SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
8 juin 2025
VIDEO
SÉNÉGAL, L’ILLUSION DÉMOCRATIQUE
Un exécutif hypertrophié dont le chef se mêle de tout et ne répond de rien, des députés qui se croient tenus de servir le prince au lieu du peuple, une justice à l'indépendance questionnable. Entretien avec le professeur Abdoulaye Dieye
Quoique l’ordre constitutionnel au Sénégal n’ait jamais été rompu depuis les indépendances en 1960, contrairement à presque tous les autres pays du continent, la démocratie sénégalaise traîne tout de même quelques tares congénitales qui ont pour noms : l’hyper présidentialisme, la difficulté de contrôle de l'action gouvernementale par le Parlement, la quasi-absence de l'empreinte du citoyen dans l'action publique ou encore la persistance de la mauvaise gouvernance, pas souvent sanctionnée et qui rend de facto, inutile le travail des corps de contrôle, faute d’une obligation de reddition des comptes non politisée. De plus en plus d’observateurs exposent ces tares démocratiques. C’est le cas du Pr Abdoulaye Dieye, enseignant à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, membre de Sursaut citoyen et expert ayant travaillé sur l’élaboration du Pacte national de bonne gouvernance.
Un exécutif hypertrophié dont le chef se mêle de tout et ne répond de rien, un parlement qui peine à contrôler l'action du gouvernement auquel il se croit obligé d'être soumis, y compris contre les intérêts du peuple et les prescriptions de la loi, une justice à l'indépendance questionnable, le citoyen souverain qui, pour toute réponse à ses revendications, reçoit de généreux coups de cross et de matraque au meilleur des cas, si ce n’est des balles mortelles au pire des cas… Des organes de contrôle qui font un travail sérieux et dont les rapports ne sont pas suivis d’effets quand il est fait état de mauvaise gestion. Ce sont autant de tares de la démocratie sénégalaise et qui mérite cette correction. C’est dans la perspective de cette modernisation de la démocratie que l’idée du Pacte est né. Un outil de bonne gouvernance signé par plus de la moitié des candidats à la dernière présidentielle, dont le président élu.
Seulement, après la signature, la mise en application doit suivre ou tout au moins, le président et/ou ses collaborateurs auraient du prendre langue avec les initiateurs afin d’étudier les modalités de mise en œuvre. Mais curieusement, le président n’a pas l’air de s’en préoccuper. Dans cette entrevue accordée à SenePlus autour du Pacte, le Pr Abdoulaye Dieye regrette le silence anesthésiant du président Diomaye Faye qui n’a pas daigné tout au moins donner une réponse à deux correspondances à lui adressées par la coalition de la société civile qui a élaboré le pacte de bonne gouvernance démocratique. En clair, pour l’universitaire, c’est moins le non-démarrage de la mise en œuvre que la distance que le président semble prendre vis-à-vis de la société civile qui fait ce travail intellectuel pour le pays.
Le Sénégal doit se rendre à l’évidence d’une chose. Avec ses élections régulières et ses alternances entamées depuis 2000, après 40 ans du pouvoir socialiste, ce n’est pas suffisant pour être une grande démocratie, le pays a beau être cité comme modèle de démocratie. Le pays de la teranga peine à passer le cap de cette démocratie formelle, procédurière et électoraliste. Certaines personnalités dont des sachants se montrent plus exigeantes et critiques envers l’expérience démocratique du pays. Pour le Pr Abdoulaye Dieye, d’apparence, le Sénégal donne l’air d’une démocratie majeure. Mais il n'en est rien, car la réalité est bien plus nuancée même si le prof de droit reconnaît que des instruments juridiques et institutionnels sont en place pour que le pays soit une grande démocratie.
La réalité est que, entre le prévu et le vécu, l’écart est loin d’être ténu. Il est au contraire abyssal. C’est fort de ce tableau qu’il y a quelques mois, au cours d’une réunion de Sursaut citoyen, Me Mame Adama Gueye assenait sans ambages que : « Nous n’avons pas de démocratie, nous n’avons pas d’État de droit, nous n’avons pas de justice…». Ce réquisitoire contre l’organisation institutionnelle du Sénégal rejoint peu ou prou la critique du Premier ministre malien Choguel Kokala Maiga qui lors de la visite du PM sénégalais Ousmane Sonko, à Bamako a affirmé que « la démocratie sénégalaise est théorique ». Toutes ces critiques ne sont pas irrecevables.
