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14 septembre 2025
Par Momar Dieng
QUAND LA VOLONTE POLITIQUE FAIT LA DIFFERENCE
La commémoration des 80 ans des assassinats de Thiaroye, ce 1er décembre 2024, est une page majeure écrite pour l’histoire post-coloniale de notre pays. Cet exercice de vérité inédit au Sénégal n’a rien d’une subite envie exhibitionniste ...
La commémoration des 80 ans des assassinats de Thiaroye, ce 1er décembre 2024, est une page majeure écrite pour l’histoire post-coloniale de notre pays. Cet exercice de vérité inédit au Sénégal n’a rien d’une subite envie exhibitionniste visant à (re)montrer au monde les cafards qui s’entrechoquent dans la vitrine du monstre colonialiste. Il faut oser croire que son ambition, noble, légitime et souveraine, va plus loin qu’une simple parade dominicale, tactique de prestige à moindres frais à laquelle nos dirigeants nous ont habitués depuis l’indépendance.
A notre sens, cet événement du 1er décembre 2024 ne peut être que l’expression d’une volonté politique forte qui trouve sa justification et son fondement dans l’une des pires séquences de la répression coloniale à l’encontre de compatriotes sénégalais et frères africains. Il faut saluer ici la complémentarité idéologique et humaniste de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko. Leur leadership partagé a permis - en un laps de temps extraordinairement réduit - d’avancer sur la reconnaissance mondiale d’un fait historique effroyable que leurs prédécesseurs n’ont pas eu le courage de prendre en charge car leur profil politique ne les y prédisposait pas. Du binôme socialiste Léopold Sédar Senghor-Abdou Diouf au diptyque affairiste libéral Abdoulaye Wade-Macky Sall, il a fallu s’en remettre à la paire Diomaye-Sonko pour que le Sénégal voit plus loin que le « privilège » des desserts offerts à ses tirailleurs par leurs vigiles français.
Le massacre de Thiaroye est comme notre mémoire dans notre peau, à l’instar du film éponyme. Il heurte notre conscience en lui imposant une cohabitation inscrite dans l’éternité et qui perdure depuis 80 ans. Déjà. Il hante notre esprit collectif sans que, jusqu’ici, nous nous soyons donné les moyens de l’exorciser définitivement. L’initiative du président Faye et du premier ministre Sonko de placer Thiaroye-44 dans l’agenda politique de leur mission met une certaine France, réactionnaire et conservatrice, devant ses responsabilités historiques. Ce ne sera pas le seul obstacle pour le pouvoir sénégalais et pour tous ceux qui s’activent pour que la lumière soit.
Depuis plusieurs décennies, les historiens qui travaillent sur les assassinats de Thiaroye cherchent encore des réponses aux questions qu’ils se posenyt. Ils ne sont pas certains d’en trouver. Les contraintes auxquelles ils sont confrontés restent autant d’obstacles à l’éclosion d’une vérité qui ferait pourtant du bien aux protagonistes de la tragédie et, surtout, aux victimes africaines et à leur descendance.
A ce niveau de difficulté, seule la volonté politique de la France officielle, l’accusée de l’histoire, est en mesure de faire solder les comptes du drame de novembre-décembre 1944 dans toutes ses dimensions. A défaut, Paris et Dakar dont les relations diplomatiques sont appelées à changer de nature avec l’arrivée au pouvoir en avril 2024 du duo Faye-Sonko entreront dans un cycle infernal de disputes mémorielles. Ici, la France serait sur un terrain qu’elle connait du bout des doigts en tant qu’ex-puissance coloniale à la réputation ternie par sa brutalité répressive. Ses rapports heurtés avec l’Algérie, par exemple, trouvent en partie leur origine dans sa propension à cultiver le déni pour protéger son moi.
A Dakar, son ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a officiellement admis la thèse du massacre contre les revenus de guerre africains sur le sol de Thiaroye après le « mea culpa » de son président auprès de Bassirou Diomaye Faye. Mais le chemin de la reddition complète avec ses conséquences juridiques et financières risque d’être long et difficile.
Emmanuel Macron, encore deux ans et demi au pouvoir et peut-être même moins en cas d’élection présidentielle anticipée - n’aura sans doute ni le temps ni les moyens de matérialiser son approche positive de la question. Pour les autorités sénégalaises, le processus de réhabilitations des tirailleurs de Thiaroye se fera donc dans la durée, avec d’autres dirigeants français. Avec de l’espoir certes, mais sans aucune garantie d’arriver au bout d’une contre-histoire sensationnelle.
Par Henriette NIANG KANDÉ
SOUS LE SIGNE DU BAOBAB ET DU LION
Une prière à ces députés : que les échanges ne soient pas seulement des « vous n’avez pas de Projet » auxquels on répond « Et vous, vous avez oublié le vôtre ! ». Épargnons-nous ces spectacles d'acteurs s'affrontant sur un texte mal préparé
Aujourd’hui 2 décembre 2024, sous les armoiries de la République, le lion et le baobab, prendront place 165 femmes et hommes, portant l’écharpe tricolore, posée sur le haut de l’épaule droite et nouée sur la hanche gauche. Ce n’est pas trop de le dire. Y en a qui la mettront à l’envers, c’est certain. Ce qui ne présage rien de bon.
Le baobab, ce colosse si sûr de lui ! Cet arbre majestueux, emblème de l'Afrique et star incontestée des documentaires animaliers. Avec son tronc gonflé comme s'il s'était offert un abonnement illimité dans une dibiterie, le baobab en impose.
Mais derrière son allure de géant sage et immuable, il cache une sacrée personnalité. D’abord, parlons de sa silhouette. Le baobab donne l'impression qu'il a été planté à l'envers par un jardinier un peu distrait. Dénudées, ses branches ressemblent à des racines. Comme si la nature avait confondu le haut et le bas. Mais loin de s'en offusquer, il en a fait sa marque de fabrique. "Moi, je fais les choses différemment", semble-t-il clamer en se pavanant dans la savane. La modestie ? Pas son fort.
