L’invite de Badara Pouye au ministre de la Communication
Membre du mouvement national des cadres de Pastef (Moncap), Badara Pouye s’est étonné de l’absence du Journal L’As et Le Quotidien de la liste provisoire des médias reconnus par l’Etat publiée hier par le ministre de la Communication. Après vérification, il a été informé pour ces deux cas qu’il s’agit d’une erreur, sans doute. Puisque, d’après le Directeur de la Communication, les rédacteurs en chef de ces organes de presse n’auraient pas dix ans d’expérience. Alors que ce n’est pas le cas. Celui de L’As est de la promotion 2004-2007 de l’Issic et le Rédacteur en chef du journal «Le Quotidien» est de la 34e (2003-2006) Promotion du Cesti. Cela ne pouvait être qu’une erreur car L’As est à jour avec le Fisc, l’Ipres, l’Ipm et la Caisse de sécurité sociale. C’est tout cela qui a fait sortir Badara Pouye de Pastef pour inviter le ministre à rectifier. Il écrit sur sa page facebook : «Exclusion du Journal L’As et du Quotidien, une erreur à rectifier». En tout cas à L’As, on reste zen.
Musée-Mémoire-Cimetière de Thiaroye
Le chef de l’Etat est revenu en conseil des ministres sur sa volonté de vivifier la mémoire de ces vaillants tirailleurs africains. A cet effet, il a rappelé au gouvernement sa décision d’instituer dans le calendrier républicain la date du 1er décembre de chaque année, journée de commémoration du « Massacre des Tirailleurs de Thiaroye 44 ». Dans le même sillage, il a demandé à Ousmane Sonko et au ministre des Forces armées de proposer un cadre réglementaire relatif au Musée Mémoire-Cimetière de Thiaroye. Il a également invité le Gouvernement à renforcer le rôle du Comité de commémoration dans ses missions de recherche et de vulgarisation scolaire et universitaire de la mémoire collective sur cette séquence majeure de l’histoire du continent.
Les techniciens supérieurs de santé en grève mercredi et jeudi
Ça bouge dans les structures sanitaires. Les techniciens supérieurs de santé affiliés au syndicat autonome des techniciens supérieurs de santé (Satsus) décrètent un mouvement. Ces blouses blanches vont observer une grève le mercredi 4 et le jeudi 5 décembre sur toute l'étendue du territoire national. À l'hôpital régional ElHadj Amadou Sakhir Ndiéguène de Thiès, la section locale compte suivre le mot d'ordre de grève. Aucune spécialité ne sera en reste à savoir : anesthésie- réanimation, néphrologie/hémodialyse, biologie médicale, imagerie médicale, odontologie, kinésithérapie, ophtalmologie etc. Parmi les points de revendications, il y a l'intégration des techniciens supérieurs dans leurs nouveaux corps, le portage et revalorisation des indemnités et le prolongement de l'âge de la retraite à 65 ans.
Menace d’épidémie de grande envergure de la rougeole
Le ministre de la Santé, Ibrahima Sy, a présidé hier la cérémonie officielle de lancement de la campagne de vaccination contre la rougeole et la rubéole au centre de santé de Yeumbeul. Il appelle à une mobilisation pour la réussite de la campagne de vaccination. Cette campagne vise à lutter contre deux maladies infantiles graves, la rougeole et la rubéole. La rougeole, parfois létale en cas de complications, peut être à l’origine d’épidémies, a renseigné le ministre de la Santé. Quant à la rubéole, elle est surtout redoutée pour ses conséquences sur la grossesse, pouvant entraîner des malformations et des complications sévères chez le nouveau-né, affectant des organes vitaux tels que le cœur, les yeux, le cerveau et les os. A l’en croire, une évaluation récente des données sanitaires sur les quatre dernières années révèle que les risques de survenue de la rougeole sont devenus considérables dans notre pays, avec une menace d’épidémie de grande envergure dans les deux prochaines années. En réponse à ces constats alarmants, dit-il, le Gouvernement a décidé, en collaboration avec ses partenaires, de mobiliser toutes les ressources nécessaires pour organiser cette campagne de vaccination préventive à grande échelle contre la rougeole et la rubéole. Elle cible tous les enfants âgés de neuf (09) mois à quinze (15) ans durant la période allant du 02 au 11 décembre 2024, avec un objectif d’atteindre une couverture vaccinale d’au moins 95% au niveau national.
Reprise des travaux du centre de Santé de Jaxaay
Restons avec le ministre de la Santé et l’Action qui a profité de l’occasion pour visiter les locaux du centre de santé de Yeumbeul afin de recueillir les plus grandes préoccupations dans le cadre du renforcement du plateau technique des centres de santé de référence. A cette occasion, Ibrahima Sy a promis la reprise des travaux du centre de Santé de Jaxaay à l’arrêt et l’érection très prochaine d’un hôpital de niveau 1 pour le département de Keur Massar.
Promotion de l'inclusion à l’Assemblée
La diversification de la composition de l’Assemblée nationale est saluée par la Commission nationale des droits de l'Homme du Sénégal (CNDHS). Selon sa présidente, Pr Amsatou Sow Sidibé, la 15e législature du Sénégal est marquée par une représentation diversifiée qui reflète les différentes composantes de la société. A l’en croire, la présence, au sein de cette assemblée, de députés vivant avec un handicap constitue une avancée majeure dans la promotion de l'inclusion et de l'égalité des chances. Ainsi la commission magnifie cette initiative qui témoigne, dit-elle, d'un pas significatif vers une représentation équitable et inclusive au sein des instances décisionnelles. La commission encourage la continuité de ces progrès et invite les autorités à mettre en place les facilités nécessaires pour garantir le plein exercice de leur mandat par les députés vivant avec un handicap. A cet effet, elle recommande la fourniture d'outils adaptés, tels que des documents en braille pour les non-voyants; l'aménagement des infrastructures afin de rendre les locaux accessibles aux personnes à mobilité réduite. La CNDHS invite également les acteurs politiques à multiplier les efforts pour un nombre encore plus représentatif de personnes vivant avec un handicap dans les institutions électives aux prochaines échéances.
Formation des jeunes
La ville de Saint-Louis a accueilli hier la caravane du Fonds de Financement de la Formation professionnelle et technique (3PT), conduite par le Directeur général, Dr Babo Amadou Ba. Durant le périple, il a rencontré beaucoup de partenaires et d’acteurs. Il a d’ailleurs saisi cette opportunité pour présenter les nouvelles orientations de sa structure insistant sur la territorialisation afin de mieux prendre en compte les préoccupations des acteurs locaux. Dr Ba promet que l’État mettra tout en œuvre pour accompagner cette frange importante de la population afin de lutter efficacement contre les effets néfastes du moment. En ce sens, dit-il, des mécanismes seront mis en œuvre pour amoindrir les risques. A l’en croire, l’Etat mise sur la formation professionnelle et technique. Pour le Directeur général de 3 FPT, l’approche territoriale permet de mettre l’accent sur l’équité territoriale et l’inclusion sociale. Pour régler le problème de l’emploi des jeunes, le 3FPT adopte une approche systémique pour faire une combinaison cohérente entre l’orientation, la formation, l’apprentissage, l’artisanat, le financement, la finalisation et l'incubation alors que celle macroéconomique bénéficie de moyens adéquats de l’Etat pour accompagner les jeunes. Il estime que les jeunes peuvent vivre et réussir au Sénégal.
Une couturière ébouillante sa nièce
Une bagarre entre la couturière A. Sonko et sa nièce S. Sow a finalement atterri en justice. Selon nos sources, les faits se sont produits à l’Unité 21 des Parcelles assainies. C’est à la suite d’une dispute que A. Sonko et S. Sow se sont battues. Dans la foulée, A. Sonko a pris un théière remplie d’eau chaude pour verser l’eau sur sa nièce qui s’est gravement brûlée du coup à la poitrine. Elle est évacuée dans une structure sanitaire aux Parcelles où elle reçoit un certificat médical. Munie du document, la victime s’est rendue à la police des Parcelles assainies pour porter plainte contre sa tante. Convoquée par les limiers, A. Sonko a reconnu les faits qui lui sont reprochés tout en précisant avoir agi sous l’emprise de la colère. Elle sollicite la clémence. A. Sonko sera gardée à vue et présentée au parquet pour coups et blessures volontaires.
