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13 octobre 2025
L’INTERNET DES DONNÉES MOBILES RÉTABLI À DAKAR
L’accès internet par les données mobiles est rétabli mercredi matin dans la capitale du Sénégal, Dakar, après deux jours de suspension décrétée par les autorités sur fond de grave crise politique.
L’accès internet par les données mobiles est rétabli mercredi matin dans la capitale du Sénégal, Dakar, après deux jours de suspension décrétée par les autorités sur fond de grave crise politique. L’accès aux données mobiles était bloqué depuis lundi. Le ministère des Télécommunications avait justifié cette mesure par la diffusion sur les réseaux sociaux de «messages haineux et subversifs […] dans un contexte de menace de trouble à l’ordre public». Le Parlement a voté lundi une loi reportant la présidentielle du 25 février au 15 décembre et prolongeant le mandat du président sortant Macky Sall.
CAN 2023 : LA CÔTE D’IVOIRE EN QUÊTE D’UNE CINQUIÈME FINALE CE MERCREDI
La Côte d’Ivoire va jouer sa 11e demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, ce mercredi à 20 h 00 TU, contre la République démocratique du Congo (RDC), pour se qualifier en finale de la compétition pour la cinquième fois.
La Côte d’Ivoire va jouer sa 11e demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, ce mercredi à 20 h 00 TU, contre la République démocratique du Congo (RDC), pour se qualifier en finale de la compétition pour la cinquième fois.
Les Éléphants de Côte d’Ivoire, vainqueurs des éditions de la CAN en 1992 et 2015, participent à la compétition africaine depuis 1965.
La Côte d’Ivoire, pays hôte de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football, prend part à la CAN pour la 25e fois.
Vice-champions en 2006 et 2012, les Ivoiriens ont remporté quatre fois la troisième place de la CAN, en 1965, 1968, 1986 et 1994. En 1970 comme en 2008, ils ont perdu le match de la troisième place.
La Côte d’Ivoire organise la CAN pour la deuxième fois. La première édition à se dérouler sur son sol a été remportée par le Cameroun, en 1984.
Logés dans la poule A avec la Guinée Équatoriale, la Guinée-Bissau et le Nigeria, les Éléphants se sont qualifiés de justesse en huitièmes de finale en obtenant la troisième place dudit groupe. Ils ont gagné le match d’ouverture de la 34e édition, contre les Bissau-Guinéens (2-0).
Les Ivoiriens ont ensuite été battus par les Nigérians (0-1) et les Équato-Guinéens (0-4).
Qualifiée miraculeusement pour les huitièmes de finale, la Côte d’Ivoire a éliminé par 5 tirs au but à 4 le champion en titre, le Sénégal, à la surprise générale.
Les Lions du Sénégal étaient sortis premiers de leur poule avec un carton plein (9 points) en gagnant les trois matchs de la phase de groupes.
La Côte d’Ivoire a réédité l’exploit, contre le Mali (2-1), lors des quarts de finale.
Les Éléphants font dormais partie des favoris de la compétition. Ils pourront miser sur leur bon mental et, sans doute, la bonne étoile illuminant leur parcours.
Les Ivoiriens vont rencontrer des Congolais venus jouer leur 20e Coupe d’Afrique, avec six demi-finales : les éditions 1968, 1972, 1974, 1998, 2015 et 2023.
La RDC a remporté le trophée continental en 1968 et en 1974.
Logés dans la poule F avec le Maroc, la Zambie et la Tanzanie, les Léopards de la RDC se sont qualifiés en huitièmes de finale après trois matchs nuls. Ils occupaient la deuxième place de leur groupe, derrière le Maroc.
Les Congolais ont éliminé l’Égypte en huitièmes de finale par 8 tirs au but à 7. Ils sont allés ensuite battre la Guinée en quarts de finale (3-1).
La RDC n’avait plus atteint les demi-finales de la CAN depuis 2015. Cette année-là, elle était sur la dernière marche du podium (3e).
Guidés par un capitaine décisif et en pleine forme, Chancel Mbemba, les leaders Cédric Bakambu et Yoane Wissa aussi, les Léopards ont les atouts pour se qualifier en finale de la 34e édition de la CAN.
NEUF FEUX DE BROUSSE DÉNOMBRÉS EN UN MOIS A TIVAOUANE
Neuf feux de brousse ont endommagé 42,5 hectares dans le département de Tivaouane (ouest) depuis le début de l’année, a appris l’APS du capitaine Younouss Diédhiou, chef du service départemental des eaux et forêts.
Tivaouane, 7 fév (APS) – Neuf feux de brousse ont endommagé 42,5 hectares dans le département de Tivaouane (ouest) depuis le début de l’année, a appris l’APS du capitaine Younouss Diédhiou, chef du service départemental des eaux et forêts.
“L’année 2024 a mal commencé, avec neuf feux de brousse déjà, qui ont endommagé une superficie de 42,5 hectares”, a-t-il déclaré.
Les incendies de forêt inquiètent le service départemental des eaux et forêts de Tivaouane, d’autant plus que leur nombre et la superficie dévastée dépassent en un mois seulement leur ampleur pour toute l’année 2023, selon Younouss Diédhiou.
En 2023, cinq feux de brousse ayant détruit 33,5 hectares ont été recensés dans ce département, a-t-il rappelé.
Les incendies n’ont entraîné aucune perte en vie humaine, selon le chef du service départemental des eaux et forêts.
Il s’est réjoui du concours des sapeurs-pompiers de Tivaouane à la prévention et au contrôle des feux de brousse.