Cependant, le Sénégal a une opportunité unique de se repositionner pour atteindre l’idéal démocratique. Et la solution est vite trouvée. C’est le pacte national de bonne gouvernance démocratique. Un document synoptique préconisant la refondation des institutions. Le Pacte qui émane des conclusions des Assises nationales de 2009 et du rapport de la commission nationale de réforme des institutions de 2013.
AFROBASKET U18, LE MALI S’OFFRE UN DOUBLE SACRE
Les équipes nationales masculine et féminine du Mali des moins de 18 ans ont remporté samedi à Pretoria l’Afrobasket 2024, la coupe d’Afrique des nations de cette catégorie.
Les équipes nationales masculine et féminine du Mali des moins de 18 ans ont remporté samedi à Pretoria l’Afrobasket 2024, la coupe d’Afrique des nations de cette catégorie.
L’équipe nationale masculine a battu celle du Cameroun 60-56.
Celle des dames est venu à étrillé le Nigeria 76-56.
Le Mali et le Cameroun sont directement qualifiés à la phase finale de la Coupe du monde masculine des moins de 19 ans prévue du 28 juin au 6 juillet 2025 en Suisse.
Les Maliennes vont, avec les Nigérianes, représenter l’Afrique à la Coupe du monde féminine des moins de 19 ans, en République tchèque du 12 au 20 juillet 2025.
Le Sénégal a terminé troisième du tournoi. L’équipe sénégalaise a battu, 72 points à 71, celle du Maroc.
La capitale de l’Afrique du Sud a abrité du 3 au 14 septembre simultanément ces deux compétitions
par Madieye Mbodj
LAMINE SENGHOR, INTERNATIONALISTE, ANTICOLONIALISTE ET ANTI-IMPÉRIALISTE INTRÉPIDE
Son parcours, de Joal-Fadiouth aux congrès internationaux, témoigne d'une vision révolutionnaire qui dépasse les clivages. Alors que se profile l'anniversaire de Thiaroye 44, redécouvrir Senghor c'est renouer avec un idéal d'émancipation universelle
15 septembre, jour anniversaire, entre autres, de la naissance de Lamine Ibrahima Arfang Senghor (1889) et de la publication du Manifeste du PAI (1957). Et dans moins de 03 mois, le 1er décembre 2024, la commémoration du 80ème anniversaire du massacre des tirailleurs africains de Thiaroye.
C’est un fait, dans les années 20, la IIIème Internationale Communiste (I.C), fondée par le dirigeant révolutionnaire russe Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine, est le seul mouvement politique organisé internationalement qui soutient le mot d’ordre de l’indépendance immédiate de toutes les colonies. Dans ce sens, l’I.C est allée jusqu’à stipuler clairement à l’article 8 des 21 conditions d’adhésion définies par le 2ème congrès de juillet 1920 que, « dans la question des colonies et des nationalités opprimées, les Partis des pays dont la bourgeoisie possède des colonies ou opprime des nations, doivent avoir une ligne de conduite particulièrement claire et nette. Tout Parti appartenant à la IIIe Internationale a pour devoir de dévoiler impitoyablement les prouesses de ’’ ses ‘’ impérialistes aux colonies, de soutenir, non en paroles mais dans les faits, tout mouvement d'émancipation dans les colonies, d'exiger l'expulsion des colonies des impérialistes de la métropole, de nourrir au cœur des travailleurs du pays des sentiments véritablement fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimés et d'entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux. » Position réaffirmée et précisée lors du 5ème congrès tenu en 1924.
C’est dans cette période qu’est créée par le Parti Communiste Français (PCF), en 1921, l’Union Inter Coloniale, en application des directives du 2ème Congrès. C’est dans ce contexte que Lamine Senghor, tirailleur sénégalais, grand blessé, démobilisé au lendemain de la guerre 14-18, recruté comme facteur des PTT à Paris, s’engage avec abnégation dans la vie militante et adhère au PCF au milieu de ces années 20. Il faut d’ailleurs signaler que le congrès anti-impérialiste de Bruxelles de février 1927 durant lequel la participation de Lamine Senghor fut particulièrement remarquable et remarquée aux côtés de Mme Sun Yat sen, Nehru, J.T. Gumede, Hafiz Ramadan Bey, Henri Barbusse, Albert Einstein, entre autres, a été organisé par le communiste allemand Willi Münzenberg, ami personnel de Lénine. Militant communiste soucieux de son indépendance, de son autonomie de pensée et d’action, Lamine Senghor déclarait le Dimanche 13 avril 1926, en réponse à une question du camarade Camille Bloncourt : « Je ne renie pas mon passé et me flatte d'avoir été un propagandiste dévoué au communisme et de n'avoir jamais marchandé ma peine, ni mon temps, ni mon argent. Je reste membre de l'Union Inter-Coloniale mais le CDRN [Comité de Défense de la Race Nègre] doit rester indépendant. » A travers ces propos, il mettait clairement en garde contre les tendances au chauvinisme et au paternalisme largement présentes au sein du PCF et défendait fermement la position d’autonomisation des mouvements anticolonialistes, noirs en particulier, par rapport au PCF.