Baaba Maal au secours des sinistrés de la crue
L’artiste international Baaba Maal est au chevet des populations victimes de la crue du fleuve Sénégal. Plusieurs familles ont abandonné leurs maisons pour s’installer dans des abris provisoires. C’est ainsi que l’association de sensibilisation aux enjeux environnementaux et aux solidarités universelles (Asesu) dirigée par Maimouna Talla et basée en France a choisi l’artiste musicien Baaba Maal comme parrain dans sa campagne de collecte de fonds pour appuyer les sinistrés. Nos sources nous renseignent même que l’artiste a signé une convention avec l’association en vue de l’aider à atteindre ses objectifs.
Marche des élèves du Lycée de Malika plage
Les élèves du Lycée de Malika Plage étouffent dans leurs salles de classe qui sont devenus exiguës à cause des effectifs pléthoriques. En attendant des solutions comme promis par les autorités, les potaches ont d’ailleurs tenu une marche pacifique pour alerter sur leurs dures conditions d’apprentissage avec un manque criard de matériels. Accident à Malika Un camion a percuté une moto Jakarta sur l’axe routier Malika Plage vers Gadaye. Le motocycliste qui roulait en sens inverse a été propulsé sur la chaussée. Le conducteur de la moto s’est blessé. Il est évacué par les sapeurs-pompiers après la réquisition de la police de Malika qui a fait le constat de l’accident.
Le Centre des handicapées de Tivaouane plombé
Le Centre des handicapées de Tivaouane, unique structure de la commune dédiée aux femmes vivant avec un handicap, traverse des difficultés de toutes sortes, qui plombent son attractivité, indique sa directrice, Oumou Khairy Diagne. Le Centre des handicapées de Tivaouane peine par exemple à régler ses factures d’eau et d’électricité à date échue, selon Mme Diagne. La structure « éprouve beaucoup de difficultés. Aucune subvention ni appui ne vient de la municipalité », déplore sa directrice. L’établissement, composé notamment d’une étroite bâtisse, abrite une garderie qui accueille des enfants en situation de handicap. Ils sont entre les mains de bénévoles que le centre arrive à peine à motiver, se désole Oumou Khaïry Diagne. Les pensionnaires adultes de la structure apprennent la couture et la broderie et assistent souvent à des formations en maraîchage. Oumou Khairy Diagne dit fonder beaucoup d’espoir dans le fait que pour la première fois de l’histoire du Sénégal, des personnes en situation de handicap vont siéger à l’Assemblée nationale. Elle dit s’attendre à ce que d’autres personnes handicapées investissent les autres espaces de pouvoir. Elle estime que les collectivités territoriales doivent maintenant suivre cette dynamique enclenchée par la 15ᵉ législature de l’Assemblée nationale, où siègent désormais plusieurs personnes en situation de handicap.
LE FESPACO S'ANNONCE
L’affiche officielle de la 29ᵉ édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), dévoilée mardi, se veut le symbole d’une « Afrique plurielle et décomplexée », sous les traits d’une femme africaine belle, élégante...
L’affiche officielle de la 29ᵉ édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), dévoilée mardi, se veut le symbole d’une « Afrique plurielle et décomplexée », sous les traits d’une femme africaine belle, élégante et jeune.
Ce visuel conçu par le réalisateur hollandais Gideon Vink, qui vit au Burkina Faso depuis une vingtaine d’années, sera désormais l’identité du Fespaco 2025, prévu du 22 février au 1ᵉʳ mars, ont indiqué les organisateurs dans un document rendu public mardi.
« Cette femme que l’on voit sur l’affiche, une femme africaine, belle, élégante, jeune, un peu à l’image de l’Afrique, cela peut être n’importe qui, cela peut être tout le monde et personne, c’est l’Afrique plurielle », a déclaré le concepteur, au cours d’une conférence de presse animée à Ouagadougou par le comité d’organisation.
« C’est une femme qui représente cette génération d’Africains qui, comme elle, regarde le monde extérieur avec fierté, assurance, elle n’est pas complexée dans son regard » , a expliqué l’artiste hollandais.
Cette affiche montrant le visage d’une femme au regard franc avec les lettres du mot Fespaco découpées représente « ette Afrique d’aujourd’hui qui regarde sans complexe, avec fierté, qui assume pleinement sa place dans ce monde », a indiqué Gideon Vink.
Selon le réalisateur, cette affiche fait en même temps ressortir la thématique du Fespaco, à savoir « Cinéma d’Afrique et identités culturelles », à travers une référence à la mode et aux tissus.
« Pourquoi la mode ? Chaque tissu africain, chaque couleur et motif nous ramène vers une ethnie, un pays, une région de l’Afrique. Chaque contrée de l’Afrique a ses traditions, ses modes, a sa façon de s’habiller différemment ou de la même manière », explique le réalisateur burkinabè.
« Les gens prennent plaisir à s’habiller africain au Burkina et ailleurs », a-t-il souligné, estimant que le tissu « nous ramène à la diversité culturelle ».
Pour cette 29ᵉ édition du Fespaco, quatre innovations ont été dévoilées par le comité d’organisation qui a donné des assurances relativement à la tenue de la manifestation.
Il s’agit de l’institution de plusieurs distinctions, dont le « prix Thomas Sankara du panafricanisme », qui sera pris en charge par l’État burkinabè, et le « prix du public » offert par la Radiotélévision du Burkina Faso.
Il faut aussi compter, parmi les innovations de l’édition 2025, la Semaine de la critique et l’exposition permanente sur les idées des personnalités inspirantes des cinémas d’Afrique, a fait savoir le délégué général du Fespaco, Alex Moussa Sawadogo.
Selon M. Sawadogo, 1 351 films ont été soumis au comité de sélection de la programmation officielle à la date du 31 octobre 2024, dont 258 longs métrages fictions, 286 longs métrages documentaires, 53 films d’animation, 64 films d’école et 611 courts métrages.
La sélection finale sera dévoilée en janvier prochain, selon M. Sawadogo.
Il a signalé que les spectacles d’ouverture et de fermeture de la 29ᵉ édition du Fespaco seront interprétés par des artistes burkinabè et tchadiens.
Le jury longs métrages fiction sera présidé par le cinéaste malien Souleymane Cissé, la Kényane Judy Kibinge devant présider celui des longs métrages documentaires, a-t-il fait savoir.
Le réalisateur sénégalais Abdoul Aziz Cissé sera le président du jury Yennenga postproduction, tandis que le jury de la critique africaine sera présidé par le Nigérien Youssoufa Halidou.
Le Tchad est le pays invité d’honneur du Fespaco 2025.
En marge de cette édition, se tiendront la 22ᵉ édition du Marché international du cinéma et de l’audiovisuel africain (MICA) et les ateliers Yennenga, des rencontres visant à renforcer le rôle du festival comme passerelle de soutien à l’émergence de nouveaux talents dans les principales chaînes de valeur de l’industrie cinématographique.
UEMOA : L’INFLATION PROJETEE A 3,6% A FIN 2024
Le taux d’inflation devrait connaître une légère baisse en 2024. Il est projeté à 3,6 % à la fin de l’année, contre 3,7 % en 2023, a fait savoir le Gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Le taux d’inflation devrait connaître une légère baisse en 2024. Il est projeté à 3,6 % à la fin de l’année, contre 3,7 % en 2023, a fait savoir le Gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Jean-Claude Kassi Brou a fait cette déclaration à l’ouverture du Comité de politique monétaire (CPM) ce matin au siège de la BCEAO à Dakar.