Par Mohamed GUEYE
LES RISQUES ECONOMIQUES DE LA TENSION
Depuis samedi 3 février, plus personne ne travaille au Sénégal, ou à tout le moins, à Dakar. Certaines boutiques n’ont pas remonté les rideaux qui ont été baissés le week-end dernier.
La décision du président de la République et de ses députés de reporter l’élection présidentielle, et donc de prolonger son mandat, n’a pas fini de faire des remous. Si les institutions internationales et les partenaires étrangers sont, dans leur grande majorité, plus ou moins complaisants et compréhensifs quant à cette évolution du pouvoir au Sénégal, les acteurs politiques sénégalais et les membres de la Société civile ne cachent pas leur opposition et leur volonté d’empêcher le chef de l’Etat d’exercer paisiblement la tranche de temps supplémentaire qu’il veut s’octroyer.
La majorité des partis de l’opposition, à l’exception du Parti démocratique sénégalais (Pds) qui soutient la candidature de Karim Wade, sont vent debout pour tenter de contraindre le Président à revenir sur les décisions qu’il a prises depuis le samedi 3 février dernier. Ils ont pu enrôler des syndicats des travailleurs dans leur combat. Sous le couvert de défense des droits des travailleurs, des confédérations ont appelé à des mouvements de grève, en demandant pour certains, que le pouvoir en place revienne sur ses décisions.
Le pouvoir en place de son côté ne manque pas d’alliés et de soutiens, aussi bien dans l’arène politique qu’auprès de l’opinion. Cela a fait que, malgré un sentiment rampant d’inquiétude concernant l’avenir, le pays semble suspendu dans l’attente de voir dans quel sens les choses vont évoluer. Et personne ne travaille plus. Pourtant, nous sommes dans un pays où tout est urgence.
Depuis samedi 3 février, plus personne ne travaille au Sénégal, ou à tout le moins, à Dakar. Certaines boutiques n’ont pas remonté les rideaux qui ont été baissés le week-end dernier. Si les voyagistes n’ont pas encore enregistré d’annulation de réservations en ce moment, ils sont néanmoins très attentifs à l’évolution des choses, conscients qu’ils sont de la volatilité de leur secteur, qui dépend plus de l’impression et des sentiments des gens. Les mêmes impressions suspendent la volonté de poursuivre des investissements dans d’autres domaines.
Les plus visibles sont dans le domaine des transports en commun. Après la sortie du chef de l’Etat, la société de transports publics Dakar dem dikk a pris la décision de suspendre certains itinéraires, le Brt a une fois de plus été saccagé à certaines de ses stations. Bien de petites entreprises privées, installées sur la Vdn, n’ont pas pu travailler convenablement, du fait des manifestations qui chauffaient sur cette grande artère de la ville. Tout cela se déroule sur fond de report sur report du début de l’exploitation de certains sites des hydrocarbures du Sénégal, comme le gaz de Grand Tortue Ahmeyin (Gta) ou du pétrole offshore de Sangomar. Prévues au départ pour le début du mois de janvier, les entrées en vigueur de ces projets ont toutes été repoussées vers la fin de l’année, pour multiples raisons politiques et/ou techniques. Il est à parier qu’un sentiment d’instabilité politique du pays ne va pas pousser à accélérer les choses, tout au contraire. Or, un autre retard dans l’exploitation de notre pétrole et de notre gaz ne va pas améliorer les conditions sociales et économiques dans le pays. De plus en plus, l’économie sénégalaise est en train de sortir de l’agriculture et du secteur industriel, pour s’appuyer sur les matières extractives. L’or est déjà la première matière d’exportation du Sénégal, bien loin de l’arachide ou des produits horticoles. Même si ces secteurs ne sont pas ceux qui produisent le plus de main-d’œuvre, ils rapportent le plus de devises dont l’Etat a besoin pour mettre ses projets en œuvre.
Sur toutes les tribunes du monde, Macky Sall passe son temps à défendre l’idée d’un traitement équitable des Africains dans l’allocation des ressources financières. Il a toujours indiqué que le risque n’est pas plus important en Afrique que dans d’autres pays, et qu’il n’y avait pas de raison que les bailleurs nous prêtent de l’argent à des taux prohibitifs. Jusqu’alors, personne n’avait pu avancer un véritable argument à l’encontre de ses déclarations. C’était avant la nouvelle situation créée par le report de la Présidentielle au Sénégal. Aura-t-on encore le moyen de dire que le risque chez nous est plus faible que dans certains pays occidentaux ?
Par Ndiaga LOUM
LE CODE D’HONNEUR
L’oraison funèbre de « l’exception démocratique en Afrique » a été prononcée dans un lieu symbolique, l’Assemblée nationale, après un vote sous haute surveillance policière d’une majorité mécanique
Ainsi donc, ce 5 février 2024, le Sénégal marque son adhésion officielle au « bloc » des dictatures bananières. L’oraison funèbre de « l’exception démocratique en Afrique » a été prononcée dans un lieu symbolique, l’Assemblée nationale, après un vote sous haute surveillance policière d’une majorité mécanique, après que des hommes de tenue (le GIGN, pardon !!!) aient chassé de l’Hémicycle les députés de l’opposition.
La vilaine image fera le tour du monde. Elle agira comme une empreinte psychologique. Notre fierté en souffrira à jamais. Les rides de la honte ne s’effaceront pas. Le président a osé. « Il n’oserait pas » disaient les éternels optimistes dont je fais partie. On lui a souhaité d’entrer dans l’histoire, il a refusé. Il ne se croit pas digne de laisser l’image d’une démocratie livrée à l’histoire dans laquelle serait aussi confondue celle de son pays qui a longtemps entretenu le mythe de posture reluisante et sublimée de la « vitrine démocratique de l’Afrique ».