Il partageait ces positions avec Thiémoko Garang Kouyaté, proche compagnon communiste de premier plan avec lequel il a fondé le CDRN puis la Ligue de Défense de la Race Nègre (LDRN), et qui a partagé son combat jusqu’à sa mort. Continuateur de Lamine Senghor, Thiémoko Garang Kouyaté a créé en 1933 la Ligue de lutte pour la Liberté des Peuples du Sénégal et du Soudan en tant que, dit son Manifeste, « organisation des peuples, des ouvriers et des paysans révolutionnaires du Sénégal et du Soudan », avec pour but « de diriger l’action commune contre la domination sanglante des autorités françaises et des capitalistes français. Elle organise et dirige les ouvriers et les paysans dans la lutte contre la faim, les salaires de misère, le travail forcé, les impôts, contre l’obligation de fournir une quantité déterminée de denrées, elle lutte pour la liberté nationale complète et l’indépendance du Sénégal et du Soudan ». Tout comme Lamine Senghor, Garang Kouyaté a dû lui aussi faire face à des difficultés et divergences avec les communistes au sein du PCF et du Komintern. En 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut arrêté par les nazis et déporté au camp de Mauthausen en Autriche où il mourut le 4 juillet 1944.
Revenons au récit de La Violation d’un pays : « "La Reine République" gouvernait ses concitoyens, tandis que le "Roi Colonialisme" administrait les sujets de ses domaines à l'étranger. Un beau jour, une jalousie se réveille dans l'esprit d'un de ses frères nommé "Germain Bourgeois" qui réclame à la reine une partie de ses domaines étrangers voisins des siens. » Tels sont les germes de la 1ère Guerre mondiale relatés dans La Violation d’un pays. Mais Lamine Senghor a bien intériorisé l’enseignement marxiste, selon lequel la guerre engendre la révolution : « Tout le monde était mécontent. La colère monta ... monta ... et monta telle qu'un jour, les citoyens pâles voulant se révolter contre leur reine, pensèrent que s'ils n'entraînaient pas les autres esclaves, les défenseurs de la “couronne” les embrigaderaient pour en faire des contre-révolutionnaires. Ils envoyèrent des émissaires qualifiés dans tous les pays d'esclavage, pour organiser leur révolte, en leur faisant comprendre combien ils ont été trompés et spoliés. Vous voyez ! disaient-ils, vos mutilés de la guerre pour la Reine sont payés un sixième de ce qu'est payé un mutilé de chez nous, de même mutilation, même blessure ou même maladie ; les veuves de nos camarades tués sur le champ de bataille sont payées ainsi que nos orphelins, tandis que ceux de vos camarades passent derrière la caisse ! .. »
Cet appel de Lamine Senghor à la prise de conscience de ses frères de race se trouve déjà dans son discours de Bruxelles, dans lequel il met en garde les supplétifs de l'ordre colonial qui s'en vont combattre des peuples pareillement colonisés, et dans lequel il souligne en même temps la nécessité de l'unité internationaliste des ‘’damnés de la terre’’ : « … On envoie des nègres à Madagascar; on envoie des nègres en Indochine parce que c'est très près de la Chine qui lui donne un excellent exemple révolutionnaire. (S'adressant aux Chinois, Senghor leur dit : J'aurais voulu vous embrasser, camarades, car vous donnez un, bon exemple révolutionnaire à tous les peuples soumis au joug des colonisateurs ; je voudrais qu'ils s'inspirent tous de votre esprit révolutionnaire.) Camarades, les nègres se sont trop longtemps endormis mais méfiez-vous ! Celui qui a trop bien dormi et qui s'est réveillé ne se rendormira plus. » D’autant plus vrai que s’exprime la solidarité internationaliste de combat entre les peuples opprimés et exploités : « L’oppression impérialiste que nous appelons colonisation chez nous et que vous appelez impérialisme ici, c’est la même chose camarades ; tout cela n’est que du capitalisme, c’est lui qui enfante l’impérialisme chez les peuples métropolitains. Par conséquent, ceux qui souffrent de l’oppression coloniale là-bas doivent se donner la main, se serrer les coudes avec ceux souffrant des méfaits de l’impérialisme métropolitain, porter les armes et détruire le mal universel qui n’est autre que l’impérialisme mondial.
