Cheikh Sohkna, épidémiologiste, directeur de recherche à l'IRD et chef d'équipe à l'IHU de Marseille, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud FM) dans l'émission Objection.
par Pape Sadio Thiam
APR : QUEL AVENIR POUR AMADOU BA, MAKHTAR CISSÉ ET MIMI TOURÉ ?
Le sort qui sera réservé au différents protagonistes dans cette sourde lutte à la succession de Macky pourrait être fatale non seulement aux prétendants, mais aussi au parti présidentiel lui-même
On dirait que la malédiction frappe tous ceux qui ont (ou du moins à qui on prête) des ambitions politiques. Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire politique du Sénégal, il est facile de constater que c’est la rivalité qui est à la fois, et paradoxalement, le poumon et le poison de la politique. Du Parti socialiste à l’APR en passant par le PDS, les joutes politiques ont été très souvent fatales aux principales « promesses » d’épanouissement politique des collaborateurs des présidents. C’est vrai, la politique n’est guère une instance de fraternité religieuse, mais au rythme de la culture d’élagage systématique des potentiels aspirants à remplacer le roi, il y a à craindre. De Mamadou Dia du temps du PS à Macky Sall du temps de Wade ; l’histoire politique du Sénégal est rythmée de cortèges funèbres, faisant une procession incessante vers les cimetières politiques. Que d’énergie épuisée dans des luttes fratricides ! Que de génies sacrifiés sur l’autel de luttes politiques stériles pour le bien de la nation !
Alors qu’on regrette aujourd’hui encore le divorce fatal entre Senghor et Mamadou Dia, alors que la dislocation du parti libéral en mille morceaux est encore fraiche dans les mémoires, l’histoire semble se répéter pour l’APR. Ça combine de partout, ça cafouille, ça complote de toutes parts et tout se chamboule comme un château de cartes. A la manière des protagonistes de l’allégorie de làmbi golo, toutes les têtes qui dépassent sont systématiquement coupées et personne n’est désormais assuré de la plus petite parcelle de force politique susceptible d’être une soupape de protection pour le président qu’ils sont d’abord censés servir. En s’affaiblissant réciproquement, tous ses protagonistes ou potentiels aspirants minent le terrain de leur propre survie. Malheureusement l’histoire est tellement imbibée de passions que les hommes ne savent que très rarement en tirer les leçons pour éclairer leur avenir.
Ceux qui sont habitués à revisiter l’inépuisable répertoire mythologique des Grecs, savent que la lutte pour le pouvoir a toujours desservi les alliés et servi les adversaires. De tout temps, quand l’appétit du pouvoir devient insatiable et entraine une rivalité fratricide, la conséquence a été l’anéantissement réciproque des frères de parti. Antigone de Sophocle nous fait l’économie de la tragédie qui frappe inéluctablement les frères qui s’entretuent pour le pouvoir. Fils d’Œdipe et de Jocaste, Polynice et Étéocle offensent à trois reprises leur père parricide et incestueux jusqu’à l’enfermer. Œdipe les maudit trois fois et prédit qu’ils mourront chacun de la main de l’autre. La suite est plus que tragique : les deux frères héritent du pouvoir au sujet duquel ils s’entendent pour l’occuper par alternance au bout d’un an. Mais une fois au pouvoir, Étéocle refuse de céder. Ce qui amena Polynice le banni à se rebeller pour arracher le pouvoir des crocs de son frère. La suite est la réalisation de la prédiction de leur père incestueux : les deux moururent aux portes de la cité et le pouvoir pour lequel ils se sont fait tant d’injustices.
On peut tirer une infinité de leçons de morale de cette tragédie, dont deux principales. La première est que le destin, en politique comme ailleurs, ne vient jamais seul, il y a toujours une part de responsabilité dans le destin qui nous frappe. Le sort qui sera réservé au différents protagonistes dans cette sourde lutte à la succession de Macky pourrait être fatale non seulement aux prétendants, mais aussi au parti présidentiel lui-même. Le Parti socialiste s’est écroulé par suite d’une asphyxie découlant du poids insupportable des contradictions qui l’ont miné de l’extérieur. Le PDS a eu pratiquement le même sort : les luttes accessoires ont pris le dessus sur le combat principal. Les protagonistes se sont épuisés et perdu le goût de mener l’âpre combat pour le parti lui-même. La deuxième leçon qu’il faut justement tirer de cette tragédie qui frappe la famille d’Œdipe, c’est que les ennemis du dedans sont toujours plus redoutables et plus nocifs que ceux du dehors.
Qui pour dire à Mimi Touré, à Amadou Bâ, à Makhtar Cissé et aux autres qu’on ne grandit pas forcément en éradiquant toute grandeur devant soi ? C’est vrai qu’il peut paraître insensé de conseiller à des rivaux politiques de faire preuve de loyauté même dans l’adversité, mais sur le thème du pragmatisme politique proprement dit, ils devraient être suffisamment outillés pour comprendre que la rivalité entre frères de parti doit avoir des limites. Quand on s’élève au-dessus de tous ses frères de parti sur la base d’intrigues, de complots et de lynchages médiatiques, on triomphe seul et très modestement. Et quand on triomphe après avoir écarté tous ses amis et alliés, la défense de son butin devient compliqué faute de soldat capable de comprendre son propre commandement. Il y a toujours des limites qui impliquent une forme de décence politique à ne jamais franchir sous peine de perdre le capital affectif dont a besoin tout aspirant à l’exercice de la puissance publique.
Dans Théorie du partisan, Carl Schmitt déclare « l’ennemi est notre propre remise en question personnifiée » : on ne peut pas dire le contraire en réfléchissant sur les contradictions qui sont en train de miner le camp présidentiel. On a comme l’impression que le pouvoir n’est plus seulement pour eux un objet de convoitise, il est devenu l’arme dont les protagonistes se servent pour mettre à mort leurs rivaux. Or la rivalité n’a ici d’autre justification que la projection de soi sur le visage d’autrui de ses propres ambitions. Vouloir pour soi ce qu’on ne veut nullement reconnaître aux autres, n’est certes pas un crime en politique, mais pousser cet égoïsme à l’extrême, c’est forcément s’exposer à une asthénie politique qui risque d’être le pain béni pour ses vrais adversaires. Or la main invisible qui tire sur les ficelles de la discorde n’est autre chose qu’une main amie, peut-être même celle qu’on a un jour tenue pour relever quelqu’un en détresse.