Rien de surprenant me direz-vous! S’il ne veut pas une sortie honorable pour lui-même, il n’en a que faire de l’héritage démocratique de son pays et de son image exemplaire pour le reste du continent. Il préfère qu’on lui dise ordinairement que vous êtes comme tous les putschistes, plutôt que de revendiquer le statut spécial du démocrate.
La méchanceté habite l’esprit, l’inélégance marque les relations avec les adversaires, la violence abrite les actes envers le peuple, surtout la frange la plus jeune et donc la plus récalcitrante. Le calvaire chauffé au menu des humeurs du chef n’épargne même pas les collaborateurs les plus proches, le premier ministre, contraint de contresigner un acte qui va déclencher le début des preuves d’une future culpabilité de « corrupteur de juge »; le pauvre, on compatit! C’est le manuel complet du parfait dictateur.
Voilà malheureusement ce que l’histoire retiendra de lui, un code du déshonneur qui ouvre les chapitres des grandes premières les plus honteuses, les unes et les autres.
1. Le premier depuis l’instaura on du multipartisme au Sénégal (avant même que l’assemblée pourtant « instrumentalisée ne se prononce) à acter de facto et non ipso jure, sa propre volonté de prolonger un mandat octroyé par le peuple et limité irrémédiablement par la sacrée Constitution adoptée après référendum.
La première fois qu’on « assiste » à la disparition mystérieuse de deux gendarmes : le corps sans vie de l’un a été retrouvé dans un état qui, nous dit-on, ne permet pas de déterminer les causes de la mort tandis l’autre est non encore retrouvé ; on compte ainsi sur l’oubli imprimé par le temps. Le premier pays au monde (je dis bien au monde) où une condamnation à une peine de prison en sursis pour un simple délit de diffamation supposé être commis sur un ministre, entraine systématiquement la déchéance des droits civiques et donc l’inéligibilité du chef de l’opposition.
4. Le premier gouvernement à rentrer « définitivement avec effet immédiat » la licence octroyée à une chaîne de télévision privée (Walfadjri) à qui l’on reproche simplement de montrer des images que tout le monde voit déjà en direct sur les réseaux sociaux et livrées sans filtre, contrairement au traitement professionnel qu’en fait le média ciblé et désigné comme un « ennemi à abattre » au même titre que les opposants politiques, et qui hier vous offrait une tribune d’expression lorsque la TV publique vous fermait l’accès.
L’ingratitude n’est pas que vilaine et monstrueuse, elle est parfois cruelle, digeste que pour les faibles d’esprit. Dix mois encore! Et l’ère des grandes premières n’est peut-être encore clôturée, des plages encore restantes pour écrire des pages sombres d’une république déjà abîmée par la vanité et la cupidité des hommes de pouvoir, ou d’un HOMME enfermé dans le piège tentaculaire d’un pouvoir solitaire sans fin.
Par Mamadou Barro
A NOS BRAVES SEPT SAGES : HIC RHODUS HIC SALTA
Dans « L’honneur et l’argent », François Ponsard écrivait: «Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites ». Le Sénégal en est-il arrivé là ? Le décodage des codes d’honneur est-il perturbé ? Que se passe-t-il ? Je cherche.
Dans « L’honneur et l’argent », François Ponsard écrivait: «Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites ». Le Sénégal en est-il arrivé là ? Le décodage des codes d’honneur est-il perturbé ? Que se passe-t-il ? Je cherche.
Il me souvient, cependant, un éditorial d’une densité remarquable fait par un grand journaliste du nom de Madiambal Diagne. Cet éditorial était inspiré par le sentiment de colère suite à la décision du Conseil Constitutionnel de Janvier 2012, validant la 3 ème candidature de Maitre Wade.
Madiambal y relatait le courage et l’empathie d’un « bon petit juge » qui avait refusé de condamner une dame qui avait volé un morceau de pain pour se nourrir, au motif que si dans une société, une personne est obligée de voler du pain pour ne pas mourir de faim, la condamner serait une injustice. Admirons la frontière entre le droit et la justice !
Madiambal brocardait les 5 juges d’alors et sous le titre de son édito, citait Alexandre Dumas fils en ces termes « Les grands hommes perdent à être vus de près »
Que c’est vrai ! Que c’est actuel ! Par ces temps de crises et de tensions, où sont les Grands hommes ?
Les hommes des grands moments. Heureusement qu’au Sénégal nous avons sept sages. La loi constitutionnelle votée par 104 députés leur sera soumise bientôt. Se déclareront-ils incompétents puisque c’est une loi constitutionnelle ou bien vont-ils apprécier les effets de l’application de cette loi sur l’ordre ou le désordre constitutionnel ?
Ils ont rendez-vous avec eux-mêmes et avec l’histoire. Ici c’est Rhodus, il faut sauter
Dans l’une des fables d’Esope, (le voyageur vantard), il raconte le récit d’un homme qui se plaisait à décrire ses propres exploits surhumains dans un coin éloigné (Rhodus) avec des témoins qu’il se vantait de pouvoir faire venir pour confirmer. Il s’est trouvé un passant pragmatique qui lui lança : Ici c’est Rhodus, saute comme tu le proclames!
Le Sénégal doit aussi remercier Dieu de nous avoir offert sept sages, sept sauveurs d’une démocratie débranchée qui a perdu ses codes. Ils sont supposés être des juristes chevronnés, pleins de sciences, équipés d’un code d’honneur et conscients de la dignité de leur fonction.