En outre, « le dynamisme de l’ensemble des secteurs laisse augurer pour l’année 2024 une croissance robuste, projetée à 6 % (contre 5,3 % en 2023) », constate le Gouverneur de la BCEAO. S’agissant des finances publiques, souligne M. Kassi Brou, la consolidation budgétaire se poursuit. Le déficit budgétaire s’est situé à 3,5 % à fin septembre 2024, contre 5 % un an plus tôt.
LA LUTTE ENDEUILLEE : LE CHAMPION AMBROISE SARR S’EST ETEINT
C’est une triste nouvelle qui frappe le monde de la lutte avec le décès du champion Ambroise Sarr.
C’est une triste nouvelle qui frappe le monde de la lutte avec le décès du champion Ambroise Sarr.
Il nous a quittés ce matin vers 6 heures, indiquent des membres du CNG de Lutte. Ambroise Sarr (73 ans), laisse un héritage exceptionnel et une profonde tristesse chez tous ceux qui l’ont connu.
10 médailles d’or, 5 olympiades
Sa carrière en tant que lutteur puis entraîneur est couronnée de succès. Le lutteur originaire de Palmarin a remporté pas moins de 10 médailles d’or africaines. Spécialiste en lutte libre et en lutte gréco-romaine, il est également l’un des rares athlètes sénégalais à avoir participé à 5 Olympiades, un record absolu, dont quatre en tant qu’athlète et une en tant qu’entraîneur national.
Ambroise Sarr faisait partie des figures emblématiques de la lutte sénégalaise des années 1970 et 1980, indique Mamadou Koumé, journaliste et ancien DG de l’APS. Il a aussi marqué de par sa carrière en tant qu’ entraîneur national l’équipe nationale de lutte simple. Sa contribution à ce sport bien de chez nous restera à jamais gravée dans les mémoires.
En tant que sélectionneur national de lutte sans frappe pendant 30 ans, il a forgé des champions et a dirigé l’équipe nationale avec une incroyable réussite. Sous sa direction, l’équipe n’a perdu que trois fois en finale, en 2009, 2012 et 2023, un record impressionnant dans les compétitions internationales. D’ailleurs, c’est à l’issue du titre perdu lors du dernier champion d’Afrique au Niger en 2023 qu’il annonce son départ de la tête de l’équipe nationale de lutte.
Pour honorer sa mémoire, le maire de Palmarin l’a intronisé en décembre 2023 roi des arènes africaines et a même érigé un monument en son honneur. Ambroise Sarr sera inhumé dans sa terre natale à Palmarin. Que son âme repose en paix.
CONFESSIONS D’ENFANTS HORS SYSTEME EDUCATIF
Rencontrés au grand marché de légumes de Thiaroye Gare, dans la banlieue dakaroise, ces enfants nous confient les raisons qui les ont conduits hors du système éducatif.
À leur âge, leur place devrait être à l’école, dans les salles de classe, selon les normes universelles. Mais, faute de moyens financiers ou d’infrastructures scolaires dans leur village, ils s’activent dans le petit commerce, la conduite de calèches, le transport de bagages, ou encore le travail de chaudronnier… Rencontrés au grand marché de légumes de Thiaroye Gare, dans la banlieue dakaroise, ces enfants nous confient les raisons qui les ont conduits hors du système éducatif.
« J’ai 12 ans et je n’ai jamais été à l’école. Je n’ai aucune idée de ce qui s’y passe. Depuis que j’ai arrêté le daara, je suis au marché pour aider ma mère dans son commerce », raconte Ndeye Mbenda, toute souriante. Très à l’aise à côté de son étalage, cette jeune fille gère la table de sa maman, installée à l’arrêt de bus du marché de Thiaroye Gare, en direction de l’autoroute à péage. Habillée d’un t-shirt noir et d’un jean gris, avec un masque sur la bouche et la tête couverte d’un voile noir, elle s’occupe de ses clients, assise sur un grand tabouret qui lui permet d’être à la hauteur de sa marchandise.
Sur son étalage, un mégaphone portatif diffuse sa voix en boucle : « Briquet fouk ak diouroom la, niari briquets faan-weur », « Lipo deux cents le, lipo bo diél deux cents le », « Masque amena. Paquétou masques 1000 francs le. Masque bén diouroom, niari masques fouki deureum, ñienti masques 100 francs. Masque xaalé amena, masque maagu amena », « Mouchoir fouk ak diouroom le, niari mouchoir faan-weer », « Coco gindier amena, coco méw amena ». Ces phrases résument le contenu de l’étalage de la petite Mbenda, qui vient chaque jour au marché, de 8 h à 17 h. « Ma mère me rejoint dès que j’ai terminé de cuisiner », confie-t-elle.
Après quelques minutes d’échanges, sa maman, Awa Niang, nous rejoint avec un récipient d’eau fraîche. Elle vient renforcer le stock d’eau que sa fille a épuisé. Interrogée à son tour sur les raisons qui ont poussé sa fille hors du circuit scolaire, elle raconte : « Je ne me sentais pas bien. J’étais malade ces dernières années, c’est pourquoi Ndeye Mbenda a dû abandonner l’école coranique pour venir m’aider dans le commerce. Elle ne voulait pas aller à l’école. Son rêve a toujours été d’étudier le Coran. C’est pourquoi je ne l’ai pas envoyée à l’école française, contrairement à sa grande sœur qui a obtenu son baccalauréat et suit actuellement une formation diplômante. »
Le fardeau de la survie familiale
Si la petite Mbenda a la chance d’être aux côtés de sa maman pour mener son activité dans ce secteur dominé par les adultes, c’est tout le contraire pour Modou Diop. Originaire de Louga, ce jeune garçon âgé d’une dizaine d’années à peine, se faufile entre les voitures, les caristes et les grands, pour guetter les femmes qui descendent des bus. « Madame, vous voulez un sac ? Prenez un sac pour vos légumes ! », lance-t-il, avec insistance. Tout en sueur, en cette heure où le soleil est au zénith et tout couvert de poussière, il porte à l’épaule, à l’aide d’une petite barre en fer, des dizaines de sacs de riz de 25 kilogrammes vides, recyclés pour contenir des légumes. « Je viens de Louga et cela fait deux mois que je suis au marché de Thiaroye en tant que vendeur de sacs. Je n’ai jamais mis les pieds à l’école française. Je suivais des cours de Coran. Parce que dans notre village, il n’y a pas d’école. J’ai dû quitter le daara, car je devais aider mes parents. Je suis le fils aîné. J’ai deux jeunes frères et, grâce à ce que je gagne ici, ma mère subvient à leurs besoins », explique-t-il, d’un air timide. Cependant, Modou avoue qu’il aurait bien aimé être à l’école. « Malheureusement, dans notre village, il n’y a pas d’école. Et aujourd’hui, si j’avais l’aval de mes parents, je serais à l’école française. Mon plus grand rêve maintenant, c’est d’aller travailler à l’étranger, car ici, les temps sont durs », exprime-t-il, le regard perdu.
Comme lui, Abdou pense aussi à l’école de temps en temps. Ce jeune chaudronnier tient déjà sa cantine au marché de Thiaroye, à côté de celle de son oncle. Assis sur un petit banc en acier, il scie les couvercles des marmites pour tailler les parties débordantes. Ayant quitté l’école coranique très tôt, ce jeune de moins de 15 ans fut apprenti tailleur avant de se convertir en chaudronnier sous l’aile de son oncle maternel. « J’ai été à Touba et à Ndiaye Gueye, un village environnant de Touba, pour suivre l’enseignement religieux. Je n’ai jamais été à l’école. Dans ma famille, tous mes frères et sœurs ont étudié à l’école coranique. Comme tout enfant de mon âge, parfois, je rêve d’être à l’école. Mais, là, je préfère travailler pour aider mes parents plutôt qu’être à l’école. Même si, je reconnais qu’il est important d’être instruit », dit Abdou, les yeux baissés, tout en poursuivant son activité.