L’adversité politique ne doit pas se muer en inimitié, car en politique comme dans le sport, une victoire est la promesse d’une défaite et toute défaite bien intégrée est l’antichambre d’une victoire prochaine. Quand la fortune élève quelqu’un à une station que l’on convoitait avec détermination, la frustration est généralement inévitable, mais on doit se garder d’en faire une mine de haine. La plupart des hommes politiques ne peuvent pas comprendre que les choix du Prince se fassent en leur défaveur. Chaque promotion d’un camarade est vécu comme une décadence ou même une damnation personnelle. En politique comme dans l’amour, le déficit affectif est source de rupture de communication qui alimente un cycle infini de soupçon de trahison, de vengeance et d’infidélité. Il y a une sorte de synchronicité entre la promotion de certains cadres de l’APR et la vague de vindicte populaire qui les poursuit ne relève pas du hasard.
Qui pouvait croire qu’Amadou Bâ pouvait se retrouver, quelques mois seulement après les élections présidentielles pour lesquelles il s’est presque surhumainement investi, dans une si mauvaise passe ? L’actuel ministre des Affaires étrangères qui a longtemps été considéré comme le meilleur ministre des Finances sous le président Macky est de plus en plus absent du débat national. Et ce, non à cause de sa posture dans le gouvernement, mais à cause des innombrables foyers de tension qui sont allumés sur son passage. Et là où le bât blesse, c’est que ce sont exclusivement des querelles politiques qui constituent l’essentiel des nuages qui menacent d’assombrir son avenir politique. Aura-t-il la patience, la discrétion conquérante et le génie, requis pour dissiper tous ces nuages ? L’avenir nous édifiera, mais on peut d’ores et déjà présumer qu’en tant que politique, il sait lire les signaux et transformer le chant de cygne en prémices d’un avenir politique maîtrisé.
La meilleure façon en politique de se débarrasser d’un adversaire, c’est de le faire passer pour un ennemi du peuple, celui qui ment, extorque ou vole son peuple. Plus le préjudice subi par le peuple est en apparence énorme, plus ce dernier a tendance à y croire dur comme faire. De là vient la mauvaise posture qu’on les victimes de cette stratégie déloyale de mettre en place une ligne de défense cohérente et efficiente. Il n’y a pas de génie ou de héros qui puisse résister avec succès à des assauts dont il ne voit pas les auteurs. Un ennemi est d’autant plus redoutable qu’il est invisible : en se faufilant dans les labyrinthes qui vont des espaces du parti aux médias, en passant par le gouvernement et l’opposition, les comploteurs ont toujours une longueur d’avance sur leurs victimes.
Mimi Touré fait constamment l’objet d’attaques alors même qu’elle n’est plus directement dans l’appareil gouvernemental. Le plus intriguant dans ces « gémonies du Capitole » où sont exposés les potentiels aspirants au trône, c’est qu’elle vient davantage des membres du parti au pouvoir que de l’opposition. Cette dernière est à la limite assignée au rôle de broyeur de cadavre déjà exécutés à l’intérieur de la maison. La liquidation par presse interposée ne peut être effective que si le nom de l’adversaire à abattre est associé à un « crime » de dimension nationale. L’accusé devient la cible de tirs nourris provenant aussi bien de l’opposition, de la presse, que de la société civile.
L’académicien français Jean Dutourd a, dans une très belle formule, résumé cette sorte de malédiction qui s’abat fatalement sur tout homme politique : « Toute carrière politique, si triomphale soit-elle, a ses éclipses ». Heureux sont donc les hommes politiques qui comprennent que la politique est comme la mer : chaque marée haute annonce une marée basse. Son habileté sera jugée en fonction de sa capacité à savoir ce qu’il doit faire en temps de marée haute et ce qu’il doit faire en temps de marée basse. Car la politique ne souffre pas de congé : quelle que soit la conjoncture, il y a des actes à poser pour ne pas tomber dans l’oubli ou être la proie facile des prédateurs de toutes parts.
Il y a dans chaque parti, dans chaque organisation politique ou civile des préposés aux sales besognes. En faire des alliés est un couteau à double tranchant : il ne faut jamais contracter une dette envers la racaille, on finit toujours par devenir de la racaille politique. Car comme disait, avec beaucoup de dose sarcastique, Charles de Gaulle, la politique la plus coûteuse, la plus ruineuse, c'est d'être petit... Un homme qui s’élève en gravissant sans honte l’échelle des petites combines et des mesquineries aura tellement souillé son âme que même si le pouvoir lui tombait dans les bras, il manquerait d’éclat de charisme pour le gérer convenablement.
On ne peut pas, de façon catégorique, dire que tout ce vacarme qui poursuit Makhtar Cissé est artificiel et sans fondement, mais ce serait difficile de ne pas y voir une main politique sournoise. L’on nous rétorquera que c’est la logique de la compétition politique : soit on dévore soit on est dévoré. Mais quel intérêt de telles pratiques ont-elles pour la démocratie et, surtout, pour le pays ? Il n’a pas de gloire à remporter une joute dans laquelle on s’est arrangé pour n’avoir que des adversaires mutilés. La compétition au sein d’une formation politique au pouvoir est doublement utile en démocratie. D’abord parce qu’elle suscite l’émulation, forge le caractère des siens et les aguerrit pour faire aux adversaires extérieurs au part. Ensuite parce que la compétition, si elle est saine, incite à l’exemplarité morale qui servira de ceinture de sécurité contre les risques dépravation. Nos démocraties méritent que des courants de partis adossés à des principes et à des idées économiques claires animent la démocratie interne. On ne peut pas, dans ce Sénégal du XXIe , assujettir tout le débat politique autour de personnes. Une démocratie mature est celle où les personnes sont moins importantes que les idées. Les idées, les réformes politiques et économiques que proposent les hommes politiques et qui, dans une certaine mesure, constituent la matière à partir de laquelle ils pétrissent leur personnalité et leur charisme.
GPAL 2019 : LE SÉNÉGAL EN QUÊTE D’UN NOUVEAU SACRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Après la consécration de l’écrivain Felwine Sarr en 2016, un auteur du pays de Cheikh Anta Diop est de nouveau en lice dans le carré final des Grands Prix des Associations Littéraires, catégorie Recherche
Après la consécration de l’écrivain Felwine Sarr en 2016, un auteur du pays de Cheikh Anta Diop est de nouveau en lice dans le carré final des Grands Prix des Associations Littéraires, catégorie Recherche, avec de bonnes chances de remporter lui aussi le trophée. Il s'agit du Professeur Papa Ogo Seck, auteur de ''La construction de la nation en Afrique'’.