A la requête qui leur sera bientôt soumise pour invalidation de la loi constitutionnelle, les membres du CC ont déjà répondu depuis 2016.
Les membres du CC savent aussi sûrement qu’ils n’ont pas le droit d’imposer à l’armée de rendre le 4 Avril 2024 les honneurs à un quelconque citoyen autre que le Président de l’Assemblée Nationale, assurant la fonction suite à la vacance du pouvoir, le cas échéant.
Les membres du CC savent aussi qu’ils ont une dette vis-à-vis d’un ancien vice-président du Conseil assassiné il y a 30 ans, par des hommes liés au PDS, au demeurant, initiateur de cette loi funeste.
On ignore les raisons du silence de certaines autorités comme les Professeurs Serigne Diop, Kader Boye ou El Hadj Mbodje.
Notre espoir pour sauver le pays repose sur le considérant no 32 de la décision 1/C/2016 du 12-2- 2016 qui interdisait de toucher à la durée du mandat.
« Considérant en effet que ni la sécurité juridique ni la stabilité des institutions ne serait garantie; si la durée des mandats en cours régulièrement fixéeau moment où ceux-ci ont été conférés pouvait être réduite ou prolongée.
Le Conseil indique sans équivoque que la durée d’exercice du mandat est fixée au moment de prêter serment. Fixée veut dire fixée. Aucune dérogation ne peut changer ce qui est fixe à moins de vouloir verser dans les calembredaines de notre sympathique ministre de la justice qui cherche à se convaincre elle-même que si le Président continue à exercer ses fonctions jusqu’à l’installation de son successeur en 2025, il aura exercé un mandat de 5 ans fixé par l’article 27 de notre Constitution et respecté l’article 103 de la même constitution.
Autrement dit pour notre ministre, si le Président qui a prêté serment en 2019, reste en fonction jusqu’en 2025, il aura exercé un mandat de 5 ans. L’intelligence artificielle fait des miracles ! Messieurs Les Sages.
Le 27 janvier 2012, le CC avait validé la 3 ème candidature de Maitre Wade. Le 29 janvier 2024, vous avez écrit et signé ceci : Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif.
Le CC, fidèle à ses principes de rigueur et de transparence, entend exercer toutes les missions qui lui sont dévolues par la Constitution et les lois de la République.
Vous êtes indépendants ? Prouvez le ! Ici c’est la Constitution, sauvez-la !
Mamadou Barro
Juriste et Economiste d’entreprise,
Sacré-Cœur 1, Dakar
EGORGES COMME DES MOUTONS !
Qu’est-ce qui explique cette subite bestialité des Sénégalais ? Au Sénégal, les meurtres deviennent monnaie courante
Au Sénégal, les meurtres deviennent monnaie courante. Les deux homicides confirmés en l’intervalle d’une semaine, à Thiaroye et aux abattoirs de la Sogas, de même que le cas de l’enfant qui a failli être égorgé à Touba, sont des preuves de cette propension de nos compatriotes à tuer. Pourquoi un tel déchainement de violence? Récit de trois scènes absolument atroces
Ce sont trois histoires bouleversantes qui vont marquer à jamais des familles entières. Des meurtres avec le couteau... à la gorge. Des tueries enregistrées en l’intervalle d’une semaine à Thiaroye, à la Sogas (ex : Seras) et à Touba.
Dans la capitale du Mouridisme, un enfant de six ans du nom de Ibrahima a échappé de justesse à la mort. C’est un marchand ambulant de 27 ans habitant Touba qui a failli commettre l’irréparable. Selon les témoins, son bourreau fréquentait la famille de l’enfant. Devant les policiers, il dit ne pas comprendre son acte. Ce sont les cris de l’enfant sur le point d’être égorgé qui ont alerté des passants, lesquels sont arrivés juste à temps pour éviter le drame.
Un drame que vit, hélas, la famille Diop de Thiaroye à travers l’histoire de Baye Cheikh Samb et Baye Cheikh Diop. Tous les deux âgés de 19 ans. Le dernier nommé a été égorgé par Baye Cheikh Samb, un pêcheur originaire de Fass Boye, qui a plus tard été lynché par une foule enfurie. Deux jeunes adolescents à la vie ordinaire. Tous les deux sont des pêcheurs. L’un habite Fass Boye, l’autre Thiaroye. Le destin a croisé le chemin de ces deux jeunes gens. «Ils sont décédés le même jour», a témoigné le grand père de Baye Cheikh Diop, Ndiaga Dieng, parlant ainsi de ces deux jeunes au destin commun. Une mort barbare que la famille de Baye Cheikh Diop n’arrive toujours pas à comprendre. Idem pour la famille de Baye Cheikh Samb qui n’a pas pu échapper à la furie des habitants de Thiaroye.