Un secteur parfois cruel
Dans un milieu dominé par les adultes, ces enfants soulignent que ces derniers ne sont pas toujours tendres avec eux. « Ce n’est pas évident, à mon âge, d’être dans ce milieu, mais je fais avec. Parfois, je rencontre des clients adultes qui sont très compliqués. Ils me disent parfois des choses désagréables. Mais, je ne leur réponds pas. Je me tais et me concentre sur mon activité », rapporte la petite Ndeye Mbenda d’un air désespéré. Si elle sait comment se comporter dans ce lieu de négoce où elle fait face à toute sorte de personnes, c’est parce qu’elle suit les conseils de sa maman. « Cela fait des années qu’elle m’aide dans le business. Je la sensibilise aussi par rapport aux risques de notre activité, surtout dans la zone où nous sommes. Heureusement, je ne la laisse pas aller trop loin. Elle reste juste dans les parages et devant mon étalage pour que je puisse avoir un œil sur elle. Je veille sur elle et elle ne traverse même pas la route pour aller vendre », raconte sa maman.
Le marché est également compliqué pour Mouhamed, qui a quitté l’école en 2017, en classe de CM1 (Cours moyen 1), à cause des « mauvaises notes » qu’il obtenait, pour devenir transporteur de bagages. « Le marché n’est pas facile pour nous les enfants. Parfois, on s’en sort bien, parfois c’est compliqué. Il peut arriver qu’on rentre le soir avec 500, 1000 ou 2000 francs CFA. Tout ce que je gagne, je le donne à mes parents. Mais, nous rencontrons beaucoup de difficultés », avoue-t-il d’un ton sec. À la question de savoir quelles sont les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien dans leur travail, Mouhamed se tait un long moment. Sa mine change aussitôt, et ses yeux deviennent rouges. Il fixe son regard comme pour dénoncer quelque chose, mais aucun mot ne sortira de sa bouche. Au bout de quelques minutes, malgré notre insistance, il reste silencieux et, d’un regard fuyant, il lance : « Je retourne travailler », avant de s’éclipser dans la masse de vendeurs et d’acheteurs qui inondent les lieux en cette heure de la journée.
MERES CELIBATAIRES : UNE DOUBLE CHARGE AU QUOTIDIEN
« Il faut tout un village pour élever un enfant », dit-on. Mais les vicissitudes de la vie peuvent conduire une maman à élever son enfant seule, jouant ainsi le rôle de mère et de père.
« Il faut tout un village pour élever un enfant », dit-on. Mais les vicissitudes de la vie peuvent conduire une maman à élever son enfant seule, jouant ainsi le rôle de mère et de père. Entre charge mentale, manque de soutien et difficulté à refaire sa vie, chaque jour est un défi pour celles qui endossent cette double casquette.
La couleur vaut le détour. D’un rose éclatant et lumineux, cette maison située à Medina Gounass, rappelant les bâtisses de l’époque coloniale, attire tous les regards. Une architecture qu’elle doit à son passé récent, car elle abritait les locaux de l’ancien tribunal de la ville de Guédiawaye. Aujourd’hui, la Maison Rose, ou « Dar as Salam » (maison de la paix), est devenue un refuge pour les mères seules, les aidant à se reconstruire et à bâtir un nouvel avenir.
Dans la Maison Rose, la présence de cette couleur riche en symboles se perçoit dans chaque coin et recoin. Du rez-de-chaussée au plafond, cette teinte, symbole d’affection et de douceur, marque son empreinte comme pour rappeler aux pensionnaires qu’elles n’y trouveront que des ondes positives. Une positivité perceptible à des kilomètres à la ronde. En effet, en foulant le sol de ce cocon protecteur en ce début d’après-midi, les rires d’enfants titillent la curiosité. Une curiosité qui donne envie de percer le mystère caché derrière ces murs. Cette atmosphère enjouée contraste avec le vécu des pensionnaires. Ouverte depuis 2008, la Maison Rose accueille des femmes victimes de violences, de viols, d’incestes ou encore de grossesses précoces. « Le but est de les aider à faire face à leurs histoires et à leur permettre une renaissance », explique Mona Chasserio, fondatrice de la Maison Rose.
Chaque porte de la Maison Rose ouvre sur des histoires de mères célibataires. Mais l’histoire de Codou Diop et celle de Khoudia Mbaye (noms d’emprunt) méritent une attention particulière avant de continuer l’exploration de ce cocon protecteur. Au premier étage de cette bâtisse, ces jeunes filles vivent avec leurs enfants respectifs. Assises sur leur lit, un peu hésitantes, elles jouent nerveusement avec leurs doigts, le regard fuyant. Codou Diop est la première à partager son jardin secret. La jeune fille de 23 ans a vu, à travers ce récit, la clé pour faire la paix avec son passé. C’est justement ce qu’apprend la Maison Rose à ses résidentes : « laisser son sac de problèmes derrière soi et avancer sereinement ».
Havre de paix pour mères célibataires
Le 25 janvier 2024. Codou Diop n’est pas prête à oublier cette date. C’est ce jour-là que la jeune femme de 23 ans a foulé le sol de la Maison Rose avec une grossesse de sept mois. Et depuis ce jour, Dar es Salam est devenue son « havre de paix ». Violée par son père, la jeune femme au teint clair et au corps svelte voit sa vie chamboulée à tout jamais. Face à ce « déshonneur », elle tente de se débarrasser de cette grossesse. « Je voulais coûte que coûte en finir avec cette grossesse. Je me suis retrouvée à l’hôpital. Le médecin m’a mise en rapport avec une « bajenu goox », raconte-t-elle, le regard hagard. Elle finit par atterrir à la Maison Rose à sept mois de grossesse. « Je suis restée trois jours à pleurer. Mais avec les activités de création et d’éveil, j’ai pu accepter ma situation de mère célibataire et cet enfant », confie-t-elle, la maman d’une petite fille.
Khoudia Mbaye a longtemps bourlingué avant d’arriver à la Maison Rose. La jeune femme de 20 ans a connu une vague de mésaventures dans sa vie. Dar es Salam est sa planche de salut, sa bouée. Issue d’une famille où les parents ont divorcé, Khoudia choisit de vivre chez son père. Ce dernier se marie, et elle doit supporter « les humeurs de sa belle-mère ». Celle-ci va convaincre son père de l’envoyer chez ses grands-parents, puis chez sa tante paternelle. C’est là qu’elle rencontre un jeune homme. Ce dernier lui fait miroiter un amour éternel, qu’elle n’a plus connu depuis la séparation de ses parents. À 16 ans, Khoudia se retrouve enceinte.
« Mon père m’a laissée à mon sort à cause de cette erreur de jeunesse. Il m’a clairement fait savoir qu’il était déçu et qu’il aurait préféré que je sois avec ma mère », avoue-t-elle, les yeux larmoyants. Cette réaction, selon le sociologue Souleymane Lo, est due à la perception de la société sénégalaise des mères célibataires, souvent marquées par des jugements sévères et des stigmatisations. « Elles sont souvent perçues comme ayant transgressé les normes sociales et religieuses. Sous cet angle, elles font l’objet de rejet par leur famille et la communauté, ce qui les conduit parfois à l’isolement », a expliqué le sociologue.