Camarades, il faut le détruire et le remplacer par l’Union des peuples libres. Plus d’esclaves ! » Plus aucun doute, la guerre engendre la révolution, l’avenir est radieux, le conte de Lamine Senghor le relate si bien : « La colère gronda et re-gronda dans les cœurs, monta et remonta !!! Elle remonta tellement qu'elle finit par éclater un beau matin (un vendredi 13) le même Jour, à la même heure, chez les bronzés, chez les jaunes et chez les “moins pâles”, la révolution éclata de concert avec les citoyens pâles, les vrais nationaux de la Reine. Les royaumes renversés, la reine fut envoyée pécher des huîtres dans la mer du néant et le roi Colonialisme fut livré à l'ange de la mort. Le soleil venait de se lever et c'était le jour de la libération. Les esclaves devinrent libres ! Les citoyens de chaque pays dirigèrent le Gouvernement de leur état. Ils formèrent l'alliance fraternelle des pays libres. Vive la révolution !!!! »
La Violation d’un pays de Lamine Senghor fonctionne comme un récit qui trace et retrace d’une façon simple, vivante et pédagogique teintée d’optimisme révolutionnaire, à la fois l’histoire de la colonisation et le processus des résistances a la domination, à l’oppression et à l’injustice, jusqu’à la prise de conscience de la nécessité de la révolution mondiale pour l’avènement d’une véritable civilisation de liberté, d’égalité et de fraternité humaine.
Lamine, Senghor, on le voit clairement, est un tout militant, à la fois défenseur de la cause des tirailleurs et plus généralement des Noirs, combattant anticolonialiste, anti-impérialiste, internationaliste et communiste, aucune de ces dimensions n’étant isolée des autres. Comme il le souligne lui-même, « les nègres se sont trop longtemps endormis mais méfiez-vous ! Celui qui a trop bien dormi et qui s'est réveillé ne se rendormira plus. » Une telle prise de conscience a besoin de l’arme de la connaissance, laquelle passe commandes ou s’approvisionne auprès du pharmacien, du libraire et de l'humanité, pour paraphraser Lamine Senghor.
Et Cheikh Anta Diop de renchérir à travers cette injonction à l’endroit de la jeunesse africaine : « Formez- vous et armez- vous de science jusqu’aux dents ». Nelson Mandela n’enseigne pas autre chose : « L’éducation est l’arme la plus puissante dont nous puissions disposer pour changer le monde ». Il s’agit de changer un monde charriant fait le mercantilisme néolibéral à tout-va, un monde où tout se vend et où tout s’achète, comme aime à le dire notre l’inusable camarade et doyen Jo Diop, un monde en porte à faux avec les valeurs incarnées, naïvement peut-être, par les habitants de Mbin Jam décrits dans La violation d’un pays, « dans ce pays-là où l’on ignorait ce que c'était que de vendre et d'acheter …» Défense intransigeante des Noirs dans l’égalité avec toutes les races, respect absolu des peuples et des nations ainsi que de leur droit inaliénable à l’autodétermination, à la souveraineté, à la liberté et à la justice, refus de la domination et de l’exploitation, promotion du progrès, de la paix universelle et de l’épanouissement dans la dignité, en un mot l’humanitude sociale érigée en vertu, telle est la voie de l’émancipation humaine, tel est le message sans âge de Lamine Ibrahima Arfan Senghor. Malgré des tentatives de dénigrement de la part de certains agents de renseignements de la police coloniale chargés de le surveiller, nul patriote africain ne mériterait plus que lui, à notre avis, de voir le Musée des Civilisations Noires de Dakar porter son nom.
