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4 juillet 2025
ENJEUX DE LA PRESIDENTIELLE AMERICAINE
Qui pourrait bénéficier du contexte Black Lives Matter ? Qu'en est-il de l'électorat afro-américain ? Quelle place pour l'Afrique ? L'analyste politique, René Lake, est au micro de la West Africa Democracy Radio
Qui pourrait bénéficier du contexte Black Lives Matter ? Qu'en est-il de l'électorat afro-américain ? Quelle place pour l'Afrique ? L'analyste politique, René Lake, est au micro de Rudolph Karl de la West Africa Democracy Radio. Entretien à suivre en toute fin de journal.
L’UNIVERSITÉ DE THIÈS PORTERA LE NOM DE IBA DER THIAM
Macky Sall était, cet après-midi, à la maison du défunt Iba Der Thiam pour présenter ses condoléance. Il a aussi annoncé que l’université de Thiès portera le nom du professeur
Le président de la République, Macky Sall était, cet après-midi, à la maison du défunt Iba Der Thiam pour présenter ses condoléances. Une occasion qu’il a saisie pour annoncer une décision de taille qu’il a prise. Il a annoncé que l’université de Thiès portera le nom du professeur Iba Der Thiam, décédé à l’âge de 83 ans des suites d’une courte maladie.
Agrégé en histoire moderne et contemporaine, il a enseigné à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar du début des années 1980 jusqu’à sa retraite en 2006 et a fait partie du comité de l’Unesco pour la rédaction de l’histoire générale de l’Afrique. Ministre de l’éducation nationale (1983-1988), Iba Der Thiam a été candidat malheureux à la présidentielle de 1993 et plusieurs fois député à l’Assemblée nationale. Depuis 2013, Iba Der Thiam dirigeait le comité pour la rédaction, toujours en cours, de l’histoire générale du Sénégal, un projet visant à « décoloniser » la vision du passé de cette ancienne colonie française d’Afrique de l’Ouest.
PLUS DE 500 MILLIONS DE FRANCS DE PÉKIN POUR LUTTER CONTRE LA MALNUTRITION
Le Sénégal figure parmi les six pays africains bénéficiaires d’un don de 564 millions de francs Cfa destinés à appuyer les efforts de lutte de l’UNICEF contre la malnutrition aigüe sévère dans un contexte de pandémie de Covid-19
Dakar, 3 nov (APS) – Le Sénégal figure parmi les six pays africains bénéficiaires d’un don de 564 millions de francs Cfa destinés à appuyer les efforts de lutte de l’UNICEF contre la malnutrition aigüe sévère dans un contexte de pandémie de Covid-19, a appris l’APS mardi.
’’Dans le cadre de la riposte contre le COVID-19, la Chine a fait un don de 564 millions de Frcfa pour accélérer les efforts de l’UNICEF pour améliorer la prise en charge des enfants souffrant de malnutrition aigüe sévère’’, rapporte un communiqué.
Le Sénégal est l’un des six pays bénéficiaires de ce soutien financier dans le cadre de la coopération entre l’UNICEF et la Chine contre la COVID-19 à travers le mécanisme du Fonds d’assistance à la coopération Sud-Sud de la Chine, indique le texte.
Il précise que l’UNICEF va continuer à appuyer dans le cadre de ce partenariat les efforts du Gouvernement dans la prise en charge de la malnutrition en garantissant la fourniture des intrants nutritionnels tels que les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi et des médicaments essentiels.
Il est attendu de la matérialisation de ce partenariat, la prise en charge de 17.355 enfants âgés de moins de cinq ans, souligne le communiqué qui ajoute qu’au au moins cinq régions du Nord et de l’Est du Sénégal, les plus touchées par la malnutrition aigüe sévère seront ciblées notamment, Diourbel, Louga, Matam, Tambacounda et Saint Louis.
La pandémie de COVID-19 a amplifié le risque de malnutrition chez les enfants, en raison de la détérioration de la qualité de leur alimentation, du manque d’accès à des services de nutrition et d’autres services de soins, et des chocs provoqués par la pandémie.
