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23 mai 2025
Par Fadel DIA
L’ONU A-T-ELLE ENCORE SA PLACE À NEW YORK ?
L'arrêt brutal de l’aide américaine sera douloureuse car beaucoup trop de personnes ont commis l’erreur d’en dépendre mais, et c’est le bon côté de cette décision, cela peut mettre fin à plusieurs mythes qui l’entourent
Dans une allocution solennelle prononcée à la télévision nationale à l’occasion de la commémoration de la mort de son père, le roi Mohamed VI a annoncé que le Maroc allait racheter à l’Espagne, l’ensemble des iles Canaries, qui sont, après tout, des terres africaines, pour en faire un Dubaï de l’Atlantique, autrement plus attractif et plus enchanteur que celui du Golfe Persique, et aux portes de l’Europe. Quant aux populations locales, elles seront tout simplement transférées dans le pays dont elles parlent la langue, l’Espagne.
On apprend par ailleurs que le président Poutine a révoqué tous les actes qui avaient abouti à la dissolution de l’URSS en 1991 et qu’en conséquence les pays baltes ou l’Ukraine sont réintégrés dans la Russie et que le pouvoir y sera désormais exercé par des gouverneurs nommés par Moscou. En conséquence Vlodmyr Zelenski est purement et simplement révoqué de ses fonctions.
Enfin, le président Xi Jinping a pris la décision de constituer une Grande Chine et de mettre fin à l’indépendance des états à populations majoritairement chinoises, Taiwan, mais aussi Singapour et la Malaisie. Le cas du Viet Nam et des autres pays de la sous- région sera examiné ultérieurement, après examen du taux de sinité de leurs populations respectives… Fake news stupides ? Absurdités ? Oui, mais d’autres du même acabit polluent les médias depuis plusieurs jours sans qu’on doute de leur authenticité, assurément parce que leur signataire est coutumier des faits. Nous sommes entrés dans l’ère de l’absurdité, celle de la force brutale et du « maa tey », celle du déni des grands principes tant chantés par les pays occidentaux qui s’en sont proclamés les inventeurs et les gestionnaires exclusifs. Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, respect de la dignité de la personne humaine, égalité des hommes et des peuples etc., tous ces grands principes sont aujourd’hui bafoués dans de nombreux pays d’Europe et d’Amérique du Nord, à l’intérieur de leurs frontières et à l’extérieur.
Le « bafoueur » en chef s’appelle Donald Trump et s’il nous inquiète plus que les autres, c’est parce qu’il est capable de tout et aussi parce qu’il peut faire tout ce qu’il a promis de faire, y compris le pire ! Ce n’est pas son principal allié, le seul qui compte à ses yeux et dont on se demande si ce n’est pas surtout son manipulateur, qui l’en dissuaderait. C’est en tout cas une forfaiture que le chef du gouvernement de l’Etat d’Israël adoube ce qui n’est rien d’autre que la réédition des crimes qui constituent l’essentiel du cahier de charge de victimaire de son pays. Netanyahou fait peu cas des paroles d’un de ses éminents compatriotes qui disait que l’une des leçons que les Israéliens d’aujourd’hui devraient tirer des malheurs subis par leurs ancêtres, c’est de faire en sorte que ça ne recommence pour personne!
Mais Donald Trump ne s’en prend pas qu’aux Palestiniens. Il porte aussi l’estocade à tous ceux qui bénéficiaient peu ou prou de l’aide américaine, et dans certains cas, il s’agit d’un acte criminel puisque cela peut mettre en danger la vie de millions de personnes qui en dépendaient, pour leur santé ou leur survie. La suspension, ou plus radicalement l’arrêt, de l’aide américaine au développement sera douloureuse parce qu’elle a été brutale et que, malheureusement, beaucoup trop de personnes ont commis l’erreur d’en dépendre mais, et c’est le bon côté de cette décision, cela peut mettre fin à plusieurs mythes qui l’entourent.
Le premier de ces mythes, c’est de croire que c’est une aide désintéressée et purement humanitaire et le premier à réfuter cette assertion est le mieux placé pour le faire : c’est celui qui tient les ciseaux, c’est le chef du « département de l’efficacité gouvernementale », Elon Musk, qui trouve même qu’elle est « criminelle ». Il est en tout cas de notoriété publique, qu’elle cible des objectifs bien précis, vise à servir d’abord les intérêts stratégiques du bailleur et qu’elle a quelquefois des relents de service de renseignements, voire d’espionnage méthodique. Elle n’est pas non plus, et c’est le deuxième mythe, aussi généreuse qu’on le croit et si elle est importante en chiffres absolus, elle est insignifiante au regard de la richesse américaine. Les Etats-Unis ne viennent qu’au 25ème rang mondial si l’on rapporte leur aide à leur PIB : 0,24%, quand la Norvège est à 1,09% !