L'ouvrage explique comment '’depuis les Indépendances, les dirigeants africains ont érigé la puissance de l'Etat dans le sens de « la construction nationale ». Pourtant, le concept de « nation » reste parfois « flou » dans l'esprit de la plupart des Africains face aux nombreuses guerres ethniques. Il convient donc aujourd'hui d'en préciser les contours et cette étude s'inscrit dans le sens d'une contribution à la clarification de ce concept occidental qu'est la Nation, transposé dans un contexte diffèrent de l'Europe : le continent africain.’’
Un sujet d’étude très intéressant qui pourrait faire pencher le Jury du GPAL 2019 en faveur du Professeur Papa Ogo Seck.
Voici la liste complète des livres finalistes de la septième édition des Grands Prix des Associations Littéraires.
Final GPAL 2019, Catégorie Recherche :
- ''Cameroon 1884 - Present'', by Víctor Julius Ngoh, endorsed by ORES (Organization of Rural Éducation Simplicity).
- ''Le djihad à Ke-Macina'', d'Aly Tounkara et Bassirou Gaye, présenté par l'Union des Écrivains du Mali.
- ''La construction de la nation en Afrique'', de Papa Ogo Seck (Sénégal), présenté par le Club du Journal Universitaire.
Catégorie Belles-lettres :
- ''The Old Drift'', by Namwali Serpell (Zambia), endorsed by Spirit of Book.
- ''Poema matemático'', de Gustavo Ponce Maldonado, respaldado por Academia literaria de la ciudad de México.
- ''La verticale du cri'', de Gaston-Paul Effa (Cameroun), présenté par la Maison de la Culture Française.
- ''Travellers'', by Helon Habíla (Nigeria), endorsed by Young Readers Club for Leaders.
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LA FRANCE, TERRE PRISÉE DES PRÉSUMES GÉNOCIDAIRES RWANDAIS
L'arrestation près de Paris de Félicien Kabuga considéré comme le financier présumé du génocide de 1994, pose la question de la présence ancienne et la traque tardive de présumés génocidaires en France.
L'arrestation près de Paris de Félicien Kabuga, homme d'affaires rwandais considéré comme le financier présumé du génocide de 1994, pose la question de la présence ancienne et la traque tardive de présumés génocidaires en France.
L'arrestation du financier présumé du génocide au Rwanda, samedi 16 mai, près de Paris, a jeté une lumière crue sur la présence ancienne et la traque tardive de présumés génocidaires en France, qui resta jusqu'au bout l'allié du dernier régime hutu.
"C'est un coup de tonnerre ! Kabuga arrêté, et arrêté en France ! Cela fait vingt-six ans que Kabuga se cache...", lâche samedi le souffle coupé Alain Gauthier, 71 ans, cofondateur du Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda (CPCR).
Félicien Kabuga, 84 ans, est l'une des pièce-maîtresse du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, en mettant sa fortune et ses réseaux au service du financement des tueries, selon l'acte d'accusation de la justice internationale.
Alain Gauthier et son épouse franco-rwandaise, Dafroza – qui a perdu plusieurs membres de sa famille dans le génocide –, ont commencé il y a vingt-trois ans un travail solitaire et colossal en quête de justice. En 2001, ils ont cofondé le CPCR, avec l'objectif "de déférer devant la justice française les personnes soupçonnées d'avoir participé au génocide [et] qui ont trouvé un accueil souvent trop complaisant sur le sol français".
Zones d'ombres
Les zones d'ombres sur le rôle de Paris avant, pendant et après ce génocide – qui fit selon l'ONU au moins 800 000 morts d'avril à juillet 1994, essentiellement au sein de la minorité tutsi mais aussi parmi les Hutu modérés – restent une source récurrente de polémique en France.
Parmi les points les plus disputés figurent l'ampleur de l'assistance militaire apportée par la France au régime du président hutu rwandais Juvénal Habyarimana de 1990 à 1994 et les circonstances de l'attentat qui lui coûta la vie le 6 avril 1994, élément déclencheur du génocide.
En avril 2019, le président français Emmanuel Macron a annoncé l'ouverture des archives françaises concernant le Rwanda entre 1990 et 1994 à une commission d'historiens et un renforcement des moyens judiciaires pour poursuivre d'éventuels génocidaires qui se trouveraient en France.
Ce volet est sensible, car plusieurs personnes soupçonnées par Kigali d'avoir joué un rôle résident en France, comme par exemple Agathe Kanziga, veuve de Juvénal Habyarimana, que la justice française a refusé d'extrader en 2011. Elle est souvent présentée comme l'une des dirigeantes de l'"akazu", le premier cercle du pouvoir hutu qui, selon ses accusateurs, a planifié et mis en œuvre le génocide.
Une terre prisée des génocidaires présumés
Depuis une vingtaine d'années, le couple Gauthier a transmis à la justice des informations sur "une trentaine de cas" de génocidaires présumés réfugiés en France. Ces procédures ont abouti à trois condamnations et plusieurs non-lieux. Les enquêtes - une trentaine - ont été longues et souvent tardives.
Pour Pierre Nsanzimana, président d'Ibuka France, association de soutien aux victimes du génocide, l'arrestation de Kabuga, "c'est vraiment une nouvelle énorme pour les rescapés". "Mais ça ne nous empêche pas de nous poser des questions sur les protections qu'il a pu avoir et sur le fait qu'il soit en France depuis si longtemps".
Florent Piton, chercheur à l'université de Paris, spécialiste de l'histoire du Rwanda, souligne que "l'arrivée de proches de l'ancien régime en France est lié à l'existence de réseaux antérieurs". "Je ne sais pas si on peut dire que la France a été une terre d'asile, mais elle a été une terre prisée des génocidaires présumés, comme la Belgique, parce qu'il existait des liens institutionnels antérieurs".
"La France, au moment du génocide, a accueilli sur son sol des personnalités qui ont été montrées du doigt, comme Agathe Habyarimana, qui est partie dans le premier avion qui a décollé de Kigali", poursuit-il.
Mais, nuance-t-il, "l'entrave à la justice ne passe pas forcément par une volonté politique, elle tient aux moyens qu'on lui donne". "En France, on a vu une différence, avec une accélération des enquêtes, au moment de la création du pôle +crimes contre l'humanité+ en 2012", relève-t-il. "Les enquêtes sont évidemment facilitées par le fait que les relations entre Paris et Kigali sont aujourd'hui plus fluides".