Mais ne vous laissez pas duper par son air placide. Sous ses airs d'arbre philosophe se cache une véritable diva. Le baobab vit en moyenne 1000 ans, et certains spécimens atteignent les 2000 ans. Il se vante donc volontiers d'avoir vu passer des générations entières, en semblant dire : "Moi, je prends mon temps, et regardez où ça m'a mené".
Et côté mode, il n'est pas en reste. En saison sèche, il se débarrasse de ses feuilles, affirmant que "le minimalisme, c'est chic". En saison des pluies, il revient en force avec une touffe verte luxuriante, comme s'il avait réservé le coiffeur le plus exclusif de la savane. Le baobab, c'est un peu l'arbre influenceur qui lance les tendances sans en avoir l’air.
Mais attention à ne pas le flatter trop vite : son fruit, le pain de singe, est un concentré de vitamines. Et bien sûr, il en est très fier. Il n'hésite pas à se moquer des autres arbres, détectés : "Moi, je nourris les humains et les animaux. Toi, le manguier, tu fais quoi à part attirer la mouche blanche ?"
Bref, le baobab, c'est l'arbre qui a tout vu, tout vécu et qui, à chaque rafale de vent, semble murmurer : "Je suis la star ici, ne l'oublie pas." Et franchement, avec un ego pareil, on comprend pourquoi il est encore debout après tout ce temps.
Quid du « lion rouge [qui] a rugi, le dompteur de la brousse ? », c'est-à-dire un désert géant avec trois buissons et un arbre solitaire. Pourquoi ? Parce qu'il aime se poser sur une colline en mode « surveillant général ». Pas de forêt touffue pour monsieur : il veut que son public le voit. Et que font les lionnes pendant ce temps ? Elles sont occupées à leur rôle : subvenir aux besoins de la troupe en chassant des proies pour les membres qui la composent.
Star des documentaires animaliers, le lion est un symbole universel de force, de noblesse et de virilité. Avec sa crinière imposante qui ferait trembler un hémicycle, il est considéré comme le roi incontesté de la savane, bien que ce sont les lionnes qui chassent, traquent, courent, bondissent, tuent et ramènent la pitance, élevant l’expression « gérer la logique familiale » à un tout autre niveau. Le lion a un talent unique : il sait très bien rugir. Un rugissement qui s'entend à huit kilomètres, parfait pour faire peur aux hyènes, impressionner ses potes et réveiller tout le quartier à 4h du matin. Ce son terrifiant équivalent d’un mégaphone branché sur un ampli à fond, dont le lion se sert pour éviter un rival ou rassurer ses troupes. Imaginez-le crier « c'est mon territoire » à pleins poumons. Dans la brousse, c’est tout à fait normal. Là-bas, on ne tweet pas. On rugit. Mais soyons honnêtes : en dehors de sa carrière de chanteur à la voix rauque, quand il chasse (rarement), c'est plutôt en mode « pas de stress ». Sauf quand il sent que l’harmattan, ce vent de la savane, très chaud le jour, plus frais la nuit et toujours chargé de poussière, souffle dans la broussaille et que le risque d’une remise en question existentielle est présent. Parce que, s’il est délogé, le rival ne se gênerait pas pour effacer toute trace de la lignée précédente, petits lionceaux compris. Être roi, ce n'est pas qu'une question de crinière, mais de muscles et de charisme. Faut savoir tenir son rang !
Mais voilà que le Pastef, majoritaire de cette 15ème législature, arrive à l’Assemblée nationale avec un léopard visible dans le creux du P du logo qui identifie ce parti. Dans le monde animal, il y a des duels légendaires : chat contre chien, poisson contre requin, hyène contre... charogne, et bien sûr, lion contre léopard. Plongeons dans ce débat. Le léopard, avec son allure incroyable, une agilité impressionnante (il se hisse pour protéger sa nourriture pour qu’elle soit inaccessible) et un pelage à faire pâlir un tapis iranien fait main, a refusé, de se faire passer pour un mannequin. Sa première tentative à des législatives a donné l’impression qu’il s’est infiltré dans une séance photo pour une marque de vêtement de luxe, se glissant sur le plateau parlementaire, se pavanant fièrement. Les premières images, ont attiré des followers. Finalement, il a trouvé sa vraie vocation : guide éclairé. Qui mieux qu’un guide peut emmener les touristes au plus près de la faune ? S’il y en a beaucoup qui l’adorent, certains paniquent quand il leur propose un "colléserré" et d’autres fuient en prenant leurs pattes à leur coup. Ce n’est pas une affaire de tâche. C’est une affaire de chasse.
Aujourd’hui donc, l’hémicycle, toujours aussi majestueux, avec ses dorures et son air de sérieux, accueillera les élus qui prendront place sur des sièges rouges. Le rouge, cette couleur flamboyante et insolente. Que ce soit pour symboliser la pas sion, le danger, ou une tomate trop mûre oubliée dans le fond du frigo, le rouge ne laisse personne indifférent. Pourtant, avez-vous déjà réfléchi à l’incroyable pression qu’endure cette couleur au quotidien ? N’est-il pas temps de lui rendre justice.
Prenons, par exemple, les feux de signalisation. Pourquoi est-ce au rouge qu’on a confié le rôle ingrat d’arrêter tout le monde ? Personne ne s’extasie devant un feu rouge. Non, au contraire, on soupire, on peste, on klaxonne (parce que klaxonner est une thérapie nationale). Pendant ce temps, le vert, tranquille, fait la fête : "Vas-y, c'est bon, fonce !" Et le jaune, lui, hésite, comme un ado qui ne sait pas s'il doit participer ou non à une soirée.
Le rouge est également la couleur des erreurs, des problèmes, des alertes. Un petit "X" rouge dans un document Word, et c’est la grande question : "Mais qu’est-ce que j’ai encore cassé ?" Mais il n’y a pas que dans le code de la route ou sur les écrans que le rouge se démarque. Parlons un peu de la mode. Une robe rouge, et hop, vous êtes la reine de la soirée. Mais attention, c’est un art de vivre, pas un hasard. La robe rouge incarne la confiance, l’assurance et un peu de désinvolture. Portée avec la posture d’une dinde enrhumée, le risque est de passer pour un panneau stop ambulant.