Né le 15 septembre 1889, il a quitté très tôt Joal- Fadiouth, son royaume d’enfance. Au terme d’une vie trop brève, faite de sacrifices, d’abnégation et d’engagement militants, Lamine Senghor est décédé le 25 novembre 1927 à Fréjus, dans Le Var (France), laissant orphelines sa femme Eugénie Marthe Comont et sa fille Marianne. En mai 1928, dans un hommage posthume publié dans la revue « La race nègre », ses camarades de combat rappelleront que Lamine Senghor avait été un « sincère africain » et qu’il était mort en « soldat de sa race ». Et feu notre camarade poète Jiléen de proclamer : « Quand retentirent les coups de pilon annonciateurs de l’aube /Il fut des premiers à capter le message /Et à le propager ».
(Extraits de ma Communication : « La violation d’un pays et l’actualité du combat politique et culturel de Lamine Senghor », à l’occasion des panels de commémoration du 90e anniversaire de la disparition de Lamine Senghor - à Dakar le 25 novembre 2017 à l’Espace Harmattan, et à Joal le 16 décembre 2017 au Complexe culturel TannoMaak).
Madieye Mbodj est Professeur de lettres à la retraite, membre fondateur du Front Culturel Sénégalais / Làngug Caada Senegaal.
GAMOU DE TIVAOUANE, UN MESSAGE D’UNITÉ ET DE RETOUR AUX VALEURS PROPHÉTIQUES
Le Khalife a dénoncé certains fléaux contemporains qui minent la société, tels que la distraction, la dépendance aux vices et le meurtre intentionnel, tout en appelant à un retour aux enseignements du Prophète Muhammad (PSL)
La cérémonie officielle du Gamou de Tivaouane tenue ce dimanche 15 septembre 2024 a été marquée par un message poignant du Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, lu par Cheikh Seydi Abubakr Sy Mouhamadou Mansour. Ce discours, prononcé en présence de Serigne Mansour Sy Dabakh, représentant du Khalife, et d’une importante délégation gouvernementale conduite par le ministre de l’Intérieur, le Général Jean Baptiste Tine, a mis l’accent sur la nécessité de réinstaurer les bonnes valeurs dans la société sénégalaise et de s’inspirer du modèle prophétique de paix, d’unité et de justice.
Le Khalife a dénoncé certains fléaux contemporains qui minent la société, tels que la distraction, la dépendance aux vices et le meurtre intentionnel, tout en appelant à un retour aux enseignements du Prophète Muhammad (PSL). Il a insisté sur l’urgence de suivre la Sunna et d’adopter les nobles caractères du Prophète, afin de bâtir une société plus juste et respectueuse des valeurs islamiques.
Dans son message, le Khalife a souligné l’importance de l’unité, exhortant toutes les composantes de la société à éviter les divisions. Il a également appelé les jeunes, particulièrement actifs sur les réseaux sociaux, à faire un usage responsable de ces plateformes et à s’éloigner des comportements nuisibles à la stabilité sociale et morale.
L’événement a également été l’occasion pour le Khalife de remercier les autorités sénégalaises, notamment le Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, pour leur soutien constant à la communauté musulmane et aux projets de la Hadra tidiane de Tivaouane, comme la récente inauguration de la Grande Mosquée.
Le discours s’est conclu par des prières pour la paix au Sénégal et dans le monde, ainsi que des remerciements adressés aux dignitaires présents, dont une délégation du Royaume du Maroc, représentant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et les membres du corps diplomatique.
La cérémonie a une fois de plus démontré l’importance du Gamou comme un moment de rassemblement spirituel et d’introspection, où les musulmans sont appelés à s’inspirer du modèle prophétique pour bâtir une société vertueuse.
L'HÉRITAGE ÉCONOMIQUE DE BAYE NIASS
Visionnaire et pionnier, il a jeté les bases d'une économie sociale et solidaire dans la région du Sine Saloum. Ses initiatives agricoles et coopératives ont transformé la vie des paysans, alliant foi et développement
Cheikh Ibrahima Niass (1900-1975), fondateur de la Faydatou Tidjania a toujours prôné l’esprit de l’économie sociale et solidaire avec une vision du développement axée sur les communautés et les terroirs, a soutenu dimanche l’expert en développement, Barham Thiam.
‘’Le développement de nos terroirs a très tôt préoccupé Baye Niass. En tant que visionnaire, il misait beaucoup sur l’économie sociale et solidaire en mettant en place des nombreuses stratégies de développement’’, a expliqué Barham Thiam spécialisé sur les questions de développement.
