JE DEMANDE LA PAROLE !!
A mon tour, vous permettrez à un modeste ouvrier retraité des chemins de fer qui a blanchi sous le harnais, mais qui garde encore la substantifique moelle pour participer à des débats de société suite à la publication dans Sud quotidien du 25 octobre 2024

Le Sud quotidien dans son N° 2424 du 25 octobre 2024 a ouvert un dossier d’une brûlante actualité sur la société civile (légitimité, processus historique et contraintes). J’ai épluché avec beaucoup d’intérêt ce dossier animé par les co-auteurs René Lake et El Hadji Mbaye à qui je rends un vibrant hommage pour la pertinence de leur analyse. Cela ne m’étonne guère de la part de ces 02 éminents universitaires qui ont pleinement joué leur partition de propulseur de lumière dans les sociétés.
A mon tour, vous permettrez à un modeste ouvrier retraité des chemins de fer qui a blanchi sous le harnais, mais qui garde encore la substantifique moelle pour participer à des débats de société. Globalement, la société civile trouve sa substance originelle dans ce concept sémantique qui l’a fait évoluer en dehors des sphères gouvernementales par l’exercice d’une activité civile. Elle reste par conséquent une alternative à théorie du fait de la prime qui, dans les régimes autocratiques, impacte négativement l’aspiration naturelle des sociétés vers le mieux être. Le rôle de la société civile est plus complexe lorsqu’elle s’applique à un régime politique qui se proclame démocratique, mais déroule un programme qui opprime les libertés essentielles des citoyens. C’est le cas le plus fréquent qui se pose en Afrique subsaharienne et qui met la société civile à 1’épreuve des contradictions internes qui opposent les autorités gouvernementales aux partis politiques. Si on prend le cas du Sénégal, la société civile se meut dans une problématique de positionnement par rapport à son équidistance avec les obédiences politiques.
A la décharge des sociétés civiles au Sénégal, reconnaissons tout de même leur faible propension marginale qui se situe entre deux 02 alternatives. Pour certains, ce sont des politiciens encagoulés qui flirtent avec le pouvoir pour l’obtention des prébendes et pour d’autres, ce sont des objecteurs de conscience sociaux impliqués dans des arbitrages entre les autorités gouvernementales et les partis politiques pour la sauvegarde de l’ordre social. Et pourtant, dans ce dilemme, il faut bien prendre position et trancher ce nœud gardien d’une grande complexité. Les associations (ONG) qui sont de la société civile et d’obédience internationale ne posent pas beaucoup de problèmes. Parfois, il s’agit d’une organisation qui opère dans le pays alors que l’épicentre se trouve à l’étranger. Les ONG évoluent souvent dans des activités de services sociaux de base (Education-Santé communautaire- Ecologie et environnement etc.).
Elles reçoivent leur financement de l’étranger et bénéficient souvent d’un accord de siège octroyé par le gouvernement ou d’un statut d’association reconnue d’utilité publique. Mais la problématique des sociétés civiles ne se posent pas à ce niveau. Ce sont plutôt les associations de droit privé qui exercent des activités de droit de l’homme qui sont véritablement exposées cumulativement à la critique acerbe des partis politiques et des autorités gouvernementales. Reconnaissons tout de même que cette société civile au Sénégal a largement contribué à la sauvegarde des acquis démocratiques. Dans les dernières élections présidentielles, elle a indéniablement joué son rôle de sentinelle et de lanceur d’alerte par un plaidoyer de l’apologie contre les diktats. Reconnaissons que sa mission est particulièrement difficile et complexe.
On peut l’identifier à un équilibriste qui, évitant de tomber de CHARYBDE en SCYLLA, se ménage intuitivement des espaces de concertation avec les acteurs pour apaiser les tensions et renouer les fils du dialogue pourla paix sociale. Cependant, la société civile au Sénégal, toutes obédiences confondues, devra éviter toute pression et évoluer dans une parfaite autonomie. Pour cela, l’Etat a aussi sa responsabilité, il devra octroyer à la société civile une subvention annuelle, à 1’instar de l’aide de la presse, ceci pour éviter les manœuvres corruptogènes qui polluent souvent le milieu de la société civile. L’Etat doit également s’interdire des nominations de membres de la société civile à des postes de DG, PCA, chargés de mission etc. L’Etat doit confectionner une base de données des associations de la société civile et exiger de ces dernières un rapport annuel d’activités. On pourrait même imposer à la société civile une prestation de serment auprès d’une juridiction. Au Sénégal, les associations de la société civile risquent d’essaimer comme des champignons si on ne prend pas des mesures conservatoires radicales pour le recouvrement de leur véritable identité et leur restriction, seul gage de leur légitimité.
FODE KANTE
OUVRIER RETRAITÉ DES CHEMINS DE FER