Il s’agit enfin d’une aide discrétionnaire puisque, pour les derniers chiffres connus, les 4 pays africains qui figurent dans le top 10 de ses principaux bénéficiaires (Ethiopie, Soudan du Sud, Nigéria, RDC, soit au total près de 470 millions d’habitants) ont reçu, ensemble, bien moins de la moitié de ce qu’a reçu la seule Ukraine, qui compte dix fois moins d’habitants …C’est en tout cas la preuve que ce n’est pas « l’aide » qu’ils apportent aux pays pauvres qui peut empêcher les Etats-Unis d’être « great again ».
Une Amérique arc-boutée sur ses dollars et qui ne rêve que de plages et de terrains de golf, une Amérique opposée à la promotion des droits de l’Homme, à la fourniture d’une aide humanitaire conséquente aux plus démunis, au développement durable et à la garantie du droit international, peut - elle être un abri sûr pour l’Organisation des Nations-Unies ? New York n’avait pas été choisie pour abriter son siège pour des raisons purement logistiques et stratégiques, mais aussi parce qu’au sortir de la deuxième Guerre mondiale, les Etats-Unis représentaient la puissance qui avait vaincu les régimes dictatoriaux et qui prêchait la liberté et l’émancipation des peuples.
Mais aujourd’hui ils ont pratiquement quitté le navire ONU, ils se sont retirés de ses organismes les plus symboliques, dont aucun pourtant ne met en péril le bien-être des Américains, et il n’est même pas exclu qu’ils arrêtent toute contribution à son fonctionnement ! Ils ont à nouveau claqué les portes de l’OMS et de l’UNESCO, bêtes noires de Donald Trump, chargées de veiller sur nos corps et nos esprits, et celles du Conseil des Droits de l’Homme, dont la mission est la promotion et la protection des droits humains les plus fondamentaux.
Ils sont sortis de l’Accord de Paris sur le climat signé sous l’égide de l’ONU et dont l’une des ambitions était de fournir aux pays pauvres les moyens d’atténuer les effets du changement climatique dont les pays développés sont les principaux responsables. Ils ont réduit de façon significative leur contribution au fonctionnement de l’URNWA qui a sous son mandat 6 millions de réfugiés palestiniens, 700 écoles et 500.000 élèves. Ils ont pris des sanctions contre la Cour Pénale Internationale, dont ils ne sont pas membres, au seul motif qu’elle s’est interrogée sur la responsabilité du Premier ministre israélien dans le génocide qui est en cours à Gaza, etc.
Les Etats-Unis de Donald Trump ont donc renié tous les principes qui sont à la base de la création de l’ONU, au point qu’on peut se poser la question de savoir si celle-ci peut décemment maintenir son siège dans la métropole d’un pays qui lui est hostile et qui travaille à la discréditer ! C’est une question que malheureusement personne n’osera poser : si dans leurs salons feutrés les chefs d’Etats et rois du monde entier murmurent que Trump est fou ou vulgaire, aucun n’osera l’admonester, car il leur fait peur, pas seulement parce qu’il est fort, mais aussi parce qu’il peut tout dire et tout faire. Nous sommes revenus au temps de Gengis Khan !
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LA VISION DE CHEIKH ANTA A TRAVERS LES YEUX D’ASSANE DIOP
Cheikh Anta Diop a quitté ce monde il y a 39 ans aujourd’hui. Mais des milliers de jeunes s’identifient encore à son savoir. Assane Diop est l’un d’eux. Il explique l’impact qu’a eu ce brillant intellectuel sur son domaine d’étude.
O. Ndongo, M. Diémé et Pape Abdoulaye Sy (Montage) |
Publication 08/02/2025
Cheikh Anta Diop a quitté ce monde il y a 39 ans aujourd’hui. Mais des milliers de jeunes s’identifient encore à son savoir. Assane Diop est l’un d’eux. Il explique l’impact qu’a eu ce brillant intellectuel sur son domaine d’étude.
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CHEIKH ANTA DIOP ETAIT EN AVANCE SUR SON EPOQUE…
Historien et égyptologue sénégalais, le Pr Aboubacry Moussa LAM, également militant pour les langues nationales, revient largement sur la dimension scientifique du célèbre chercheur sénégalais, dont il fut l’assistant à l’Université de Dakar.