’’Nous devons agir et refuser que la COVID-19, la faim et la malnutrition ne deviennent un cercle vicieux impactant la vie des enfants issus des ménages les plus vulnérables’’, a déclaré, la Représentante de l’UNICEF au Sénégal, Silvia Danailov cité dans le communiqué.
Elle a remercié la Chine pour avoir mobiliser des fonds importants pour appuyer leurs efforts déployés aux côtés de l’Etat, toute en précisant que ce don contribuera à l’amélioration de la survie des enfants.
De son côté, l’Ambassadeur de Chine au Sénégal, XIAO Han, a salué le travail de l’UNICEF dans le monde et au Sénégal, en soulignant la fierté de son pays à mettre en place des partenariats avec les Nations Unies pour soutenir d’autres pays.
’’La Chine s’engage travailler en étroite collaboration avec l’UNICEF pour assurer une mise en œuvre harmonieuse de ce financement, au profit des enfants du Sénégal’’, a rappelé le diplomate.
LES PERSPECTIVES DE RÉFORME PRÉSENTÉES AUX ACTEURS DU SECTEUR
Le ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, a présenté mardi aux acteurs du secteur les mesures prises par le gouvernement en vue d’accompagner et de soutenir la relance du tourisme
Dakar, 3 nov (APS) – Le ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, a présenté mardi aux acteurs du secteur les mesures prises par le gouvernement en vue d’accompagner et de soutenir la relance du tourisme impacté par la crise sanitaire née de la pandémie du nouveau coronavirus.
‘’Le ministre a engagé ses services à entamer rapidement la réforme des textes du Conseil Sénégalais du Tourisme en vue de porter le mandat de son président de 3 à 5 ans et d’assurer une représentation plus accentuée du secteur privé au sein du Conseil de Surveillance de l’ASPT ainsi que dans le Conseil d’Administration de la SAPCO’’, peut-on lire dans un communiqué parvenu à l’APS.
Alioune Sarr rencontrait, mardi, les acteurs du secteur privé touristique regroupés au sein de la Fédération des Organisations Patronales de l’Industrie Touristique du Sénégal (FOPITS), pour une séance de travail tenue à Diamniadio.
Revenant sur les conclusions issues de cette rencontre, Alioune Sarr a promis l’élaboration et la présentation à l’Assemblée nationale, en 2021, d’un projet de modification de la loi sur la ‘’Taxe Spéciale Touristique’’ dans le but de ’’renforcer les ressources allouées à la promotion touristique conformément à la norme OMT’’.
Selon lui, cette taxe fixe les budgets de promotion à 3, 8% des recettes générées par le secteur.
Il a également demandé à ses services d’engager les diligences nécessaires avec les ministères concernés pour alléger les coûts de production et d’exploitation, en particulier l’eau et l’électricité’’.
Il s’agit, d’après lui ‘’d’accorder au secteur de l’hôtellerie, des tarifs industriels pour l’électricité et maraîchers pour l’eau’’, souligne le communiqué.
ABDOULAYE DIEYE, PRESIDENT DU MOUVEMENT SIGGI JOTNA, EN PHASE AVEC MACKY SALL
« L’Acte posé par le Président Macky Sall m’agrée parfaitement car l’intérêt supérieur du Sénégal prime sur les ambitions, calculs et calendriers personnels »
« L’Acte posé par le Président Macky Sall m’agrée parfaitement car l’intérêt supérieur du Sénégal prime sur les ambitions, calculs et calendriers personnels »
Incontournable dans le landerneau politique de la région de Thiès où il a fini de marquer son territoire, singulièrement dans le giron restreint des souteneurs distingués du Président Macky Sall à travers son mouvement Siggi Jotna, Abdoulaye Dièye s’arroge le devoir de se prononcer sur le rapprochement, qui fait beaucoup jaser, entre le Président Macky Sall et le leader de Rewmi qu’il vient de porter à la tête du Conseil Economique Social et Environnemental.