Dans un entretien avec l’APS, M. Thiam est revenu sur plusieurs projets agricoles initiés par Cheikh Ibrahim Niass avec la mise en place des coopératives agricoles qui ont permis aux paysans du Saloum d’écouler leur production et la multiplication des variétés culturales.
Planificateur en développement de formation, Barham Thiam a insisté sur la ‘’vision’’ de Baye Niass, notamment dans le domaine agricole avec la création de plusieurs projets agricoles dans divers villages de la région de Kaolack.
‘’La mise en place des coopératives initiées par Cheikh Ibrahima Niass a contribué à l’émancipation de la masse paysanne et rurale dans la région du Sine Saloum. Cela a permis de promouvoir des activités de développement économique’’, a rappelé Barham Thiam.
‘’Baye Niass a allié le religieux, l’économiste et le politique. C’était un homme multidimensionnel’’, a-t-il estimé.
La cité religieuse de Médina Baye va célébrer son Mawlid international, dimanche
Cette célébration marquant la naissance du prophète Mouhamed aura lieu sous l’égide de la Jamhiyatu Ansaru-Diin, une structure qui revendique plus de 500 millions de disciples de Baye Niass (1900-1975) dans le monde.
Pendant une dizaine de jours, des milliers de disciples venant de plusieurs pays d’Afrique, d’Europe, des Amériques et d’Asie convergent vers Médina Baye pour célébrer le Mawlid.
VIDEO
LE CODE NOIR SUR GRAND ÉCRAN
"Ni chaînes ni maîtres" propulsent le spectateur au cœur de l'enfer de l'esclavage, sans concession ni artifice. Simon Moutaïrou signe un premier long-métrage ambitieux qui ose affronter les démons du passé colonial français
Le 18 septembre 2024, le cinéma français s'apprête à vivre un moment historique avec la sortie de "Ni chaînes ni maîtres". Premier long-métrage consacré à l'esclavage dans l'Hexagone, ce film audacieux du réalisateur Simon Moutaïrou plonge le spectateur au cœur du XVIIIe siècle sur l'île Maurice.
L'histoire suit un esclave en fuite, incarné par la star sénégalaise Ibrahima Mbaye, dans sa quête désespérée pour retrouver sa fille et mener la résistance contre l'oppression coloniale. Face à lui, Camille Cottin campe une chasseuse d'esclaves impitoyable, tandis que Benoît Magimel incarne un propriétaire de plantation conforme à la lettre le tristement célèbre Code noir.
Fruit de deux années de recherches minutieuses, "Ni chaînes ni maîtres" ose montrer sans fard la brutalité de l'esclavage tout en évitant l'écueil du sensationnalisme gratuit. Le film s'inspire notamment des écrits du poète Édouard Glissant pour explorer le concept de "marronnage", cette fuite vers la liberté qui a laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective.
Avec ce projet ambitieux, le cinéma français rattrape enfin son retard sur ses homologues américains dans le traitement de cette période sombre de l'Histoire. "Ni chaînes ni maîtres" s'annonce comme une œuvre percutante, destinée à marquer les esprits et à éduquer les nouvelles générations sur un chapitre longtemps occulté du passé colonial français.
VIDEO
UN VOYAGE MILLÉNAIRE TOUJOURS VIVANT
Ils viennent de France, du Sénégal et d'ailleurs, chaussures usées et sac à dos fatigué. Leur quête ? Atteindre la tombe de Saint Jacques, au bout d'un chemin parsemé de défis, de révélations et portés par leur foi
Saint Jacques de Compostelle, joyau de la Galice espagnole, continue d'attirer des milliers de pèlerins du monde entier. Cette année encore, fidèles et aventuriers convergents vers ce haut lieu de la chrétienté, marchant sur les pas de l'apôtre Saint Jacques.
Au cœur de la vieille ville, la majestueuse cathédrale romane domine le paysage. Son célèbre Portail de la Gloire accueille les voyageurs épuisés mais exaltés. Ils arrivent de France, du Sénégal et d'ailleurs, portés par leur foi et le défi personnel.
Ce pèlerinage séculaire, loin d'être obsolète, connaît un regain d'intérêt. Il invite à la réflexion sur la transmission de la foi dans un monde moderne et rappelle l'importance du patrimoine religieux européen.
