Aux lendemains de la cuisante défaite face au leader de la coalition Idy2019, Idrissa Seck, voici le temps des règlements de comptes
Rien ne va plus au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar, à Thiès. La défaite de la coalition présidentielle dans le département de Thiès, accuse-t-on, a été préparée et planifiée pendant longtemps par les responsables locaux. Car, avant et pendant la campagne électorale, un vent de scission a soufflé dans les rangs de Bby. Une division payée cash et qui a permis au leader de la coalition Idy2019, Idrissa Seck, de renforcer sa mainmise sur la commune de Thiès et de reprendre le contrôle du département qu’il a perdu en 2017. Un camp veut tenir Siré Dia pour responsable de cette déroute. Mais les partisans du directeur général de La Poste ne s’en laissent pas conter. Ils ont tenu, hier, une conférence de presse pour faire le bilan et l’évaluation du scrutin. De ce fait, ils réfutent cette thèse et mettent tout sur le dos des poids lourds de la coalition au pouvoir. Certains indexent le coordonnateur départemental de l’Alliance pour la République, le ministre des Forces armées et maire de la commune de Fandène, Augustin Tine, et le député Abdou Mbow. Cependant, pour mieux analyser cette claque nocturne du 24 février dernier, il faut faire deux pas en arrière. Tout a commencé bien avant la campagne électorale, avec l’installation des comités électoraux.
Dans toutes les communes (Est, Ouest et Nord), les responsables locaux ont étalé leur division dans les rues de la capitale régionale du Rail. Pour un poste de mandataire ou encore de coordonnateur d’un simple comité électoral, ils se sont écharpés au Nord et à l’Ouest. Ainsi, après bien des péripéties, les installations ont été faites. Après cette étape houleuse, on pensait les démons de la division définitivement enterrés. Il fallait donc travailler à accueillir leur commandant en chef, le candidat Macky Sall. Le 17 février, jour du méga meeting de la coalition Benno Bokk Yaakaar à Thiès, ils ont réussi le pari de la mobilisation. Mobilisation qui a fasciné le chef de l’État sortant. Macky Sall a tour à tour remercié ses généraux, colonels, capitaines, lieutenants, adjudants-chefs, etc. Augustin Tine, Alioune Sarr, Ndèye Ramatoulaye Guèye Diop, Abdou Mbow, Fatou Sène, Talla Sylla, Charles Emile Ciss, Pape Siré Dia, Seynabou Ndiéguène, Pape Amadou Ndiaye… ont tous bénéficié des remerciements de Macky Sall. Devant une telle foule, le candidat de la majorité avait déclaré que “Thiès est tombée et qu’il peut cesser de battre campagne’’. Malheureusement, ce moment qui devait permettre de sceller l’unité retrouvée, a laissé entrevoir la scission devant Macky Sall. Puisque le directeur général de La Poste, Pape Siré Dia, a été rayé de la liste de ceux qui devaient prendre la parole. Mais il n’a rien dit, ni fait d’esclandre. Tout juste il dira : “Je ne veux pas développer pour ne pas casser la dynamique unitaire en cette période de campagne.’’ Un épisode qui a laissé entrevoir les failles dans l’unité affichée.
“Pape Siré Dia est combattu...’’
Toujours est-il que les lendemains de défaites sont douloureux dans les rangs de l’Apr. Personne ne veut en endosser la responsabilité. D'après le secrétaire général du Cadre de concertation pour le développement de Thiès, certains responsables “rament toujours à contre-courant des intérêts de Thiès’’. Ils créent des réseaux, recrutent des Thiessois, ditil, pour salir l’image de Siré Dia. “Ils le tiennent pour responsable de la défaite de Benno Bokk Yaakaar dans le département. Ces personnes sont celles-là qui avaient demandé que la directrice de l'Agence nationale des affaires maritimes (Anam), Ndèye Tické Ndiaye Diop, et Pape Siré Dia soient zappés durant les prises de parole, lors du meeting de la coalition présidentielle à Thiès. Je puis vous jurer que Pape Siré Dia est combattu, tout simplement pour avoir commis le crime de réduire le taux de chômage des jeunes’’, fulmine Edouard Latouffe. Revenant sur la défaite de la coalition au pouvoir dans le département de Thiès au sortir de la présidentielle du 24 février dernier, le secrétaire général du Cadre de concertation pour le développement de la cité du Rail rappelle d’abord que le Dg Siré Dia s’était imposé face à Idrissa Seck, lors des législatives du 30 juillet 2017. Bby avait pris une sérieuse option, devançant ainsi de 30 000 voix le président du Conseil départemental de Thiès. Pour le combat présidentiel, il soutient que les enjeux n’ont pas été les mêmes. “Si Idrissa Seck a repris le contrôle du département de Thiès, c’est parce les Thiessois lui ont exprimé toute leur affection. Ils voulaient tout simplement qu’un fils de Thiès puisse accéder à la magistrature suprême. Siré Dia avait, en face de lui, la grande coalition d’Idrissa Seck et même des responsables de la coalition de la majorité. Voilà les raisons qui ont conduit à la défaite de Benno Bokk Yaakaar dans le département de Thiès’’, analyse et accuse Edouard Latouffe. Le président du mouvement And Suxali Thiès, Habib Niang, de pointer un doigt accusateur en direction de quelques responsables de l’Alliance pour la République, tout en excluant du lot le Dr Augustin Tine, son attaché de cabinet ainsi que le directeur de La Poste, Pape Siré Dia, des personnalités qu’il juge de bonne foi et très engagées au sein de la coalition. A ses yeux, il y a toujours dans les rangs de l’Apr “un esprit malsain qui se résume à des coups fourrés, de divisions, de manque de cohésion notoire entre les alliés’’. Aussi, ajoute-t-il que le président Macky Sall “s’est désormais rendu compte de la division des responsables et alliés à Thiès’’
“Les Thiessois doivent arrêter le vote affectif’’
Faisant lui aussi la lecture et le diagnostic du revers présidentiel de leur coalition dans le département, le récent mandataire du comité électoral de la commune de Thiès-Ouest essaie de minimiser la gifle que leur a infligée le président du parti Rewmi. Tout comme Edouard Latouffe, le Dr Pape Amadou Ndiaye, responsable Apr dans la commune de Thiès-Ouest, estime que le vote affectif a été le seul élément déterminant dans la victoire d’Idrissa Seck. “L’élection présidentielle est une élection particulière. C’est un homme qui va à la rencontre des populations. Et quand on sait qu’un des candidats de l’opposition est natif de la ville de Thiès. Donc, il y a eu un vote affectif, identitaire et de proximité. C’est ce qui peut expliquer la victoire du candidat Idrissa Seck. Malgré ce vote affectif, nous avons pu limiter les dégâts et avons eu des résultats relativement acceptables. Les Thiessois doivent arrêter le vote affectif’’, lance le président du Conseil d’administration du Fongip qui, par la même occasion, magnifie le travail abattu par les responsables de Benno Bokk Yaakaar à Thiès.