Il est des moments dans la marche d’une nation où se taire équivaut à adopter l’attitude stérile et improductive du spectateur. Président du mouvement Siggi Jotna, Abdoulaye Dièye aurait sans doute quelque chose à se reprocher en se gardant de se prononcer sur l’acte récemment posé par le Président Macky Sall qui a consisté à nommer Monsieur Idrissa Seck, le président du parti Rewmi, à la tête du Conseil Economique Social et Environnemental pour deux principales raisons : Abdoulaye Dieye partage le même champ d’évolution politique avec le tout nouveau président du Cese. Il est également épris du Président Macky Sall à la réélection duquel il a contribué par un soutien désintéressé lors de la dernière élection présidentielle. Il se dit en phase avec lui: « Je me reconnais parfaitement dans l’altruisme du Président de la République. Le Sénégal est un pays stable et rien ni personne ne l’oblige à recruter dans l’opposition des sénégalais compétents et soucieux du devenir de leur nation pour les associer dans la conduite des affaires publiques. Ce qui fait qu’au-delà des réactions épidermiques et des propos des analystes bien-pensants tendant à confiner l’acte qu' il a posé sous la perception simpliste et caricaturant de l’aboutissement d’un deal politique, je conçois la posture du Président Macky Sall sous le prisme d’un souci de s’entourer de toutes les compétences possibles pour que son noble ambition de mener le Sénégal à bon port se réalise sans anicroches.
L'Acte qu'il a posé m'agree parfaitement car l'intérêt Supérieur de la nation qui le soutend prime sur les calculs, ambitions et calendriers politiciens ». Revêtant sa casquette d'Administrateur de société, Abdoulaye Dièye convoque l’angle économique pour légitimer la trouvaille politique de son mentor. « Sous l’impulsion et l’entregent du Président Macky Sall, le Sénégal était sur le bon chemin économique avec une croissance jamais atteinte de plus de 6%. Malheureusement le facteur exogène de la Covid-19 est venu tout plomber. Depuis un certain temps aussi, on assiste à la recrudescence du phénomène de l’émigration clandestine qui prend des proportions inquiétantes avec son lot de morts symptomatique d'une crise économique généralisée.
Faudrait-il, pour autant, croiser les bras et faire dans le fatalisme face aux crises de toutes sortes où les affronter pour essayer de les surmonter ? Comme réponse à son propre questionnement, Abdoulaye Dièye fait relever que : « C’est de ce point de vue qu’il faut comprendre l’acte fort posé par le Président Macky Sall. L’On se focalise sur Idrissa Seck du fait de son envergure politique mais il y y’a en aura d’autres qui ne sont d’aucune obédience politique prêts à répondre à l’appel de la patrie. Il en sera ainsi jusqu’à ce que le Président s’entoure de la meilleure équipe possible capable de traduire rapidement en actes les aspirations légitimes du peuple sénégalais.
Tout ceci me fonde à dire qu'il n’est mû que par l’ambition de l’émergence du Sénégal qui me parait beaucoup plus importante que nos personnes et notre devenir politique ».
Martèle avec force le responsable de la coalition présidentielle à Thiès.
POINT SUR LA PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE À LA MI-JOURNÉE
L'analyste politique René Lake et le professeur Jean François Seznec, commentent sur VOA, le déroulé du scrutin dont la participation pourrrait battre des records
L'analyste politique, René Lake et le professeur d'université de Georgetown Jean François Seznec, commentent sur VOA, le déroulé du scrutin dont la participation pourrrait battre des records.
par l'éditorialiste de seneplus, Alymana Bathily
LES USA DE DONALD TRUMP, LA DÉMOCRATIE EN DANGER
EXCLUSIF SENEPLUS - La stratégie du président des Etats-Unis consiste à créer une situation telle qu’il ait un contentieux électoral et que l’issue de l’élection soit décidée par la Cour Suprême
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 03/11/2020
Le système politique engendré par la Constitution des Etats-Unis de 1887 repose sur quelques fondements dont un présidentialisme tempéré par l’indépendance de la justice, la reconnaissance des libertés, notamment des minorités et des émigrés et une presse indépendante et pluraliste.