Le jeudi passé, sa maman biologique a assisté à des faits d’une extrême violence. Encore sous le choc, la mère de Baye Cheikh Diop narre difficilement la scène. «J’étais dans ma chambre. Après j’ai eu envie de sortir un peu. Nous habitons à moins de 20 mètres de la plage. J’ai vu une altercation entre deux jeunes. L’un était en train de poignarder l’autre. J’ai crié fort pour alerter les voisins. Mais avant l’arrivée des habitants, il avait déjà égorgé son antagoniste. Je ne pensais même pas à mon fils. Je croyais que c’étaient des inconnus. C’est dur de perdre dans ces circonstances un fils adoré qui, de plus, était le soutien de notre famille», a confié la mère éplorée. Sonmari, qui était à l’intérieur de leur chambre au moment des faits, a accouru pour secourir le jeune homme blessé par son camarade. C’est une fois sur place qu’il a reconnu son fils en train de se vider de son sang. Un jeune plein d’avenir. Abasourdi, il a eu l’impression que le temps s’est arrêté. «Sa maman semblait avoir pressenti le drame. On est sortis sans savoir ce qui s’est passé. Quand je suis venu, j’ai vu que c’était mon fils. Il avait 19ans.Ilm’assistaitbeaucoup. Celui qui l’a tué, je ne le connais pas. J’ignore ce qui s’est passé entre eux. C’est quand j’ai voulu porter assistance à un blessé que j’ai reconnu mon fils Baye Cheikh gisant dans une mare de sang. Il ne m’a jamais parlé de problème avec quiconque. Son meurtrier l’a égorgé avec un couteau. Baye Cheikh était mon fils ainé. Il a voulu me dire quelque chose mais avec l’hémorragie, il n’a pu sortir un seul mot», a témoigné Rawane Diop, le père du jeune Baye Cheikh, encore inconsolable.
Le chef de quartier, Pape Sall, explique : «C’était vers les coups de 17 heures. On était à la mosquée. On a entendu des cris venant de la plage et parlant d’un meurtre. Plus exactement d’une personne égorgée. On s’est rendu sur les lieux. En tant que responsable, délégué du quartier, j’ai appelé le commandant de la brigade de Thiaroye pour l’informer du crime. Je demandais également du renfort vu le déchainement populaire. Sur place, on a vu un corps sans vie baignant dans une mare de sang. Le meurtrier était enfermé dans une chambre et ligoté. Il a essayé d’enlever la corde. Il avait un couteau entre les mains. Il était assis avec des tâches de sang sur la poitrine. Peut-être que le sang a giclé sur lui quand il tuait son camarade. Les assaillants, à travers la fenêtre, lui jetaient des pilons, des pierres, des bâtons... Ils voulaient se faire justice eux-mêmes. Subitement, ils l’ont aspergé avec de l’essence. Ils disaient : « si le vieux était sorti, on allait mettre le feu dans la chambre ». Les sapeurs-pompiers ont pris le corps en présence des deux commandants de brigade. Ils faisaient leur enquête jusque tard dans la nuit. Avec les représentants des pêcheurs, on a demandé aux étrangers de rentrer chez eux jusqu’à nouvel ordre. Le commandant nous a envoyé des éléments qui ont passé la nuit pour sécuriser les lieux. La gendarmerie a emporté avec elle les affaires du meurtrier. Celui qui a donné la pirogue aux pêcheurs de Lompoul, on dit qu’il est un habitant de Mbour. C’est la première fois qu’un tel drame arrive à Thiaroye. De notre temps, quand on donnait un coup à un ami, on attendait qu’il se relève. On n’était pas si violent jusqu’à égorger une personne ! On demande l’installation d’une brigade pour plus de sécurité dans le quartier. Nous, les délégués de quartiers, sommes fatigués. On essaie de régler les cas à l’amiable. Parfois on obtient satisfaction», a-t-il fait savoir tout en demandant aux parents de faire plus d’efforts dans l’éducation de leurs enfants. «Il y a beaucoup de laisser faire», s’est-il indigné.
Comme à l’abattoir
Toutefois, le plus horrible et effroyable des meurtres commis ces deux dernières semaines, c’est incontestablement celui commis parle nommé Abdou Mbaye sur son collègue et ami Abdou Diaw qu’il a égorgé «comme un mouton», selon les témoins. A la Séras, l’affaire continue de défrayer la chronique. Ndiogou Guèye n’arrive toujours pas à s’en remettre. Son cœur bat encore la chamade. «C’est terrifiant. C’est atroce. Egorger un homme comme un mouton. C’est déjà très dur à entendre, ça l’est plus encore quand on voit un corps à terre baignant dans le sang. Surtout à cause d’une affaire de téléphone. « On tue comme ça son ami. Ils étaient tous les deux mes amis également», a-t-il narré, ne pouvant retenir ses larmes.
Tout comme Ndiogou, la tristesse a encore envahi Baïla, un autre ami et collègue des deux Abdou. «C’est triste. Ils étaient tous mes amis. Abdou Diaw a laissé trois épouses. Ils étaient tout le temps ensemble. Il parait que c’est une affaire de téléphone vendu qui a mal tourné. J’ai vu le corps de Abdou Diaw. C’est atroce». Après avoir pleuré son ami mort et fustigé l’acte barbare commis par l’autre ami.
MACKY SALL-AMADOU BA, DUO OU DUEL ?
Le report de la présidentielle avec, en toile de fond, l’isolement du candidat Amadou Ba va se traduire par une reconfiguration du pouvoir. Ce duo de l’Exécutif a-t-il tourné à un duel ? Ou une dualité ?
Le report de la présidentielle avec, en toile de fond, l’isolement du candidat Amadou Ba va se traduire par une reconfiguration du pouvoir. Si au sommet de l’Etat, Macky Sall a repris les cartes en main, sur le terrain politique, son Premier ministre n’a toujours pas dit son dernier mot. Ce duo de l’Exécutif a-t-il tourné à un duel ? Ou une dualité ? Il reste la suite des événements !