Et que dire du vin rouge ? Le seul qui peut à la fois être un élixir de convivialité et un grand criminel de chemises blanches. Un verre renversé et, tout d’un coup, vous avez une œuvre d’art abstrait sur votre poitrine.
Bref, le rouge, c’est tout un paradoxe. Une couleur qui crie "Attention !" tout en murmurant "Admire-moi". Alors, la prochaine fois que vous apercevrez un feu rouge, une tomate ou une chemise tachée, prenez une seconde pour apprécier cette teinte si mal-aimée mais si essentielle. Parce qu’après tout, sans le rouge, la vie manquerait sacrément de piquant… et de ketchup.
Une prière « quinquennale » adressée à ces députés. Merci de nous épargner ces spectacles où des acteurs chevronnés s’affrontent dans une pièce de théâtre dont le texte semble avoir été écrit à la dernière minute. Et où des députés, en pleine « joute verbale » (traduisez : chamailleries ou insanités de cour de récréation), rivalisent d'indignation feinte et de petites piques acides, houspillant un ministre perdu dans ses fiches ou un opposant qui lance des regards meurtriers, pendant que le public conquis donne de la voix ou couvre celle d’un autre du bord opposé.
Que les échanges ne soient pas seulement des « vous n’avez pas de Projet » auxquels on répond « Et vous, vous avez oublié le vôtre ! », alors qu’un nouveau ou une nouvelle élu (e), dont personne ne convient au tempo, tente une intervention sérieuse, sous les ricanements de ceux qui étaient là avant, devant une majorité fanatique et une opposition qui hésite entre une position institutionnelle et une perspective fonctionnelle.
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THIAROYE : LA FIN D'UNE AMNÉSIE D'ÉTAT
Mamadou Diouf révèle l'ampleur d'une tragédie longtemps minimisée tant par Paris que par Dakar. L'historien appelle à "retourner l'événement à l'Afrique" en effaçant "la territorialisation coloniale" de cette mémoire
Le massacre de Thiaroye, longtemps relégué dans les limbes de l'histoire officielle sénégalaise, connaît un tournant décisif sous le nouveau régime. Lors du lancement des commémorations des 80 ans de la tragédie dimanche 1er décembre 2024, l'historien Mamadou Diouf, président du comité préparatoire, a relevé "le silence coupable et complice" des gouvernements précédents sur ce drame colonial.
Cette rupture, impulsée par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousman Sonko, marque une volonté inédite de réappropriation de l'histoire nationale. Le choix du Professeur Diouf pour coordonner les cérémonies illustre cette détermination à porter un regard scientifique sur les événements du 1er décembre 1944.
À cette date, rappelle l'historien, entre 300 et 400 tirailleurs furent tués par l'armée française à Thiaroye. Ces anciens prisonniers de guerre, libérés des camps allemands, réclamaient simplement leurs droits : soldes impayées, indemnités et primes de démobilisation. La réponse coloniale fut brutale : 1200 soldats français encerclèrent le camp au petit matin, appuyés par des blindés.
Pendant que les régimes successifs du Sénégal indépendant se taisaient, la France tentait d'étouffer l'affaire. Les archives ont été manipulées, le bilan officiel minimisé à 35 morts, puis 70. Il a fallu attendre 2024 pour que François Hollande reconnaisse ce "massacre à la mitrailleuse", selon ses termes, suivi récemment par Emmanuel Macron dans une lettre au président sénégalais.
Le gouvernement actuel entend désormais faire de Thiaroye un symbole de la conscience panafricaine. Un vaste programme mémoriel a été lancé, mobilisant les institutions culturelles, les médias nationaux et les collectivités locales. Cette initiative, souligne le Professeur Diouf, vise à "retourner l'événement à l'Afrique" en effaçant "la territorialisation coloniale".
Cette commémoration marque ainsi un double mouvement : reconnaissance tardive par l'ancienne puissance coloniale et réappropriation assumée par le nouveau pouvoir sénégalais, rompant avec des décennies de silence institutionnel. Un tournant historique qui pourrait ouvrir la voie à d'autres relectures nécessaires de l'histoire nationale.
AMADOU LY AKILÉE DÉNONCE DES IRRÉGULARITÉS DANS LE CONTRAT DE WEST AFRICAN ÉNERGIE
Invité de l’émission En Vérité sur Radio Sénégal Internationale, Amadou Ly Akilée, président du parti Yessal en Marche a levé le voile sur plusieurs points concernant le dossier West African Énergie et l’arrestation de Samuel Sarr...
Invité de l’émission En Vérité sur Radio Sénégal Internationale, Amadou Ly Akilée, président du parti Yessal en Marche, a levé le voile sur plusieurs points concernant le dossier West African Énergie et l’arrestation de Samuel Sarr, ex-ministre de l’Énergie.
Interrogé sur l’arrestation de Samuel Sarr, M. Ly s’est abstenu de commenter les démêlés judiciaires entre ce dernier et ses associés, affirmant : « Je ne tire pas sur les ambulances. L’origine de l’arrestation de Samuel Sarr relève d’un différend entre lui et ses associés sur ce projet. C’est une affaire qui concerne la justice, et je ne vais pas m’y prononcer. »
Toutefois, il a profité de cette tribune pour revenir sur les irrégularités entourant le contrat énergétique attribué à West African Énergie, une société que certains associent à Samuel Sarr.
Amadou Ly a détaillé les manquements juridiques qu’il estime flagrants dans ce dossier. Selon lui, la constitution même de West African Énergie et l’attribution du contrat en 2020 contreviennent aux lois sénégalaises en vigueur.