DJINAKY, SANCTUAIRE REBELLE, A L’EPREUVE DE LA PRISE EN CHARGE SANITAIRE
C’est en réponse au déficit profond de prise en charge des soins de santé dans la commune de Djinaky, notamment la “Zone des palmiers’’ qui a longtemps été sous le joug des indépendantistes, qu’a été mis en place un réseau des acteurs de la santé.
Située dans la commune de Djinaky, la “Zone des palmiers’’ a longtemps été un no mans land, du fait de la présence de nombreux sanctuaires rebelles. Estampillée “Zone rouge’’, cette partie du département de Bignona aux pistes sinueuses menant à une mosaïque de 12 villages perdus dans la forêt, porte encore les stigmates de la crise en Casamance. Les populations de ce labyrinthe continuent de sombrer, silencieusement, dans la souffrance, alors que la contrée regorge de potentialités naturelles évidentes.
“Les combattants du Mfdc ont pris l’engagement de maintenir l’accalmie’’
Là-bas, “Atika’’, la branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) montaient ses propres check-points. Une quasi-autonomie encouragée par l’absence de l’Etat. Seule l’action humanitaire constituait l’unique espoir de survie pour ces populations qui avaient fini d’épouser l’idéologie irrédentiste. Mais, à la faveur de la longue accalmie en cours en Casamance, ces dernières, qui ont longtemps été abandonnées à leur propre sort, semblent sortir de la torpeur profonde dans laquelle elles étaient plongées, consumées qu’elles ont été par tant d’années de conflit fratricide. “Les combattants du Mfdc que nous avons rencontrés ont pris l’engagement de tout faire pour que l’accalmie que nous connaissons en Casamance soit maintenue. Les combattants de la “Zone des palmiers’’, qui ont toujours refusé d’accueillir des projets de l’Etat dans les villages, semblent être sur une dynamique d’amorcer une politique de désenclavement de la zone. Mieux, ils (les combattants du Mfdc) ont pris l’engagement de rencontrer les différents chefs de village de la zone pour discuter des projets de construction des pistes de production pour désenclaver cette zone’’, avait confié Robert Sagna, le président du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (Grpc) au sortir d’une rencontre à huis clos de près de cinq tours d’horloge tenue à Birkamanding, avec les différents factions rebelles de la zone. Depuis, la situation semble évoluer positivement. Mais les problèmes qui ont pour noms enclavement et absence criarde d’infrastructures de base demeurent. “Nous sommes oubliés du gouvernement. Vous nous demandez de voter pour vous. En retour, vous ne faites rien pour nous’’. (...) “Nos villages sont oubliés. Il n’y a pas d’infrastructures réalisées par l’Etat. Notre école de 3 classes a été construite par les populations. Nous ne disposons pas de pistes et d’infrastructures de base. C’est comme si nous ne sommes pas des Sénégalais’’. Ces cris du cœur sont respectivement de la présidente du Groupement de promotion féminine, Tening Sonko, et de Landing Badji, le président du Congrès du village de Balonguine situé à une dizaine de kilomètres de Djinaky, sur la route nationale n°5 qui mène à Diouloulou.
Grossesses précoces, pandémie du sida…
Frontalière avec la Gambie, la “Zone des palmiers’’ fait face aux questions liées aux grossesses précoces, à la pandémie du sida, mais également à l’inscription des naissances à l’état civil, du fait notamment de l’enclavement, mais aussi de la quasi-absence de l’Etat et de ses démembrements. Les multiples cris du cœur, de détresse et les nombreux appels du pied émanant de cette localité ne tombent pas toujours dans l’oreille d’un sourd. Très sensible aux problèmes de santé dont souffrent les populations de cette partie du département de Bignona et conscient de l’importance de la place de la santé dans le développement local, le Réseau des acteurs de la santé de Djinaky a décidé d’agir. C’est donc en réponse à cette lancinante question de santé qu’elle a organisé la première édition des 72 heures de Balonguine. Le choix de ce village pour abriter la manifestation ne relève pas du hasard. Son semblant d’accessibilité vis-à-vis des autres villages de la “Zone des palmiers’’ justifie, en partie, ce choix. Mieux vaut prévenir que guérir ! Cette option du Réseau des acteurs de la santé de Djinaky se traduit, sur le terrain, à travers un vaste programme d’information, d’éducation et de communication au profit des populations, notamment les jeunes et les femmes qui sont considérés comme des couches vulnérables. Pour la présente édition, les questions liées aux grossesses précoces et à l’inscription à l’état civil ont rythmé la manifestation, 72 heures durant. “Non aux grossesses précoces’’, “Oui à l’état civil’’, pouvait-on lire sur les nombreux tee-shirts et les banderoles conçus à cet effet. Cette édition a enregistré la présence des populations venues des 12 villages de la “Zone des palmiers’’ et d’autres de la commune.
Véritable outil de mobilisation sociale, les 72 heures de Djinaky ont aussi vu la participation d’infirmiers, de sages-femmes et de médecins de la région, mais aussi en provenance de Dakar qui ont procédé à des consultations gratuites et à des dons de médicaments aux patients, grâce à l’appui de bonnes volontés, parmi lesquelles Ibrahima Sagna de l’Anacim de Ziguinchor, parrain de la manifestation, par ailleurs responsable de l’Afp à Bignona. Les responsables de ce Réseau des acteurs de la santé de Djinaky sont unanimes. La pérennisation de cette mobilisation sociale, qu’ils tiennent à organiser régulièrement pour combler ce profond déficit de prise en charge des soins de santé des populations de la “Zone des palmiers’’, réside dans la mobilisation de moyens, notamment financiers. Raison pour laquelle ils appellent à la générosité des autorités locales de l’Etat, mais également de donateurs. Les 72 heures participant, selon eux, de la consolidation de la paix dans cette partie du département de Bignona qui renait peu à peu de ses cendres, après tant d’années de conflit fratricide.
LE PDS DOIT ETRE RESTRUCTURÉ ET PROJETÉ VERS L'AVENIR
Plus loin avec... Lamine Bâ, membre de la Fédération des cadres libéraux
Lamine Bâ souhaite que des réformes soient apportées au Parti démocratique sénégalais (Pds) en vue des prochaines échéances électorales. Ce membre du Comité directeur et de la Fédération des cadres libéraux estime qu’il faut évaluer et «refaire un nouveau parti plus attractif» parce que le Pds «ne peut plus continuer à fonctionner avec une telle organisation».
Comment jugez-vous les résultats du scrutin présidentiel ayant abouti à la réélection de Macky Sall dès le premier tour, que l’opposition continue d’ailleurs de contester ?
Je ne peux avoir d’appréciation particulière parce que je suis dans un parti politique qui s’y était déjà prononcé, qui avait dit que les conditions de transparence et de sérénité n’étaient pas de mise. Nous avions dit également que le processus a été biaisé et le Pds qui a mené pendant toute son existence un combat démocratique ne saurait s’engager dans une telle élection. Qu’on ne vienne pas donc nous faire porter une quelconque responsabilité. Nous avons été très tôt responsables. D’autres ont jugé nécessaire d’y aller. Ils l’ont fait, nous le respectons.