Khoudia Mbaye coupe les ponts avec sa famille et décide de se trouver un logement pour elle et son fils. Abandonnée par sa famille et le père de son enfant, elle doit se débrouiller seule pour subvenir à ses besoins. Quelques mois plus tard, elle renoue le contact avec le père de son fils, et une nouvelle grossesse survient. « Il m’avait promis monts et merveilles. Mais il m’a de nouveau abandonnée juste après l’annonce de ma grossesse », dit-elle, d’un air dépité. Elle se retrouve avec deux bébés sur les bras. « C’était très difficile psychologiquement. J’en suis même venue à abandonner mon nouveau-né devant une maison, faute de pouvoir le prendre en charge », révèle-t-elle. Avec l’aide d’une bonne samaritaine, elle récupère son fils. « Cette personne m’a ensuite conduite à la Maison Rose. J’y vis depuis deux mois avec mes deux fils en toute sérénité », confie-t-elle. Après sa longue traversée du désert, Dar es Salam est devenue son oasis où Khoudia voit « une nouvelle porte » s’ouvrir pour elle et ses enfants.
Le père, l’absent le plus présent
« On ne prend pas rendez-vous avec le destin. Le destin empoigne qui il veut, quand il veut », écrivait Mariama Ba. Ces quelques mots suffisent à décrire la vie d’Asta Mbow. Contrairement à Codou et Khoudia, qui ont pu compter sur le soutien de la Maison Rose, Asta a dû faire face à son destin. « Mon mari est mort l’année dernière des suites d’une maladie. Mais j’ai toujours du mal à l’accepter, surtout avec les enfants », lâche-t-elle, visiblement émue. Mariée depuis un an, elle se retrouve veuve avec deux enfants à charge. « J’essaie de tout faire pour qu’ils ne manquent de rien », avoue la commerçante. Mais il y a un manque qu’elle ne peut combler : l’absence de son mari. « Elle se fait énormément ressentir dans l’éducation des enfants. Il leur manque cette présence paternelle que je ne peux combler », lâche-t-elle, plongée dans ses souvenirs, seules choses qui lui restent de son doux et tendre mari.
Les souvenirs, eux, restent tatoués dans la tête de Khady Barry (nom d’emprunt). Elle se souvient encore des difficultés à subvenir aux besoins de sa fille huit ans plus tôt. « C’est un lointain souvenir, dont la douleur et les séquelles restent toujours présentes », confie la trentenaire. En effet, les difficultés liées à l’éducation d’un enfant ne s’oublient pas facilement, surtout sans le père. « Ce dernier n’était pas prêt à prendre en charge un enfant. Il disait avoir des études à finir et une carrière à bâtir. Un enfant serait un frein pour nous deux », se rappelle amèrement celle qui est tombée enceinte à 22 ans, juste après sa licence. Cela n’entache en rien sa volonté de réussir ses études. Mais c’est sans compter sur la réalité d’une maman solo. « Cette période a été très compliquée sur tous les aspects. Je peinais à subvenir aux besoins de ma fille », confie-t-elle.
Mais pour Khady Barry, le plus dur a été d’expliquer à son enfant pourquoi elle ne pouvait grandir avec un père et une mère sous le même toit. « Je devais jouer le rôle du gendarme pour la recadrer, ou celui de la maman pour la rassurer et combler le vide laissé par le père », se souvient la trentenaire. Ce manque de présence masculine, poursuit-elle, a eu des conséquences sur l’éducation de sa fille, qui voit en tout homme une figure paternelle. « J’ai dû également la priver de beaucoup de choses. Je ne pouvais lui offrir que le strict minimum, sans travail ni soutien du père. Ma fille a un énorme problème avec l’autorité. Que ce soit à l’école ou à la maison, elle a du mal à être disciplinée ou à suivre les ordres », reconnait-elle. Endosser cette double casquette n’a pas été de tout repos d’après la conseillère clientèle dans une société française de télécommunications.
Poids des charges
Les mères célibataires au Sénégal font face à plusieurs défis spécifiques liés à la charge de l’enfant, selon le sociologue Souleymane Lo. « Elles sont contraintes de jongler entre le travail et les responsabilités parentales, ce qui peut être épuisant », explique-t-il.
Khady Barry a, quant à elle, jonglé entre ses études et l’éducation de sa fille. « J’ai dû abandonner mes études en master 2 et le stage qu’un de mes formateurs m’avait trouvé. Financièrement, je ne m’en sortais plus. Je n’avais plus les moyens de payer la garderie ni d’acheter le minimum nécessaire pour la survie de mon bébé », révèle-t-elle. La mère célibataire avoue avoir du mal à faire face aux charges. À un certain moment, confie-t-elle, les couches, les vêtements et les trois repas quotidiens étaient difficiles à gérer. « Nous pouvions rester des jours sans manger. Nous n’avions aucune aide financière, aucun soutien moral, ni autre forme d’assistance. Nous étions seules, et cela pendant plusieurs années », raconte-t-elle, soulignant que même les hôpitaux et les ordonnances étaient un luxe.
La justice, l’autre affaire
La prise en charge des besoins des enfants de mères célibataires dépend des cas, selon Malick Ndour, greffier. « Les mères célibataires qui ont obtenu la garde de leurs enfants à l’issue d’un divorce peuvent également rencontrer des difficultés pour recouvrer la pension alimentaire due par leurs ex-époux, surtout si ces derniers n’ont pas d’activité rémunérée par une administration publique ou privée », explique-t-il. Malick Ndour relève aussi le fait qu’elles sont souvent laissées à elles-mêmes, sans assistance ni pension alimentaire de la part de leurs ex-époux. « Elles ne peuvent même pas se prévaloir de la garde de fait et sont obligées de quémander une autorisation parentale pour voyager avec leurs enfants », souligne-t-il. Selon le juriste, la prise en charge des frais médicaux et pharmaceutiques des enfants s’inscrit dans cette dynamique.
Dans le cas des mères célibataires issues d’une relation naturelle, le juriste explique que le premier défi réside dans la reconnaissance de leurs enfants. « La plupart des enfants issus d’une relation naturelle se heurtent à un refus de paternité. Les pères refusent de s’assumer et, par ricochet, se gardent de les reconnaître. Il se pose également le problème de leur déclaration. Ils sont souvent mal déclarés, non déclarés ou inscrits au nom exclusif de la mère, avec la mention Pnd (Père non dénommé), ce qui peut avoir des conséquences psychologiques et sociales graves. Cela porte aussi préjudice à la jouissance de certains de leurs droits, comme le droit à une identité et à l’éducation », énumère-t-il. Me Ndour évoque également comme autre difficulté la prise en compte de ces enfants dans l’héritage en cas de décès du père. « Même si ces derniers les reconnaissent, ils sont parfois victimes de clichés religieux qui tentent de les exclure de l’héritage, bien que le Code de la famille soit clair sur la dévolution successorale selon le droit musulman (article 571 et suivants du Code de la Famille) », renseigne-t-il.
En revanche, poursuit-il, si ces enfants ne sont pas reconnus, ils n’ont même pas droit à être considérés comme héritiers d’un père biologique absent. Pire encore, en vertu de l’article 196 du Code de la famille, il leur est interdit de rechercher leur paternité, sauf dans les cas prévus à l’article 211 dudit code.
Difficile recommencement
La première relation avec le père de leur enfant peut laisser un goût amer aux mères célibataires. Certaines en viennent même à perdre l’envie de revivre une histoire d’amour. C’est le cas de Khoudia Mbaye. Après sa relation avec le père de ses deux fils, la femme de 20 ans dit être devenue « méfiante » vis-à-vis des hommes. « J’ai récemment rencontré quelqu’un qui m’a dit vouloir faire de moi sa femme. Mais je ne peux m’empêcher de penser à la façon dont cela serait perçu par sa famille et à son futur rapport avec mes enfants. C’est pourquoi je reste sur mes gardes », dit-elle d’un brin mélancolique.
Mariama Badiane s’est tout simplement résignée à finir sa vie seule. Mère de trois enfants, la femme de 56 ans ne se consacre aujourd’hui qu’à ses fils. « Je suis venue rejoindre mon mari en France en 1993. Mais c’est en 2016 que nous avons pris des chemins différents. Depuis, je m’occupe des enfants. Cela me suffit, et refaire ma vie n’est pas un besoin pour moi », avoue la consultante en droit familial. Une flamme difficile à raviver !