"Comment se fait-il qu'il ait fallu attendre 2018 pour que le parquet de sa propre initiative finisse par arrêter une personne soupçonnée d'avoir participé au génocide?", s’interroge toutefois Alain Gauthier.
"Photo vieille de 17 ans"
"Ce n'est pas normal qu'il nous ait fallu 25 ans et que tous les dossiers qui sont sur les bureaux des juges jusqu'à l'année dernière sont des dossiers que nous avons apportés", assène-t-il.
Contacté par l'AFP, un ancien enquêteur de la gendarmerie française explique sous couvert d'anonymat pourquoi ces enquêtes sont si difficiles : "Nous recherchions des suspects en fuite, qui avaient changé d'identité, qui bougeaient tout le temps et pour certains avaient beaucoup de ressources".
"Pour Félicien Kabuga (recherché depuis 1997), nous avions une photo vieille de 17 ans. Il y a environ six ans, son épouse vivait en Belgique, lui a été localisé successivement au Congo-Kinshasa, au Kenya", raconte-t-il. "On a eu plusieurs fois des informations le situant en France. On a tenté de l'interpeller à Paris un soir de Noël, il y a quelques années, mais sans succès".
"C'est quand même remarquable que la France l'aie arrêté : il y avait depuis des années une notice rouge d'Interpol le concernant et tous les autres pays où il est passé ont échoué", note-t-il.
Selon François Graner, de l'association Survie, l'arrestation de Kabuga est "un très bon signe d'activité de la justice et de la gendarmerie françaises". Mais elle "pose la question des soutiens français dont bénéficient" ces présumés génocidaires.
"Pourquoi la justice pénale ne s'intéresse pas plus à Agathe Kanziga, alors que la justice administrative (française) a établi un rôle grave au point qu'il était impossible de lui donner l'asile ?", interroge-t-il.
La France n'a jamais extradé aucun suspect de génocide au Rwanda. La veuve Habyarimana, installée dans un petit pavillon en région parisienne, "sans papiers mais pas expulsable" selon son avocat, a saisi la Cour européenne des droits de l'Homme.
DES DISPOSITIONS PRISE POUR UNE REPRISES SANS RISQUE DES COURS
Toutes les dispositions sont prises pour une ’’reprise sans risque’’ des enseignements /apprentissages dans le département de Mbour (ouest), a affirmé son préfet, Mor Talla Tine.
Toutes les dispositions sont prises pour une ’’reprise sans risque’’ des enseignements /apprentissages dans le département de Mbour (ouest), a affirmé son préfet, Mor Talla Tine.
M. Tine a présidé vendredi une réunion du Comité départemental de développement (CDD) sur la reprise des enseignements /apprentissages, prévue le 2 juin prochain.
La réouverture des écoles sera accompagnée par un certain nombre de mesures notamment l’interdiction de vendre de la nourriture à l’intérieur et aux alentours immédiats des écoles, a assuré le préfet.
"Des dispositions sont préconisées pour que les écoles qui disposent de murs de clôture soit fermée systématiquement et qu’il ne soit admis à l’intérieur que les élèves et le corps enseignant", a-t-il insisté, déclarant que des patrouilles seront effectuées par la Police et la Gendarmerie.
La question de l’hygiène et de la propreté des établissements scolaires a aussi été évoquée au cours du CDD. Ainsi, le chef de l’exécutif départemental a engagé les maires, en rapport avec la sous-brigade d’hygiène pour que, sans délai, des opérations de nettoiement et de désinfection soient effectuées avant la date butoir du 25 mai 2020.
Les parties prenantes, particulièrement les organisations syndicales ont posé le problème de retour des enseignants qui étaient partis dans leurs foyers respectifs à la suite de la fermeture des écoles.
Le préfet les a rassurées, indiquant que le gouvernement est en train de prendre les dispositions appropriées pour faciliter, dans la période du 18 au 25 mai, leur retour.
Interpellé sur le nombre pléthorique d’élèves dans les salles de classes qui pourrait constituer un vecteur de propagation du coronavirus, Mor Talla Tine a souligné qu’il a été retenu que le nombre d’élèves ne dépasse pas vingt.
"Cela va nécessiter le réaménagement du calendrier de chaque classe, en s’appuyant sur deux leviers : la rotation et, au besoin, la réduction des horaires", a-t-il dit.
CORONAVIRUS : L'AFRIQUE TIENT BON, MAIS NE CRIE PAS VICTOIRE
"Le déconfinement doit se faire de façon prudente. Il faut avoir une capacité suffisante de tests. La plupart des pays qui déconfinent ont augmenté leur capacité de tests. Il faut avoir une certaine maîtrise avant d'aller vers le déconfinement"
Le 14 février, l'Afrique enregistrait en Egypte son premier cas de coronavirus. Loin des projections alarmistes, le continent n'a, trois mois après, pas connu le cataclysme redouté, mais la prudence reste de mise sur l'évolution d'une pandémie qui pourrait progresser lentement et longtemps.
Le continent compte, selon le dernier bilan, 75.000 cas, soit environ 1,6% du total mondial alors qu'il représente 17% de la population mondiale. Le virus y a causé la mort de quelque 2.500 personnes.
Autre motif de satisfaction, l'Afrique subsaharienne enregistre une plus faible létalité (moins de 3% des cas, selon des estimations) de la maladie par rapport à l'Europe.
Pourquoi l'épidémie n'a-t-elle pas flambé en Afrique?
La communauté scientifique, partagée, avance de nombreuses hypothèses, mais deux grandes explications se détachent: la précocité des mesures barrières et la jeunesse de la population.
"Il y a eu des mesures de confinement prises assez tôt qui ont ralenti la courbe. La plupart des pays ont mis en place ces mesures à peine le premier cas détecté", souligne Michel Yao, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Brazzaville, interrogé par l'AFP.
"En France, on a mis 52 jours après le premier cas pour prendre des mesures. Il y avait alors 4.500 cas. En Côte d'Ivoire, 5 jours après le premier cas, on a fermé les écoles et les frontières. Une semaine plus tard, c'était le couvre-feu", appuie le Dr Jean-Marie Milleliri, épidémiologiste et spécialiste de santé publique tropicale à Abidjan.