Donc, vous validez la victoire du Président Sall ?
Ce n’est pas à nous de valider ou d’invalider une victoire. Parce que nous n’avons pas été dans le processus. Donc, nous sommes des Sénégalais qui devrons aujourd’hui profiter de cette occasion même pour clore une page du combat politique que nous avons mené. Nous avons décidé de nous engager vers une nouvelle direction, un nouveau cap et avec de nouveaux objectifs. Cela passe par la mise en place d’un comité de restructuration et d’organisation du parti avec une lettre de mission et une feuille de route claires. Mais surtout de l’organisation d’une tournée nationale pour aller remercier, encourager et réorienter les militants.
Le Secrétaire général du Pds, Me Abdoulaye Wade, va-t-il accepter la main tendue du chef de l’Etat qui l’invite à prendre part au dialogue politique en même temps que le Président Diouf ?
Il faut attendre que Wade se prononce. Est-ce qu’il a été saisi ? Est-ce que c’est par la presse qu’il faut saisir le Président Wade ? Je ne sais pas, c’est à lui d’apprécier. Ce que je peux vous dire en tant que militant du parti, c’est que nous avons été toujours pour le dialogue. Nous avons hérité d’un système qui repose sur le dialogue, que nous avons consolidé jusqu’à notre départ. Aujourd’hui, on fait appel à un dialogue, cela prouve que quelque chose s’est cassé. Et je pense que la finalité d’un dialogue c’est d’arriver à lui définir un objectif, un objet clair, net et précis. Sans cela, il n’y a pas de dialogue. Et l’objectif de ce dialogue, c’est arriver à la paix comme dit le président de la République, à la stabilité et à la cohésion nationale. Mais tout cela ne doit pas se limiter à de vains mots. Il faudra que cela soit matérialisé par des actes surtout que c’est lui (Macky Sall) qui a été en quelque sorte au premier plan de la responsabilité qui nous a conduits à cela.
Comment se porte le Parti démocratique sénégalais ?
Les instances sont en léthargie, à commencer par la Fédération nationale des cadres libéraux dont je suis membre. Je pense que pour aller dans le sens de la construction, il est arrivé le temps de nous arrêter, d’évaluer, de réfléchir pour redéfinir un nouveau cap, refaire un nouveau parti, essayer de faire en sorte que notre parti puisse aujourd’hui aller dans le sens des attentes populaires. Le Pds est quand même un parti de masse. Tout cela constitue une problématique assez substantielle pour nous amener aujourd’hui à nous arrêter. Le Président Abdoulaye Wade n’a jamais eu le temps de s’occuper du parti parce qu’avec la gestion du pouvoir, ce n’était pas facile. Après douze ans, le parti était dans une guerre, en phase de résistance avec les difficultés que Wade a connues. Tout cela appelle aujourd’hui à une introspection objective pour redéfinir de nouvelles orientations surtout que certains sont partis. Mais il y a une bonne frange de jeunes de ce pays qui portent une ambition nouvelle pour ce parti, qui ont envie de s’exprimer dans une nouvelle organisation et qui collent aux aspirations des Sénégalais. C’est l’occasion pour moi de remercier tous les militants du parti ainsi que les mouvements de soutien qui ont su se battre pendant sept ans et qui ont su marquer d’une empreinte indélébile cet épisode de résistance que nous avons traversée. Bon nombre d’anciens frères nous ont quittés. Le Pds doit être restructuré, réorganisé et projeté vers l’avenir.
Réclamez-vous le départ de votre Secrétaire général dont l’âge assez avancé plaide pour une retraite politique ?
Non ! Pas forcément. Je ne réclame le départ de personne, au contraire c’est une Assemblée constitutive qui a désigné le Secrétaire général. Mais je vous rappelle qu’il y a une lettre de mission qui lui a été donnée par le Congrès de 2013 qui l’avait investi comme Secrétaire général jusqu’après l’élection présidentielle. Je pense que cela doit être renouvelé pour qu’on trouve une solution. On ne peut plus continuer à fonctionner ou à espérer des résultats avec une organisation telle que nous l’avons. Nous avons besoin de lui. Son âge ne doit pas poser problème et ne doit pas faire l’objet de débat. Par conviction, nous avons encore besoin de lui. Et les militants qui sont aujourd’hui partout dans le monde voient Wade comme leur leader, leur guide, leur père. On ne peut trouver un Secrétaire général meilleur que Wade. Le débat n’est pas de changer telle ou telle autre personne. Le débat réside dans la transformation de l’organisation que nous avons en un appareil attractif, ouvert, adapté aux aspirations nouvelles, prêt à reconquérir le pouvoir en 2024.
Accepteriez-vous que votre Secrétaire général continue d’imposer son fils comme son seul potentiel successeur à la tête du parti ?
Wade n’a jamais voulu que son fils soit dedans. Nous, militants du Pds, avons choisi librement Karim Wade comme notre candidat. Maintenant l’élection présidentielle est derrière nous, et nous avons d’autres échéances. Il nous faut renouveler le projet de société, c’est-à-dire créer une nouvelle offre politique qui tirerait sa substance de la vision de Wade, du bilan du Pds et de notre aspiration démocratique pour un Sénégal nouveau.
Avez-vous saisi le Président Wade pour lui faire cas des réformes que vous souhaitez pour votre parti ?
On lui a dit ce qu’on pense. Le Président Wade est dans une phase de réflexion. Mais il doit intégrer cela dans sa réflexion, écouter tout le monde, parler à tout le monde. Les Locales, les Législatives sont des échéances sur lesquelles le parti devrait se prononcer. On doit s’y préparer en conséquence. Sans cette organisation, on ne peut avoir les objectifs escomptés. Il nous faut engager la réflexion pour mettre le parti dans la posture d’un parti moderne, conséquent, orienté vers la conquête démocratique du pouvoir.
Mamadou Lamine Massaly a annoncé son départ du Pds en qualifiant Wade de «traitre». Qu’en dites-vous ?
Je n’ai pas de réponse à donner à cela. Je n’ai pas de commentaire à faire. Depuis que nous avons perdu le pouvoir, le parti a connu beaucoup de départs.
Partagez-vous la position de Modou Diagne Fada qui plaide en faveur d’une amnistie pour Karim Wade ?
Je n’aime pas parler des personnes. Est-ce que Karim a demandé une amnistie ? Je pense qu’on rendrait mieux service au Président Macky Sall en l’aidant à aller vers le sens de respecter les droits des Sénégalais. C’est ce qu’on lui charge de faire. Tout autre discours est politicien, opportuniste et démagogique. Karim a été investi pour une élection passée. Il a tout fait pour venir, mais il n’a pas pu. Ce que je regrette, c’est que tout ce qu’on a déployé pour en arriver là. Karim Wade mène un combat pour la liberté. Il a engagé beaucoup de fronts au niveau international. Ce combat, il le mènera jusqu’au bout. Tout ce qu’il réclame c’est qu’on le réhabilite dans ses droits.