« La loi qui régit le secteur énergétique au Sénégal, notamment la loi 98-29, exige une licence préalable avant la signature de tout contrat. Or, West African Énergie a signé ce contrat en juin 2020, avant d’obtenir une licence un an plus tard. C’est une violation claire de la loi. »
De plus, il souligne que les modifications apportées par la loi de 2021, bien qu’importantes, ne sont pas rétroactives et ne peuvent donc pas s’appliquer à ce contrat signé en 2020.
Amadou Ly déplore également l’octroi d’une garantie souveraine inconditionnelle à West African Énergie, alors que d’autres acteurs locaux, tels que la société Énergie Ressources Sénégal (ERS), auraient pu bénéficier de cette opportunité.
« Comment peut-on attribuer une garantie souveraine à une société privée dont l’État ne détient que 15 %, alors qu’une entreprise comme ERS, dans laquelle l’État est actionnaire à hauteur de 49 %, est laissée de côté ? »
Il critique ce qu’il qualifie de précipitation dans l’attribution du contrat à West African Énergie, créée seulement en novembre 2019, et s’interroge sur les motivations derrière cette décision.
Face aux critiques insinuant des motivations personnelles derrière ses prises de position, Amadou Ly a répondu fermement : « Qui se sent morveux se mouche. Si mes détracteurs ont des preuves de mes prétendus intérêts personnels dans ce dossier, qu’ils les mettent sur la table. Je n’ai d’autre objectif que de défendre les intérêts publics. »
Il a également rappelé qu’il avait porté plainte contre la Senelec pour son rôle dans ce qu’il considère comme un manquement grave à sa mission de préserver les intérêts de l’État et des Sénégalais.
Amadou Ly conclut que ce contrat est, selon lui, « nul et non avenu » et appelle à une révision en profondeur de ce dossier pour rétablir la légalité et préserver l’intérêt national. Ce nouvel épisode dans l’affaire West African Énergie relance le débat sur la gestion du secteur énergétique au Sénégal, notamment sur la transparence et l’équité dans l’attribution des contrats.
ALIOUNE BADARA BEYE INHUMÉ À YOFF CE LUNDI
L’écrivain décédé, dimanche, à l’âge de 79 ans, à Dakar, des suites d’une maladie, sera inhumé, lundi, au cimetière musulman de Yoff, a annoncé le vice-président de l’Association des écrivains du Sénégal, Abdoulaye Fodé Ndio
L’écrivain sénégalais Alioune Badara Bèye décédé, dimanche, à l’âge de 79 ans, à Dakar, des suites d’une maladie, sera inhumé, lundi, au cimetière musulman de Yoff, a annoncé le vice-président de l’Association des écrivains du Sénégal, Abdoulaye Fodé Ndione.
La cérémonie de levée du corps est prévue à la mosquée de Colobane à 11 heures.
Alioune Badara Bèye, président de l’Association des écrivains sénégalais (AES), né le 28 septembre 1945 à SaintLouis était à la fois dramaturge, auteur notamment de pièces historiques, poète, romancier et éditeur.
II a été pendant de nombreuses années président du Conseil d’administration du théâtre national Daniel Sorano, dont la salle de conférence porte le nom.
Il a aussi été le coordonnateur du troisième Festival mondial des arts nègres (FESMAN III), qui s’est tenu du 10 au 31 décembre 2010 à Dakar.
Alioune Badara Bèye a également été président de la Fédération internationale des écrivains de langue française. Dans sa riche bibliographie figurent les pièces de théâtre ‘’Dialawali, terre de feu’’ (1980), ‘’Le sacre du ceddo’’ (1982), ‘’Maba, laisse le Sine’’, (1987), ‘’Nder en flammes’’ (1988) interprétée par la troupe du théâtre national Daniel Sorano.
DIALOGUE ENTRE LA BARBADE ET LE SENEGAL LORS DE DAK'ART 2024
Quand l’art relie les continents. Une vidéo-conférence au cœur du Village des Arts, samedi dernier, explore mémoire, résilience et échanges transatlantiques à travers la Biennale de Dakar.
Une vidéo-conférence au cœur du Village des Arts, samedi dernier, explore mémoire, résilience et échanges transatlantiques à travers la Biennale de Dakar.
Le Village des Arts de Dakar a accueilli une vidéo conférence marquante entre des artistes barbadiennes et leurs homologues sénégalais dans le cadre de la Biennale Dak'Art 2024. L’exposition qui s’y déroule, sur le thème « L’Éveil », explore les réalités historiques, culturelles et spirituelles des communautés afrodescendantes et africaines. Ce thème, conçu par Salimata Diop, puise son inspiration dans les réflexions de la professeure Christina Sharpe sur la mémoire collective et les processus d’émancipation postesclavagiste.
LES ŒUVRES DE LA BARBADE : UN RETARD SURMONTÉ
Après une attente due à des complications logistiques, les œuvres des 11 artistes barbadiennes sont enfin arrivées. Leur exposition était initialement compromise, mais grâce à une coordination efficace et un esprit de solidarité, elles ont pu rejoindre l'événement. Parmi ces artistes, Natalie AtkinsHinds, avec ses œuvres telles que The Awakening et Freedom to Progress, a captivé l’audience avec des représentations poignantes de la vie dans es plantations. Versia Harris, quant à elle, a présenté des pièces symboliques comme Chimera in the Cane Fields, qui abordent les tensions entre rêves et réalités dans des contextes historiques et contemporains.
La conférence a également offert un espace pour réfléchir sur les relations transatlantiques entre la Barbade et l’Afrique. Les artistes ont évoqué l’émotion de revisiter des lieux comme l’île de Gorée, symbole de mémoire collective et de douleurs historiques. Ils ont également salué l'accueil sénégalais, marqué par le mot clé Teranga, qui incarne hospitalité et solidarité. Les artistes barbadiennes ont décrit cette expérience comme une leçon de résilience et un rappel de la richesse des connexions ancestrales.