Oumar B. NDONGO et Pape Abdoulaye SY (Montage) |
Publication 08/02/2025
Le Sénégal et la communauté scientifique du monde entier commémorent, ce vendredi 6 février, l’anniversaire du décès de Cheikh Anta Diop. Historien et égyptologue sénégalais, le Pr Aboubacry Moussa LAM, également militant pour les langues nationales, revient largement sur la dimension scientifique du célèbre chercheur sénégalais, dont il fut l’assistant à l’Université de Dakar.
« Cheikh Anta Diop était en avance sur son époque… », a notamment déclaré l’auteur du livre Le Triomphe de Maât dans cet entretien.
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LABORATOIRE CARBONE 14, LE LEGS INTEMPOREL DE CHEIKH ANTA DIOP
Au cœur de l’Université éponyme, Cheikh Anta Diop a laissé un héritage qui ne flétrit pas, malgré le temps qui passe. Le laboratoire carbone 14 vibre toujours au rythme des sciences et du savoir, très chers à l’illustre intellectuel disparu il y a 39 ans
Oumar B. Ndongo et Pape Abdoulaye Sy |
Publication 08/02/2025
Au cœur de l’Université éponyme, Cheikh Anta Diop a laissé un héritage qui ne flétrit pas, malgré le temps qui passe. Le laboratoire carbone 14 vibre toujours au rythme des sciences et du savoir, très chers à l’illustre intellectuel disparu il y a aujourd’hui 39 ans. Visite guidée au cœur de ce trésor national avec le Professeur Maurice Ndeye chef du Laboratoire de Carbone 14 de Cheikh Anta Diop.
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil
LE MINISTÈRE DES PÊCHES CONDAMNE FERMEMENT L’AGRESSION D’UN AGENT DE L’ÉTAT
Le ministère a exprimé son indignation après l’agression d’Amadou Kane, un agent en mission de lutte contre la pêche illicite à Joal dans la nuit du 4 au 5 février. Une enquête a été ouverte.
Le ministère des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires a exprimé sa profonde indignation face aux violences survenues dans la nuit du 4 au 5 février 2025 à Joal, lors d’une opération de lutte contre la pêche illicite des juvéniles.
Au cours de cette intervention, Amadou Kane, un agent du ministère, a été violemment agressé alors qu’il exerçait ses fonctions dans le strict respect de la réglementation en vigueur. Dans un communiqué officiel, le ministère a réaffirmé sa solidarité totale envers l’agent et a dénoncé une attaque injustifiée contre un serviteur de l’État engagé dans la préservation des ressources halieutiques.
Face à cet acte grave, le Gouvernement a rappelé sa fermeté dans la lutte contre la pêche illicite, assurant que des mesures strictes seront prises contre les auteurs et complices de ces violences. Le ministère a également salué la réactivité des forces de défense et de sécurité, notamment la Gendarmerie nationale, qui a immédiatement lancé une traque du principal suspect et procède à l’identification des autres personnes impliquées.
Le ministère a rappelé que la protection des ressources halieutiques est une priorité nationale, soulignant que toute personne impliquée dans la capture, le transport, la détention, la transformation ou la commercialisation des juvéniles s’expose à des sanctions sévères conformément aux lois en vigueur.
Dans cette optique, les autorités comptent renforcer les dispositifs de contrôle et de répression pour mettre un terme aux pratiques destructrices qui mettent en péril l’équilibre de l’écosystème maritime et la pérennité des ressources halieutiques.
Le ministère invite tous les acteurs du secteur de la pêche à respecter scrupuleusement les règles établies, rappelant que seule une exploitation durable des ressources maritimes permettra de garantir la survie du secteur et la préservation des moyens de subsistance des communautés de pêcheurs.
PAR ISMAILA DIALLO
S’AFFRANCHIR DE LA DÉPENDANCE
Il y a des moments dans l’histoire d’un peuple où l’épreuve devient l’étincelle du renouveau. La suspension de financements étrangers, notamment ceux décidés par l’administration Trump, sonne pour le Sénégal comme un électrochoc brutal mais nécessaire.
Il y a des moments dans l’histoire d’un peuple où l’épreuve devient l’étincelle du renouveau. La suspension de financements étrangers, notamment ceux décidés par l’administration Trump, sonne pour le Sénégal comme un électrochoc brutal mais nécessaire. Pendant des décennies, nous avons vécu sous perfusion, croyant que l’aide extérieure était une solution alors qu’elle n’était qu’un poison lent, un piège doré qui nous a maintenus dans la soumission et la précarité.