10 MILLIONS DE TONNES DE GAZ ATTENDUS DES 2022
Les projections de la compagnie Kosmos Energy prévoient jusqu’à 10millions de tonnes de gaz annuels au premier semestre de 2022, pour la consommation mondiale et l’usage domestique au Sénégal et en Mauritanie.
Pour la phase 1, ce sera initialement 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (Gnl) par an, en moyenne. Une fois le projet complété, ce ne sera pas moins de 10 millions de tonnes annuels qui devraient sortir des entrailles de Grand Tortue Ahmeyim (Gta). Ce projet gazier, dont le gisement est à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie, a suscité les pronostics optimistes d’Andrew Inglis, Pdg de la compagnie américaine d’exploration sous-marine Kosmos Energy, à la fin février 2019. En décembre dernier, Kosmos (28 %) et ses partenaires (la britannique Bp est l’opérateur leader avec 61 % ainsi que les deux sociétés nationales d’hydrocarbures mauritanienne et sénégalaise) ont annoncé qu’une décision d'investissement finale (Fid) pour la phase 1 du projet Greater Tortue Ahmeyim avait été approuvée. Ceci après que les deux gouvernements ont paraphé un accord d’unitisation sur ce gisement transfrontalier où le partage de la production est à 50-50. La première extraction de gaz dans le cadre du projet devrait survenir dans le premier semestre de 2022, et cette phase 1 du développement passera ensuite à celle plus avancée de conception et de construction, avec l’attribution de contrats d’ingénierie, d’approvisionnement, de construction et d’installation (Epci). L’exécution de cette partie du projet devrait démarrer dans ce premier trimestre.
En outre, Gta produira du gaz provenant d’un système sous-marin en eaux profondes et d’une unité flottante de production, de stockage et de déchargement mi-profonde, qui traitera le gaz et en éliminera les composants lourds en hydrocarbure. Le gaz sera ensuite transféré vers une installation flottante de gaz naturel liquéfié (Flng) dans un centre innovant sur le littoral, à la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal. C’est cette Flng qui est conçue pour fournir environ 2,5 millions de tonnes de Gnl annuels, en moyenne. Le total des ressources en gaz dans le champ est estimé à 15 trillions de pieds cubes. Ce projet est le premier d’envergure dans le secteur du gaz à atteindre le stade de Fid.Il devrait fournir du Gnl destiné à l’usage domestique en Mauritanie et au Sénégal ainsi qu’à l’exportation mondiale.
301,4 millions de dollars de revenus pour 2018
Kosmos, qui détient 28 % de participations, a annoncé également son intention de céder environ 10 % de ses parts sur le gaz de Gta. En dehors de ces énoncés prévisionnels sur la production de gaz, la compagnie d’exploration américaine a obtenu des résultats financiers et d’exploitation assez positifs pour l’année qui vient de s’écouler. Si Kosmos a accusé une perte nette ajustée de 39,4 millions de dollars pour le quatrième trimestre de 2018, elle a annoncé des revenus globaux de 301,4 millions de dollars au quatrième trimestre 2018, contre 187,1 millions de dollars au même trimestre de 2017. ‘‘2018 a été une année de transformation, car Kosmos a évolué pour devenir une société d’E & P à cycle complet’’, a expliqué le Pdg Andrew G. Inglis, lors de la dernière présentation des états financiers, le 25 février dernier. ‘‘Nous avons finalisé une acquisition stratégique dans le Golfe du Mexique, déclaré Fid dans le cadre de notre projet de développement en phase 1 de Tortue et généré un flux de trésorerie net de plus de 250 millions de dollars. Des actions émises dans le cadre de l’acquisition. Kosmos a organiquement remplacé plus de 130 % de la production sur une base nette et prouvée, marquant la sixième année consécutive avec plus de 100 % de remplacement de la production’’, a analysé le boss de la junior américaine.
Pour lui, les perspectives sont encourageantes. ‘‘Kosmos est désormais bien placée pour accroître ses flux de trésorerie, ses réserves prouvées et sa production, grâce à une combinaison d'activités d'exploitation, de développement, d'exploration dirigée par une infrastructure et d'exploration d'ouverture de bassin. Kosmos est plus fort que jamais et la confiance que nous avons en les perspectives d'avenir de la société est illustrée par le versement d'un dividende pour 2019, le premier de son histoire’’, at-il conclu.
“IL FAUT TRANSMETTRE, SI ON VEUT CHANGER LES CHOSES’’
Patronne de Boul Faalé Images, Rama Thiaw veut inviter des femmes d’ici et d’ailleurs, du 19 au 24mars prochains, à échanger autour de diverses thématiques, mais surtout transmettre. C’est ainsi que sont nés les “Sabbars artistiques’’.
Rama Thiaw revient, dans cet entretien, sur quelques grandes lignes de cet évènement. Elle donne son avis sur l’organisation du Fespaco et l’initiative “Noir n’est pas monétiser’’
Vous préparez les ateliers réflexives. C’est quoi exactement ?
D’abord, ça s’appelle les “Sabbars artistiques’’. Je suis partie des “Sabbars’’ qui sont des réunions de femmes sénégalaises autour des percussions, au cours desquelles elles peuvent échanger, danser. Ce sont des moments entre elles, un moment de féminité. C’est pourquoi ça s’appelle les “Sabbars artistiques’’. Pourquoi ateliers réflexives ? Parce que la réflexivité est un concept philosophique qui englobe à la fois la réflexion, mais aussi l'émotion et la transmission. Donc, ce n’est pas que je dirais des ateliers où on va penser, analyser et élaborer des théories. C'est d'une part ça, mais c'est aussi, d'autre part, l'émotion. Cette dernière est l’intelligence première pour pouvoir penser, analyser, changer les choses. Si vous ne ressentez pas une émotion envers quelqu’un, une musique ou même envers une injustice, vous n’allez pas pouvoir la changer. Enfin, il y a l’aspect transmission, puisqu’il nous semble important, si on veut changer les choses, qu’il faut transmettre. Ces “Sabbars’’ sont là aussi pour que les femmes transmettent leurs savoirs entre elles.
Mais, dans ce concept philosophique de la réflexivité, il existe, si je ne m’abuse, le masculin, et d’où vient l’idée d’organiser ces Sabbars ?
C’est la réflexivité, cela ne change pas. Donc, ce sont les ateliers réflexives. Parce que si on met réflexif, ça fait référence à la réflexion. Cette question, j’y ai droit huit fois sur dix. Le point de départ, c’est que depuis quelques années, il y a ce que j’appelle les “afromachins’’. On a les afro-féministes, les afro ceci, les afro cela. A un moment, j’avais écrit un article en disant trop d'afro tue l’afro. C’était un peu un texte satyrique où je disais : si notre combat de lutte des femmes est réduit à une coupe… Bien sûr que afro-pop n'englobe pas que la coupe, mais c'était satirique de dire si on est réduit à une coupe de cheveux, où est-ce qu’on va. Mais ça, c'était plus, je dirais un ras-le-bol que j'avais. Après, quand j’ai montré mon film en Belgique aux Beaux-Arts qui est le centre d’art contemporain de Bruxelles, j’ai rencontré les créatrices du livre qui s’appelle “Crions post colonie’’ qui ont demandé à des artistes congolais et belges de se raconter en tant qu’artistes qui venaient du Congo et qui devaient créer en Belgique. Il y avait beaucoup d’artistes comme Jean Bofane, Monique Feba et même des philosophes et des chercheurs qui se sont exprimés sur cette question et on a eu encore cette discussion entre l’afro-féminisme et le fait que moi je ne me reconnaissais pas du tout dedans et que j'avais l'impression que ces mouvements-là qui sont très bien et doivent exister en Europe, accaparent la parole qui venait du continent.