Au milieu d’un tourbillon de contestations, le patron de l’Alliance pour la République (Apr) va devoir encaisser les contrecoups du report de la Présidentielle. Et parmi ces premières séquelles, il y a le cas de son Premier ministre et candidat à l’élection décalée au 15 décembre 2024. Acculé d’une part par les plus proches du Président et d’autre part voué aux gémonies par des accusations du Pds, Amadou Ba semble s’accrocher à son fauteuil à la Primature. Or, si «sa démission n’est pas à l’ordre», comme le susurrent son entourage, l’homme est parti pour jouer à l’encombrante figure au sommet de l’État. Va-t-il rendre le tablier et s’éclipser ou se voir défenestrer sans ménagement ? Une chose est sûre, sous nos cieux, voir un ancien locataire de la Primature faire le deuil de sa carrière politique sans tambour ni trompette relève de l’extraordinaire. Pas en tout cas pour des ambitieux comme Amadou Ba, qui plus est a goûté à une candidature comme celle d’une coalition aussi grande que Benno bokk yaakaar. Autrement, c’est dire que l’appareil politique du parti au pouvoir n’échappe pas à son contrôle. De son coté, dans ce duel qui se profilerait à l’horizon, le président Macky Sall semble s’activer à reprendre les manettes de sa formation politique. Et, même les cartes du scrutin prévu dans dix mois.
Partir ou résister
Partira, partira pas, Amadou Ba va devoir aussi faire face à la configuration politique qui se dessinera avec le dialogue politique. Puisqu’il risque de se retrouver autour d’une table avec Aly Ngouille Ndiaye et Boun Abdallah Dionne qui ont accepté la main tendue du chef de l’Etat. Et avec d’autres qui ne cachent pas leurs ambitions mises entre parenthèses comme Abdoulaye Daouda Diallo. Le président de l’Apr et de Benno va-t-il miser sur un autre cheval ? Face à un Macky plus que déterminé à poser une main de fer sur le pouvoir même après son départ, le Pm a deux choix : remettre à son patron ses honneurs et prendre ses distances ou résister à une opération de liquidation politique. On ne peut s’aventurer à imaginer le même sort de Idrissa Seck, avec le fameux «coup d’Etat rampant». Et d’ailleurs l’auteur de cette formule, Mahmoud Saleh est soupçonné de diriger ce camp des faucons qui ont dessiné ce «plan report». Mais le Président Sall a-t-il encore le temps de ces querelles politiques alors que les pressions se multiplient, qu’il doit remobiliser son camp divisé, convaincre de la sincérité de son dialogue ?
Par Kaccoor Bi
LES DERNIERS JOURS DES CRAPULES
Par quel bout devons-nous le prendre ? Tout se trouve entrelacé comme des fils difficiles à démêler. Un véritable embrouillamini. Un peuple qui se réveille avec la gueule de bois.
Par quel bout devons-nous le prendre ? Tout se trouve entrelacé comme des fils difficiles à démêler. Un véritable embrouillamini. Un peuple qui se réveille avec la gueule de bois.
La paix à laquelle il aspirait compromise par une personne qui, jadis, ne voulait pas autoriser une seule journée de plus sur la durée du mandat de son prédécesseur, promettant le chaos face à une telle éventualité.
Et qui se retrouve à présent, au bout de 12 ans d’un pouvoir absolu, à vouloir jouer les prolongations face à une communauté internationale médusée qui multiplie les communiqués pour exprimer au mieux sa préoccupation face à la manière dont la démocratie est maltraitée dans notre pays.
Tous les partenaires et amis du Sénégal appellent au respect du calendrier électoral comme ils le demanderaient à des putschistes. Car un véritable coup d’Etat constitutionnel s’est produit lundi dernier, plongeant nos compatriotes dans une grande confusion. Tout cela par la petitesse d’esprit de gens plus préoccupés par le maintien de privilèges indus que par le respect des règles du jeu électoral, au risque de pousser leur Champion dans le gouffre.
Lui qui espérait sortir par la grande porte pourrait se retrouver exfiltré par une porte dérobée de l’Histoire. Ses faucons ont commencé à envahir les plateaux des télévisions pour expliquer l’inconcevable. Avec le peu de dignité qui leur reste, ils font montre d’une arrogance qui frise la provocation, regardant de haut leurs contempteurs.
Vous avez entendu le ministre de la Communication délivrant des notes de bonne conduite et décernant des points pour qui mériterait de solliciter nos suffrages. Lui, l’avocat, aurait plus de valeur que ceux qui n’ont pas fait l’école française ou ceux qu’il appelle avec dédain des vendeurs de poulets. Pendant qu’il jouit des revenus d’un Etat et existe aux yeux des autres grâce à ce même Etat, ces capitaines d’industrie qu’il toise participent à la vie économique du pays et créent des milliers d’emplois. Lui, on ne lui connaît aucun emploi créé, aucun mérite si ce n’est d’avoir été choisi par le griot du Président pour être là où il est aujourd’hui. Son excès de zèle l’a poussé à priver des centaines de travailleurs de revenus. Ses déclarations résument l’étroitesse d’esprit de personnes comme lui qui ne devraient jamais se retrouver aux stations qu’ils occupent et qui empestent l’air par leur arrogance.
Le drame, c’est qu’ils sont nombreux à souffler à l’oreille du Chef pris dans les entrelacs d’une fin de règne qui l’empêche de voir qu’on le pousse dans un gouffre. Et ce sont les mêmes qui viendront danser joyeusement après et célébrer sa sortie par la petite porte. Avant d’aller se mettre au service de son ou ses tombeurs!
KACCOOR BI - LE TEMOIN
Par Mamadou Oumar NDIAYE
QUELLE TRANSITION APRÈS LE 2 AVRIL ?
