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8 juin 2025
BUG SUR LE BOULEVARD DE LA RÉPUBLIQUE
Bassirou Diomaye Faye annonce avoir transmis à la Cour des comptes un audit accablant sur la gestion financière de son prédécesseur. Mais la Cour des comptes dément avoir reçu le moindre document.
Le président Bassirou Diomaye Faye a déclaré avoir transmis à la Cour des comptes les résultats de l’audit de la gestion des Finances publiques par son prédécesseur. Bizarrement, des membres de la Cour des comptes assurent n’avoir encore rien vu du fameux rapport provenant du Palais de Senghor. Sans doute une confusion sur le Boulevard de la République, entre le Palais présidentiel et le siège de la Cour, sur la même avenue.
Dans son adresse à la Nation du 12 septembre, le président Bassirou Diomaye Faye a annoncé la publication prochaine de l’audit des comptes publics du régime précédent. Il a déclaré : «Dès mon installation, j’ai entrepris de faire l’inventaire, comme m’y oblige l’article 1.7 de la loi portant Code de transparence dans la gestion des Finances publiques. Les résultats de l’audit soumis à ce jour à la Cour des Comptes pour validation font ressortir une gestion publique empreinte de légèretés qui ont occasionné des dérapages volontairement cachés dans la gestion des Finances publiques, avec une évolution incontrôlée de la masse salariale, de la dette et des intérêts de la dette, une non-maîtrise des subventions et un dérapage dans les tirages sur ressources extérieures.» Bassirou Diomaye Faye ajoute un peu plus loin : «Les manquements notés ont entraîné une détérioration grave du cadre des Finances publiques de notre pays. Le gouvernement, après échanges avec les partenaires techniques et financiers et les autres partenaires, reviendra largement sur le sujet et le rapport approuvé par la Cour des comptes fera l’objet d’une publication.»
Si tout cela est dans l’ordre normal des choses, il reste surprenant qu’aucun membre de la Cour des comptes, parmi ceux que Le Quotidien a interrogés ces derniers jours, n’a pu confirmer avoir reçu les rapports d’audit transmis par la présidence de la République. Or, le siège des deux institutions n’est séparé que par la longueur d’une artère. Et le temps ne plaide pas en faveur d’une lenteur. Car, le Code de transparence dans la gestion des Finances publiques, cité par le Président, et auquel il se réfère, indique précisément à son article 1.7 qu’il a cité, que «dans les trois mois suivant chaque nouveau mandat présidentiel, la situation globale des Finances publiques et en particulier la situation du budget de l’Etat et de son endettement, fait l’objet d’un rapport préparé par le gouvernement. Ce rapport, audité par la Cour des comptes, est publié dans les trois mois suivants».
Le Président Faye ayant été installé le 2 avril dernier, le rapport d’audit aurait dû être bouclé et transmis à la Cour des comptes au plus tard en juillet. Les magistrats financiers auraient alors jusqu’en début octobre pour auditer ce rapport, avant de le rendre public, comme ils le font avec tous les rapports qu’ils établissent. Si, comme le disent ceux qui ont parlé au journal Le Quotidien, ils n’ont pas encore reçu le document, on se demande si ce dernier a encore une utilité à ce jour.
Car au vu de cette situation, le document, s’il était envoyé le 12 septembre comme dit par le président de la République, ne pourrait, en respectant les 3 mois de délai prévus par la loi, être prêt qu’en décembre au plus tôt. C’est-à-dire, bien après les Législatives prévues le 17 novembre prochain.
Par ailleurs, selon les membres de la Cour des comptes, le rapport demandé par l’Exécutif ne serait pas vraiment indispensable pour faire l’état de la situation des Finances publiques avant 2023. En effet, la Cour a déjà validé les Lois de règlement budgétaire des rapports de gestion 2020, 2021 et 2022. Ces lois ont même été adoptées par l’Assemblée. La Cour des comptes ne pourrait donc pas revenir sur son propre travail, et surtout pas se dédire, car l’adoption de l’Assemblée se fait quasiment sur la base des rapports de la Cour des comptes. Il ne resterait donc que le rapport de la gestion de 2023 à approuver et à faire voter par l’Assemblée nationale.
Si Bassirou Diomaye Faye voulait des résultats rapides, il aurait pu se référer au travail déjà réalisé par la Cour des comptes, et ainsi gagner du temps.
Par Hamidou ANNE
LE DESTIN DE PASTEF EST D’ÉCHOUER, MAIS À QUEL PRIX ?