Pourquoi vous ne vous reconnaissez pas dans le discours de ces mouvements ?
C'est comme s’il n'y avait jamais eu de féminisme africain sur le continent. Et médiatiquement aujourd'hui, cette jeune femme, qu'elle soit afro-descendante ou de la diaspora ou même noire européenne, pour moi, on est soit afro-descendant, soit on est noir européen. Aujourd’hui, afro-féminisme, par exemple, c’est entendu comme des jeunes femmes noires européennes. Mais donc pourquoi l'appeler afro ? Puisque afro fait référence à afro-africain. Elles vont nous dire que ça vient du “Black feminisum’’, donc c'est comme les Afro-Américaines. Oui, mais dans le Black féminisum, et lorsqu'on parle d’Afro-Américaines, on fait aussi référence à l'esclavage. Donc, ce sont des descendants de cette histoire-là. Or, aujourd'hui, les femmes noires européennes ne sont pas issues de l’esclavage. Elles ont une autre histoire de la colonisation, de l’émigration. Certaines n’ont pas envie de revendiquer cette histoire-là, parce qu’elles sont soit françaises, soit belges, soit suisses, soit allemandes. Pourquoi alors toujours les ramener à l’histoire de leurs grands-pères sur des choses qu’elles ne vivent pas culturellement ? Etre africaine, ce n’est pas seulement être noire. Il y a des Africains de type maghrébins, il y a des Africaines blanches en Afrique du Sud, en Zambie. Réduire le terme afro à une couleur de peau me gêne profondément. Après, réduire ces luttes européennes aux femmes du continent est aussi un paradoxe qu'il faut soulever et enlever. J’ai dit pour une fois on va organiser des ateliers, des rencontres culturelles. Pour une fois, ce sont les femmes du continent qui vont recevoir leurs consœurs du monde entier.
Qui sont ces femmes attendues à ces ateliers ?
Elles viennent de tous les champs possibles. Il y a à la fois des chercheuses, des universitaires, des femmes politiques, des femmes au foyer, des commerçantes, des étudiantes. L’idée, c’était d’avoir toutes les classes sociales afin que toutes les voix soient représentées. Je n’avais pas envie de faire un énième atelier, évènement pour une certaine élite, que pour des intellectuelles, comme si le reste des femmes n'existaient pas et n'avaient pas non plus leur mot à dire sur ces questions de féminité. Aussi, l'autre point, c’est que toutes ces femmes-là ne vont pas parler uniquement d'histoires de féminité. Elles vont aussi parler de luttes politiques parce que, très souvent, on laisse ce champ-là aux hommes, comme si nous n’étions pas capables d'énoncer une idée politique, alors que c'est nous qui vivons la politique au jour le jour. Il y aura à ces rencontres des Sénégalaises, des Africaines, des Noires européennes, des Noires américaines, des Caribéennes. C’est une première édition, on n’a pas beaucoup d’argent, même si on a l'impression qu'on a dix mille sponsors parce que c'est toujours la même chose quand il s'agit d’évènements de femmes. On est sous-financé. Je tiens à remercier d'ailleurs des femmes qui sont dans les institutions qui nous ont soutenues, mais malheureusement comme elles ne sont pas nombreuses dans les institutions, on n’a pas eu le financement qu'on aurait dû avoir. C'est dommage, c'est vraiment dommage. Donc, j'espère qu'il y aura une autre édition et que là, tout le monde sera au rendez-vous et qu’on aura notre Etat qui va nous soutenir. On a besoin qu’à un moment, nos Etats soutiennent les évènements culturels, mais aussi les évènements qui sont créés par des femmes. On ne peut pas toujours soutenir les mêmes évènements qui sont là depuis X années. Pourquoi, en plus, il faut nous soutenir ? Quand on fait un évènement culturel, on crée des emplois dans d'autres secteurs comme le tourisme, le transport, la communication, l’imprimerie, la mode, la restauration, etc. Dès qu’on fait un évènement culturel, il y a plusieurs corps de métier, plusieurs industries qui se mettent en branle. Donc, pourquoi on ne nous soutient pas dans cette création d’emplois ? C’est la première chose et la seconde, c’est que si, à chaque fois, on est là à se plaindre, en train de dire comment on va faire pour développer nos pays, il faut soutenir les entreprises basées ici et plus celles dirigées et créées par des femmes. Parce qu’elles n’ont pas les relations, les moyens de convaincre les organismes financiers qui croient que les femmes sont incapables de gérer. Les mécènes privés et l’Etat doivent, à un moment, prendre le risque d’investir dans ces industries parce que, finalement, c’est nous qui créons les emplois.
Vous êtes établi en Europe…
(Elle coupe) Non, je suis établie ici. Tout le monde pense que je vis en Europe. Mais non, j’ai créé ma boite ici il y a 11 ans, Boul Faalé Images. Ce qui est dommage, et c’est aussi une des raisons pour laquelle je fais ces Sabbars, c’est qu’on pense que quelqu’un qui est cultivé, forcément, ne vit pas ici. Je viens d’un milieu très modeste. Je viens de Pikine. Je suis la seule, dans ma famille, à avoir fait des études universitaires. Pourtant, les gens, quand ils me voient, pensent que soit je viens des milieux favorisés, soit je suis fille de diplomate ou je ne sais quoi. Non. J’ai dû apprendre et me battre pour faire des études en économie, en sociologie et en cinéma à Paris 1. Ce n’est pas parce que je m’exprime bien que je ne suis pas une Pikinoise. Cela voudrait dire qu’une femme de Pikine ne peut pas avoir cette intelligence et cette capacité. Moi, cela me choque. On n’arrive pas à nous projeter et avoir confiance en nous-mêmes et dire qu’on est capable juste d’être intelligentes. C’est quoi la femme des milieux populaires au Sénégal ? C’est une vraie question.
Vous suivez tout de même l’initiative “Noir n’est pas mon métier’’. Qu’en pensez-vous ?