L'autre grande explication avancée est la jeunesse de la population africaine: environ 60% de la population a moins de 25 ans. "L'âge médian tourne autour de 19 ans. Il y a aussi une espérance de vie plus faible avec moins de personnes âgées. Donc moins de cas, et un virus moins actif", selon ce spécialiste.
"En Occident, les plus affectées sont les personnes âgées", rappelle le professeur Omar Sarr, enseignant-chercheur à la Faculté de médecine de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Il ajoute que les personnes âgées sont souvent "porteuses de comorbidités", facteurs de risques aggravants pour le Covid-19.
"De plus, la densité de population est plus faible en Afrique, limitant ainsi la propagation du virus, de même que la faible mobilité des populations africaines par comparaison aux populations occidentales", explique au Cameroun Yap Boum II, épidémiologiste de Médecins sans frontières (MSF).
"La plupart des cas restent concentrés dans la capitale et les grandes villes, moins dans les milieux ruraux", précise Michel Yao.
Existe-t-il une immunité africaine?
Là encore, les scientifiques n'ont aucune certitude partagée. "Il y a une immunité croisée due à une longue exposition à divers microorganismes et une bonne couverture vaccinale avec notamment le BCG, vaccin contre la tuberculose", avance cependant le professeur Omar Sarr.
"Il y a un possible effet d'immunité acquise compte tenu de la pression infectieuse globale. Il y a beaucoup de maladies en Afrique, donc les populations sont possiblement mieux immunisées que les populations européennes sur des pathogènes comme le coronavirus", estime le Dr Milleliri. Il évoque aussi "une compétition infectieuse: quand plusieurs virus pathogènes sont en compétition, certains peuvent bloquer le développement d'autres".
Quels scénarios pour l'avenir?
"Nous devons désormais apprendre à vivre en présence du virus, en adaptant nos comportements individuels et collectifs", a déclaré récemment le président sénégalais Macky Sall.
Nombre de pays africains s'attendent à ce que la pandémie soit durable.
Selon l'OMS, le taux de transmission plus faible suggère "une épidémie plus prolongée sur quelques années". Et dont le bilan pourrait être lourd.
D'après une étude publiée vendredi qui s'appuie sur la modélisation, 83.000 à 190.000 personnes en Afrique pourraient mourir du Covid-19 au cours de la première année et jusqu'à plus de 200 millions pourraient être infectées, la plupart avec peu ou pas de symptômes.
A l'heure actuelle, on note une progression de cas inquiétante en Afrique du Sud (pays le plus touché d'Afrique subsaharienne), en Afrique de l'Est ou encore dans certains pays d'Afrique de l'Ouest.
"Malheureusement on voit que notre région a vu le nombre de cas doubler en deux semaines. Dans certains pays, le nombre de cas a été multiplié par cinq ou six", alerte le Dr Boureima Hama Sambo, de l'OMS en Ethiopie. "Nous restons prudents. On espère que le pire est derrière nous mais nous ne sommes pas encore à ce niveau".
Quels risques avec l'allègement des mesures?
"C'est pas le coronavirus qui va nous tuer, mais la faim et la misère", s'insurgeait il y a peu Soumaila Tiendrebeogo, commerçant à Ouagadougou, à propos des mesures coercitives bridant l'activité.
Face au sévère coût économique et social, de nombreux pays lèvent ou allègent, depuis une quinzaine de jours, les mesures de restriction les plus drastiques. Trop vite?
"Le déconfinement doit se faire de façon prudente", avertit Michel Yao. "Il faut avoir une capacité suffisante de tests. La plupart des pays qui déconfinent ont augmenté leur capacité de tests. Il faut avoir une certaine maîtrise avant d'aller vers le déconfinement".
Si les campagnes de tests montent en puissance, elles restent bien souvent modestes face à l'ampleur des besoins.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui a engagé la levée progressive du strict confinement imposé au pays, a adopté un ton presque churchillien lundi: "Nous devons nous attendre à une augmentation de cas avec le retour au travail. On doit accepter la réalité, nous y préparer et nous adapter".
par Serigne Filor
COVID- 19, L'ENNEMI DU MONDE
La naissance de ce virus peut revêtir un caractère purement fatidique mais sa propagation relève sans nul des volontaires faillibilités de l’Homme. Nous ne sommes pas obligés d’accepter le monde tel qu’il est, la pandémie en a apporté la preuve claire
Si on se posait la question de savoir ce qui pourrait mettre à mal le monde, ce qui serait capable d’arrêter toutes les dynamiques d’évolution des choses du monde, ce qui convoquerait inévitablement la solidarité entre opposants et tenants du pouvoir et réduirait en fait le discours des hommes dans l’unique phrase de « Restez chez vous, sauvez des vies », on serait certainement plus enclins à penser à une guerre ou d’autres calamités qui avaient l’habitude de bouleverser le monde qu’un virus invisible. Apparu en premier lieu en Chine, certains s’étaient mis à croire qu’il est la conséquence directe d’une persécution des musulmans dans ce pays, les manifestations d’une colère divine. Mais plus tard, en continuant sa visite dans les autres pays figurant sur sa carte d’exploration, le virus a été perçu autrement et qu’il est désormais plus diligent d’avancer qu’il est l’ennemi du monde entier.
La pandémie du Covid-19 a mis en exergue le caractère faillible, fragile et faible des hommes, leur incapacité à réagir contre les autres créatures largement soutenues par le Seigneur ; toutes leurs actions sont aujourd’hui limitées par cet être vivant invisible. Les temps sont durs. Les hommes, tous les hommes souffrent. Certains d’entre eux ou tout le monde, se seraient mis à agenouiller devant l’ennemi, s’il était au moins visible, ne serait-ce que lui demander un pardon ou de nous dire ce dont il aurait vraiment besoin pour quitter ce monde. Mais je doute fort qu’il veuille des négociations. Malgré les innombrables mesures prises, qui demandent de grands moyens humains et matériels, le coronavirus continue toujours d’épancher sa « soif d’âmes » en abattant au quotidien des milliers de personnes dans le monde.