Le populisme sait bénéficier des infrastructures de la démocratie pour arriver au pouvoir avant de lutter pour la déconstruire. Nous avons eu droit à un candidat prête-nom ; désormais, arrive le moment du dirigeant par procuration
Dans certaines circonstances, on n’aimerait pas avoir raison trop tôt. Mais dans celles auxquelles fait face notre pays, je pourrais dire que rien ne me surprend dans la manière pour ce régime de désacraliser le sacré et de dévoyer les institutions, sans décence aucune. La décision cavalière portant dissolution de l’Assemblée nationale ensevelit l’espoir chez certains. Chez d’autres, il s’agit d’un argument supplémentaire en vue de la campagne électorale. Pour ceux-là qui, comme moi, n’attendaient rien de moins que le pire, la mesure de duperie qui fragilise les institutions républicaines ne fait que confirmer une trajectoire déjà bien claire : le Pastef se situe en dehors de notre arc républicain. C’est un parti dangereux pour la démocratie et la République, qu’il dévitalise au profit d’un agenda de rupture avec l’ordre institutionnel érigé en 1960, dans lequel les formations politiques se sont confinées, malgré leurs divergences et les épisodes de violence. Dans l’opposition, le choix de l’insurrection comme modalité d’action politique, les atteintes nombreuses à la paix civile, l’antiparlementarisme, les discours sacrificiels, les appels au meurtre du chef de l’Etat, le refus de se conformer au Droit et le reniement du débat contradictoire avaient conduit à une violence éruptive dans le pays et à la dissolution de ce mouvement antirépublicain.
La loi d’amnistie, les négociations souterraines et la détermination d’une large frange du corps social à rompre avec l’alternance entre les partis de gouvernement pour tenter l’expérience Pastef et faire goûter au Sénégal son moment populiste, ont conduit cette formation au pouvoir. Mais le populisme - tout comme le fascisme - sait bénéficier des infrastructures de la démocratie pour arriver au pouvoir avant de lutter ardemment pour la déconstruire par des actes illégaux et des manœuvres grossières.
Les premiers actes pris ont été en violation de nos lois. Notamment le décret qui révoqua le président de la Cour suprême. Puis il y a eu les nominations scabreuses, les discours incendiaires pour ceux-là qui sont censé être en responsabilité, les atteintes récurrentes à la laïcité ainsi que les propos discourtois de certains dirigeants vis-à-vis de l’opposition, des confréries religieuses, les positions inopportunes en direction de nos alliés stratégiques comme l’Arabie Saoudite, le Maroc et la France.
Dans de nombreux cercles d’influence à l’international, la voix du Sénégal est décrédibilisée ; des décideurs publics et privés ne parviennent pas à comprendre comment l’abaissement d’abord discursif, ensuite dans les méthodes, a pu gagner notre pays en si peu de temps. L’Etat du Sénégal a toujours incarné à l’étranger le prestige et le respect, mais certaines nominations et surtout les propos d’une grande irresponsabilité des tenants du pouvoir ont gravement nui à l’image du pays sur la scène internationale.
Pour en revenir à la dissolution, la loi est sans équivoque. L’Assemblée nationale peut être dissoute après deux années de législature selon les termes de l’article 87 de la Constitution. Mais la légèreté des arguments invoqués renvoie à de l’incompétence, de même qu’au manque de sérieux. Comment invoquer une usurpation par l’Assemblée de compétences constitutionnelles dévolues à autrui ? Comment oser invoquer l’argument de l’absence de débat d’orientation budgétaire ? Enfin, comment, en démocratie, devant toutes les télévisions du monde, reprocher à l’Assemblée d’exercer son pouvoir constitutionnel de retoquer un projet de loi ?
Ce qui se confirme auprès de ceux qui en doutaient encore, c’est la manifestation au grand jour d’une mise sous tutelle ; nous avons eu droit à un candidat prête-nom ; désormais, arrive le moment du dirigeant par procuration. Un homme empêché par ses propres turpitudes de concourir au suffrage universel se paie le luxe d’avoir à disposition un signataire de décrets pour son bon plaisir. Le Sénégal vient d’enrichir la science politique moderne, car ce modèle sénégalais d’un nommé qui commande est inédit. Notre pays a la capacité de s’élever très haut quand les circonstances l’exigent, mais il recèle de même cet art facétieux de sombrer dans le ridicule.
Pastef n’est pas un parti républicain, disais-je. En cinq mois, ses dirigeants ont violé plusieurs lois sans grande gêne devant une foule d’ignorants au vacarme puéril et devant des intellectuels et des militants de la «société civile» qui attendent les récompenses symboliques. La violation la plus manifeste de la loi est celle relative à l’article 55 de la Constitution, portant Déclaration de politique générale, au moyen d’arguties risibles. Les caprices sur le règlement intérieur satisfaites, l’intéressé a disparu telle l’arlésienne. Son coup de bluff a conduit à la trahison de la parole donnée et à la banalisation de la signature présidentielle et des institutions.
Personnellement, j’avais dit à tous mes amis qu’il ne ferait pas cette DPG. L’intéressé sait qu’il ne sait pas, qu’il ne peut pas ; qu’il lui est pénible d’argumenter, voire de tenir une conversation banale dans la langue officielle de notre pays. Or, assumer ses responsabilités est une marque de dignité et de décence dont sont pourvues les âmes les plus nobles. La noblesse de l’exercice de l’Etat ne saurait transformer ce qui est abimé et insignifiant. Un homme banal jamais ne peut s’élever à la grandeur qu’exige le service de l’Etat.