« Je suis restée célibataire presque 6 ans, seule avec mon enfant. Introduire à nouveau un homme dans ma vie me terrifiait », confie Khady Barry sans détour. La femme de 30 ans s’est posée beaucoup de questions avant de présenter son futur époux à sa fille. « Comment ma fille allait-elle vivre cela ? Cet homme accepterait-il mon enfant ? Comment sa famille réagirait-elle ? S’il y a un souci après le mariage, allais-je me retrouver enceinte et de nouveau mère célibataire ? Allait-il m’abandonner à son retour ? Serais-je encore obligée de mettre ma vie en suspens pour élever un autre enfant ? », se remémore-t-elle. En dépit de ces appréhensions, elle finit par faire confiance à l’avenir et sauter le pas. Les premiers mois de mariage ont été difficiles pour celle qui a dû laisser son enfant au Sénégal afin de rejoindre son époux dans un autre pays. « Elle s’est sentie abandonnée, déjà qu’elle n’avait qu’un seul parent, une mère qui faisait office de père aussi. Nous avons vécu séparées quelques années, le temps pour moi de bâtir un foyer stable et la faire venir auprès de nous », explique-t-elle. Avec le temps, Khady Barry a appris à refaire confiance et a accepté une figure d’autorité en son mari, qui joue actuellement le rôle de père, un rôle que sa fille n’a jamais eu avec son père biologique. « Vivre dans une famille recomposée n’est jamais facile, mais c’est mieux que d’être seule. On a quelqu’un sur qui s’appuyer et à qui déléguer certains devoirs », reconnaît-elle.
Le sociologue Souleymane Lo explique qu’il est difficile pour les mamans solos de trouver un partenaire de vie. Cependant, il tient à relativiser en affirmant que pour surmonter ces obstacles, les mères célibataires doivent davantage travailler sur leur estime de soi, en ayant confiance en elles et en leurs capacités à trouver l’amour. Elles doivent se concentrer sur leurs besoins sans négliger leurs propres désirs. Enfin, elles doivent s’armer de patience. Trouver le bon partenaire prend du temps. « Il est important de ne pas se précipiter et de prendre le temps de faire connaissance », signale-t-il. Après tout, tout vient à point à qui sait attendre !
724 dossiers traités par l’Association des juristes sénégalaises
Les mères célibataires qui font appel à l’Association des juristes sénégalaises (Ajs) sont nombreuses, selon Ndeye Madjiguéne Sarr Bakhoum, coordinatrice de la boutique de droit de Pikine. De janvier 2023 à juin 2024, les neuf boutiques de droit de l’Ajs ont reçu et traité 724 dossiers de mères célibataires, précise Mme Bakhoum. Cette dernière explique qu’elles viennent principalement pour des questions de droit de la famille. Selon la coordinatrice de la boutique de droit de Pikine, 430 dossiers portent sur des cas d’état civil, comme les demandes de procédure de déclaration tardive de naissance, suivis des cas de garde d’enfant avec demande de garde légale et de recherche de paternité pour les enfants issus de grossesses non reconnues. Il y a également des questions liées à la violence, avec 199 dossiers de violence physique (coups et blessures), économique (refus de verser la pension alimentaire), psychologique (menaces, injures, dénigrements), et sexuelle (harcèlement, viol, détournement de mineur…).
« Le refus de paternité est également courant, car les possibilités judiciaires ne sont pas nombreuses pour les mères célibataires, et le Code de la famille de 1972 offre davantage de possibilités aux hommes », ajoute la juriste consultante. À cet égard, elle poursuit, l’interdiction de la recherche de paternité est énoncée dans l’article 196 du Code de la famille, qui précise que la recherche de paternité est interdite. L’établissement de la filiation paternelle est interdit pour tout enfant qui n’est pas présumé issu du mariage de sa mère ou n’a pas été volontairement reconnu par son père. Ndeye Madjiguéne Sarr Bakhoum précise qu’il n’y a aucune possibilité judiciaire si le père décide de ne pas reconnaître son enfant, et aucun rapprochement paternel ne sera effectué. « Il est donc interdit de rechercher judiciairement la paternité naturelle, sauf dans des cas exceptionnels. Mieux, selon l’article 277 du Code de la famille, c’est la notion de puissance paternelle qui est consacrée au lieu d’autorité parentale, ce qui fait que, même divorcées, les femmes rencontrent des difficultés pour prendre certaines décisions pour leurs enfants », renseigne-t-elle.
KALIDOU KOULIBALY POUSSÉ VERS LA SORTIE
Sous contrat avec Al-Hilal jusqu’en 2026, le défenseur sénégalais serait poussé vers la sortie. Avec des performances jugées à la baisse, il aurait été exclu de la liste pour le Championnat afin de faire de la place à… Neymar.
Sous contrat avec Al-Hilal jusqu’en 2026, le défenseur sénégalais serait poussé vers la sortie. Avec des performances jugées à la baisse, il aurait été exclu de la liste pour le Championnat afin de faire de la place à… Neymar.
Al-Hilal en veut plus, beaucoup plus. Dominateur sans partage du football saoudien la saison dernière, le club entraîné par Jorge Jesus ne veut pas s’arrêter en si bon chemin cette saison. Et pour maintenir le cap durant cette campagne où il est en train de livrer un mano à mano avec Al-Ittihad en Saudi Pro League, il serait prêt à se passer de certains éléments, et pas des moindres, à la mi-saison. Si un départ de Neymar semblait à l’étude il y a quelques semaines, celui qui fait désormais le plus parler est celui de Kalidou Koulibaly. À 33 ans, l’ancien défenseur central de Naples et de Chelsea est dans sa deuxième année en Arabie saoudite. Mais après une longue et belle saison 2023- 2024 (44 matchs), ses performances dans cette campagne 2024-2025 ne répondraient plus aux attentes placées en lui.
KOULIBALY SACRIFIÉ POUR NEYMAR ?
Avec 18 matchs disputés pour plus de 1500 minutes, le capitaine de l’Equipe Nationale du Sénégal reste un titulaire pour Jorge Jesus. Pourtant, les champions en titre d’Arabie saoudite seraient prêts à prendre une décision drastique et étonnante pour se séparer de lui. D’après les informations de Marca, AlHilal a décidé d’inscrire Neymar sur la liste pour le Championnat, et cela passe par exclure Koulibaly. Plus surprenant encore, le média espagnol précise que la direction du club saoudien a décidé de mettre fin au contrat du champion d’Afrique 2022 ou le faire prêter, à partir du prochain mercato, jusqu’à la fin de son contrat qui court jusqu’en 2026. Reste maintenant à voir par quelle oreille Kalidou Koulibaly accueillerait une telle décision. Ce qui est sûr, c’est que le défenseur a encore tant à offrir à 33 ans.
LES LIONNES DE HANDBALL BUTENT SUR LE CONGO ET HERITENT DU CAMEROUN EN QUART
Après quatre victoires d’affilée, les Lionnes se sont inclinées sur la marque de 25-17, pour le compte de la cinquième et dernière journée de la phase de groupe.
L’équipe du Congo a mis fin à la belle série enclenchée depuis le début de la CAN Handball Féminine qui se déroule à Kinshasa en RD Congo. Après quatre victoires d’affilée, les Lionnes se sont inclinées sur la marque de 25-17, pour le compte de la cinquième et dernière journée de la phase de groupe. Avec cette défaite, le Sénégal perd la première pour la 3eme place derrière le Congo et l’Egypte. Il hérite du coup du Cameroun, sorti deuxième du groupe, qu’il affrontera ce mercredi en quart de finale.
Après une belle série marquée par quatre victoires, l’équipe du Sénégal a enregistré hier, mardi 3 décembre 2024, au Gymnase des Martyrs, sa première défaite à la CAN de Handball qui se déroule en Rd Congo. Les Lionnes sont tombées devant l’équipe du Congo pour le compte de la 5e journée et dernière journée de la phase de poules. Les protégées de Yacine Messaoud ont d’entrée buté d’entrée sur la solidité de l’adversaire. Au coude à coude dans les premières échanges de la rencontre (6-6 à 17e), les Congolaises, vont vite se détacher avant de prendre une bonne marge (11-6 ; 26e).