Derrière l’hécatombe qui accompagne son apparition et en plus de l’humanité dans les relations sociales qu’il s’attèle farouchement à reconquérir, ce virus a apporté un clair
message au peuple du monde entier, il a fait savoir à toutes ces nations qui font la conquête d’une puissance, d’une autonomie par le biais d’une exploitation d’autres nations, que la terre ne peut connaître ce qu’il y a de mieux ainsi et attiré l’attention des plus fragiles sur la nécessité accrue de se désenvelopper, de se déchaîner, de travailler pour être au dessus de leurs potentialités et de se réaliser autrement en s’appuyant d’abord sur leurs moyens propres, quelques maigres soient-ils. Aujourd’hui, comme on le sait, toutes les frontières sont fermées, chaque pays essaie à sa manière de se débarrasser du virus. Les pillages, s’ils se font toujours, ils sont relégués au second plan, dans une période autre que celle que nous sommes tous en train d’endurer. Les temps sont durs !
Certains animaux réapparaissent avec le confinement des hommes, un temps où leurs actions sur l’environnement sont limitées. Une autre manière de vivre qui amoindrit les prémices de cette ère d’anthropocène est née, prescrivant l’Homme à mener une vie qui ne porterait pas atteinte celle des autres terriens et qui stipule de fait que la prospérité d’une vie ne peut s’acquérir avec cette folle course au développement mettant en péril la planète tout entière. Les nations les plus prospères dans ce monde n’enterrent plus leurs morts séparément, elles les brûlent ou les entassent par vingtaine, trentaine ou même par cinquantaine dans une tombe, à cause de leurs nombreux effectifs. Celles qui se jugeaient faibles, elles sont jusque-là moins touchées ! La leçon est à retenir ; la vie est une expérience, elle ne se résume pas à une
seule question de chiffres.
Qu’il provienne d’une fuite dans un laboratoire, fabriqué par des entités occultes ou qu’il soit juste une sorte de condamnation divine, cette crise inédite a occasionné une situation mondiale inédite : le monde a enfin connu la démocratie de la létalité. Il ne s’agit pas dans cette crise que les plus forts tuent les plus faibles pour vivre mais il s’agit là d’une susceptibilité commune vis-à-vis de la mort. Les riches meurent, les pauvres meurent.
Que devons-nous dire ? Que devons-nous faire ? Il faudrait bien que les coruscants dans l’art de communiquer, communiquent, sensibilisent ; ceux dans la médecine, soignent, cherchent le vaccin anti-coronavirus, et ainsi de suite,... Il convient, pour sortir de cette situation piteuse que cette crise nous a plongés, d’achever cette responsabilisation sociale, que chaque habitant du monde remplit son devoir envers le monde, suivant les paramètres de la partie terrestre où il mène sa vie. Certes, la naissance de ce virus peut revêtir un caractère purement fatidique mais sa propagation relève sans nul doute des volontaires faillibilités de l’Homme.
Les Etats du monde ont échoué ! Certains se sont mis à vouloir dissoudre l’indiscipline de leurs citoyens, d’autres à vouloir provoquer un éveil des consciences dans les plus brefs délais, ne serait-ce que pour ralentir le rythme de contamination. Hélas ! Cela ne marche pas, cela ne peut marcher. Et, en général, les hommes ont aussi connu un échec dans le maintien d’une humanité inaltérée. Certains profiteraient de la crise pour voler les deniers publics tout en sachant que cela ne fait qu’empirer la situation que nous endurons désolément. Certaines habitudes de vie acquises avec la pauvreté ou avec un mode de vie misérable n’ont pas leur place dans un monde merveilleux.
Encore faudrait-il respecter les règles ou les sollicitations édictées pour retrouver notre mode de vie ancien. Nous ne sommes pas obligés d’accepter le monde tel qu’il est, la Covid-19 en a apporté la claire preuve. Nous pouvons travailler pour rendre notre espace de vie meilleur. Il faudrait de ce fait que chacun se tient loin des faits et gestes qui, en plus de faire mal à ses semblables, pourraient empêcher l’épanouissement des autres créatures vivantes. Il faudrait bien que l’Etat de chaque nation élabore des politiques qui sont dans une droite ligne de relever leurs propres défis suivant les manières les plus humaines, qui ne mettraient pas en mal les habitants d’autres pays. Le monde serait plus merveilleux dans une union de paix que dans un impérialisme chauvin.
Le monde est meilleur suivant que nous travaillons pour le rendre ainsi.
Serigne Filor est étudiant en Sciences économiques et Gestion à l’université Gaston Berger de Saint-Louis.
Par Abda Wone
LES LANGUES NATIONALES, UN OUTIL INDISPENSABLE DANS LA COMMUNICATION COMMUNAUTAIRE
Face à une pandémie comme la COVID-19, le message est plus audible, venant du voisin, du coreligionnaire et surtout de celui qui partage les codes linguistiques de la cible
La lutte commune contre la pandémie COVID-19, devrait grandement reposer sur la sensibilisation avant le dépistage, que celui-ci soit massif ou ponctuel voire échantillonné.
Et pour sensibiliser massivement, il n’y pas meilleur support que les communautés. C’est connu qu’en Afrique notamment, l’individu a tendance à s’effacer pour la Communauté. C’est dans ce milieu qu’il se sent en sécurité, prend ses repères et recherche reconnaissance. C’est dans la Communauté qu’il tire ses meilleurs soutiens, mais aussi les contempteurs qu’il redoute le plus. S’il compte pour les siens, il est supposé compter aux yeux d’autres hors communauté.
La Communauté repose sur un partage d’espace de vie, de langue et de mémoire. A partir de telles considérations, il est possible d’obtenir des adhésions, de mobiliser la personne, en la mettant chaque fois devant ses responsabilités, devant et pour la Communauté. Face à une pandémie comme la COVID-19, le message est plus audible, venant du voisin, du coreligionnaire et surtout de celui qui partage les codes linguistiques de la cible. Sans être exclusiviste, le message gagne à être élaboré dans un support décodable. Par les mots, les symboles, les porteurs du message et le langage, il est plus facile d’atteindre la sensibilité des personnes.
Ainsi, la démarche communautaire peut occuper une place importante et sa parfaite maitrise devenir un formidable moyen de limiter la propagation du CORONAVIRUS. La COVID-19 se déplace plus vite que l’on ne l’avait envisagée.
Avec le développement croissant des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), la Communication communautaire s’est aussi adaptée et n’utilise pas que les canaux traditionnels de l’information, en l’occurrence, la télé, la radio, les journaux, l’affichage, le théâtre etc.
Mais la réussite d’une bonne campagne de communication communautaire suppose une parfaite connaissance de sa cible. Le concepteur du Plan de Communication doit connaitre la communauté vers laquelle il souhaite porter la bonne information. Dans notre cas précis, il s’agit de faire observer les gestes barrières et intérioriser les comportements qu’il faut pour endiguer la pandémie. Dans sa rapide propagation, le coronavirus ne discrimine personne, ni aucun groupe.