Les arrestations arbitraires, la violation de l’article 55 de la Constitution, les interdictions de sortie du territoire contraires à nos lois, les diverses menaces contre les politiques, la presse et une partie des citoyens, les outrages à nos partenaires étrangers ne sont que les premiers actes de gens incompétents mais surtout antirépublicains. La suite sera plus brutale car le populisme fonctionne à travers plusieurs leviers dont deux me semblent utiles à rappeler : le conflit permanent et l’usage de la manipulation grossière. Ils tenteront, pour masquer leurs carences économiques déjà mises à nu par le FMI, de rétrécir les libertés publiques, d’user de l’arme du complot étranger via la cinquième colonne intérieure, de disséminer des fake-news et enfin de jeter le discrédit sur toute voix contraire. Le Pastef a déjà montré comment il était rétif à la contradiction et comment ses ouailles sur le terrain et sur les réseaux sociaux pouvaient être violentes et grossières.
Mais leurs volontés feront face à l’exigence du peuple souverain en matière de démocratie, d’expression des libertés et de respect du suffrage universel. Nul besoin d’être un devin pour prédire l’échec du Pastef pour trois raisons. Le peuple a été fermenté dans le libre choix de ses dirigeants, il ne peut lui être imposé l’autoritarisme. Le Pastef a montré son incompétence technique et son immaturité politique en moins d’un semestre ; ses dirigeants n’ont ni la culture d’Etat ni la compétence technique requises pour gouverner avec succès. Ils ne savent pas enfin se battre avec intelligence et finesse, au regard de leur carence en politique et leur méconnaissance de l’histoire. Le réel est l’ennemi des populistes et des démagogues ; devant les problèmes des citoyens, nombreux et divers, ils n’ont aucune solution. Ils sont appelés à passer un court moment et disparaître de l’échiquier politique.
Mon inquiétude, en revanche, concerne la violence résiduelle qui sévit dans le corps social au regard de quatre années de chienlit promue par le Pastef. Les dirigeants d’aujourd’hui risquent d’être les prochaines cibles des foules qu’ils avaient jetées dans la rue au nom du «Mortal kombat». La fin de l’aventure Pastef risque d’être brutale. Il faudra tout reconstruire derrière : une Nation, un Etat et une ambition, car ces gens conduisent le Sénégal à la ruine morale et à la banqueroute économique.
Post-Scriptum : Des amis d’ici et d’ailleurs me partagent leur surprise devant le silence des universitaires et des intellectuels jadis hardis dans la rédaction de pétitions et de tribunes collectives sur la sacralité de la Constitution, le respect de la parole donnée, les dérives liberticides…Je connais suffisamment l’élite de mon pays pour ne pas être surpris par ses lâchetés, ses positionnements opportunistes, ses misères et ses petits arrangements. Son silence devant les embastillements de l’Imam Ahmed Tidiane Ndao, des militants Bah Diakhaté, Ahmed Suzanne Camara et Cheikhna Keïta, les convocations de deux journalistes pour avoir repris une information jusque-là non démentie par les concernés, les violations de la loi, les reniements divers et les menaces visant la presse et l’opposition républicaine ne me surprend guère. Beaucoup parmi cette élite étaient la troisième ligne d’une offensive coordonnée pour combattre un homme et son régime. Il faut regretter le manque de transparence et de courage dans la diffusion des idées et dans l’expression du lieu d’où l’on parle. Un intellectuel a une liberté garantie par la Constitution de prendre des positions politiques et idéologiques, aussi radicales soient-elles, en démocratie ; mais son honneur réside dans le courage et la dignité d’assumer en plus de s’assumer.
LA LIGUE S’ARROGE LA RETRANSMISSION
La Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) a décidé : désormais aucun club ne transmettra ses matchs de championnat sur sa chaîne YouTube. Elle a repris ses droits exclusifs qu’elle va exercer, monétiser pour payer les clubs. Mais comment ?
La Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) a décidé : désormais aucun club ne transmettra ses matchs de championnat sur sa chaîne YouTube. Elle a repris ses droits exclusifs qu’elle va exercer, monétiser pour payer les clubs. Mais comment ?
Ci-gît les matchs sur les chaînes YouTube des clubs du championnat les samedis et dimanches ! Thiat (As Pikine), Sir Mbengue (Tfc) qui sont appelés à se réinventer vont nous manquer avec leurs envolées lyriques, après chaque belle action. Car désormais aucune équipe ne pourra retransmettre en direct, ses matchs de championnat à travers ses plateformes Web. Une note de la ligue de football professionnel vient de tout s’arroger. Une plateforme de streaming sera mise en place et aura comme objectif de vulgariser les matchs, les joueurs, le spectacle et sans doute la violence dans certaines affiches.
Il y’aura de l’argent…
On peut lire à travers la missive que «les droits de diffusion des matchs du championnat reviennent exclusivement à la Ligue Sénégalaise de Football Professionnel». Rien de nouveau juste que ces droits n’ont jamais intéresser les décideurs du football local. Mais vue le manque à gagner et la puissance des plateformes de streaming, la LSFP reprend ce qui lui revient de droit. Mais pas gratuitement.