M. ZULOU M’BAYE : UNE PROROGATION PROPOSÉE
Le président du Village des Arts, M. Zulou M’Baye, a souligné l’importance de cet échange artistique. Dans un geste visant à maximiser l’impact de cette collaboration, il a proposé de proroger l’exposition off d’une semaine, au-delà de la date de clôture prévue pour le 8 décembre, avec l'accord de la Fondation nationale de la Barbade. Cette prolongation vise à donner plus de temps au public pour explorer les œuvres et approfondir les dialogues entamés.
DES DÉFIS ORGANISATIONNELS SURMONTÉS
Les artistes et organisateurs ont partagé les difficultés rencontrées lors de l’organisation, notamment liées aux retards et aux imprévus logistiques. Ces obstacles ont toutefois été perçus comme une opportunité pour renforcer les liens humains et professionnels. La conférence a également mis en lumière le rôle central de l’art dans le maintien d’un dialogue culturel entre les continents, malgré les cicatrices laissées par l’histoire.
Ce moment fort de la Biennale a réuni des artistes, des curateurs et des amateurs d'art dans une atmosphère d’échange et de reconnaissance mutuelle. Il illustre l'idée que, même à travers des défis, l'art peut agir comme un puissant outil de résilience et de réconciliation. Ce dialogue entre la Barbade et le Sénégal marque un jalon dans la collaboration artistique transatlantique, ouvrant la voie à de futures initiatives similaires.
SORTIR LA COLONIE DE NOS TÊTES
Ibrahima Thioub démonte la version officielle du massacre de Thiaroye. L'historien appelle à dépasser la simple quête de reconnaissance auprès de l'ancienne puissance coloniale pour construire une mémoire panafricaine souveraine
Ibrahima Thioub, ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), est spécialiste de l’histoire moderne et contemporaine. Dans cette interview, il aborde « Thiaroye 44 » sous le regard de l’historien qui doit se fonder sur les faits et les sources disponibles pour aider à comprendre l’opinion et les événements. « Ces morts pour la France » sont, en fait, « morts par la France. » Voilà pourquoi, fait savoir Professeur Thioub, la France n’est pas à l’aise face à ce douloureux et sanglant souvenir. Mieux, il salue la volonté des nouvelles autorités de donner un cachet particulier aux prochaines commémorations (1er décembre) du massacre de Thiaroye. Indiquant qu’il est temps que l’Afrique se positionne en élaborant, en toute souveraineté, ses politiques mémorielles et patrimoniales.
Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand on évoque le massacre de Tirailleurs au Camp de Thiaroye sur ordre d’officiers de l’armée française ?
L’absence de limite de la brutalité du régime colonial, mais aussi l’inéluctabilité de son effondrement. On ne peut pas faire plus en termes d’ingratitude. Mobiliser des hommes dans la fleur de l’âge, les soumettre à un régime militaire discriminatoire, les engager au combat dans un environnement écologique qui leur est totalement étranger, rester sourd à leur moindre revendication d’équité et y répondre par leur assassinat, au sortir de multiples souffrances endurées sur le front européen, sont autant d’éléments qui témoignent de l’absence d’humanité dans ce régime.
Ousmane Sonko estime que ce n’est pas à la France de fixer unilatéralement le nombre de tirailleurs assassinés le 1er décembre 1944 à Thiaroye. Etes-vous en phase avec le président du Pastef ?
L’historien que je suis ne pose pas la question en termes d’être en phase ou non avec la prise de parole des acteurs politiques. Il est attendu de lui qu’il mobilise le maximum de sources disponibles, établisse les faits autant que possible, élabore un récit explicatif des événements en vue de mettre du sens dans les processus historiques. Face à un événement relevant du passé, l’historien identifie les acteurs, examine le contexte et les enjeux de toutes sortes qui lui permettent de rendre compte des prises de position des agents dans le processus historique. En cela, le discours historien se distingue de celui porté par la mémoire, sans le disqualifier encore moins le minorer.
La décision prise par le président français est un acte politique à portée mémorielle. Elle s’inscrit dans une longue continuité de silence, de voilement et de réduction à sa plus simple expression de la contribution des tirailleurs sénégalais (africains devrait-on dire) à la libération de la France suite à sa défaite et de son occupation par l’Allemagne nazie. Pour rappel, dès avant la fin de la guerre les autorités françaises ont opté pour une rapide démobilisation des troupes africaines. La défaite de l’Allemagne étant certaine, la politique de blanchiment des personnels de l’armée française est ainsi enclenchée par les plus hautes autorités françaises. Depuis la victoire des Alliés, avec grande pompe et solennité, l’État français a célébré chaque année le débarquement de Normandie où furent engagés troupes américaines, britanniques et françaises de la métropole. En revanche, le voile est insidieusement jeté sur le débarquement de Provence où s’illustrèrent le régiment des tirailleurs sénégalais qui entrèrent victorieux dans la ville de Toulon (première commune à élire un maire d’extrême droite, oublieuse de ce passé récent). La même logique mémorielle sera appliquée au massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye le 1er décembre 1944. Sur ce fond de déni et de reniement, la France officielle pose des actes et bricole un récit mémoriel qui dévoile un malaise certain sur le massacre de Thiaroye. Il en est ainsi de tout son passé colonial qui a du mal à passer. Elle est souvent aux prises avec les termes irréconciliables de la tension opposant une opinion nostalgique, trop souvent imprégnée des relents suprémacistes de l’idéologie de la mission civilisatrice et les justes demandes de reconnaissance, de présentation d’excuses des pays anciennement colonisés. À chaque fois qu’elle brise le silence par un acte ou un discours, se dévoile l’ambiguïté de positions qui le mettent mal à l’aise face à ce passé.