Moins tranchantes dans les phases offensives, les coéquipières d’Astou Ndiaye, Raissa Dapina, Doungou Camara et autres Soukeyna Sagna ne tardent pas à marquer le pas (12-7 : 27e). Elles accèdent à la pause avec un handicap de 5 points au tableau d’affichage. A la reprise, les Sénégalaises peinent à recoller. Plus en réussite, le Congo accentue son avance en larguant les Sénégalaises (21-14 ; 21 e) avant de conforter leur avance à 10 unités à quatre minutes de la fin (25-15 ; 26e). Avant de boucler la rencontre sur le score de 25 à 17.
Pas de carton plein pour le Sénégal. Le Congo s’est encore posé comme le bourreau du Sénégal. C’est en effet, cette formation qui a ravi la 3eme place au Sénégal lors de la précédente édition de la CAN disputée à Dakar. Avec quatre victoires et une défaite, le Sénégal a été relégué à la troisième place derrière le Congo et l’Egypte qui l’a doublé à la différence de buts. Les Lionnes n’auront aucun répit puisqu’elles abordent dès ce mercredi 4 décembre le second tour.
Le Sénégal hérite en quart de finale, le Cameroun, un des grands favoris au trophée. Les Camerounaises ont fini à la deuxième place derrière l’Angola, tenante du titre, qui a réussi un sans faute avec cinq victoires dans le groupe B. L’ambition du Sénégal de décrocher une place de demi-finaliste mais aussi de poursuivre leur chemin vers un premier trophée continental. Les quatre premiers du classement final seront qualifiés pour le Mondial-2025 prévu en Allemagne et aux Pays-Bas en décembre 2025. Les autres affiches des quarts de finale opposeront le Congo à la Tunisie, l’Egypte à la RD Congo et l’Angola à l’Algérie.
Par Fodé KANTE
JE DEMANDE LA PAROLE !!
A mon tour, vous permettrez à un modeste ouvrier retraité des chemins de fer qui a blanchi sous le harnais, mais qui garde encore la substantifique moelle pour participer à des débats de société suite à la publication dans Sud quotidien du 25 octobre 2024
Le Sud quotidien dans son N° 2424 du 25 octobre 2024 a ouvert un dossier d’une brûlante actualité sur la société civile (légitimité, processus historique et contraintes). J’ai épluché avec beaucoup d’intérêt ce dossier animé par les co-auteurs René Lake et El Hadji Mbaye à qui je rends un vibrant hommage pour la pertinence de leur analyse. Cela ne m’étonne guère de la part de ces 02 éminents universitaires qui ont pleinement joué leur partition de propulseur de lumière dans les sociétés.
A mon tour, vous permettrez à un modeste ouvrier retraité des chemins de fer qui a blanchi sous le harnais, mais qui garde encore la substantifique moelle pour participer à des débats de société. Globalement, la société civile trouve sa substance originelle dans ce concept sémantique qui l’a fait évoluer en dehors des sphères gouvernementales par l’exercice d’une activité civile. Elle reste par conséquent une alternative à théorie du fait de la prime qui, dans les régimes autocratiques, impacte négativement l’aspiration naturelle des sociétés vers le mieux être. Le rôle de la société civile est plus complexe lorsqu’elle s’applique à un régime politique qui se proclame démocratique, mais déroule un programme qui opprime les libertés essentielles des citoyens. C’est le cas le plus fréquent qui se pose en Afrique subsaharienne et qui met la société civile à 1’épreuve des contradictions internes qui opposent les autorités gouvernementales aux partis politiques. Si on prend le cas du Sénégal, la société civile se meut dans une problématique de positionnement par rapport à son équidistance avec les obédiences politiques.
A la décharge des sociétés civiles au Sénégal, reconnaissons tout de même leur faible propension marginale qui se situe entre deux 02 alternatives. Pour certains, ce sont des politiciens encagoulés qui flirtent avec le pouvoir pour l’obtention des prébendes et pour d’autres, ce sont des objecteurs de conscience sociaux impliqués dans des arbitrages entre les autorités gouvernementales et les partis politiques pour la sauvegarde de l’ordre social. Et pourtant, dans ce dilemme, il faut bien prendre position et trancher ce nœud gardien d’une grande complexité. Les associations (ONG) qui sont de la société civile et d’obédience internationale ne posent pas beaucoup de problèmes. Parfois, il s’agit d’une organisation qui opère dans le pays alors que l’épicentre se trouve à l’étranger. Les ONG évoluent souvent dans des activités de services sociaux de base (Education-Santé communautaire- Ecologie et environnement etc.).
Elles reçoivent leur financement de l’étranger et bénéficient souvent d’un accord de siège octroyé par le gouvernement ou d’un statut d’association reconnue d’utilité publique. Mais la problématique des sociétés civiles ne se posent pas à ce niveau. Ce sont plutôt les associations de droit privé qui exercent des activités de droit de l’homme qui sont véritablement exposées cumulativement à la critique acerbe des partis politiques et des autorités gouvernementales. Reconnaissons tout de même que cette société civile au Sénégal a largement contribué à la sauvegarde des acquis démocratiques. Dans les dernières élections présidentielles, elle a indéniablement joué son rôle de sentinelle et de lanceur d’alerte par un plaidoyer de l’apologie contre les diktats. Reconnaissons que sa mission est particulièrement difficile et complexe.
On peut l’identifier à un équilibriste qui, évitant de tomber de CHARYBDE en SCYLLA, se ménage intuitivement des espaces de concertation avec les acteurs pour apaiser les tensions et renouer les fils du dialogue pourla paix sociale. Cependant, la société civile au Sénégal, toutes obédiences confondues, devra éviter toute pression et évoluer dans une parfaite autonomie. Pour cela, l’Etat a aussi sa responsabilité, il devra octroyer à la société civile une subvention annuelle, à 1’instar de l’aide de la presse, ceci pour éviter les manœuvres corruptogènes qui polluent souvent le milieu de la société civile. L’Etat doit également s’interdire des nominations de membres de la société civile à des postes de DG, PCA, chargés de mission etc. L’Etat doit confectionner une base de données des associations de la société civile et exiger de ces dernières un rapport annuel d’activités. On pourrait même imposer à la société civile une prestation de serment auprès d’une juridiction. Au Sénégal, les associations de la société civile risquent d’essaimer comme des champignons si on ne prend pas des mesures conservatoires radicales pour le recouvrement de leur véritable identité et leur restriction, seul gage de leur légitimité.
FODE KANTE
OUVRIER RETRAITÉ DES CHEMINS DE FER
Par Pr Amath NDIAYE
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LES PAYS EN DEVELOPPEMENT ET LE COMMERCE INTERNATIONAL DES MATIERES PREMIERES
Le commerce international des matières premières ou produits de base fait référence aux échanges mondiaux de ressources naturelles, telles que les produits agricoles, les métaux, les minerais, le pétrole, le gaz naturel, et d'autres matières premières
Le commerce international des matières premières ou produits de base fait référence aux échanges mondiaux de ressources naturelles, telles que les produits agricoles, les métaux, les minerais, le pétrole, le gaz naturel, et d'autres matières premières essentielles. Ce commerce joue un rôle central dans l'économie mondiale, car ces ressources sont nécessaires pour l'industrie, l'énergie et la consommation quotidienne.
Avec la colonisation et l’internationalisation du capitalisme, les pays en développement ont été spécialisés dans l’exportation de produits de base. Ils en sont devenus dépendants et vulnérables. En quoi le commerce des matières premières permet de dire que l’économie mondiale est organisée autour d’un « centre » dominant et d’une « périphérie » dominée ? Qu’en est-il de la détérioration de leurs termes de l’échange ? Quelle est la consistance de cette dépendance économique ?