Mais aujourd’hui, l’illusion se dissipe. Nous sommes face à une vérité implacable : personne ne viendra nous sauver. Personne ne construira notre avenir à notre place. La dépendance nous a enfermés dans un cycle vicieux où nous empruntions pour rembourser des dettes, où nos ressources étaient pillées tandis que nous restions spectateurs de notre propre appauvrissement.
Le Premier ministre Ousmane Sonko l’a dit avec force : notre développement doit être endogène. Ce n’est plus une simple option, c’est un impératif vital. Il est temps de rompre avec cette fatalité économique qui nous condamne à tendre la main. Il est temps d’ouvrir les yeux sur nos propres richesses, sur notre potentiel inexploré. L’industrialisation n’est pas un rêve lointain, elle doit être une réalité immédiate. Nos ressources naturelles, notre jeunesse dynamique, notre intelligence collective sont les véritables leviers de notre prospérité.
Mais pour cela, il faut un changement radical. Il faut briser les chaînes de la corruption qui gangrène nos institutions. Il faut traquer l’évasion fiscale, bloquer les fuites de capitaux, récupérer chaque franc volé au peuple sénégalais. Chaque entreprise, chaque citoyen doit comprendre que l’intérêt national prime sur les intérêts personnels. Ce combat est celui de la dignité, de la souveraineté et de la justice.
L’histoire nous observe. Sommes-nous prêts à écrire un nouveau chapitre ? Un chapitre où le Sénégal ne sera plus un mendiant du monde, mais un bâtisseur de son propre destin ? Un chapitre où nous transformerons nos matières premières au lieu de les exporter brutes pour enrichir d’autres nations ?
La réponse ne viendra pas d’ailleurs. Elle est en nous. Le choix nous appartient : subir ou se relever.
Et cette fois, nous avons l’obligation de nous relever.
PAR MANSOUR FAYE
SCANDALEUSE DÉCISION PAR ARROGANCE ET IGNORANCE
La récente conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’OMVG à Banjul continue de faire des vagues. L'ancien ministre dénonce une décision, qui, selon lui, compromet les intérêts stratégiques du Sénégal dans le projet énergétique régional.
La conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’OMVG s’est tenue récemment à Banjul où le Senegal était représenté par son Premier ministre. Pour rappel, cette instance est la plus haute dans l’architecture de la gouvernance du système. Entre autres prérogatives, par résolution, elle peut décider définitivement des points d’échanges ayant connu des blocages, pour diverses raisons, au niveau de l’instance du conseil des Ministres de l’organisme.
Je précise que l’OMVG, comme l’OMVS, fonctionne, par consensus à toutes les échelles et pour tous les sujets. Les projets initiés par les pays membres les engagent sur l’endettement et le partage du productible, selon une clé de répartition définie de commun accord.
L’OMVG a initié un projet Energie qui a deux composantes:
- un réseau de transport (appelé ligne d’interconnexion ou autoroutes de l’électricité) de plus de 1700 km, dont le financement dépasse les 700 millions USD;
- l’aménagement hydroélectrique de Sambangalou pour la production d’énergie d’environ 128 Mégawatts et le régulation du fleuve Gambie avec un financement de près de 400 Millions d’euros.
L’exploitation de la production (comme d’habitude) nécessite la création d’une société d’exploitation et de gestion.
C’est ainsi que la SOGESART a été créée.
Lors du processus de négociations pour sa mise en œuvre, il était clairement défini que le Sénégal se positionnerait pour abriter le Siège (probablement à Kedougou) mais surtout prendre le poste de Directeur Général, tout au moins durant la période de remboursement de l’investissement.
Je rappelle que le Senegal, étant le seul pays membre éligible au niveau des partenaires financiers, s’est porté garant de l’endettement de ce projet.
À Banjul, notre frivole tout Puissant Son Altesse Sérénissime « demi-dieu », faisant fi des conseils et suggestions des experts du secteur, aurait pris la décision catastrophique et incompréhensible de ne se contenter que du poste de SG, laissant ainsi les choix du siège et du DG aux deux autres pays membres.
Il semble ignorer que le SG d’une structure d’exécution n’a aucune influence sur les décisions ou la gestion du DG.
La seule question atone qui l’intéressait, était celle relative à l’exonération ou non sur l’accord de siège, nonobstant tous les autres avantages. Thieyy….la fiscalité, toujours la fiscalité…j’ai encore vraiment peur pour notre pays!
En tout de état de cause, le Sénégal n’aura aucune maîtrise sur la viabilité et la rentabilité de la SOGESART. Le risque réel que la garantie donnée par notre pays soit appelée , n’est pas à écarter. Aujourd'hui, tous les acteurs sénégalais du secteur sont effarés et désolés au plus haut point.