Il s’agit donc d’une monétisation. Des droits télés, si on veut. Une initiative qui vise donc à «améliorer la visibilité de nos compétitions à l’échelle nationale et internationale». Ce que faisaient déjà les chaines des différents clubs. Raison pour laquelle, il ne faut pas se leurrer, avec cette nouveauté. Si des autorités, qui ont échoué à décocher un diffuseur sérieux, ont décidé de s’impliquer, c’est parce qu’elles sont conscientes de ce que peuvent apporter les chaînes YouTube, qui naissent comme des champignons.
…mais avec des doutes.
Mais ce qui intéresse le plus, les équipes va rester d’abord l’apport financier, avant de penser à la capacité de la plateforme dédiée, à couvrir tout le territoire, tous les weekends. Car même si la ligue affirme que «chaque club bénéficiera d’un pourcentage des recettes générées par les abonnements et les vues payantes des matchs diffusés», les garanties ne sont pas au rendez-vous.
Les doutes persistent, car même si le projet est louable, il faudra se monter beaucoup plus convaincant côté LSFP face aux interrogations suivantes : Est-ce que la ligue pourra retransmettre tous les matchs du championnat chaque week-end ? Combien va gagner chaque équipe ? Auront-elles autant que leurs propres chaînes YouTube ? Voilà autant de questions auxquelles la Ligue de football professionnel devra répondre ce mercredi 18 septembre lors de la présentation du projet
INAUGURATION DU MEMORIAL «BATEAU LE JOOLA» LE 26 SEPTEMBRE
Cette inauguration marque l'aboutissement d'une longue lutte des familles des victimes pour honorer la mémoire des 1800 disparus. Plus qu'un simple musée, ce lieu symbolique promet de devenir un espace de recueillement
C’est un ouf de soulagement pour les familles des victimes du tragique naufrage du «Bateau Le Joola» qui réclamaient un mémorial. L’inauguration dudit Mémorial est prévue le 26 septembre 2024 à Ziguinchor.
Sauf changement de dernière de minute, le Musée Mémorial national «Bateau Le Joola», érigé à Ziguinchor sur les rives du fleuve Casamance, va ouvrir ses portes le 26 septembre 2024. Une vieille doléance des victimes de cette tragédie maritime qui a fait plus de 1800 morts officiellement, dont les souvenirs sont encore difficiles à effacer. Cette manifestation sera doublement symbolique cette année, marquant ainsi la 22ème commémoration du naufrage du bateau Le Joola. Cette annonce a été faite par la ministre de la Jeunesse, des sports et de la culture, Khady Diène Gaye, lors d’une rencontre avec le comité scientifique du musée. «À partir de la 22ème commémoration du naufrage du bateau ‘’Le Joola’’, nous lancerons officiellement les activités de ce Musée mémorial national», a déclaré la ministre, soulignant l’importance symbolique de cette date. Elle a expliqué que, suite à la réception technique du musée en juillet dernier, une visite sur place était nécessaire pour évaluer les réalisations avant de finaliser les préparatifs de la commémoration.
Selon le magazine culturel Patrimoine, le comité scientifique a présenté le travail de collecte d’objets récupérés à bord du navire et a partagé le discours muséographique développé pour le musée. La même source poursuit que la ministre a également évoqué les discussions sur la gouvernance et le modèle de gestion de l’infrastructure, soulignant la nécessité d’un modèle efficace pour garantir sa pérennité. «Nous travaillerons pour faire de ce musée un lieu de recueillement pour la communauté nationale et internationale, un symbole de notre histoire nationale et de la navigation maritime internationale», a ajouté Mme Gaye. A noter que les travaux du musée, lancés le 20 décembre 2019, ont été attendus depuis longtemps par les familles des victimes et les survivants du naufrage. Le coût de cette infrastructure est estimé à 3 milliards de F CFA.
«DAHOMEY EST UN FILM CONTRE L’AMNESIE»
Quelques mois après la sortie de son second film, célébré en en grande pompe en Afrique, notamment au Sénégal, «Dahomey» de la réalisatrice franco-sénégalaise, Mati Diop était à l’affiche sur les écrans français.
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 17/09/2024
Quelques mois après la sortie de son second film, célébré en en grande pompe en Afrique, notamment au Sénégal, «Dahomey» de la réalisatrice franco-sénégalaise, Mati Diop était à l’affiche sur les écrans français. La réalisatrice qui était l’invitée de Rfi est revenue sur les contours de ce long métrage, consacré à la restitution de 26 trésors royaux du Bénin.