De leur côté, les acteurs des sociétés africaines ont aussi développé des récits mémoriels multiformes sur les événements de Thiaroye qui ont accompagné le puissant mouvement anticolonial, des années cinquante à nos jours. La jeunesse étudiante, déterminée à célébrer la mémoire des tirailleurs tombés sous les balles de l’armée française à Thiaroye, a su faire face à la répression coloniale et postcoloniale. Les cinéastes, les dramaturges, les poètes, les chanteurs et les artistes en tout genre n’ont jamais baissé les plumes, les pinceaux et les bras pour briser le silence des États français et africains. Il a fallu attendre 44 ans après l’indépendance des pays africains pour que soit instituée la journée du tirailleur africain, initiative du président Abdoulaye Wade en date du 23 août 2004. La main de la France ne doit pas être étrangère au choix de cette date en lieu et place du 1er décembre, anniversaire de Thiaroye 44. Là encore, on voit combien le discours et les actes mémoriels posés par les États restent informés par des choix politiques, diplomatiques et non moins idéologiques et émotionnels, loin du récit historien.
Ce n’est pas demain la veille que s’arrêteront l’affrontement et la concurrence des mémoires sur les événements de Thiaroye. La réaction du président de Pastef, et non moins Premier ministre du Sénégal, s’inscrit dans cette longue confrontation mémorielle qui n’en est pas à son épilogue.
Chaque État décide de ses politiques du passé en fonction de ses intérêts et de ses visions politiques et stratégiques. Les historiens peuvent participer à l’éclairage, mais ils n’en décident pas. Les choix en la matière relèvent d’une logique autre que celle de la science historique.
C’est pourquoi, il est important de distinguer la lecture mémorielle de cet événement de l’écriture de son histoire qui s’opère avec les sources disponibles, depuis des années par les historiens de toute nationalité en appliquant les règles de la discipline, sans considération de couleur de peau, de nationalité ou d’identité. Du reste, l’un des tout premiers historiens à s’intéresser à l’histoire des tirailleurs est le Canadien Myron Echenberg. Mieux, les historiens consacrent une féconde réflexion sur les nombreux récits mémoriels qui s’affrontent depuis bien longtemps sur la question. Il est sûr que ces affrontements ne s’éteindront pas avec l’éclairage historique. Certes, les données statistiques sont importantes, mais pour les historiens, il importe encore plus de faire sens à l’événement en le réinscrivant dans son contexte marqué par le désarroi d’une administration coloniale confrontée à l’inéluctable effondrement d’un empire défait.
Cette décision qui reconnait les Tirailleurs « morts pour la France » va-t-elle nous aider à sortir du déni colonial ?
Il me semble que nous accordons trop d’importance à une décision qui s’inscrit dans ce long héritage décrit plus haut. « Ces morts pour la France » sont, en fait, « morts par la France ».
Il est ici important de rester attentif à la connexion entre agenda politico-diplomatique et agenda mémoriel. L’État français a une longue expérience en la matière comme le montre le tempo de sa communication sur la mémoire de la guerre d’Algérie ou le génocide rwandais. Je ne crois pas que le calendrier de la décision du président français soit innocent.
Les historiens se protègent efficacement contre les agendas cachés en restant arrimés à la rigueur scientifique. Ils n’écrivent jamais pour plaire à leurs communautés ou à leurs États, encore moins à ceux qui leur sont étrangers. Au niveau citoyen, il me semble venu le temps de se doter de son propre agenda déconnecté de celui de l’ancienne puissance coloniale aussi fortes que soient nos relations historiques. Il nous faut sortir du statut de libéré qui a toujours le maître dans sa tête et sur-réagir à ses moindres gesticulations toujours piégées, pour accéder à celui d’homme libre qui a oublié jusqu’à l’existence de l’ancien maître.
L’Afrique a fini de se libérer en 1994 (Nelson Mandela est élu président de l’Afrique du Sud. Année du génocide rwandais). Il lui reste à être libre et souveraine en se fixant, en toute liberté, ses propres agendas mémoriel et patrimonial. Nous ne pouvons pas continuer d’enfermer notre passé et notre destin dans la courte expérience que fut la colonisation du continent. Il est aberrant de conjuguer notre passé en moments précolonial, colonial et postcolonial, comme si téléologiquement l’Afrique était faite pour être colonisée. Cette expérience fut certes douloureuse et continue d’impacter négativement notre être au monde. Toutefois, on ne s’en libérera pas par la quête d’une reconnaissance et d’un statut de victime par l’ancienne puissance coloniale. Il s’agit désormais de mettre le focal sur le contentieux de l’Afrique face à elle-même, voie la plus efficace et la plus rapide pour extirper la colonie de nos têtes. Ne nous faisons pas d’illusion, elle y est encore trop fortement présente. Elle continue de hanter nos rêves et d’obstruer nos destins, mais nous ne devons nous en prendre qu’à nous-mêmes.
Pensez-vous qu’il y a des non-dits derrière cette décision de la France ?
La décision est celle de l’État français. Ne lui accordons pas plus d’importance qu’elle n’a. Peu importe ce qu’il y a derrière. Il est illusoire d’attendre de la France et de ses autorités une politique mémorielle de la colonisation conforme à nos vœux. Une mémoire panafricaine s’imposera au monde si l’Afrique y met l’engagement et les moyens nécessaires à sa survenue. À nous, Africains, de nous positionner par rapport à nous-mêmes en élaborant en, toute souveraineté, nos politiques mémorielles et patrimoniales qui ne doivent attendre rien de qui que ce soit. Mettons nos artistes, nos écrivains, nos cinéastes et nos créateurs dans les meilleures conditions de production d’œuvres célébrant et commémorant, en toute liberté, les figures et les moments marquants de notre passé.
Pour ce qui est de l’écriture de l’histoire, les historiens africains ont depuis bien longtemps montré d’incontestables talents à faire sens du passé du continent. Les grandes aventures intellectuelles que furent Présence africaine et l’Histoire générale de l’Afrique l’illustrent à suffisance. La relève est assurée un peu partout dans les universités du continent. La faiblesse majeure reste les politiques nationales de la documentation, des archives et bibliothèques. Il est temps que le Sénégal se dote d’une politique ambitieuse en la matière pour se doter d’une grande bibliothèque nationale, d’une maison des archives usant massivement du numérique. La situation actuelle des archives nationales, en errance depuis des années, n’est pas compatible avec une politique souveraine de la mémoire et du patrimoine. L’écriture de l’histoire en souffre au quotidien. Ce sont là les pistes qui conduisent à faire échec à tous les dits et non-dits non conformes à nos intérêts et sans animosité.