C’est bien que cela existe en France. C’est bien que les Françaises noires, à un moment, s’accaparent de cette question-là. Mais moi, ce que j’ai envie de dire, c’est qu’Africaine n’est pas mon métier de la même manière. J’en reviens encore à cette question : qu’est-ce qu’être une Africaine, une femme noire issue des milieux populaires ? Si vous êtes noir, quel que soit le continent d’où vous venez, vous êtes déjà discriminé. Si vous êtes une femme, vous êtes discriminée deux fois. Mais si vous êtes noire africaine, vous êtes trois fois plus discriminée. Imaginez que vous venez des milieux pauvres, vous êtes quatre fois plus discriminée. On ne parle jamais de cette double discrimination. Même faire un métier comme le cinéma qui, soi-disant est un métier de prestige, souvent on vous dit vous n’avez pas les capacités artistiques. Vous n’êtes pas assez intelligente pour pouvoir le faire. C’est cela aussi que ça sous-entend. Certains vous disent : “Mais vous êtes ambitieuse.’’ Alors que si c’est un homme qui a le même projet que vous, on dit : “C’est génial, fantastique.’’ J’ai donc envie de dire “Africaine n’est pas mon métier’’, parce que les nombreuses fois où je suis allée dans des festivals présenter mon film “The revolution don’t be televised’’, on ne me parle pas de cinéma. La première question qu’on me posait, c’est comment ça se passe en Afrique sur le plan politique, comme si j’étais journaliste, historienne et que je vais connaître l’histoire politique des 55 pays et leur faire un compte-rendu en 10 minutes. C’est très rarement que les gens posent des questions autour de la forme, de l’esthétique et autres. Alors que le cinéma, c’est un art. On se bat pour faire un art et non pas pour parler de la situation économique, politique de nos pays.
Pourquoi vous n’êtes jamais allée au Fespaco en 2017 avec votre film “The revolution don’t be televised’’, alors que quelques mois auparavant, il était aux Journées cinématographiques de Carthage (Jcc) ?
J’ai fait mon film en 2016 ; il a été sélectionné à Berlin (la Berlinale) à la section Forum. Je tiens à préciser que c’était la première fois qu’un film sénégalais, produit à 80 % par une société sénégalaise, accédait à un festival de cette catégorie-là. On a eu deux prix au Forum. Je tiens à préciser cela, parce que, très souvent, on parle de films sénégalais, or ils sont majoritairement produits par des sociétés françaises. C’était la première fois que c’était l’inverse. Après Berlin, on pensait qu'on irait au Fespaco. On s’est inscrit comme tout le monde. Aux Jcc, j’ai rencontré le directeur du Fespaco, M. Ardiouma, qui m’a personnellement donné sa carte de visite et il m’a dit quelque chose qui m’a semblé très étonnant. Il m’a dit : “Ecoutez, que vous soyez sélectionnée ou pas, appelez-moi, on fera en sorte que vous veniez.’’ Sur le coup, je n’ai pas réagi. Je me disais qu’il n’y avait pas de raison. On a eu le prix du jury, cette année-là. Je me rappelle d’un autre compatriote cinéaste, Alassane Sy, qui, lui, je crois, avait eu le premier prix court-métrage. On était tous les deux et on se disait qu’on allait se revoir au Fespaco. On n’a pas été sélectionné. Ils ont sélectionné d’autres films, d’autres cinéastes. On a été plusieurs jeunes cinéastes africains qui n’étaient pas là. Je n’étais pas la seule. Il y avait beaucoup d’autres très bons cinéastes, que ce soit dans le documentaire ou la fiction qui n’étaient pas là. Il y a un problème au niveau de la sélection. Si ceux qui sont chargés de cela ne connaissent pas le cinéma, ne s’y intéressent pas, comment voulez-vous déjà qu’ils puissent sélectionner des cinéastes de qualité ? On ne sait pas qui fait la sélection. On a de vagues soupçons que ce soit des gens de l’administration et pas du tout du monde du cinéma. Aussi, je ne vois jamais de programmateurs du Fespaco aller dans d’autres festivals chercher de jeunes talents. Tous les autres festivals au monde ont un programmateur ou directeur artistique qui va dans d’autres festivals et essaie de voir quel est le jeune talent qui émerge. Je pense aussi qu’un festival de cinéma ne peut pas être dirigé, organisé par des fonctionnaires d’Etat. C’est complètement absurde. Ce n’est pas le même métier. Je me demande également pourquoi le Fespaco est le seul festival au monde qui tient sa conférence de presse sur un autre continent. Quand même ! Ce festival a 50 ans. Soixante ans après les indépendances, on va dans le continent du colon faire nos conférences de presse. Pour moi, c’est le pire aveu de défaite. On est capable d’organiser une conférence de presse sur notre continent. N’avons-nous pas de bons journalistes ? N’avonsnous pas les moyens de le faire ? Imaginez que le festival de Cannes fasse sa conférence de presse au Japon ou en Amérique du Sud ! J’ai énoncé quelques grandes lignes ici. Ce festival a des financements. Cette année, ils ont invité 600 personnes. Je ne connais aucun festival au monde qui invite 600 personnes. Si on a de l’argent pour inviter 600 personnes, on de l’argent pour faire un festival qui tienne. Regardez le site du festival, mais c’est une honte. Regardez les affiches, chaque année, on a envie de pleurer. N’avons-nous pas des graphistes de talent ? Quand j’en parle, je le fais avec le cœur, parce que c’est l’image du cinéma du continent. Même pas de l’Afrique, parce qu’il y a les Jcc, Durban. Mais on a l’impression qu’en Afrique francophone, il n’y a que le Fespaco. Il n’est pas la vitrine du cinéma panafricain, africain, mais celle du cinéma africain francophone. D’ailleurs, cette année, beaucoup des invités anglophones n’ont pas reçu leurs billets. Durban a beaucoup de problèmes, mais est mieux organisé que le Fespaco. A un moment, il faut arrêter de dire que parce que c’est nous africains que les choses se passent ainsi. Il faut qu’on se remette en cause parce que c’est à nous cinéastes que cela fait du tort. Les gens, à l’international, ont ce mépris en disant que ce sont des Africains, c’est pour cela que l’organisation est de mauvaise qualité. On a des films institutionnels qui sont en compétition et ça renforce les clichés qu’on a sur nous et contre lesquels on se bat. On n’a pas de financement parce qu’on pense qu’on aura les mêmes choses que ce qu’on voit au Fespaco. Il faut que cela change. Je profite de cette occasion pour féliciter les Sénégalaises primées cette année : Khadidiatou Sow qui a le Poulain d’argent et Angèle qui a le Poulain de bronze et est Meilleure réalisatrice de la Cedeao.
A seulement 18 ans, Sofiane Diop est considéré comme un grand espoir du côté de l’AS Monaco, club qu’il avait rejoint la saison dernière. Né de père sénégalais et d’une mère marocaine, le jeune milieu offensif garde un bon souvenir de ses vacances au Sénégal. Dans un entretien accordé à «Onze-Mondial», il est revenu sur cette partie de son enfance.
Formé à Rennes, Sofiane Diop avait suscité les convoitises, avant de signer finalement à Monaco (D1 France). Avec le club de la Principauté, le jeune attaquant a disputé 13 matchs. Né le 9 juin 2000 à Tours, il a déjà défendu les couleurs de la France chez les U18 et chez les U19. «Mon père est d’origine sénégalaise et ma mère marocaine. La famille de ma mère vit en France. Donc je les voyais quasiment tous les week-ends, contrairement à la famille de mon père qui se trouve au Sénégal. Du coup, mon père m’en- voyait souvent seul au Sénégal pendant les vacances d’été, car il travaillait. Ça m’a aidé. Du coup, j’avais forcément plus de facilité à m’éloigner d’eux», explique-t-il, dans « Onze-Mondial».