Après être sorti en salles en Afrique de l’Ouest, «Dahomey», le deuxième film de la Franco-sénégalaise Mati Diop est sur les écrans français cette semaine. Invitée par Rfi, elle est revenue sur ce film consacré à la restitution de 26 trésors royaux de l’ancien empire du Dahomey, actuel Bénin, pillés par l’armée coloniale française en 1892. Sur la question de savoir si c’est un film pour la mémoire, elle dit : «Quand vous dites pour la mémoire, j’ai plus envie de dire contre l’amnésie.» En tout cas, pour elle, c’est un film qui nous permet d’entrer en relation plus infra, plus profonde et plus sensible à une histoire qui tente trop «systématiquement» et trop «structurellement» de se minimiser, d’être effacée et dont les anciennes puissances coloniales refusent de prendre la responsabilité. «C’est une histoire dont on essaie de se débarrasser, à tel point que, comme l’exprime avec beaucoup de lucidité et de sensibilité des étudiants béninois dans le film, toute une histoire coloniale, mais pas seulement africaine, ne leur est encore aujourd’hui pas suffisamment transmise», explique la fille de Wasis Diop.
La réalisatrice fait parler les statues qui peuvent être considérées comme les principaux personnages. Mais dans son raisonnement, elle indique qu’il ne s’agit pas que «d’une statue qui nous parle, ce ne sont pas seulement ces 26 œuvres qui nous parlent. C’est une communauté d’âmes bien plus large en réalité, et multiséculaire aussi, puisque cette communauté d’âmes n’a pas d’âge. Elle nous parle du passé, du présent, du futur. Elle parle autant d’une diaspora, d’une jeunesse qui est en train d’entreprendre une démarche de retour vers ses origines africaines. Elle nous parle aussi d’une communauté d’âmes en référence à la traite, aux dépossédés de la colonisation. Cela brasse assez large, à travers une voix qui nous raconte son retour en pays natal, son odyssée de Paris jusqu’à Cotonou».
Mati Diop renseigne que lors de la restitution, elle a découvert en route que c’était une matière historique, politique, qui permettait d’évoquer le passé au présent, puisque ces étudiants en parlent aujourd’hui entre eux. «Pour certains en tout cas, c’est précisément ce rapatriement, cette restitution qui leur a fait prendre conscience de ce qu’ils ne savaient pas précisément. Pour moi, c’était fondamental d’interroger cette jeunesse, en particulier ces étudiants béninois, qui ne sont pas toujours dupes des enjeux, quelque part de la supercherie diplomatique que cette restitution constitue aussi», déclare-telle. L’idée, selon la petite fille de Djibril Diop Mambéty, c’était justement de réunir des étudiants qui avaient un regard suffisamment singulier et contrasté sur la question pour restituer la complexité du sujet.
AUCUNE LOI N’EST VIOLEE
Le professeur Iba Barry Kamara, enseignant chercheur à la Faculté des sciences juridiques et politiques donne son avis sur l’interdiction de sortie du territoire national
L’interdiction de sortie du territoire national faite à certains dignitaires du régime de Mcky Sall continue d’alimenter les discussions sur les grand-place. Le professeur Iba Barry Kamara, enseignant chercheur à la Faculté des sciences juridiques et politiques affirme qu’il n’y a pas de violation de la loi.
Aucune loi n’a été violée sur l’interdiction faite à d’anciens pontes du régime de Macky Sall de quitter le territoire national. C’est la conviction du professeur Iba Barry Kamara. Interrogé par Rfm sur la question, l’enseignant-chercheur à la Faculté des sciences juridiques et politiques dit : «Le pouvoir a estimé, par une démarche administrative et préventive, devoir empêcher certaines personnes qui peuvent être concernées par des dossiers susceptibles d’être portés devant la justice, et cela se comprend aisément. Il faut rappeler que ce sont des hauts fonctionnaires donc, des personnes qui ont eu à occuper de hautes fonctions administratives. Et, nous le savons, on est dans une période où on parle de reddition des comptes.»
Cette décision serait-elle illégale ? Le professeur Kamara répond : «Il ne s’agit pas toujours de procéder à une notification. Et, dans le cas d’espèce, la notification aurait un aspect superfétatoire dans la mesure où, lorsqu’on occupe une haute fonction administrative, c’est tout à fait normal de savoir effectivement qu’on ne peut pas sortir du territoire national comme on veut.»
A la question de savoir si cette décision peut être attaquée devant une cour ou un tribunal, le pénaliste explique : «En réalité, c’est ça la difficulté. Dès lors qu’il n’y a pas un acte matériel de notification, on ne peut pas attaquer une telle mesure devant la Cour suprême aux fins d’une annulation parce que le recours pour excès de pouvoir est un recours objectif parce que c’est un acte, et cet acte doit être matériel, ce qui n’existe pas à l’état des choses.»
LA CDC ANNONCE UN SALON NATIONAL DES INVESTISSEURS EN DECEMBRE
Après avoir tenu, le 5 septembre dernier, un atelier de partage auquel le chef de l’Etat et son gouvernement ont apporté leur soutien, la Caisse des dépôts et consignations, annonce la tenue du Salon national des investisseurs au mois de décembre.
Après avoir tenu, le 5 septembre dernier, un atelier de partage auquel le chef de l’Etat et son gouvernement ont apporté leur soutien, la Caisse des dépôts et consignations, annonce la tenue du Salon national des investisseurs au mois de décembre. Un rendez-vous national qui mobilisera tous les acteurs autour de la problématique de la souveraineté.