35 ? 300 ? 450 ? Combien de tirailleurs ont été effectivement massacrés au Camp de Thiaroye le 1er décembre 1944 ?
Dans l’état actuel de la question, personne n’est en mesure de répondre à cette question. Je dois préciser que, du point de vue de l’historien, sans minimiser l’intérêt des données statistiques, il est possible d’écrire cette histoire avec toute la rigueur scientifique requise. Le jour où avec l’accès aux archives, nous aurons les chiffres exacts, cela ne devrait en rien changer nos conclusions si elles sont tirées d’une analyse historienne construite sur la base d’une méthodologie rigoureuse. Dans une approche policière et judiciaire de l’histoire, le débat a été malheureusement trop focalisé sur ces données statistiques au détriment de la réflexion sur la signification historienne de l’événement Thiaroye. Martin Mourre a montré combien il était possible de penser le massacre de Thiaroye en tant qu’histoire, mais surtout de décrypter les multiples mémoires qui se façonnent sur son passé. Ceux qui attendent les chiffres n’ajouteront rien de nouveau à l’histoire de Thiaroye 44, du reste immortalisée par la caméra de Sembène.
Que les autorités militaires et politiques aient travesti ou non les chiffres, cette histoire peut s’écrire, même quand on n’a pas la totalité des sources. Les historiens n’ont pas à trancher leurs désaccords devant les tribunaux, s’ils font bien leur métier. Heureusement nombreux sont, aujourd’hui, les mémoires et thèses consacrés à la question autour de problématiques d’un intérêt majeur qui ne sont en rien gênés par l’inaccessibilité de certaines archives. On devrait même pouvoir écrire l’histoire de cette inaccessibilité.
Pourquoi, selon vous, les nouvelles autorités ont-elles raison de prendre en charge cette question des Tirailleurs sénégalais ?
Ce passé étant le nôtre, personne mieux que nous n’a l’obligation de le prendre en charge. Je préciserais que ce n’est pas une affaire franco-sénégalaise, mais bien une affaire qui concerne beaucoup de pays africains dont les ressortissants étaient tirailleurs sénégalais.
Il faut par ailleurs souligner que cette affaire est prise en charge depuis les années 1950 et de façon ininterrompue par les militants anticoloniaux, mais aussi plus récemment par les historiens. Pour rappel, c’est le président Abdoulaye Wade qui le premier a institué une journée du tirailleur sénégalais en août 2004. Il a restauré le monument Dupont et Demba symboliquement implanté devant la gare centrale de Dakar, point de chute du chemin de fer Dakar-Niger qui convoya nombre de tirailleurs sur le chemin des champs de bataille de l’Europe, de Madagascar, de l’Algérie ou de l’Indochine.
Cet héritage est important à poursuivre et à amplifier dans une vision tout à fait autonome et souveraine, en mobilisant l’imagination créatrice de l’Afrique.
Certains pensent que les Etats africains doivent être plus fermes avec la France du point de vue mémoriel comme le fait l’Algérie. Êtes-vous du même avis ?
Je serais encore plus radical que votre position. Là, c’est le citoyen qui vous répond et non l’historien. Je ne vois pas pourquoi, dans l’état actuel du monde nous devons continuer à centrer notre regard sur la France. Je trouve que nous donnons trop d’importance à tout ce qui se passe dans ce pays-là. C’est bien sûr un héritage de l’expérience coloniale. Il est grand temps de s’en émanciper et de traiter la France comme tous les autres pays du monde.
Je ne pose pas la question en termes d’être plus ferme ou moins ferme, mais en termes d’indépendance totale dans l’élaboration de nos politiques du passé qui n’ont pas à se dire ou se définir par rapport à quelque pays que ce soit. C’est toute la dialectique du libéré et du libre qu’il nous faut éventrer. C’est un immense travail sur les mentalités. L’école est le meilleur outil pour le réussir. L’Afrique doit rester notre centre de gravité.
Cette année, le Sénégal veut donner un cachet particulier à la commémoration du massacre de Thiaroye. Pourquoi ce devoir mémoriel est-il important dans ce contexte où l’on parle de renouveau de nos relations avec la France ?
On ne peut que saluer une décision tendant à donner un cachet particulier à la commémoration du massacre de Thiaroye. Toutefois, je ne vois pas pourquoi nous devons le faire en référence à un renouveau de nos relations à la France. Faisons-le en rapport avec l’Afrique, en rapport avec nous-mêmes. La France n’y aura pas une place autre que celle des autres invités.
En revanche, ce serait salutaire d’engager la réflexion sur les politiques du passé dans ses dimensions mémorielle, patrimoniale et historienne. Il urge de mettre un terme à la décrépitude dont soufre ce secteur stratégique de la culture. Ce faisant, nous réaliserons le mot du poète s’adressant aux massacrés de Thiaroye :
CAN FEMININE DE HANDBALL: LES LIONNES MARCHENT SUR L'ALGERIE EN RDC
L’équipe nationale féminine de handball du Sénégal a battu sur le score de 23 points à 16 celle d’Algérie, dimanche, à Kinshasa (RDC), en match comptant pour la quatrième journée du Championnat d’Afrique des nations (27 novembre-7 décembre 2024).
L’équipe nationale féminine de handball du Sénégal a battu sur le score de 23 points à 16 celle d’Algérie, dimanche, à Kinshasa (RDC), en match comptant pour la quatrième journée du Championnat d’Afrique des nations (27 novembre-7 décembre 2024).
Le Sénégal enregistre ainsi un quatrième succès en autant de matchs. Les Lionnes avaient dominé, lors des trois premières journées, respectivement le Kenya (39-9), le Cap-Vert (37-22), l’Égypte (21-16).
Douze équipes réparties en deux groupes de six participent à cette 26e édition du Championnat d’Afrique de handball.
Le Sénégal est logé dans la poule A, avec le Congo, l’Egypte, l’Algérie, le Cap-Vert et le Kenya.