Très jeune, Sofiane a tâté de la musique. Mais, c’est en regardant jouer son père qu’il a décidé de devenir footballeur. «Mon père aimait bien jouer avec ses amis le dimanche. Il m’amenait avec lui. Ça m’a plu et j’ai su le faire comprendre à mes parents», a indiqué le jeune footballeur. A L’AS Monaco, Sofiane Diop tente de se faire une place dans l’équipe professionnelle. Sou souhait, faire plaisir à ses parents. «Je suis de confession musulmane. Du coup, j’aimerais bien amener un jour mon père à La Mecque. Je pense que je vais réaliser ce rêve-là. Je veux aussi faire voyager ma mère. Elle n’a pas connu beaucoup de pays, à part la France et le Maroc. Je veux qu’elle voyage», a ajouté le joueur de 19 ans. Reste maintenant à sa- voir pour quel pays (France, Sénégal, Maroc) il va opter pour une carrière internationale.
SANTY NGOM FAIT L’UNANIMITÉ
En seulement deux mois à Nancy, le polyvalent attaquant a convaincu ses coéquipiers et ses dirigeants
Arrivé à Nancy au mois de janvier dernier sous forme de prêt, Santy Ngom retrouve du temps de jeu. L’international sénégalais semble déjà faire l’unanimité auprès de ses dirigeants.
Longtemps oublié à Nantes, Santy Ngom retrouve ses marques à Nancy (D2 France). En seulement deux mois à Nancy, le polyvalent attaquant a convaincu ses coéquipiers et ses dirigeants. «Il n’est pas du tout individualiste. Il se met au service de l’équipe. Il nous fait vraiment du bien. C’est un tueur devant le but», assène même Amine Bassi qui le côtoie au quotidien depuis deux mois. «Il est facile à trouver. J’aime jouer avec lui», confie Denis-Will Poha. «Le fait qu’on se soit retrouvé ensemble à l’hôtel à créer une complicité. Elle rejaillit sur le terrain. Il comprend mon jeu», glisse Vagner au sujet de son partenaire. Doté d’une finesse technique, il est capable de se muer en neuf et demi et même en véritable meneur de jeu. Lors de la victoire le week-end dernier, contre Lorient, il avait impressionné son coach Alain Perrin. «Ce n’était pas une consigne. Il avait peut-être besoin de venir toucher le ballon et de participer au jeu de l’équipe. C’est normal pour un attaquant de décrocher d’autant qu’il a la capacité à tenir le ballon», a fait savoir le coach de Nancy.
Il revient de loin
Formé au Mans (2010-2013), Santy Ngom a connu des débuts difficiles. Il a fait les réserves de Guingamp et du PSG, avant de rejoindre la Bulgarie. Il passera une saison blanche au Levski Sofia. N’ayant presque plus espoir, Santy signe dans un club de DH (La Suze). En une saison, il va inscrire la bagatelle de 36 buts. Suffisant pour attirer les dirigeants du FC Nantes. Nous sommes en 2017 et il venait de concrétiser son rêve, intégrer le monde professionnel. Après 28 journées, Nancy occupe la 17ème place (29 pts), soit 4 de plus que le premier relégable Sochaux (18ème, 24 pts).En huit matchs disputés, Santy Ngom a marqué trois buts (dont deux en championnat). Nancy qui n’est pas encore à l’abri aura besoin de son attaquant sénégalais au mieux de sa forme. Ce retour au premier plan du joueur de 26 ans a également convaincu Aliou Cissé de le rappeler en sélection. Il a été retenu dans la liste des joueurs qui vont rencontrer Madagascar le 23 mars prochain (6ème journée éliminatoires Can 2019) et le Mali en amical (26 du même mois).
L’UTILISATION DES SERVICES D'INFORMATION CLIMATIQUE RECOMENDÉE
Pour une amélioration de la productivité agricole au Sénégal
Pour faire face aux changements climatiques et atteindre de meilleurs rendements agricoles, l’Usaid en partenariat avec l’Anacim et d’autres structures a mis en place le projet Usaid/Cinsere. Ce projet d'information climatique financé par l'Usaid vise à accroître la résilience et la productivité des communautés agricoles, pastorales et de pêcheurs sénégalais à travers la mise à disposition, la communication et l'utilisation des informations climatiques et climatologiques fiables Sénégal.
Le changement climatique et la variabilité climatique affectent fortement la productivité des secteurs de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche au Sénégal. Pour renforcer l'adaptabilité des moyens de subsistance et des systèmes de production à la variabilité climatique et aux risques connexes, l'Usaid, la Climate Change, Agriculture and Food Security (Ccfas) et l'Anacim ont mis en place le projet Usaid Cinsere pour une vulgarisation de l'information.
Selon le Directeur de la croissance économique à l'Usaid, David, Dianguèn, ce partenariat a généré le passage de la réception de l'information et des produits à la mise en œuvre de pratiques d'adaptation au changement climatique, l'expérimentation d'une prise de décision pour mieux informer des risques face à la variabilité climatique grandissante. «Ces résultats ont contribué à considérer aujourd'hui les Services d’Information Climatique et Météorologique du Sénégal (Sics) comme un intrant de plus à la production agricole.
L'information climatique devient un intrant à la production agricole de l'avis des agriculteurs. Cet intrant a permis de sécuriser leurs investissements et de les optimiser. Cela se traduit par une récolte mieux assurée et une plus grande production», souligne-t-il. À l’en croire, ces résultats sont un encouragement à investir dans les Sics, mais aussi dans les services hydrométéorologiques dans un pays où l'agriculture est considérée comme «un moteur pour l'émergence économique et reste tributaire de la pluviométrie et d'autres facteurs climatiques à un degré élevé.
On pourrait dire autant pour la pêche qui est un secteur primordial pour le Sénégal en terme d'emploi et de revenus». Pour le directeur général de la Pêche Mamadou Goudiaby, l'intensité très forte des impacts climatiques et de la vulnérabilité climatique sur le secteur de l'agriculture, l'élevage et la pêche, a motivé le soutien des partenaires techniques et financiers comme l'Usaid. De l’avis de M. Goudiaby, «cette coopération synergique a permis de développer des stratégies d'adaptation de résilience et d'atténuation à travers des projets de nouveaux organes de gouvernance mises en place.
Cette coopération a contribué à la prévention et à la réduction des risques de dangers et des accidents des acteurs respectifs des secteurs de l’élevage, de l’agriculture et de la pêche», affirme-t-il. Même son de cloche pour le Secrétaire général du ministère de l'Agriculture, Dogo Seck, qui pense que le changement climatique ne laisse aucun pays indifférent. «Le secteur agricole subit de plein fouet les variabilités climatiques. Au cours de ces trois années d'exécution, le projet Cinsere a eu des réalisations appréciables au profit des décideurs et des acteurs.