En prélude au Salon national des investisseurs (Sni) prévu au mois de décembre, la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) a organisé récemment un atelier de partage autour des thématiques de mobilisation de l’épargne et de financement de l’économie, conformément aux orientations du chef de l’Etat. Et dans une note, le Directeur général de la Cdc a tenu à remercier le Président Bassirou Diomaye Faye et son gouvernement pour leur soutien lors de cette rencontre. «Une mobilisation qui est le reflet de l’importance qu’ils accordent aux missions de la Cdc», selon Fadilou Keita. Une occasion pour ce dernier de rappeler le «rôle essentiel» joué par la Cdc, dans l’accompagnement des politiques publiques et le financement de l’économie nationale.
Estimant que la Cdc s’inscrit dans «une nouvelle dynamique de repositionnement stratégique et comme investisseur de premier rang», il a indiqué qu’avec une collaboration «sincère et une synergie d’actions des parties prenantes», ils réaliseront pleinement leurs ambitions. Revenant sur le sens du Salon national des investisseurs qui sera organisé au mois de décembre prochain, le patron de la Cdc a expliqué que «cet évènement est un rendez-vous national qui rassemblera tous les acteurs autour de la problématique de la souveraineté». Ce, renchérit-il, «afin d’insuffler une mobilisation soutenue de l’épargne domestique au service exclusif du financement durable et efficient de l’économie sénégalaise».
UN CONTRAT SOUS HAUTE SURVEILLANCE
L'Arcop, saisie de l'affaire du marché de l’électrification rurale renégocié entre l’Aser et Aee Power EPC, exige des explications et des documents cruciaux pour démêler cet imbroglio qui menace un investissement de plus de 37 milliards de francs CFA
Le marché de l’électrification rurale renégocié entre l’Aser et les Espagnols Aee Power EPC connait un rebondissement. La contestation de Aee Power Sénégal est si sérieuse que l’Autorité de régulation de la commande publique (Arcop) a dû demander des explications à l’agence dirigée par Jean Michel Sène. Elle attend le protocole de renégociation et d’autres documents pour permettre au Comité de règlement des différends de statuer au fond sur le dossier.
Aee Power Sénégal ne lâche pas l’affaire. Bés bi a appris que cette société avait saisi le Comité de règlement des différends (Crd) de l’Autorité de régulation de la commande publique (Arcop), le 29 août 2024, soit deux jours après la signature du contrat renégocié entre l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser) et Aee Power EPC de Jose Angel Gonzalez Tausz. Le 4 septembre 2024, l’Arcop a rendu sa décision sur cette dénonciation relativement à ce marché public attribué pour l’électrification rurale dans les régions de Kaffrine, Saint-Louis, Kédougou, Louga et Tambacounda. Le gendarme des marchés publics demande à la société dirigée par Jean Michel Sène de «donner sa version des faits et de transmettre tous documents pertinents afférents à ladite procédure, notamment le protocole de renégociation conclu avec Aee Power EPC, pour permettre au Crd de statuer au fond». Une décision notifiée à la société Aee Power Sénégal, à l’Aser, à la Direction centrale des marchés publics (Dcmp), au ministère en charge des Finances et ministère de l’Energie, du pétrole et des mines.
«L’avance de démarrage de plus de 37 milliards ordonnée par l’Aser»
Le cabinet d’avocats «Boubacar Koïta & associés», défendant Aee Power Sénégal, estime que ce protocole d’accord conclu entre l’Aser et les Espagnols est «en violation manifeste des clauses contractuelles dudit marché» et affirme que «les primes relatives aux garanties émises par la compagnie d’assurance, Sonac, n’ont pas été payées au moment de leur émission». Il soutient que «c’est sur la base de ces documents que l’Aser a donné ordre à la banque Santander de verser l’avance de démarrage d’un montant de 56 millions d’euros, soit 37 milliards 733 millions 592 mille F CFA». Ce que Aee Power Sénégal qualifie de «violation grave de l’article 13 du Code CIMA»
«Des transferts effectués sur les ressources de Aee Power Sénégal à partir du compte ouvert à la Banque Santander»
Dans son recours devant l’Arcop, le cabinet «allègue que des transferts ont été effectués sur ces ressources à partir du compte ouvert dans les livres de la Banque Santander». Or, Aee Power Sénégal estime être «à la base du projet et en détient (60%)», mais aussi que son niveau de participation dans le marché «est le seul argument justifiant la garantie souveraine de l’Etat du Sénégal pour le financement de ce marché attribué par offre spontanée». Par conséquent, la société considère que son éviction devrait entrainer «immédiatement la nullité de cette garantie au regard de l’article 83 du code des marchés publics».