Le Sénégal occupe la première place du groupe avec huit points.
Les Sénégalaise joueront, mardi, leur cinquième match contre les Congolaises, à 15h GMT.
La poule B est composée de l’Angola, tenante du titre, de la RD Congo, de la Tunisie, de la Guinée, du Cameroun et de l’Ouganda.
Le Sénégal hôte de la dernière édition de la CAN féminine de handball, tenue à Dakar du 9 au 19 novembre 2022, avait terminé à la quatrième place et s’était qualifié pour le championnat du monde de la discipline de 2023 au Danemark, en Norvège et en Suède.
Pour la première fois de son histoire, l’équipe du Sénégal avait réussi à se qualifier au tour principal de la compétition mondiale.
À DAKAR, UNE BIENNALE SOUS LE SIGNE DE L'ÉVEIL FÉMININ
De la doyenne de la peinture Anta Germaine Gaye à la lauréate du grand prix Agnès Brezephin, cinq artistes majeures incarnent ce renouveau créatif qui interroge l'héritage colonial et les défis contemporains
(SenePlus) - L'ancien palais de justice de Dakar accueille jusqu'au 7 décembre, la 15e édition de la Biennale d'art contemporain africain, placée sous le thème de "L'Éveil" et du "Xall wi" (le sillage, en wolof). Comme le rapporte Le Monde, cette manifestation d'envergure est, pour la première fois de son histoire, entièrement orchestrée par des femmes.
Le journal parisien détaille que cinquante-quatre artistes du continent, des diasporas et des espaces afrocaribéens investissent ce bâtiment brutaliste longtemps abandonné, transformé pour l'occasion en écrin de l'art contemporain. La salle des pas perdus, précise Le Monde, a été métamorphosée en jardin fantastique, symbolisant l'appel à un réveil collectif face aux défis écologiques et aux séquelles de la colonisation.
Parmi les figures marquantes de cette édition, Le Monde met en avant Anta Germaine Gaye, doyenne de la peinture moderne sénégalaise, qui présente ses œuvres de "suweer" (peinture sur et sous verre), une technique née de la résistance artistique à la colonisation. Le quotidien rapporte ses propos : "En 1911, le gouverneur général, William Ponty, avait interdit la chromolithographie venant du Maroc représentant des figures de saints", explique l'artiste au journal, "les peintres ont contourné l'interdit avec le verre et l'encre de Chine."
Dans son reportage, Le Monde s'attarde sur l'installation "Cotton Blues" de Laeila Iyabo Adjovi, lauréate du grand prix 2018, qui explore la mémoire du coton à travers des cyanotypes évoquant aussi bien "le blues des anciens esclaves des champs de coton américains que des cotonculteurs béninois aujourd'hui malmenés par une mondialisation ravageuse."
Le quotidien français présente également la Béninoise Moufouli Bello qui aborde avec humour la question des déchets électroniques dans sa vidéo "Window with a view", tandis qu'Agnès Brezephin remporte le grand prix de cette édition avec "Au fil de soi(e)", une œuvre poignante sur l'inceste. Le Monde cite l'artiste martiniquaise : "Je n'arrive pas à me dire qu'enfin on m'a entendue".
Le journal évoque par ailleurs l'artiste kényane Wangechi Mutu et son installation monumentale dans l'ancienne Cour suprême, questionnant l'héritage colonial et la justice à travers une déesse afrofuturiste entourée de symboles puissants.
LA NOUVELLE ASSEMBLEE EN SESSION CE LUNDI
Les députés élus lors des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 seront installés lundi à l’occasion de la première session de l’Assemblée nationale qui s’ouvre lundi à partir de 10 heures.
Les députés élus lors des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 seront installés lundi à l’occasion de la première session de l’Assemblée nationale qui s’ouvre lundi à partir de 10 heures.
Les 165 députés de la quinzième législature vont ainsi effectuer leur rentrée parlementaire dans une Assemblée nationale désormais dominée par le parti au pouvoir, Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, avec ses 130 sièges.
Vendredi, l’ancien président de la République, Macky Sall, élu sur la liste nationale de la coalition arrivée deuxième du scrutin legislatif Takku Wallu Senegal a déclaré qu’il allait renoncer à son mandat de député dès l’ouverture de la nouvelle session parlementaire.
Les résultats officiels publiés mercredi par le Conseil constitutionnel ont notamment donné une nette avance à la liste Pastef-les patriotes dirigées par le Premier ministre Ousmane Sonko, créditée de 1 million 991 mille 770 voix, soit 54,97 %.
Le parti au pouvoir a obtenu 29 députés sur la liste proportionnelle qui mettait en jeu 53 sièges.
La coalition Takku Wallu, dirigée par l’ex-président de la République, Macky Sall, a obtenu 16 sièges. Jàmm Ak Njariñ, de l’ancien Premier ministre Amadou Ba, a réussi à faire élire 7 députés, tandis que la liste Sàmm Sa Kaddu du maire de Dakar, Barthélémy Dias, a eu 3 sièges. La coalition Andu Nawle en a obtenu deux.
Les coalitions suivantes : Sénégal Kessé, les Nationalistes, Bessal Sénégal, Soppi Sénégal, farlu, Ande Thi Kóoluté, Pôle alternatif 3e voie, ont chacune en ce qui la concerne obtenu un député.
S’agissant du vote des Sénégalais établis à l’étranger, Pastef a gagné en Europe, en Amérique, en Asie, en Afrique du Nord et australe, en Afrique de l’Ouest. La coalition Takku Wallu a gagné en Afrique centrale.
Les coalitions And ci Koolute Nguir Sénégal (21391 voix) Sénégal Kesse (25822 voix), And Bessal sénégal (20765 voix), Pôle alternative 3ème voie kiraay Ak Natangué (26775 voix), Sopi Sénégal (22991 voix), Farlu (28 303 voix) et l’entité indépendante les Nationalistes/Jel Linu Moom ont chacun obtenu un siège de député.