (Rddho) et coordonnateur du M23, déclarait : «Nous avons dit aujourd’hui que les conditions pour que des élections transparentes, apaisées, ne sont pas réunies.» Et le candidat de la coalition Idy4Président d’abonder dans le même sens : «C’est évident avec la situation actuelle de tensions qu’on ne peut plus parler de scrutin libre et transparent, puisque les candidats n’ont pas la liberté de mener campagne comme ils veulent, là où ils veulent.».
Quand Obasanjo proposait 2 ans de plus pour Wade
Pour Moustapha Niasse, candidat de Bennoo Siggil Senegaal, «il a été clairement dit que cette mission n’est pas une mission de médiation mais une mission de paix, dans le langage diplomatique il y a de grandes différences parce que la mission de paix est plus large, elle a plus de pouvoir et plus de liberté pour travailler qu’une mission de médiation tout court, et c’est un diplomate qui vous parle». Tinubu négocie avec un président qui a déclaré qu’il est hors course. Obasanjo voulait deux ans de plus pour Wade. Ce qui avait fait pschitt puisque ni l’opposition ni le Président sortant ne voulaient en entendre parler.
«MEME SI SONKO PEUT DE SORTIR DE PRISON, CETTE LOI NE LUI DONNE AUCUNE GARANTIE»
Le mandataire du candidat Bassirou Diomaye Faye, sur sa page Facebook, a commenté ce projet de loi d’amnistie annoncé.
Le mandataire du candidat Bassirou Diomaye Faye, sur sa page Facebook, a commenté ce projet de loi d’amnistie annoncé.
«Une loi d’amnistie est une simple loi ordinaire qui est adoptée à la majorité simple, même pas une majorité qualifiée de 3/5e. La loi d’amnistie est de nature purement législative et non constitutionnelle. Elle peut être facilement répudiée par une nouvelle Assemblée nationale qui mettra en place une commission d’enquête indépendante sur les événements amnistiés de 2021 à 2024. Autrement dit, même si cette loi pourrait permettre à Ousmane Sonko et Cie de sortir de prison, elle ne leur donne aucune garantie»
NDIACK FALL DECORTIQUE L’AMNISTIE ET SES CIBLES
Le pénaliste décortique l’amnistie qui rendrait éligible l’opposant en prison qui a vu son dossier recalé par le Conseil constitutionnel.
Le Quotidien a révélé qu’un projet de loi portant amnistie et qui concernerait des détenus politiques dont Ousmane Sonko serait dans le circuit. Bés Bi donne la parole au Pr Ndiack Fall. Le pénaliste décortique l’amnistie qui rendrait éligible l’opposant en prison qui a vu son dossier recalé par le Conseil constitutionnel.
«L’amnistie, c’est une loi votée par l’Assemblée nationale. Dès qu’elle est votée, c’est une mesure biblique. Elle s’étend sur une période bien déterminée. Si les gens étaient en prison, c’est-à-dire condamnés, ils seraient libérés. S’ils étaient en détention provisoire, ils vont être libérés. S’ils étaient dans le cadre de l’enquête, ils vont être élargis. Autrement dit, l’amnistie revêt un caractère radical. Les gens qui ont été condamnés, leur condamnation va être effacée de leur casier judiciaire. Le casier devient vierge».
«Mesure d’apaisement social»
«La grâce et l’amnistie (prévue par l’article 67 de la Constitution) ont un point commun et trois niveaux de différences. Le point commun est qu’elles sont toutes les deux des mesures d’apaisement social. En ce qui concerne les différences, le premier niveau porte sur les autorités compétentes. Si la grâce est une prérogative du président de la République, l’amnistie relève du législateur, c’està-dire l’Assemblée nationale. L’autre distinction est que la grâce s’applique à la peine alors que l’amnistie s’applique aux faits. En conséquence, si les faits ont été amnistiés avant le déclenchement des poursuites, celles-ci ne pourront plus être engagées. Si l’amnistie intervient après le début des poursuites, celles-ci sont arrêtées. Enfin, si l’amnistie est votée après la condamnation, celle-ci est rétrospectivement effacée. Le troisième niveau de différence porte sur les effets. La grâce dispense d’une peine mais celle-ci reste inscrite au casier judiciaire.»
Les 15 manifestants déférés au parquet à Thiès, libres
Les violentes manifestations de vendredi dernier à Thiès ont été marquées par 16 arrestations. Selon nos sources, une des personnes arrêtées a été libérée ce jour par la police, en l’occurrence un enseignant qui avait une santé fragile. Les 15 autres ont été déférées hier au parquet où elles ont décroché la liberté provisoire. Elles sont poursuivies pour participation à une marche interdite, destruction de biens d'autrui et seront jugées en flagrant délit le lundi 19 février 2024.