Dommage pour notre pays qui subit les conséquences de cette hérésie qui entraîne d'énormes pertes d'opportunités, notamment des emplois; mais pire encore, des risques inutiles de remboursement de centaines de millions de US dollars.
Ah! Quelle vision limitée et .... patriotique!
PAR DR NGAGNE FALL
PUBLICATION DE LA LISTE DES MÉDIAS RECONNUS, ENTRE CONFUSION ET INCOHÉRENCE
Ce travail de reconnaissance en vue d’une régulation efficace et dynamique des médias aurait gagné en fiabilité et en transparence si le MCTN avait pris le temps d’étudier le secteur en profondeur
La volonté du MCTN de réguler le secteur des médias est à saluer car les reformes ont été menées à un temps record dans un but d’assainir l’écosystème médiatique qui est en souffrance depuis plusieurs années, cependant il convient aussi de relever quelques observations qui pourraient aider à mieux affiner la démarche. Le ministère a publié une liste pour chaque catégorie de médias jugés conforme aux dispositions du code de la presse. La liste telle que publiée donne l’impression que nous disposons de cinq catégories de médias, à savoir les télévisions, les radios généralistes, la presse écrite, les radios communautaires, la presse en ligne et les Webtv. Cette classification semble ignorer la spécificité de chaque média et rend difficile le travail de reconnaissance et de régulation.
D’abord concernant les télévisions, un travail de fond aurait permis de faire la différence entre les types de télévisions, sur la même liste, on mélange les télévisions généralistes (Tfm, Waltv, 2stv…), les télévisions régionales (Saloum tv), les télévisions religieuses (Touba tv Mourchid tv, Médina Baye tv) et les chaînes internationales (F24, China tv). Ces chaînes découlent certes du modèle de flot (programme de flux), mais elles appartiennent à des catégories différentes tant dans le mode de financement que dans la régulation. En les regroupant sur une même liste, on leur attribue des fonctions et des missions similaires.
Pourquoi c’est important, si on applique le code de la presse dans toute sa rigueur, les télévisions religieuses ne devraient jamais figurer sur la liste, car l’article 144 du code la presse précise qu’« aucune licence ne peut être accordée à un parti politique, à une alliance ou groupe de partis politiques, à une ethnie ou à un groupe d'ethnies et à une communauté́ religieuse. » Sur la liste y figurent au moins 7 chaînes religieuses et une chaîne appartenant à un groupe ethnique. Donc, sur le tableau présenté, seulement 7 chaînes sont des télévisions généralistes qui se distinguent des autres de par leur portée générale et leur valeur informationnelle.
Le même constat sur la liste des radios enregistrées ou on mélange les radios généralistes, commerciales (Rfm, Walfm, Sudfm...), les radios musicales(Vibe radio), les radios internationales et quelques stations qui devraient figurer sur la liste des radios communautaires (Zigfm, Alfayda fm). Dans certains cas, on ne fait pas de différence entre groupes de presse et le support appartenant au même groupe de presse. Dans la catégorie radios enregistrée, on cite Emedia, Groupe futurs média Walfadri qui ne sont pas des radios mais des groupes ou entreprises de presse regroupant plusieurs supports médiatiques.
Le même mélange de genre est constaté sur la liste des médias en ligne. La démarche pose problème, vu, les exigences du code la presse, on ne peut pas mesurer la conformité d’un média en ligne par le simple fait d’un dépôt de dossier. Le code précise que le média en ligne doit employer, à titre régulier, au moins trois (3) journalistes, En outre, l’entreprise de presse en ligne doit disposer d’un directeur de publication et d’un rédacteur en chef justifiant respectivement d’au moins dix (10) années et sept (07) années d’expérience professionnelle. Le médias doit mettre, à disposition du public, un contenu original, composé d’informations présentant un lien avec l’actualité et ayant fait l’objet, au sein du service de presse en ligne, d’un traitement à caractère journalistique, notamment dans la recherche, la vérification et la mise en forme de ces informations. Au vu de ces exigences, on ne peut pas définir la conformité de ces médias en ligne sans faire une analyse de contenu des sites concernés pour évaluer la nature et la valeur journalistique des informations diffusées.
Ce travail de reconnaissance en vue d’une régulation efficace et dynamique des médias aurait gagné en fiabilité et en transparence si le MCTN avait pris le temps d’étudier le secteur en profondeur. Avec le bouleversement numérique, le travail de régulation des médias est devenu très complexe, des études sérieuses ou une simple consultation des travaux universitaires en amont auraient pu permettre une bonne compréhension et une meilleure appréhension des enjeux du secteur des médias.