BAYE MBAYE, LA NOUVELLE VOIX D'OR DES CHANTS RELIGIEUX
Héritier d'une tradition séculaire, ce prodige de 16 ans transforme chaque mélodie en une expérience transcendante. Formé dès le berceau à l'art du panégyrique, il porte en lui l'héritage d'une lignée de maîtres
Dans les ruelles sablonneuses de Tivaouane, une étoile montante illumine désormais le firmament musical sénégalais. Baye Mbaye, jeune prodige au timbre mielleux, bouleverse le paysage des chants religieux avec une ferveur qui transcende les générations.
Héritier d'une lignée de chanteurs sacrés, ce petits-fils de maître coranique a stupéfié le public lors de sa première apparition au stade de Tivaouane. Son interprétation magistrale d'un poème panégyrique a marqué les esprits, révélant un talent brut façonné dès l'âge tendre de deux ans.
Guidé par son oncle, véritable mentor et gardien des secrets ancestraux, Baye Mbaye allie tradition et modernité. Sa capacité de mémorisation hors du commun et sa voix envoûtante en font déjà l'un des espoirs les plus prometteurs de sa génération.
Malgré un succès fulgurant, le jeune virtuose garde les pieds sur terre, fidèle aux valeurs de sa famille. Porté par une ambition sans limite, Baye Mbaye aspire à gravir les sommets de son art, promettant de faire vibrer les cœurs au rythme de ses mélodies sacrées pour les années à venir.
TAÏBA NIANG, UN LIEU DE MÉMOIRE PEU CONNU DE LA TRAJECTOIRE D’EL HADJI MALICK SY
Ce village est un chapitre méconnu mais crucial dans l'épopée spirituelle du grand marabout. Terre de promesses et d'abondance, elle a été le théâtre d'une transmission de savoir et de foi qui perdure jusqu'à aujourd'hui
Le village de Taïba Niang, peu connu de la grande majorité des fidèles tidianes du Sénégal, est un lieu de mémoire qui marque une étape importante dans les pérégrinations intellectuelles et spirituelles d’El hadji Malick Sy, le fondateur du foyer religieux tidiane de Tivaouane.
Taïba Niang est situé à environ 9 kilomètres de Ndiarndé et à quelque 70 kilomètres de Tivaouane. Selon la tradition, c’est Mame Madior Amar qui a signalé à son père Mame Coumba Amar, le personnage exceptionnel qu’était Seydi Hadji Malick Sy, un homme très versé dans les sciences islamiques.
Le dignitaire local avait alors fait transmettre un message sans équivoque à El Hadj Malick Sy, évoquant son désir de se placer et de rester sous sa tutelle spirituelle jusqu’à la fin de ses jours. Ce qui, selon lui, ne laissait à Maodo qu’une alternative : s’établir à Ndiarndé ou emmener son hôte avec lui dans ses différentes pérégrinations.
Installé à Ndiarndé à la suite d’un hivernage dont les récoltes de mil étaient en deçà des attentes, El Hadj Malick Sy, qui était à la recherche de terres fertiles, s’est vu recommander une zone réputée pour la fertilité de son sol. Il s’agit des étendues abritant l’actuel village de Taïba Niang.
Le patriarche de Tivaouane était accompagné, lors de son déplacement, par un de ses neveux, Abdou Faty Niang, époux d’une de ses filles Sokhna Fatou Sy. El Hadji Malick Sy, qui s’apprêtait alors à aller en pèlerinage à la Mecque en 1883, confie à ce dernier la direction scientifique et spirituelle de cet endroit abritant des champs et un centre d’enseignement arabo-islamique, pour la formation spirituelle des disciples.
Abdou Faty Niang devait poursuivre la formation et l’encadrement spirituel des adeptes, qui s’inquiétaient pour la continuité des enseignements qu’il leur dispensait. El hadji Malick Sy l’investissait, dans le même moment, de la mission de vulgarisation des enseignements islamiques et de propagation de la confrérie tidiane, dont il était devenu l’un des principaux porte-étendards en Afrique de l’Ouest.
Son implantation à Taïba a coïncidé avec des récoltes très abondantes.
Un legs bien entretenu par ses fils et petits- fils
Conscient de l’importance de ce village dans la trajectoire de son père El Hadji Malick Sy, qui l’a fondé, le défunt khalife général des Tidianes, El Hadji Abdoul Aziz dit Dabakh avait instruit, à son tour, son neveu Serigne Bassirou Niang de travailler à faire renaître la localité. Ce à quoi ce dernier s’est attelé.