Les mineurs relâchés, les autres manifestants de Kaolack déférés
Une trentaine de personnes ont été arrêtées entre Kaolack et Nioro, le vendredi dernier dans le cadre des manifestations contre le report de l'élection présidentielle de février 2024. 16 parmi les 26 qui ont été interpellées à Kaolack ont été déférées et vont comparaître le 21 février prochain. Toutefois, ces dernières ont bénéficié hier d'une liberté provisoire, parmi elles, l'on note des élèves. Les potaches mineurs qui ont été également interpellés ont été purement et simplement relaxés. Dans le département de Nioro, une dizaine d'arrestations a été enregistrée. Parmi les personnes mises aux arrêts, il y avait des mineurs qui ont également été relâchés. Il faut rappeler que les élèves du lycée technique et commercial Abdoulaye Niass de Kaolack et ceux du lycée de Maba Diakhou de Nioro ont délogé, hier, les élèves des autres établissements scolaires pour exiger la libération de leurs camarades.
Libération des manifestants à Mbour
Le pouvoir joue la carte de l’apaisement. Les manifestants qui ont été arrêtés lors des manifestations contre le report de l’élection présidentielle ont été tous libérés. Au total, il s'agit de 27 personnes qui ont été arrêtées par la police à Mbour. Après leur défèrement auprès du procureur, le coordonnateur départemental de l’ex-Pastef, Mamadou Lamine Diaïté et la coordonnatrice départementale du mouvement des femmes (jigeeni pastef), Fatou Fall ont été relaxés. Ils étaient arrêtés au même titre que d’autres jeunes à la préfecture de Mbour alors qu’ils étaient en caravane. Ce lundi, tous les manifestants arrêtés lors de la contestation contre le report de la présidentielle ont tout simplement été libérés après leur face-à-face avec le procureur.
Une journée sans école à Mbour
Les élèves de la commune de Mbour ont été délogés hier par leurs camarades qui ont fait le tour des établissements privés comme publics. Sans distinction, les potaches ont sorti leurs camarades pour exiger la libération des enseignants qui ont été arrêtés dans le cadre des activités politiques. Le matin vers 9h, les élèves sont sortis pour dénoncer l’arrestation des professeurs mais aussi la mort de l’étudiant Alpha Yaya Tounkara, tué lors de la manifestation des étudiants de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Ainsi, les cours ont vaqué dans la quasi-totalité des écoles.
L’UGB exige la lumière sur le décès d’Alpha Yéro Tounkara
Suite au décès par balle de l’étudiant Alpha Yéro Tounkara, lors des manifestations contre le report de l’élection présidentielle, à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, le Conseil d'administration de l’université s’est réuni le week-end en séance extraordinaire pour se prononcer sur la crise. Les membres du conseil ont précisé que cette crise malheureuse n'est nullement liée aux questions pédagogiques et sociales dans le fonctionnement de l'université. Ainsi, ils condamnent la mort de l'étudiant lors des affrontements regrettables les opposant aux forces de défense et de sécurité. Par ailleurs, le conseil d’administration constate les diligences faites par les services compétents pour prendre en charge les victimes. En outre, il exprime sa solidarité et sa compassion aux parents du défunt et à toute la communauté universitaire. Le conseil annonce, dans un communiqué, la mise en place d’un comité de crise chargé, en rapport avec le Recteur, les représentants d'étudiants, le personnel administratif, technique et de Services (PATS), le personnel d'enseignement et de Recherche (PER), de créer les conditions d'un retour à la paix dans l'espace universitaire. Et il lance un appel à tous les membres de la communauté de l'UGB pour une union sacrée autour de la préservation de la sécurité des personnes et des biens dans l'espace universitaire.
Thierno Alassane Sall contre l’amnistie
Le leader de la République des Valeurs prévient qu’accepter d’aller au dialogue en échange d’une amnistie, c’est trahir le peuple. Dans une note reçue à «L’As», le député rappelle ce qu’il avait écrit : «accepter l'amnistie par le dialogue, c'est faire le choix de trahir les intérêts du Sénégal. C'est chercher à sauver un régime englué dans le deal et le parjure. Voilà ce que j'écrivais en 2020, aux pages 15 et 16, dans mon livre Le Protocole de l'Élysée». A l’en croire, Macky Sall et son équipe savent que leurs responsabilités sont documentées [...]. Ils sont hantés par la perspective de devoir répondre de leurs actes, car le peuple ne pardonnera jamais. C’est pourquoi il pense que leur salut réside dans une loi d'amnistie qui effacerait tous les crimes et délits économiques dans une fenêtre de temps qui couvrirait les affaires les concernant. «Que faire devant un tel diagnostic vital d'une omerta organisée ? Obéir à des convenances qui, en définitive, protègent des personnes qui ont violé les intérêts supérieurs de la Nation ?» s’interroge le parlementaire.
Le Sudes/Esr décrète un arrêt total de travail
Le syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (SUDES), section enseignement supérieur, appelle ses membres à un arrêt total de travail, mardi 13 et mercredi, pour manifester leur deuil suite à la mort de l’étudiant Alpha Yéro Tounkara. Ce dernier, étudiant en licence de géographie à l’université Gaston Berger (UGB), est décédé, vendredi, à l’hôpital régional de Saint-Louis où il avait été acheminé après avoir été blessé durant les manifestations de protestation contre le report annoncé de l’élection présidentielle du 25 février. Prenant la pleine mesure de la gravité de la situation, le bureau national du Sudes/Esr appelle tous les militants à observer, en signe de deuil, un arrêt total de travail le mardi 13 et le mercredi 14 février 2024, avant de condamner vigoureusement ces actes ignobles et d’exiger de l’État que toute la lumière soit faite rapidement sur cette affaire extrêmement grave. Il demande aussi que les coupables soient traduits devant les tribunaux et que justice soit rendue. Le syndicat déplore qu’Alpha Yéro Tounkara rejoigne la liste déjà trop longue des étudiants décédés dans les confrontations entre étudiants et forces de l’ordre dans les universités sénégalaises.