D’ici le 02 avril, la résistance des Sénégalais et les pressions internationales contraindront l’autiste Macky Sall à nous rendre bien gentiment ce pouvoir que nous lui avions confié en 2012
Tout d’abord une question : le 04 avril prochain, jour anniversaire de notre accession à l’indépendance, le président de la République pourra-t-il tranquillement présider le grand défilé militaro-civil — ou la prise d’armes — de ce jour-là et, surtout, en sa qualité de chef suprême des Armées, passer en revue des troupes qui lui rendront les honneurs. Ce tout en sachant, ces troupes, que cet homme à qui sont destinés ces honneurs a terminé son mandat deux jours plus tôt ? Si ça se trouve, Macky Sall ne sera là que par la seule volonté des députés de son camp et non par celle du peuple souverain, celui-là même qui est source de légitimité dans toute démocratie. Gageons que les militaires regarderont d’un drôle d’œil ce Président qui était venu en grande pompe leur faire ses adieux aux Armées quelques mois plus tôt, ce président qui jouera à ce moment-là les prolongations et qui, toute honte bue et en se grattant la tête sans doute, reviendra lors de la prochaine Journée des Armées leur expliquer que « finalement dématouma fène » !
Ainsi, le Président Macky Sall a décidé de jouer les prolongations. Il ne quittera le pouvoir — auquel il tient tant ! — et ses délices qu’au début de l’année prochaine si bien sûr il n’invente pas de nouveau prétextes pour rester aux commandes de notre pays ad vitam aeternam. L’élection présidentielle qui devait se tenir dans moins de trois semaines est reportée au 15 décembre prochain au motif de risques de troubles et de la nécessité d’organiser un scrutin inclusif donnant la possibilité de réintroduire dans le processus électoral les candidats éliminés — ou spoliés — par le contrôle des parrainages au Conseil constitutionnel. Il s’agit surtout de remettre dans le jeu Karim Meïssa Wade, le candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds). Le parti au pouvoir de 2000 à 2012 a rué très fort dans les brancards après l’invalidation de son candidat pour cause de binationalité et a accusé deux membres du Conseil constitutionnel de « corruption », de « collusion » et de « conflits d’intérêts ». Il a réclamé l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur ces soupçons. De manière fort étrange, le président de la République a demandé à ses députés godillots d’appuyer cette proposition qui a été adoptée en mode fast-track par l’Assemblée nationale.
Et puis ne voilà-t-il pas qu’il apparaissait de manière fort opportune que le Conseil constitutionnel avait laissé passer entre les fines grilles de son tamis une candidate qui disposait de la double nationalité franco-sénégalaise ? Sans compter qu’une quarantaine de candidats s’estimant injustement spoliés et regroupés dans un Collectif réclamaient à corps et à cris la reprise du processus électoral certains d’entre eux demandant même le report de la présidentielle. Cela faisait beaucoup et le président de la République, prenant prétexte de ces graves dysfonctionnements du processus électoral à l’actif surtout du Conseil constitutionnel et des accusations de corruption contre deux magistrats de cette institution mais aussi de la crise institutionnelle ouverte par le refus des deux accusés de déférer à une convocation du Parlement, a décidé d’annuler le décret qu’il avait signé convoquant le corps électoral.
Soyons justes : ces dysfonctionnements sont réels et tout observateur de bonne foi se doit de les reconnaître. L’auteur de ces lignes lui-même s’était fendu d’un éditorial pour clouer au pilori le Conseil constitutionnel dans sa décision injuste et scandaleuse d’écarter Karim Wade sur des bases plus que légères. Avant même que le Pds ne formule de graves accusations contre deux de ses membres, nous avions dit son fait à cette institution. De même, l’élimination de certains candidats de poids et la validation d’autres qui n’avaient même pas pu atteindre le quotient requis pour disposer d’un député à l’Assemblée nationale avaient ajouté à la nébulosité et donné l’impression que le Conseil fonctionnait finalement comme une loterie au petit bonheur la chance. Toutes choses qui font que, pour moi, franchement, le Conseil constitutionnel dans sa composition actuelle est disqualifié pour conduire le processus électoral. Il s’y ajoute que ses membres ont tort de refuser de déférer à la convocation de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale dans la mesure où, en démocratie, la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce par l’intermédiaire de ses représentants. Or, où siègent donc ces représentants si ce n’est au Parlement ? C’est donc à tort que les membres du Conseil constitutionnel, soutenus en cela par leurs pairs de l’UMS, veulent engager un bras de fer avec l’Assemblée nationale car eux ne sont pas élus mais sont des fonctionnaires nommés par le président de la République. Cela n’a rien à voir avec la séparation des pouvoirs puisque les juge eux-mêmes ont le pouvoir de convoquer et même d’écrouer des députés mais aussi n’importe quel citoyen ! Contrairement à ce qui se passe aux USA où les juges sont élus, et où la Justice est donc un Pouvoir, ici ils sont nommés et ne sauraient donc se soustraire au contrôle des représentants du peuple. Surtout qu’il ne s’agit pas de les juger mais juste de les entendre pour éclairer la lanterne du peuple sur des accusations gravissimes les visant.
Pour me résumer, oui donc à la disqualification du Conseil constitutionnel dans sa composition actuelle non pas pour corruption (parce que là je n’en sais rien) mais pour incompétence manifeste dans la conduite du processus électoral. Ce n’est pas pour rien que dans mon éditorial j’écrivais que le Conseil constitutionnel a foutu le bordel dans le pays. Oui aussi pour le report de la présidentielle pour permettre à certains candidats recalés et surtout à Karim Wade de faire partie de la compétition.