Son successeur, Serigne Mansour Sy ‘’Borom Daara Dji’’ a aussi travaillé au développement du village, en le raccordant au réseau électrique. Ce petit-fils d’El Hadji Malick Sy, connu par son vaste savoir, dont il gratifiait les disciples lors de la nuit du Gamou, est à l’origine de la piste latéritique desservant le village. Il y a également construit une mosquée et une maison pour lui-même.
Taïba Niang est aussi reconnu pour être l’endroit où les fils ainés d’El Hadji Malick Sy, en l’occurrence Serigne Babacar et Sidy Ahmed y ont fait leurs humanités et ont appris le Coran auprès de Mame Mor Khoudia Sy et Malick Sarr.
Le legs est aujourd’hui entretenu par le fils d’El Hadji Abdoul Aziz, Serigne Babacar Sy Abdou, par ailleurs beau-fils de Serigne Abdou Faty Niang, qui y anime un Gamou annuel.
Parmi les lieux de mémoire qu’abrite le village, un majestueux baobab qui a abrité la mémorable causerie du khalife Serigne Babacar Sy axée sur la colère de Dieu à laquelle s’expose toute personne portée à semer la discorde et la mésentente dans les familles.
Il est établi que deux des enfants de Seydi Hadj Malick reposent à Ndiarndé, où ils avaient aussi grandi. Il s’agit de Seynabou, fille de Sokhna Rokhaya Ndiaye, une sœur de Serigne Babacar Sy, ainsi que de Cheikh Tidiane Sy, fils de Sokhna Yacine Dieng. Malick Fawade, un neveu de Hadj Malick qui portait la bouilloire et la natte de prière de Maodo, repose aussi à Ndiarndé. Il était toujours à ses côtés, pour transmettre son message et lui servir de muezzin.
SAPEURS-POMPIERS EN ALERTE MAXIMALE POUR LE GAMOU
En quelques heures, la Brigade nationale des sapeurs-pompiers a dû intervenir sur neuf accidents, faisant 30 victimes dont 10 dans un état grave. Face à cette situation, les autorités redoublent d'efforts, déployant un dispositif sans précédent
La Brigade nationale des sapeurs pompiers a recensé une trentaine de blessés, dont dix dans un état grave, dans neuf accidents enregistrés sur les routes menant à Kaolack à l’occasion du Gamou, manifestation religieuse commémorant l’anniversaire de la naissance du prophète Mohamed (PSL).
‘’A ce jour, samedi 14 septembre 2024, à 13 heures, 21 sorties ont été effectuées dont neuf pour accidents de la circulation ayant occasionné 30 blessés dont 10 graves’’, a déclaré à l’APS le commandant de la troisième compagnie d‘incendie et de secours de Kaolack (centre), Djibril Sall..
Il a rappelé que dans le cadre de la couverture sécuritaire et médicale du Gamou international de Médina Baye, la Brigade nationale des sapeurs-pompiers s’est engagé depuis vendredi à porter secours et assistance et la protection contre les incendies et périls de toutes natures et pouvant menacer le bon déroulement de cet évènement religieux.
Tenant compte de la particularité du Gamou de Médina Baye, un dispositif adapté composé de plus de cent-soixante gradés et sapeurs ainsi que vingt-cinq engins d’incendie et de secours a été mis en place, s’articulant en deux échelons.
Le premier prend en charge toutes les demandes de secours au niveau de Médina Baye et environnants alors que le second prend en compte les axes menant à Kaolack, avec des pré-positionnements de moyens à Gandiaye, Mbirkilane, Fass Barigo et Ndoffane, pour rapprocher davantage les secours, a expliqué le commandant Sall.
‘’Sachant que les pèlerins en provenance des îles du Saloum, empruntent le fleuve Saloum, trois moyens nautiques ainsi que des véhicules de plongée ont été positionnés entre Foundiougne et Kaolack’’, a-t-il signalé.
Pour parer aux éventuels manques en eau, trois citernes de grande capacité, d’une contenance de 30 m3, ont été déployés pour assurer un bon approvisionnement des fidèles en eau.
‘’Nous profitons de cette occasion pour demander, encore une fois de plus, aux usagers de la route de faire preuve de prudence, des respecter le code de la route. Nous demandons également aux insulaires qui voyagent en pirogues pour rallier la ville de Kaolack de respecter le port du gilet de sauvetage’’, a lancé le commandant Djibril Sall.