BOULAYE DIA ENCHAINE, BAMBA DIENG, KEITA BALDE ET NOAH DEBLOQUENT LEUR COMPTEUR
Week-end des Lions - Non retenus depuis plusieurs mois en sélection, en manque de jeu et en relance avec leurs nouveaux clubs, Bamba Dieng, Diao Keita Baldé et Noah Fadiga ont fait parler d’eux en ouvrant ce week-end leurs compteurs buts de la saison.
Non retenus depuis plusieurs mois en sélection, en manque de jeu et en relance avec leurs nouveaux clubs, Bamba Dieng, Diao Keita Baldé et Noah Fadiga ont fait parler d’eux en ouvrant ce week-end leurs compteurs buts de la saison. Au même moment, Boulaye Dia a enchainé avec un autre but contre l'Hellas Vérone (2-1) et a permis à la Lazio de retrouver le sourire après deux matchs sans victoire.
Non retenu dans la dernière liste du sélectionneur Aliou Cissé, l’attaquant sénégalais a encore confirmé sa bonne entame de saison. Après s’être signalé avec son nouveau club par une premier but en Serie A face au Milan Ac, Boulaye Dia a enchaîné hier, lundi face à l'Hellas Vérone (2-1) par une nouvelle réalisation pour le compte de la 4e journée de la Serie A Italienne. L’attaquant des Lions a lancé son équipe en inscrivant le premier but de son équipe. Grâce à ce succés, l’équipe romaine a retrouvé le sourire après deux matchs sans victoire mais aussi en lui permettant de se replacer à la 6e place du championnat.
Absent en sélection depuis quelques plusieurs mois et transférer à Angers dans les derniers jours du mercato, Bamba Dieng a profité de sa première titularisation ce dimanche lors de la rencontre RC Strasbourg, pour débloquer son compteur but. Lancé sur le front de l’attaque dans le cadre de la quatrième journée de Ligue 1, l’ancien champion d’Afrique 2022 s’est montré décisif. Mené au score, la formation Angevine a pu compter sur son nouveau joueur qui a égalisé pour son équipe à la 62e mn, contre l’équipe alsacienne de son compatriote Habib Diarra. Il permet aux Angevins d’engranger leur premier point de la saison. Déjà appelé en sélection mais bloqué par une saison compliquée, Noah Fadiga a ouvert ce dimanche son compteur but à l’occasion de la 7e journée de Pro League. Le défenseur sénégalais a permis à La Gantoise de doubler la mise à la 31e minute et de s’imposer face à Malines (2-0). C’est le premier but du jeune international sénégalais dans le championnat Belge. Disparu complétement des radars depuis quelque temps et ayant trouvé une point de chute en Turquie, Diao Keita Baldé, a retrouvé ce samedi 14 septembre la joie du buteur avec son nouveau club de Sivasspor. Titulaire pour la première fois face à Gaziantep, l’ancien joueur de la Lazio Rome a signé le 3e but de la victoire (3-2). L’international sénégalais a cependant vu rouge et s’est fait expulser à la 70e mn pour cumul de carton. Ce, pour avoir enlevé son maillot lors de sa célébration
Par Babacar P. MBAYE
LE NIGER, LABORATOIRE DES MAUX DE L’AVENTURE AES
Plusieurs personnalités dont deux lauréats du prix Nobel de la paix ont publié une tribune en soutien à Mohamed Bazoum, pris en otage depuis plus d’un an avec son épouse Hadiza Bazoum par le régime putschiste du général Tiani.
Plusieurs personnalités dont deux lauréats du prix Nobel de la paix ont publié une tribune en soutien à Mohamed Bazoum, pris en otage depuis plus d’un an avec son épouse Hadiza Bazoum par le régime putschiste du général Tiani. Le Président Bazoum est maintenu en détention du fait de son refus héroïque de céder aux pressions de ses ravisseurs. En refusant de démissionner pour acter son départ du pouvoir et ainsi symboliquement avaliser le putsch, Bazoum prouve qu’en plus d’être un homme d’État, il est un homme courageux et chevillé à des principes.
Le général Tiani et ses complices ont violé leur serment d’officier et ont stoppé la cadence du Niger vers la démocratie consolidée et l’État de droit, et les efforts entrepris par un Président élu démocratiquement à lutter contre la corruption. Bazoum n’a été entendu par aucun juge ; tout juste son immunité a été levée par une Cour d’État, nouvellement créée par ses geôliers, sans aucune base légale, et dans laquelle siègent des militaires. Il y a une parodie de justice dont Mohamed Bazoum est victime du fait de son opiniâtreté et de son courage.