Communiquer avec la société (un pays par exemple) suppose d’abord et avant tout comprendre, qu’à l’intérieur de celle-ci, il y a des sous-groupes pas forcément aussi sensibles les uns que les autres, aux discours adressés à l’ensemble. Beaucoup sont davantage sensibles à ce qui leur parle en particulier, qu’à ce qui est adressé au groupe. A l’échelle plus large, comme au niveau pays, les rapports au message restent quasi inchangés.
Celui qui me parle me connait, me respecte, m’estime. Ainsi réagit la cible. D’où l’importance de la segmenter.
Si parler la même langue que la communauté est indispensable pour faire passer le message, parler le même langage est aussi d’une importance capitale pour éviter que les consignes ne soient mal comprises ou prises à la légère. Pour ce faire, il est important de considérer le rôle et le choix des leaders d’opinion confirmés.
Pour réussir la Communication communautaire il faut, en plus de la maîtrise de nos langues, une démarche inclusive et une équipe pluridisciplinaire. Celle-ci s’appuiera sur une parfaite connaissance de la communauté, de son passé, de sa sociologie et des règles qui la régissent. Sans quoi, le message qui lui est destiné pourrait malheureusement passer à côté et cela donne une campagne perdue.
Abda Wone
Spécialiste en communication
par Abdourahmane Ba
QUAND LA LUTTE CONTRE LE COVID-19 VIRE AU « MYTHE DE SISYPHE »
Le slogan « apprenons à vivre avec le Covid-19 » lancé par les autorités est venu mettre progressivement un terme à une approche de lutte inefficace promue par le CNGE
Dès les premières heures du Covid-19 dans notre pays en mars 2020, le Comité national de gestion des épidémies (CNGE) et les experts qui le conseillent ont très vite poussé nos dirigeants vers l’adoption de mesures de restriction, de confinement et de distanciation les plus draconiennes pour essayer de venir à bout de Covid-19 dans des délais record. Fort de son expérience exceptionnelle acquise durant la lutte contre le virus Ebola en 2014-2015 et de ses échanges d’information sur le Covid-19 avec des médecins et experts depuis la Chine, le CNGE et ses structures affiliées étaient convaincus que le confinement, la distanciation et la fermeture des réseaux de transport domestiques et internationaux, entre autres, permettront d’arriver effectivement à vaincre la progression du Covid-19.
Très vite, avec un nombre de cas infectés très faible et leur bonne localisation, le déploiement d’une stratégie impressionnante de dépistage systématique et d’isolement des cas testés positifs, ainsi que l’adoption d’une terminologie qui distinguait les types de cas (importés, contacts, communautaires, cas suivis, cas graves, cas évacués, cas en réanimation, cas morts, etc.), plusieurs analystes avaient commencé à claironner une victoire sur le Covid-19 et à vendre l’expérience et l’expertise sénégalaises à l’échelle internationale. Dans ce mouvement triomphaliste et ses semblants de succès, le CNGE et ses satellites du ministère en charge de la santé ont même adopté le travail en cavalier seul, en écartant les avis des scientifiques, chercheurs, universitaires et autres experts des plus prodigieux du pays.
Pour valider et accompagner cette stratégie de quasi-confinement, qui semblait donner des fruits à tout point de vue dans des délais courts, le gouvernement a mis en place un plan de résilience économique et sociale à plusieurs composantes d’un coût total de 1000 milliards de F CFA. Un plan très vite élaboré est lancé, qui touchait presque tous les secteurs et définissait des stratégies et approches claires pour apporter le soutien à l’économie, au secteur de santé, aux impactés y compris les ménages les plus vulnérables. Le gouvernement a aussi défini et mis en œuvre une stratégie de communication autour du plan de résilience afin de maintenir un dialogue constant avec l’ensemble des parties durant cette période de distanciation et pour essayer de garantir une mise en œuvre effective. Une stratégie de mobilisation des ressources très clairement déclinée a aussi été mise en œuvre. Avec l’installation même tardive d’un comité national de suivi dirigé par un militaire rompu, tout était presque au top.
L’heure n’est pas encore au bilan final, et la lutte contre le Covid-19 demeure toujours la priorité vitale en dehors des divertissements intellectuels sur les actions des uns et des autres. Cependant, force est de constater qu’il y a des leçons à apprendre à mi-chemin pour les intégrer progressivement dans la nouvelle forme de lutte évolutive et adaptative définie par le chef de l’Etat à partir de son discours de réorientation de la lutte contre le Covid-19 du 11 mai 2020. Le discours a marqué un tournant décisif dans l’approche de lutte initialement mise en œuvre et a apporté à mon avis une bouée de sauvetage au CNGE piégé par sa stratégie rigide et à productivité et efficacité mitigées. Plusieurs facteurs sont venus montrer les limites de la stratégie adoptée dès le début.
L’effet de la stratégie adoptée au début sur la progression du Covid-19 dans le pays est plus que discutable. On pourrait croire que cette approche aurait un effet sur la vitesse de propagation du virus, mais c’est tout à fait approximatif. Le seul effet qui pourrait être confirmé est le blocage de la progression entre les régions et entre les départements et qui serait dû au couvre-feu et l’interdiction des voyages intérieurs. Le fait qu’au soir du 11 mai 2020, 22 départements n’étaient pas encore touchés par le Covid-19 pourrait attester d’un effet d’arrêt de propagation dû au couvre-feu. Mais force est de constater que la progression du virus à l’intérieur des régions et départements touchés était hors de contrôle de la stratégie du CNGE.
Ainsi, cette stratégie aurait un impact inter-régional minimal sur la progression, mais resterait inefficace au niveau intra-régions et intra-départements, du moins pour les localités déjà touchées. La porosité des routes et l’usage des moyens de transports sur des pistes non-contrôlées par les forces de l’ordre notamment depuis la fermeture du marché « Ocass » de Touba par arrêté du préfet de Mbacké le 21 avril 2020 et la débandade des commerçants et marchands ambulants, a aussi mis en faiblesse l’effet positif minimal inter-localités de la stratégie.