Or ce qu’on pourrait appeler le Trumpisme est précisément une remise en cause au plan idéologique et au plan pratique de ces fondements à travers des actes qu’on croyait jusque-là l’apanage des « démocraties » immatures du Tiers Monde.
Concernant l’indépendance de la justice, Il y a de nombreux cas où le président est intervenu directement pour la contrarier. Il n’a pas hésité par exemple à s’en prendre directement au système judiciaire quand son ami et employé Roger Stone a été condamné à 40 mois de prison pour faux témoignage et obstruction de la justice en relation avec l’affaire de collusion entre la campagne du candidat Trump et la Russie .
Auparavant le ministère de la Justice s’était dessaisi du dossier d’accusation contre un conseiller du président (Michael T. Flynn) qui avait pourtant reconnu avoir menti au FBI, ce qui est généralement considéré comme un crime grave aux Etats-Unis.
Par ailleurs, un procureur fédéral, M.Geoffrey S.Berman qui avait initié des enquêtes contre les avocats personnels de M.Trump (M. Michael D. Cohen et Rudolph W. Giuliani) a été purement et simplement relevé de ses fonctions.
Ces interventions directes de l’Exécutif dans le fonctionnement de la justice caractéristique de démocraties du Tiers Monde, ont été vécues aux Etats-Unis particulièrement dans les milieux intellectuels et judiciaires comme des atteintes graves à l’équilibre des pouvoirs.
Le Juge Paul. L. Friedman, secrétaire général de l’American Law Institute, un institut de recherche et de plaidoyer en matière de justice, estime que Donald Trump « semble penser que les tribunaux sont des obstacles qu’il faut attaquer et renverser et non pas une branche du pouvoir politique qu’il faut respecter même quand on est en désaccord avec ses décisions ».
Par ailleurs, le président Trump a totalement remis en cause le consensus national en vigueur depuis les mouvements pour les droits civiques des années 1960/1970, favorable à la mise en œuvre effective des revendications sociales, économiques et culturelles des Africains Américains et des autres minorités raciales et culturelles.
S’il est vrai que la situation sociale et économique des Africains Américains est le fait de plusieurs décennies de racisme systémique, le président Trump n’a pas contribué à l’améliorer spécifiquement. Si bien que les Africains Américains sont encore au bas de la société américaine sur plusieurs plans.
Omari Swinton, directeur du département d’économie à l’Université Howard indique ainsi que « les Noirs américains sont 10 fois plus pauvres que les Blancs américains, ils gagnent des revenus annuels 40 % moins élevés que les Blancs. Et ils ont 2,6 fois plus de risques de vivre sous le seuil de la pauvreté… »
En 2019, seuls 26.1% de la population africaine américaine âgée de 18 ans et plus, détient un diplôme universitaire contre 40.1% des Blancs.
S’il a été amené à un moment à condamner " les nationalistes blancs, les suprématistes blancs, le Ku Klux Klan, les néonazis et les autres groupes prônant la haine", il a de suite tempéré son propos en ajoutant :"vous avez aussi des mecs plutôt méchants de l’autre côté". Entendez du côté des manifestants contre le racisme.
Lors du premier débat de l’élection présidentielle en cours, face à son challenger Joe Biden, il s’est refusé tout net à condamner « les suprématistes blancs », pointant du doigt « la gauche » et appelant le groupe suprématiste « Proud Boys « à se tenir prêts ».
On se croirait dans l’Afrique du Sud des années 1980 avec la montée du mouvement néo-nazi « Mouvement de Résistance Afrikaner AWB » d’Eugène Terre’ Blanche et le premier ministre Pieter Botha incapable de rompre franchement avec l’apartheid.
