THIERNO ALASSANE SALL OU LE DEGRÉ ZÉRO DE LA POLITIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Invoquer la menace djihadiste pour discréditer un adversaire politique relève de l’indignité. Faut-il vraiment instrumentaliser les larmes des peuples frères pour attaquer Sonko ?

Quand on n’a rien à dire qui honore les morts ni éclaire les vivants, le silence n’est pas seulement d’or. Il est salutaire. Mais il est des hommes publics dont la parole, au lieu d’éclairer, obscurcit l’intelligence collective. Thierno Alassane Sall, qui aime à se présenter en vigie solitaire, vient ainsi de franchir un seuil. Non pas celui du courage. Ni celui de la lucidité. Mais, plus inquiétant, celui du degré zéro de la politique.
Dans un tweet alambiqué, Thierno Alassane Sall passe sans sourciller du djihadisme malien aux propos du Premier ministre Ousmane Sonko. Du terrorisme transfrontalier à la critique institutionnelle, il franchit le pas d’un bond. Ce n’est pas un raccourci, c’est un effondrement logique. Non un viaduc rhétorique, mais une coulée de boue intellectuelle.
L’instrumentalisation cynique d’un drame régional
Invoquer la menace djihadiste pour discréditer un adversaire politique relève de l’indignité. Le Mali souffre, Kayes est menacée, les populations sahéliennes vivent sous la terreur. Face à ce drame, on choisit entre solidarité panafricaine et calcul politicien. Thierno Alassane Sall a opté pour le second. Faut-il vraiment instrumentaliser les larmes des peuples frères pour attaquer Sonko ? Jusqu’à l’assimiler aux djihadistes maliens ? Ce n’est plus du débat : c’est de la profanation.
En réalité, cette sortie n’est que le prolongement d’un tropisme bien connu de M. Sall : la critique sans risque. Déjà, dans ses propos sur la suppression du CESE et du HCCT, il s’était posé en gardien zélé de structures qu’il avait lui-même naguère dénoncées comme coûteuses et inutiles. Déjà, dans son refus obstiné de participer au dialogue national — au motif qu’il serait biaisé —, il avait préféré le confort de la solitude au tumulte du débat. On connaît la chanson : Thierno a toujours raison, surtout quand il a tort.
La politique du vide : une constance sans contenu
Ce qui frappe chez Thierno Alassane Sall, ce n’est pas tant l’incohérence que la vacuité. Il y a chez lui une obstination à parler sans jamais proposer, à dénoncer sans jamais construire, à accuser sans jamais s’engager. Il clame les « valeurs » de sa République, mais sans jamais les incarner autrement que dans des poses solennelles. Il brandit la morale, mais comme un glaive sans tranchant. Il fuit les compromis au nom de la pureté, oubliant que la démocratie se nourrit de frottements, de confrontations et de tentatives imparfaites.
Pire encore : au moment même où le Sénégal se relève d’une décennie de dérive autoritaire, où l’État cherche à redonner sens à la parole publique et à restaurer ses équilibres budgétaires après une saignée historique, Thierno Alassane Sall s’applique à semer le doute, à délégitimer l’effort de redressement, à caricaturer l’engagement de ceux qui, au moins, essaient. Que propose-t-il face à l’endettement massif, à l’effondrement du service public, au discrédit des institutions ? Rien ! Touss !