À ce propos, il convient de noter les efforts du projet à renforcer les capacités des acteurs pour le partage et l'utilisation efficace des services climatiques», indique-t-il. Ce constat est confirmé par des producteurs qui ont expérimenté le projet. Selon eux, ces informations climatiques véhiculées à travers le projet Usaid Cinsere sont devenues un intrant indispensable pour que les agriculteurs puissent développer leurs productions agricoles. «Notre travail avec Cinsere est très important. Depuis qu'on a suivi ce projet, on a reçu de bons rendements», a soutenu une productrice. Pour sa part, le coordonnateur du Comité local de pêche artisanale, Ndiaga Cissé, considère que le projet Usaid Cinsere les a aidés à mettre en place un comité de veille pour partager l'information et veiller à contrôler les embarcations des pêcheurs.
«Cela permet de comprendre la situation climatique, notamment le niveau de la houle avant d'aller en mer. Il nous a aidés à partager l'information avec les pêcheurs. Cette enquête nous a permis d'enrôler 1800 pêcheurs. Ainsi la majeure partie des pêcheurs respecte l'information. Ce qui contribue à atténuer les risques de décès et de pertes d’équipement», souligne t-il.
A THIÈS, BBY EST PARVENUE À RÉDUIRE L’ÉCART
Mamadou Gningue ne partage pas l’analyse de ceux qui parlent de défaite de la coalition présidentielle à Thiès
Président de l’Alliance pour un Sénégal Prospère (ASP), structure membre de la coalition Benno Bokk Yaakaar, Mamadou Gningue ne partage pas l’analyse de ceux qui parlent de défaite de Bby à Thiès. Au contraire, il estime que la mouvance présidentielle est parvenue à réduire l’écart qui pouvait être une hécatombe. Il a fait sa sortie lors d’une journée qu’il a initiée ce weekend pour célébrer les femmes de Thiès.
« Il ne peut y avoir de ligne de démarcation entre les mouvements et les membres de l’Alliance Pour la république (APR)». Ces propos ont été tenus ce weekend par Mamadou Gningue, président de l’Alliance pour un Sénégal Prospère (ASP), membre de la coalition Benno Bokk Yaakaar, lors de la journée qu’il a organisée pour célébrer les femmes de Thiès. Selon le directeur général d’ITECOM, ceux qui tentent d’établir une différence entre ces deux entités veulent diviser la famille présidentielle. «A Thiès, la coalition Bby est parvenue à réduire l’écart qui pouvait être une hécatombe. 40.000 voix ont été versées dans l’escarcelle du président de la République, soit plus que ce qui a valu une victoire à Ziguinchor du candidat Ousmane Sonko», explique Mamadou Gningue. Il ajoute qu’en termes de contribution, Thiès a fait plus que beaucoup de villes où le candidat de Bby a gagné. A ses yeux donc, il faut considérer le résultat comme encourageant et resserrer les rangs pour affronter les prochaines élections sous de meilleurs auspices. Par conséquent, il a demandé au Président Macky Sall de considérer les résultats de Thiès comme une victoire. «Les responsables de l’Apr à Thiès et les mouvements de soutien ont joué un rôle important dans la victoire finale», affirme-t-il.
A l’occasion de cette fête dédiée à la femme, Mamadou Gningue a regroupé militants et responsables de l’Alliance pour un Sénégal Prospère (ASP), les femmes leaders de plus de 120 groupements de femmes, mais aussi des membres la mouvance présidentielle. A l’en croire, la présence des leaders locaux de BBY traduit la symbiose vécue durant la campagne électorale. Il estime que le compagnonnage entre les femmes et l’ASP ne date pas d’aujourd’hui. «L’ASP n’a jamais lésiné sur les moyens quand il s’est agi de financer les groupements de femmes, et dans des conditions propices à l’éclosion d’un entrepreneuriat féminin durable», dit-il. Autour d’un copieux déjeuner, les femmes ont partagé des idées par rapport au développement local conformément à la vision du Président de la République Macky Sall. «Le développement d’un pays dépend en grande partie de l’équilibre qu’on donne à la gent féminine», indique le directeur général d’ITECOM qui se targue de s’investir beaucoup dans la formation et la capacitation des femmes.
BOUBACAR CAMARA ANNONCE «TABAKH » ET UNE ÉCOLE DU PARTI
Le leader du Mouvement Jengu, Boubacar Camara va mettre en place la nouvelle version de son programme économique et social dénommée «Tabax» et l’Ecole du Parti. Il prévoit également de transformer son mouvement en une force politique. Dans un communiqué parvenu à «L’As», il a tenu à féliciter ses militants qui l’accompagnent depuis 10 mois.
A défaut de féliciter le vainqueur de l’élection présidentielle du 24 février dernier, Macky Sall, Boubacar Camara a adressé un message de félicitation et d’encouragement à ses militants. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, le leader du mouvement Jengu a indiqué que pendant ces dix mois, les militants ont toujours fait preuve d’une mobilisation et d’une constance qui forcent le respect.
Pour l’ancien Directeur Général des Douanes et membre de la coalition «Sonko Président», des chantiers décisifs pour les futures échéances attendent les militants. En guise de perspectives, Boubacar Camara souligne que son parti a déjà commencé «un excellent travail» de recensement des adhérents, de vente des cartes et d’organisation des instances.
«Il revient aux responsables la mission de finaliser la structuration du mouvement, les formalités de reconnaissance et surtout la mise en place des Comités dans les quartiers, des sections communales et départementales et des fédérations régionales».
Et bientôt, une nouvelle version de son programme économique et social dénommée «Tabax (construire)», œuvre en continuelle amélioration, devra être présentée aux militants et sympathisants. Il annonce également la mise en place, dans les meilleurs délais, de l’Ecole du Parti si chère aux militants.
UN MANDAT DE REDRESSEMENT DE CINQ ANS
Le président du Mouvement Jengu rappelle que sa vision consiste à bâtir un Sénégal prospère par un capital humain épanoui à partir de l’exploitation judicieuse des ressources naturelles, notamment par l’optimisation de toutes les chaînes de valeur des produits. Il s’agira ainsi de renforcer les acteurs essentiels de la société, pour un développement durable.
«Ils sont l’Etat, le travailleur, l’entreprise, la femme et la jeunesse».Dans ce Sénégal, souligne l’ex Dg de la Douane, l’éducation et la santé, la sécurité et la citoyenneté auront un véritable sens. Pour Boubacar Camara, les responsables du mouvement Jengu ont contribué autant que possible à l’élaboration d’un programme pour un mandat de redressement de cinq ans, à la constitution d’une équipe et la à désignation d’un candidat à la suite d’une compétition à l’issue de laquelle il a été choisi comme candidat avant d’être recalé par le parrainage. «Le bébé Jengu a grandi très vite et ses habits sont devenus trop étroits.
Il nous appartient de suivre la voie tracée par les fondateurs de Jengu et de transformer le Mouvement en une force politique incontournable dans le paysage politique sénégalais. Nous en avons les capacités et la volonté», affirme Boubacar Camara qui demande aux militants de se mettre au travail.