Rester dans le temps règlementaire et ne pas permettre à Macky de jouer les prolongations
A partir de là, rien ne va plus car si le président de la République ne reporte le scrutin que pour prolonger son mandat, alors là je dis non. On me reprochera de vouloir une chose et son contraire ! Sans doute mais ce bazar est dû aussi en grande partie au président Macky Sall qui a quand même nommé ces juges constitutionnels incapables de conduire un processus électoral correct. Sans compter que certains le soupçonnent derrière cette profusion de candidatures qui frôlait la centaine au départ ! En réalité, il s’est saisi de ces prétextes nobles consistant à mettre fin à la crise institutionnelle, permettre à l’Assemblée de mener à bien les travaux de sa commission d’enquête et de donner une seconde chance aux candidats recalés, pour se donner le temps d’éliminer les candidats Bassirou Diomaye Faye et Cheikh Tidiane Dièye. Le premier, surtout, risquait de battre à plate couture son candidat visiblement à la traîne dans les intentions de vote. En réalité, la colère du président de la République contre le Conseil constitutionnel a surtout été provoquée par la validation de la candidature des deux porte-étendards du Pastef. Ça, c’était la ligne rouge à ne pas franchir, les membres du Conseil l’ont franchie et se sont attirés les foudres du Président. Qui leur a donc déclaré la guerre et profité de l’occasion pour remettre à plat le processus électoral. Cela passera-t-il par la mise à l’écart d’Amadou Ba au profit d’un autre candidat. Car en réalité, le plan de Macky Sall, c’est l’élimination de tous les candidats de l’opposition radicale au profit de profils « macky-compatibles » ou « benno-solubles ». Exactement comme en 2019 où tous les candidats validés étaient en réalité avec lui. De manière à ce que le bon peuple n’ait pas de véritable choix lors de la prochaine présidentielle.
Tout cela serait bien beau si ces manœuvres n’avaient pas pour but de permettre à Macky Sall de rester au pouvoir au-delà du 02 avril prochain, date légale de la fin de son mandat. Ce jour-là, à minuit, en effet, il ne sera plus président de la République et l’Assemblée nationale ne peut absolument pas prolonger son mandat d’une seule heure. Les députés représentent certes le peuple qui les a élus pour, en son nom, voter des lois, contrôler l’action du gouvernement et évaluer les politiques publiques mises en œuvre par ce dernier. Seulement voilà : l’élection du président de la République au suffrage universel direct ne fait pas partie des mandats donnés par le peuple souverain qui a conservé pour lui ce pouvoir de choisir tous les cinq ou sept ans l’homme ou la femme chargé de présider aux destinées de la Nation. Et les députés ne peuvent pas se substituer aux Sénégalais pour opérer ce choix. Ce qu’ont fait les députés de la majorité soutenus par leurs collègues du Pds avant-hier lundi c’est donc de l’usurpation et ils ont été les instruments du président de la République pour faire son coup d’Etat lui permettant de continuer à conserver le pouvoir au-delà de la date d’échéance de son mandat. Or, on sait tous qu’il ne faut jamais interrompre un processus électoral comme le disait le président François Mitterrand lorsque les généraux algériens conduits par l’alors chef d’état-major Khaled Nezzar avaient pris le pouvoir entre les deux tours des élections législatives de janvier 1992 pour s’opposer à la victoire annoncée du Front Islamique du Salut (FIS). Cela avait marqué le déclenchement de la « décennie noire » au cours de laquelle des milliers d’Algériens avaient été tués dans les affrontements entre l’Armée et les islamistes particulièrement ceux du GIA.
Eviter à tout prix une transition anti-démocratique
Fermons la parenthèse et retour au Sénégal. Même à supposer que le report de l’élection présidentielle voté en toute illégalité (en ce qu’elle prolonge de fait le mandat de l’actuel Président d’un an au moins comme l’avait réussi l’ancien président de la Rdc Joseph Kabila après l’accord de la Saint Sylvestre signé avec l’Opposition sous les auspices de l’Eglise le 31 décembre 2016 et qui lui avait permis d’opérer un « glissement » d’un an supplémentaire) à supposer donc que le report par l’Assemblée nationale soit acté, et qu’il faille mettre en œuvre des réformes du code électoral destinées à améliorer le processus électoral et à rendre le jeu plus inclusif, il reste entendu que l’actuel président de la République serait disqualifié pour conduire la période transitoire allant du 03 avril à l’installation de son successeur. Par conséquent, l’idéal serait de trouver une personnalité civile consensuelle pour diriger le pays pendant cette période tampon. Pour rappel, en 1997, au Congo-Brazzaville, c’est à l’expiration du mandat du président Pascal Lissouba que Denis Sassou Nguesso, son prédécesseur, puissamment soutenu par le groupe pétrolier Elf et aussi la Françafrique, avait accéléré la cadence des affrontements et fait monter en puissance ses milices « Cobras ». Lesquels, avec l’aide décisive de l’armée angolaise, avaient fait fuir Lissouba. Aux yeux de la France, il n’y avait pas eu de coup d’Etat vu que le mandat de ce dernier avait expiré…
Bien évidemment, ma préférence va à une solution civile et je suis convaincu que, d’ici le 02 avril, la résistance des Sénégalais et les pressions internationales contraindront l’autiste Macky Sall à nous rendre bien gentiment ce pouvoir que nous lui avions confié en 2012 pour sept ans avant de lui signer un nouveau bail de cinq ans. Un pouvoir que nous lui serions reconnaissants de bien vouloir nous rendre gentiment…tchi njekk rek.