Pour ce qui est des émigrés, il s’en est tour à tour et régulièrement pris aux Mexicains, aux Porto Ricains, aux réfugiés syriens, aux Africains, aux femmes députés « de couleur » notamment. On se souvient qu’il a mis en place à un moment des restrictions de visas, visant spécifiquement plusieurs pays musulmans dont le Nigeria, la Tanzanie et l’Erythrée. Il a tenté de mettre fin au programme qui protège de la déportation les « Dreamers », ces émigrés arrivés aux Etats-Unis en bas âge et qui y ont grandi. Michael Waltman, un professeur de Communication à l’Université de Caroline du Nord, estime que « sa politique (la politique du président Trump) en matière d’émigration est basée essentiellement sur la xénophobie ».
Concernant les médias et le pluralisme de l’information, le « trumpisme » s’est mis dès l’accession de M. Trump à la Maison Blanche à attaquer la « presse mainstream », en particulier le New York Times, CNN et le Washington Post, qualifiée « d’ennemis du peuple » et de propagateurs de « fake news ».
Dans le même temps, il se constitue lui-même en média alternatif, à travers son compte Twitter, devenu de fait la première agence d’information du pays tout en faisant la promotion des médias d’extrême droite (principalement Fox News) et des médias dits « alternatifs » diffusant une « information alternative » construite en fait à partir de positions idéologiques d’extrême droite et de « théories du complot ».
Le président Trump a ainsi semé la confusion dans les esprits de nombreux américains et les a dressé contre la République et la démocratie telle que compris et pratiqués jusqu’à présent.
Que se passera-t-il le 3 Novembre et les jours d’après ?
Cette question se pose en effet avec acuité puisque au bout de quatre ans de Trumpisme, les Américains sont divisés non pas simplement en Républicains et Démocrates mais en deux camps qui se voient comme diamétralement antagonistes et irréconciliables.
La question se pose d’autant plus que le président de la République a utilisé la campagne électorale pour jeter le doute sur la sincérité du scrutin et fait encore monter la tension à travers le pays. Il a ainsi lui-même dénoncé d’avance les résultats de l’élection qui seraient le fait de « fraudes massives » s’ils ne lui étaient pas favorables, appelant pratiquement à la désobéissance civile.
En outre, ses juristes et législateurs ont introduit une série d’amendements pour que les bulletins de vote envoyés par la poste ne soient pris en compte que s’ils arrivent aux lieux de dépouillement le 3 novembre et non plus s’ils ont été affranchis avant cette date. Ceci permettrait compte tenu de la lenteur des services postaux, d’éliminer un certain nombre de votes.
Par ailleurs, il faut se rappeler que l’administration Trump s’est bien gardée de revenir sur les dispositions anciennes qui suspendent le droit de vote des personnes qui ont été condamnées pour un quelconque forfait, même après avoir purgé leurs peines. Ceci a affecté 6 millions d’Américains en 2016 dont une proportion importante de Noirs.
Ainsi, il apparaît que la stratégie du président des Etats-Unis consiste en fait à créer une situation telle qu’il ait un contentieux électoral et que l’issue de l’élection soit décidée par la Cour Suprême. Il l’a d’ailleurs déclaré sans ambages, il y a un mois : « je pense que ça finira à la Cour Suprême », disait-il.
On comprend dès lors pourquoi le camp du président a imposé la nomination en « fast track » d’un nouveau juge conservateur à la Cour Suprême, à quelques jours seulement de l’élection présidentielle. Il s’agit de constituer un bloc de 6 juges conservateurs face à trois progressistes.
Le chaos après les élections ?
Le dernier rapport Rasmussen publié en juin dernier, indique que 34% des électeurs américains, dont 40% de démocrates, s’attendent à une guerre civile dans les cinq années.
Marie Kaplan, historienne américaine, professeur de littérature française à Yale, autrice de « Turbulences USA, 2016-2020 », s’interroge au micro de France Culture, « sur ce qui se passerait en cas de défaite du président à l’élection du 3 novembre » et évoque même le spectre d’un coup d’état.