LA DÉPENDANCE ÉCONOMIQUE DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT VIS-À-VIS DES MATIÈRES PREMIÈRES
Selon la CNCED, les matières premières représentent 20 à 25% du commerce mondial ces années récentes. Lorsque qu’elles représentent 60 % ou plus des recettes d’exportation de marchandises d’un pays, ce pays est considéré comme étant « dépendant des produits de base ». Bien que ce type de dépendance soit un problème mondial, ce sont les pays en développement qui en souffrent le plus. Le graphique 1ci-dessous montre clairement que la dépendance vis-à-vis des produits de base est prédominante en Afrique, en Amérique du Sud et en Océanie, suivies de l’Asie occidentale et de l’Asie centrale. Combinées, ces quatre régions représentent 85 des 101 États membres de la CNUCED tributaires des produits de base (84 pour cent), avec près de la moitié des pays situés en Afrique.
GRAPHIQUE 1 : Dépendance vis-à-vis des produits de base par région, 2019-2021 en %
Source : Secrétariat de la CNUCED sur la base des données d’UNCTAD Stat
Selon rapport de la CNUCED (2023) sur l’état de la dépendance aux produits de base, seuls 13 % des pays développés figurent sur la liste des pays considérés comme dépendants, parmi lesquels on compte l’Australie et la Norvège, tandis que les 85 % des pays les moins avancés sont concernés. Sur les 195 pays membres de l’organisation, 95 sont classés comme pays en développement dépendant des exportations de produits de base.
Par ailleurs, contrairement à certaines pensées, les pays en développement ne sont pas plus riches en ressources naturelles que les pays développés. Dans le cas du pétrole, par exemple, en 2023, les principaux producteurs mondiaux sont dominés par les États-Unis, la Russie et l’Arabie saoudite, qui occupent respectivement les trois premières places : États-Unis avec 13,3 millions de barils par jour, Russie avec 10,3 millions de barils et Arabie Saoudite 8,95 millions de barils. Pour le blé, la Russie, les USA et le Canada sont trois premiers producteurs mondiaux. Pour l’or, la Chine, la Russie et l’Australie sont les premiers producteurs. On pourrait citer d’autres exemples.
LE CENTRE, LA PÉRIPHÉRIE ET LA DÉTÉRIORATION DES TERMES DE L’ÉCHANGE
Le centre désigne généralement des nations développées, industrialisées, et économiquement dominantes, souvent situées en Europe de l’Ouest, en Amérique du Nord, et en Asie de l’Est. Ces pays disposent d’une technologie avancée, d’un capital financier important et d’une capacité de production diversifiée à haute valeur ajoutée.
La périphérie désigne, en grande partie, des nations en développement, souvent situées en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Ces pays ont des économies orientées vers l’exportation de matières premières et disposent d’industries embryonnaires peu diversifiées.
Leurs recettes d’exportation et budgétaires sont fortement tributaires de la production des matières premières ; lesquelles sont essentiellement destinées aux marchés du centre.
Les termes de l’échange sont définis comme l’indice des prix d’exportation divisé par l’indice des prix d’importation des marchandises. C’est donc un indice avec une base 100 pour l’année de référence. Son augmentation signifie que le pouvoir d’achat des exportations est en hausse et qu’il y a une amélioration des termes de l’échange. A l’inverse, une baisse de l’indice des termes de l’échange traduit une diminution du pouvoir d’achat des exportations donc une détérioration des termes de l’échange. Dans un scénario de détérioration, les individus et les entreprises peuvent acheter de moins en moins de biens importés, ce qui entraîne une baisse du niveau de vie du pays.
Dans le graphique 2 ci-dessous illustre l’évolution des termes de l’échange du Sénégal. Ils se sont détériorés de 2002 à 2008 puis ont commencé à s’améliorer depuis 2011. L’évolution des termes de l’échange du Sénégal dépend essentiellement de l’évolution des cours mondiaux du phosphate, de l’arachide, de l’or et surtout du pétrole. Ce dernier produit agit fortement sur l’amélioration des termes de l’échange quand le cours mondial du pétrole baisse. De même, lorsque le cours mondial du pétrole augmente, il contribue fortement à la détérioration des termes de l’échange du Sénégal.
La Société des Nations (SDN) a publié en 1945 un travail de recherche appelé « Industrialisation et commerce extérieur ». Elle estimait qu’entre 1875 et 1938, l’indice des prix des produits primaires avait chuté de 43% par rapport à celui des biens manufacturés.
Ainsi, un pays qui exporterait principalement des produits agricoles se serait donc appauvri par rapport aux pays produisant des biens manufacturés, car il lui faudrait vendre plus de produits agricoles qu’avant pour générer assez de revenus pour acheter le même nombre de produits facturés que par le passé.
L’Organisation des Nations unies, qui prend la relève de la SDN, en poursuivant les travaux sur le commerce international, a publié en 1949 un travail de recherche majeur, « Relative Prices of Exports and Imports of Underdeveloped Countries ». Elle y démontrait la persistance de la détérioration des termes des échanges entre les pays riches et les pays pauvres
Dans les années 50 et 60, les économistes Raul Prebisch (1901–1986) et Hans Singer (19102006) travaillent sur la détérioration des termes de l’échange, de manière indépendante, et arrivent aux mêmes conclusions : la détérioration des termes de l’échange est due aux différences de spécialisation entre les pays.
D’après eux, cette baisse ne peut être considérée comme un phénomène transitoire dû à un concours de circonstances passagères, mais plutôt comme une caractéristique intrinsèque aux structures économiques du centre et de la périphérie et à la nature même du processus de développement. En un mot, la tendance à la détérioration des termes de l’échange au détriment des pays de la périphérie peut être expliquée au moins par deux raisons.
1. La dynamique de croissance, et donc la hausse des revenus, entraîne une augmentation des importations plus forte à la périphérie qu’au centre, ce qui provoque à la périphérie une hausse des prix d’importation par rapport aux prix d’exportation et, par conséquent, une baisse des termes de l’échange.
2. L’impact du progrès technique sur les pays du centre et ceux de la périphérie est asymétrique. Au centre, le progrès technique a tendance à faire baisser la demande en produits d’importation provenant de la périphérie (la plupart des produits de base peuvent être remplacés par des produits synthétiques et les procédés deviennent plus économes en matière première). Au contraire, à la périphérie, le progrès technique a tendance à augmenter la demande en biens d’équipement et intermédiaires produits par les pays du centre. Cela a également, pour effet, d’augmenter les prix à l’importation donc détériorer les termes de l’échange.
On peut y ajouter une troisième raison : la hausse plus rapide de la productivité et des salaires au centre fait hausser le prix relatif de produits importés par la périphérie.
Cependant la détérioration des termes de l’échange n’est pas un phénomène propre aux pays en développement comme l’illustre le graphique 3 ci-dessous concernant les USA. Ainsi, entre 2004 et 2015, on y assiste à une détérioration des termes de l’échange.
Aujourd’hui, le modèle centre-périphérie semble un peu dépassé sauf pourla plupart des pays africains au Sud du Sahara encore trop dépendants des exportations de matières premières.
Le modèle centre-périphérie peut être vu comme trop simpliste pour analyser la complexité des relations économiques actuelles, marquées par l’interdépendance croissante des économies et l’existence de chaînes de valeur mondiales. Qui plus est, certains pays qui étaient dits périphériques, comme la Corée du Sud, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Indonésie ou la Malaisie ont su transformer leur position grâce à des politiques industrielles stratégiques. Pour sortir de ce modèle, l’Afrique gagnerait donc à tirer des leçons des expériences asiatiques d’industrialisation, en commençant parla transformation partielle ou complète de ses matières premières sur place. C’est la seule voie pour offrir des emplois décents à ses millions de jeunes désespérés.