Le réseau des jeunes maires tire sur Mimi Touré et Cie
Le réseau des jeunes maires de la mouvance présidentielle accuse Aminata Touré et certains opposants d’être les instigateurs du report de la présidentielle. Face à la presse hier, le président du réseau El hadji Ibrahima Ba a précisé que le report de l'élection présidentielle n'est point une volonté du Président Macky Sall mais plutôt une proposition de leaders politiques de l'opposition de l'acabit de Mimi Touré, Thierno Alassane Sall, Bougane Guèye Dany, Boubacar Camara et consorts qui, « en bons rentiers de la violence et de la fourberie, ont agité le report de la présidentielle pour ensuite s'ériger, aux yeux de l'opinion, comme des remparts contre la décision ». M. Ba regrette leur duplicité. C’est pourquoi le réseau des jeunes maires de la mouvance s’érige en défenseurs du Président Macky Sall. Ces élus lui apportent leur soutien. Ainsi, le réseau s’engage à être son bouclier. Dans le même sillage, El hadji Ibrahima Ba lance un appel solennel à tous les jeunes du Sénégal pour qu’ils refusent d'être les otages des politiciens encagoulés. Pour les membres du réseau, plus que jamais, l'appel au dialogue du président de la République est la seule issue possible pour aboutir à des consensus forts pour préserver ce que nous avons de plus cher, notre stabilité.
La délégation de la Cedeao reçue par le président de l’Assemblée
La délégation parlementaire de la CEDEAO a entamé ses rencontres avec les différentes autorités dans le cadre d’une médiation. Hier, elle a été reçue par le président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Amadou Mame Diop. Le président de l’Assemblée nationale est revenu sur la genèse du dossier, tout en précisant que cette loi constitutionnelle n’est pas une révision ou une modification de la Constitution, mais une dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution qui permet un réaménagement du calendrier électoral. Il a dit aux membres de la délégation du Parlement de la CEDEAO, conduite par son président Mohamed Tunis Sidie accompagné de quatre députés et trois fonctionnaires parlementaires, que le président de la République n’est pas l’initiateur de ce processus qui est exclusivement parlementaire. Selon Amadou Mame Diop, le chef de l’Etat avait le choix entre donner un avis favorable ou défavorable, ou alors prendre acte. Il a préféré la troisième option, a dit le président de l’Assemblée nationale.
La mission de la Cedeao reçue par les groupes parlementaires
Restons avec la mission parlementaire de la Cedeao qui s’est entretenue lundi, tour à tour, avec les différents groupes parlementaires de l’Assemblée nationale et divers autres acteurs politiques, avant de poursuivre ses travaux dans la journée du mardi qui sera marquée, notamment par des discussions avec des membres de la société́ civile. Pour rappel, l’objectif de cette mission est de s’informer sur les causes des récentes tensions politiques survenues au Seńegal à la suite du report de l’élection présidentielle et aux évènements consécutifs, en vue de faire des recommandations utiles aux autorités de la Cedeao, aux autorités sénégalaises.
Adji Sarr s’oppose au dialogue
Adji Sarr n’a visiblement pas tourné la page Ousmane Sonko qu’elle avait accusé de l’avoir violée plusieurs fois et de la menacer de mort. Suivant sans nul doute toute l’actualité qui est en lien avec le maire de Ziguinchor, la masseuse la plus célèbre du Sénégal a certainement sautillé de son lit quand elle a entendu que Sonko allait sortir de prison pour participer éventuellement au dialogue initié par le Président Macky Sall. Très en colère, elle a pris son portable pour manifester son désaccord par rapport à la libération du leader de l’ex-PASTEF, à travers une story. « Je ne pardonne pas, il doit purger sa peine, un point, un trait. Je ferai face, peu importe les conséquences », a-telle écrit. Sa réaction en a suscité beaucoup d’autres sur les réseaux sociaux.
Interdiction de la marche silencieuse
Le collectif «Aar sunu élection» va devoir se plier à la décision du Préfet de Dakar qui a interdit la marche silencieuse prévue aujourd’hui à partir de 15h entre la Fastef et le rond-point du jet d’eau. Pour motiver sa décision, le Préfet indique que «l'occupation de l'itinéraire choisi aux horaires retenus risque de perturber gravement la libre circulation des personnes et de leurs biens au regard des problèmes de mobilité notés actuellement». Ainsi Chérif Mouhamadou Blondin Ndiaye invite les leaders du collectif à proposer un nouvel itinéraire qui fera l’objet d’une instruction.