Il faut aussi souligner l’effet de surcharge des structures sanitaires et hôtelières d’isolement de « cas contact » surtout à Dakar et à Touba créé par une stratégie de garde systématique de tous les « cas positifs » dans les structures de santé et des « cas contact » dans des hôtel réquisitionnés. Cette approche de remplissage sans arrêt de structures sanitaires à faibles capacités d’accueil et de prise en charge et des hôtels au nombre de places limité, sans aucune clarification des tactiques d’exit et avec l’absence de traitements efficaces connus du Covid-19, menait certainement vers l’impasse.
Voilà ainsi une bonne erreur d’approche dans la stratégie initiale due à un optimisme exagéré et une mauvaise appréciation des capacités inouïes de progression de ce virus qui a même surpris les nations les plus développées de la planète. Cet optimisme béat d’un départ euphorique qui a fini de créer ces surcharges et à entraîner un effet « blow-up » est sûrement dû à une inexpérience certaine, car Ebola et Covid-19 sont deux paradigmes différents, et à une peur cachée d’un potentiel accroissement des « cas graves » ou « cas en réanimation » qui feraient croupir nos structures sanitaires. Mais le remplissage systématique sans connaissance de l’issue finale était-il la meilleure tactique disponible ?
Il faut aussi souligner des limites dans l’approche de dépistage systématique de tous les « cas contact » confinés dans des hôtels et l’information à outrance tous les matins sur des statistiques et données épidémiologiques incomprises par la population au sens large. Le nombre de « cas contact » gardés et dépistés négatifs est énorme (plus de 87%) et pousse à se poser des questions sur l’efficience et l’efficacité de l’approche consistant à les dépister systématiquement, surtout si on sait que le virus disparaîtrait dans l’organisme ou l’immuniserait au bout d’un certain temps sans signes manifestes du porteur.
Il est aussi clairement démontré par plusieurs experts en communication sociale et gestion de crise que l’information à outrance sur les statistiques et les données épidémiologiques a pris le dessus et a noyé lamentablement la communication portant sur les mesures de distanciation et l’éducation des populations sur les attitudes à prendre, augmentant ainsi les capacités de progression du virus. Cette erreur dans l’approche de communication et information due certainement à des luttes de positionnement et de leadership au sein du CNGE et des structures du ministère en charge de la santé, ainsi qu’à une absence de stratégie claire de communication et information en temps de crise et de pandémie, a créé un écran de fumée et a cloué au sol tous les efforts d’éducation et de formation des masses pour l’adoption de la distanciation physique et le respect des mesures prises par le gouvernement.
Face à tous ces paramètres, et d’autres non partagés ici, le gouvernement a très vite réalisé que le plan de résilience préparé pour régler des problèmes urgents sur au maximum trois mois, risquerait d’être noyé par un virus et ses vagues d’effets néfastes, qui sembleraient nous envahir pour au moins sept à douze mois. Ainsi, le slogan « Apprenons à vivre avec le Covid-19 » lancé par les autorités est venu mettre progressivement un terme à une approche de lutte inefficace promue par le CNGE qui a fini de virer au « Mythe de Sisyphe ».
Cependant, plusieurs experts et même des membres du CNGE ont décrié la nouvelle approche qui autorise quelques relâchements pour faire respirer l’économie et éviter à la fin des crises de la faim et des émeutes, et prédisent l’hécatombe. De même, certaines couches de la population hésitent encore à appliquer les mesures de relâchement autorisées par le gouvernement, effrayées qu’elles sont par le Covid-19 et ses effets et la méthode d’information adoptée par le Ministère en charge de la santé. D’aucuns ont même prêché que la pandémie Covid-19 est similaire à des situations de guerre totale voire nucléaire, et autres catastrophes naturelles mortelles qui imposent des mesures exclusives de restriction totale. Ces peurs pourraient aussi être liées aux faibles capacités d’accueil et de prise en charge dans nos structures sanitaires, lorsque surtout les cas graves commenceront à augmenter dangereusement. D’où la certitude qu’une mesure d’accompagnement nécessaire manque dans la nouvelle approche et cette lacune devrait être comblée immédiatement.
Une révision du plan de résilience est nécessaire ainsi qu’une augmentation significative de l’enveloppe. Au minimum, 1000 milliards additionnels devront être injectés dans l’enveloppe du plan de résilience pour la doubler et qui devraient servir exclusivement à : 1- Renforcer les capacités d’accueil et de prise en charge dans nos structures sanitaires (Force Covid-19 Santé), au moins pour 500 milliards, 2- Renforcer la recherche et les études y compris socio-économiques pour préparer une meilleure sortie de la pandémie, 3- Renforcer le tissu économique et la résilience des ménages les plus pauvres (appuyer le secteur privé, appuyé la campagne agricole et les chaînes de valeurs agricoles, redynamiser les secteurs du tourisme et du transport, etc.), et 4- Renforcer le secteur de l’éducation pour éviter une année blanche (renforcer la protection et la prise en charge des enseignants et professionnels de l’éducation, renforcer la protection des enfants, élèves et étudiants, renforcer l’utilisation des innovations technologiques y compris l’enseignement à distance comme préconisé récemment par l’ancien Ministre de l’enseignement supérieur), etc.
Des ressources sont disponibles au plan international pour toute stratégie de réponse au Covid-19. Une bonne stratégie de « fundraising » ou mobilisation des ressources au plan international avec nos partenaires pourrait permettre de lever facilement 1000 milliards, doubler l’enveloppe du plan de résilience et mettre en œuvre un plan de riposte plus efficace.
UN PREMIER CAS COMMUNAUTAIRE RECENSÉ À LINGUÈRE
Selon le Docteur, le cas positif de Linguère est sorti des 21 tests effectués, vendredi.
Louga, 16 mai, (APS) - Le département de Linguère (Louga, nord), a enregistré, samedi, son premier cas positif au covid-19 issu de la transmission communautaire, ce qui porte à 33 le nombre de personnes infectées dans la region, a appris l’APS du médecin-chef de region, Cheikh Sadibou Senghor.
Selon le Docteur, le cas positif de Linguère est sorti des 21 tests effectués, vendredi.
Le dernier cas positif de la région avait été enregistré le 7 mai dernier.
Jusqu’à ce jour, seuls deux districts étaient touchés par la maladie. Il s’agissait de Louga et de Sakal. 96% des personnes infectées concernent le district de Louga.
Jeudi, la région comptait 28 guéris sur les 32 cas confirmés et un décès. Trois patients poursuivent leur soin à Dalal Diam de Guédiawaye (banlieue de Dakar).
Les deux premiers cas positifs sous traitement dans le centre de Louga avaient été testés négatifs et libérés.