« Devons-nous nous préparer à des protestations dont l’ampleur dépasserait tout ce que l’Amérique a connu ? Avant les coups d’Etat, c’était toujours ceux des autres ».
EXCLUSIF SENEPLUS - Alassane Ouattara donne un sens bien nouveau à son slogan de campagne. Du champ sémantique du folklore électoral ouest-africain, il glisse au glossaire de la tragédie politique africaine
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 03/11/2020
Candidat à un troisième mandat contestable et contesté à la tête de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a fini d’installer la chienlit dans le pays qu’il dirige d’une main de fer depuis dix ans. À la violence meurtrière de ces dernières semaines s’ajoutent depuis le samedi 31 octobre 2020 la crise politique et institutionnelle.
Au cours des mois qui ont précédé l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, Alassane Ouattara le président ivoirien sortant, « candidat contre son gré » à un troisième mandat à la tête du pays n’a cessé de répéter qu’il va être élu au premier tour. Ses soutiens en ont fait un slogan : un coup KO ! KO est un anglicisme, synonyme de knock-out qui désigne en boxe la mise à terre plus de dix secondes d’un combattant à la suite d’un coup. L’utilisation de ce terme dans le lexique politique n’est pas nouvelle. En 2011, Yayi Boni l’avait utilisé dans sa campagne victorieuse à la présidentielle béninoise. Lui-même s’était sans doute inspirer de la campagne électorale du Parti socialiste et de son candidat Abdou Diouf à la présidentielle 2000 au Sénégal. Ceux-là n’avaient pas été très inspirés puisque Diouf avait perdu au second tour contre Abdoulaye Wade. Les socialistes sénégalais avaient débuté leur campagne très tôt, … quatre ans avant le scrutin ! Le 30 mars 1996, le 13ème Congrès décidait d’être « sans débat », désignait Abdou Diouf comme candidat et lui promettait la victoire « dès le premier tour ». Comme, pour donner raison à la célèbre réflexion de Virgile « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre », de 1996 à Février 2020, ils ont répété ad nauseam leur slogan ! En février-mars 2000, la perspective du deuxième tour avait eût raison de leurs débatteurs les plus chevronnés. Certains d’entre eux déclenchaient l’hilarité sur les plateaux de télévision et dans les studios de radio en parlant de gagner … « dès le second tour » !
En marche vers la « catastrophe »
Le slogan d’Alassane Ouattara n’est donc pas bien original. Cependant, à l’expérience on constate qu’il lui donne un sens bien nouveau. Du champ sémantique du folklore électoral ouest-africain, il glisse au glossaire de la tragédie politique africaine. Au Sénégal en l’an 2000, comme au Bénin en 2011, les processus électoraux s’étaient achevés par des chants et danses pour les vainqueurs. Abdou Diouf avait appelé Abdoulaye Wade pour le féliciter. Rien de tout cela en Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara que la France a installé au pouvoir en avril 2011 à coups de bombe sur des populations civiles, au prétexte d’œuvrer pour « la démocratie en Afrique » a mis en place tous les ingrédients du chaos.
Omar Gueye recoit Honorat de Yedagne ancien directeur général de Franternité Matin dans objection pour parler de la présidentielle en Cote d'Ivoire
par Nioxor Tine
REMANIEMENT, REPLÂTRAGE OU PURGE ?
Au lieu d’organiser sa formation politique et de structurer la coalition qui soutient son action politique, le président semble plutôt promouvoir la docilité et le dévouement aveugle chez ses collaborateurs
Le récent remaniement ministériel entre dans la longue série de comportements politiques irrationnels auxquels nous a habitué le régime de Benno Bokk Yakaar depuis la prétendue réélection de son président en Février 2019.