Sous prétexte d’un complot de la France, de ses alliés européens et dans une moindre mesure des États-Unis, les putschistes sans aucun mandat, ni populaire ni légal, ont emprunté un virage pernicieux pour le pays. Ils se sont détournés de leurs alliés traditionnels dont les engagements financiers étaient vitaux pour un pays dont le taux de pauvreté atteignait 42%. En effet, l’aide publique au développement française était estimée à 120 millions d’euros en 2022. Après le Sénégal, le Niger est le deuxième pays du Sahel à recevoir le plus de subventions de l’AFD. Il est curieux d’évaluer le montant des aides russes…
Le pays aux mains des putschistes a rejoint l’Alliance des États du Sahel, en compagnie des deux autres autocraties militaires de la région, le Mali et le Burkina Faso. La fracassante décision de quitter la CEDEAO, suivie de la proclamation de l’acte de naissance de l’AES et de l’appel aux unités françaises et américaines de coopération militaire à quitter le pays suivent une mécanique bien huilée dans les trois pays. Ils se sont mis sous le parapluie de la Russie, comme pour changer de maître au lieu de profiter des possibilités qu’offrent les relations internationales en matière de diversification d’alliances. Il faut dire que les pays démocratiques coopèrent avec tout le monde au nom de leurs valeurs et des intérêts stratégiques en cours, mais les autocraties du Sahel ont décidé de se donner pieds et poings liés à une puissance déclinante, dont le volume d’investissement en Afrique de l’Ouest est proche du néant et dont les capacités de projection se limitent à exporter une main d’œuvre milicienne. Celle-ci a d’ailleurs fait l’objet d’accusations graves et documentées par l’ONU en matière de massacres de civils et de violations de droits de l’homme au Mali et au Burkina.
Mais ce qui se joue dépasse le cadre de putschs, de révolutions de palais ou de prises du pouvoir de militaires déçus par les civils. Le renversement d’alliances que ces trois pays mettent en œuvre relève aussi d’une vision sombre de la démocratie, du multilatéralisme, de la paix et de la prospérité économique. Si la démocratie s’essouffle partout, il n’en demeure pas moins que les coups d’État ne sont pas la solution. En plus de favoriser des régimes autocratiques, ils constituent un frein pour le développement économique.
Sans aucun mandat de leurs peuples, les trois pays de l’AES se sont mis dans une aventure sans lendemain sur fond de menaces sur les libertés et d’obéissance aux intérêts d’un géant russe aux pieds d’argile pris dans le bourbier ukrainien. Ce n’est guère un hasard si l’une des unités de Wagner employée comme garde prétorienne d’Ibrahim Traoré a plié bagages pour aller combattre dans son pays suite à l’invasion de la province du Koursk par les troupes ukrainiennes. Wagner fondé par Evgueni Prigogine fonctionne sur le modèle des mercenaires qui se paient sur les ressources naturelles du pays et sur le budget national. Aucun attachement ainsi n’est nécessaire vis-à-vis du Mali, du Burkina et du Niger. Contrairement aux anciens partenaires aucun paramilitaires ne mourra pour des valeurs communes entre les pays mais uniquement au nom de l’appât du gain.
Le choix de l’AES pose aussi un problème de cohérence économique. Les pays ont quitté avec fracas la CEDEAO mais restent encore dans l’espace UEMOA qui bat la monnaie franc CFA, cible de tous les pourfendeurs de la France et des démocraties de la zone comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire. Les groupes de jeunes manipulés sur les réseaux sociaux ou par des économistes militants devraient réfléchir à l’importance de cette monnaie pour les économies des huit pays, loin des fantasmes et des harangues.
Les putschistes de l’AES ont quitté la CEDEAO pour une seule raison : l’organisation non seulement condamne les coups d’État mais ne tolère pas non plus les transitions sans durée de limitation comme c’est le cas actuellement à Niamey, à Bamako et à Ouaga.
Si les putschistes au Mali avaient invoqué comme faux arguments la stabilité et l’ingérence française, il n’en demeure pas moins qu’ils gouvernent depuis 4 ans sans aucune amélioration de la situation sécuritaire encore moins celle économique. Les Maliens ont 4h en moyenne d’électricité par jour, les Burkinabè risquent chaque jour leur vie avec des attaques quotidiennes des groupes armés. Pendant ce temps, Ibrahim Traoré a mué en un dictateur féroce et s’est donné un mandat de 5 ans gratuitement. Au Niger, Mohamed et Hadiza Bazoum sont des otages d’officiers qui ont vu le pays davantage sombrer dans la ruine et l’insécurité.
Les putschistes de l’AES doivent comprendre que la détérioration des conditions de vie des citoyens, les exactions de civils et les tensions attisées avec les voisins du fait de l’invocation de pseudo complots venant d’Abidjan ou de Cotonou vont fatalement provoquer leur chute. Les peuples ont goûté à la démocratie et ne resteront pas encore longtemps sous le joug de dictatures en plus de la pauvreté endémique. Payer des milliards de francs CFA aux miliciens russes pendant que les citoyens manquent du minimum ne peut tenir longtemps sans crise sociale qui fatalement provoquera la chute des juntes du Sahel.
Les pays de l’AES mettent en danger leur peuple et vont dans le sens contraire à l’histoire. La posture du Sénégal est encore à la sagesse et à la responsabilité. La médiation confiée par la CEDEAO au Président Faye, si elle aboutit, sera une bonne nouvelle. Sinon, le Sénégal devra poursuivre sa trajectoire de pays de démocratie, de liberté et d’ouverture à tous les partenaires en veillant à consolider ses alliances traditionnelles.