VIDEOTRUMP ET LE QUINTET AFRICAIN
René Lake salue la "boutade fine" de Diomaye sur le golf tout en pointant les lacunes géographiques de son homologue américain. L'analyste observe une diplomatie de la séduction où chaque camp cherche ses avantages dans un jeu transactionnel

René Lake, journaliste et analyste politique installé à Washington, livre son analyse du sommet qui réunit depuis ce mercredi 9 juillet Donald Trump et les présidents du Sénégal, du Gabon, de la Guinée-Bissau, du Libéria et de la Mauritanie. Pour l'ancien de Voice of America, le choix de ces pays interroge autant que la stratégie déployée par les dirigeants africains.
"C'est la grande question. C'est même un peu une énigme", confie René Lake sur TV5 Monde concernant la sélection de ces cinq États. L'analyste souligne un paradoxe : "Si on parle de business, si on parle de minerais, aucun de ces pays ne fait partie des 15 plus grosses économies africaines en termes de PIB. Aucun de ces pays ne fait partie des 10 plus grands exportateurs vers les États-Unis et vice versa".
Les points communs révèlent cependant une logique géostratégique : "Ce sont tous des pays côtiers. Ce sont tous des pays qui sont sur la façade ouest du continent africain. Ce sont tous de petits pays en superficie, en termes démographiques, mais également en termes de poids économique".
Malgré leur taille modeste, ces pays entretiennent de bonnes relations avec Washington. René Lake précise : "Ce sont tous des pays qui ont une relation plus ou moins bonne avec les États-Unis au plan économique et commercial. Sur les cinq pays, quatre sont bénéficiaires de l'AGOA. Seul le Gabon ne l'est pas".
Cette proximité n'empêche pas certaines tensions, notamment sur la question migratoire : "Certains de ces pays dont le Sénégal sont menacés par le travel ban de Trump, soit l'interdiction à certains ressortissants d'entrer aux États-Unis".
Une diplomatie transactionnelle
L'analyste anticipe des négociations pragmatiques : "L'administration de Trump est une administration de la transaction. On est dans une politique transactionnelle." Cette approche privilégie le bilatéral : "Donald Trump ne croit pas au multilatéralisme. Il est dans une dynamique des négociations bilatérales."
René Lake évoque même une hypothèse surprenante concernant l'immigration : "Il n'est pas à exclure que parmi aussi les calculs de la Maison-Blanche, c'est de voir parmi ces pays-là s'il y en a qui seraient intéressés pour accueillir quelques expulsés des États-Unis".
Les déclarations dithyrambiques des présidents africains, notamment leur proposition de prix Nobel de la paix pour Trump, n'étonnent pas René Lake : "C'est la diplomatie de la flatterie. C'est connu maintenant à travers le monde, que ce soit en Europe. Vous avez vu au sommet de l'OTAN, le secrétaire général de l'OTAN appelé Donald Trump, 'Daddy', 'Papa'."
René Lake salue particulièrement l'approche du président sénégalais : "J'ai bien aimé et j'ai trouvé assez amusant, et j'ai trouvé ça assez fin, la boutade du président sénégalais quand il a dit à Donald Trump, écoutez, Dakar, ce n'est pas bien loin, c'est à 6 heures de vol de New York, et il y a un projet à mettre en œuvre, un bon terrain de golf, et vous pourrez venir tester vos capacités".
L'incident avec le président libérien révèle les lacunes de Trump : quand le président américain demande au dirigeant libérien où il a appris l'anglais - alors que le Liberia est un pays anglophone - René Lake reste diplomatique : "Il doit certainement avoir quelques difficultés par rapport à la géographie et à l'histoire, sans doute."