Comment, en effet, expliquer le fait qu’un candidat sortant censé être réélu avec une majorité confortable de 58%, appelle au dialogue, avant même la proclamation définitive des résultats de l’élection ? Qu’est-ce qui justifie le peu d’empressement de la Coalition présidentielle à confirmer la majorité confortable obtenue par son leader, en organisant des élections locales, le plus tôt possible ? Pourquoi cette persistance dans les errements (violations des droits de l’homme, atteintes aux libertés, floraison de scandales fonciers, impunité pour les auteurs de crimes économiques proches du pouvoir...), en lieu et place d’une rectification de l’orientation politique initiale ?
En appelant au dialogue politique, juste après sa réélection contestée, le président Sall donnait, malgré tout, l’impression de vouloir faire amende honorable et de vouloir terminer son dernier mandat en sortant par la grande porte.
Malheureusement, force est de constater que, depuis lors, son comportement politique exhale de forts relents d’intrigues pour lui permettre, sinon de postuler pour un troisième mandat, tout au moins d’assurer ses arrières en se choisissant un dauphin dévoué.
En définitive, l’appel au dialogue, loin d’être sincère, visait plutôt à décrisper une atmosphère post-électorale lourde, du fait de sa victoire usurpée grâce à des artifices plus que douteux (emprisonnements et exil de rivaux politiques, loi sur parrainage citoyen, tripatouillages du fichier électoral et même celui d’état-civil...).
Jusqu’à présent, aucune date n’a été retenue pour la tenue des Locales, avec en perspective, un chamboulement suspect du calendrier républicain cachant des desseins inavoués. Il est vrai que la majorité actuelle court le risque de réaliser des scores moins probants qu’aux présidentielles truquées, sans oublier la possibilité d’émergence de puissants leaders locaux (syndrome de Khalifa Sall), qui pourraient mettre à mal la cohésion de cette majorité unanimiste et grégaire. Il faut comprendre la philosophie de la coalition Benno, qui consiste à ne laisser aucune tête émerger, en dehors de celle du leader bien-aimé. Certains des ministres remerciés lors de ce remaniement, aux allures de purges, savent à quoi s’en tenir !
Au lieu d’organiser sa formation politique et de structurer la coalition qui soutient son action politique, le président semble plutôt promouvoir la docilité et le dévouement aveugle chez ses collaborateurs et alliés, auxquels on restreint les libertés d’agir, de parler et même de penser, sous peine d’être défenestrés.
Pendant ce temps, on lance des clins d’œil suggestifs à l’opposition modérée, avec laquelle on finit par se réconcilier, grâce à l’intermédiation de notabilités religieuses. Ainsi donc, en nommant M. Idrissa Seck, arrivé deuxième à la présidentielle de 2019, à la tête du C.E.S.E, on l’a contraint à changer ses projets.
Lui qui aspirait, il y a peu, à devenir le chef de l’opposition politique dans notre pays, va surseoir - tout au moins provisoirement – à ses ambitions présidentielles et se satisfaire de la station de président de la quatrième institution du pays.
Il s’agirait, selon lui, d’aider le pouvoir à faire face aux conséquences économiques dévastatrices de la Covid-19 et aux menaces sécuritaires, qui agitent notre sous-région.
Les mauvaises langues susurrent qu’on lui aurait plutôt fait miroiter une éventuelle station de dauphin, dans le cadre d’une majorité réaménagée, au cas où le contexte sociopolitique en pleine mutation au niveau de la sous-région ne permettrait plus la matérialisation d’une troisième candidature de l’actuel locataire du palais présidentiel.
En réalité, le récent remaniement du gouvernement ne fait que confirmer la vraie nature du régime du président Sall, similaire à ceux de la Guinée et de la Côte d’Ivoire, reposant sur une gouvernance autoritaire avec un vernis démocratique.
Pour surmonter les défis qui nous assaillent, notamment la récession économique d’après Covid-19 et les menaces sécuritaires, les seuls remaniements politiciens n’y suffiront pas.
Il faudra se résoudre à instaurer une gestion vertueuse et à s’inscrire résolument dans la perspective d’une société véritablement démocratique, où règneront la justice sociale et la paix civile, telle qu’esquissée par les Assises Nationales du Sénégal.