SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
14 septembre 2025
ABASS FALL, L'ASCENSION ÉCLAIR
Il s'est imposé comme une figure incontournable du Pastef. Celui qui a conquis Dakar pourrait bientôt présider l'Assemblée nationale. Face à lui deux autres candidats potentiels : Malick Ndiaye, actuel ministre des Transports, et Ayib Daffé
(SenePlus) - Une enquête de Jeune Afrique révèle le parcours singulier d'Abass Fall, figure montante de Pastef et potentiel président de la nouvelle Assemblée nationale. Vainqueur incontesté des législatives du 17 novembre dans le département de Dakar, l'homme s'est imposé comme une figure incontournable du nouveau pouvoir. Selon JA, sa victoire écrasante face au maire de Dakar Barthélémy Dias, qui n'a sauvé son siège que grâce à la proportionnelle, confirme l'ascendant pris par Pastef dans la capitale.
Pourtant, cette victoire ne fait pas l'unanimité. "La victoire de Pastef à Dakar n'est pas imputable à Abass Fall, où il n'est pas connu", affirme à Jeune Afrique Moussa Taye, directeur de cabinet de Barthélémy Dias. "Il n'a fait que bénéficier de l'effet Ousmane Sonko."
Le magazine panafricain retrace le parcours de ce "boy Colobane", issu du secteur privé contrairement au noyau dur de Pastef composé principalement de fonctionnaires. Ancien président de la Fédération des écoles privées d'enseignement supérieur et directeur de l'institut César, Fall s'est distingué par sa loyauté sans faille envers Ousmane Sonko.
Sa gestion de la coordination de Pastef à Dakar depuis 2018 a marqué un tournant. Comme le rappelle Ousmane Fall, élu sur la liste de Dakar, cité par Jeune Afrique : "Il a su mettre en place la coordination de Pastef à Dakar, à un moment où personne de l'opposition n'arrivait à organiser d'événements politiques d'envergure."
Néanmoins, son parcours n'est pas exempt de controverses. Comme le rappelle Jeune Afrique, en pleine campagne électorale, il avait appelé ses partisans à "s'armer de couteaux et de machettes" face aux soutiens de Barthélémy Dias, des propos qui l'avaient contraint à présenter des excuses publiques.
Sa proximité avec Ousmane Sonko s'est notamment manifestée durant l'incarcération de ce dernier. Selon Jeune Afrique, Fall a joué un rôle clé d'intermédiaire entre Sonko et Macky Sall avant la présidentielle du 24 mars, contribuant notamment à la libération de Sonko et Diomaye.
Alors que l'installation de la nouvelle Assemblée est prévue pour le 2 décembre, sa possible accession au perchoir fait débat. D'après les sources de Jeune Afrique, il devra faire face à la concurrence de Malick Ndiaye, actuel ministre des Transports, et d'Ayib Daffé, ancien président du groupe parlementaire. "La décision finale reviendra à Ousmane Sonko", précise un cadre du parti cité par le magazine. "L'ensemble des députés suivra."
Cette nomination pourrait s'inscrire dans un "léger remaniement" présidentiel à venir, selon Jeune Afrique, marquant une nouvelle étape dans l'ascension politique de ce fidèle lieutenant de Sonko, dont le parcours illustre les mutations en cours au sein du pouvoir sénégalais.
MOTSEPE À LA CAF : LE GRAND MALAISE
Le milliardaire sud-africain, qui ne fait que de rares apparitions au siège cairote de l'institution, laisse les pleins pouvoirs à son secrétaire général. Pendant ce temps, les comptes de la CAF sont dans le rouge, avec des irrégularités financières
(SenePlus) - Une enquête de Jeune Afrique (JA) lève le voile sur la gouvernance atypique de Patrice Motsepe à la tête de la Confédération Africaine de Football (CAF), révélant un style de présidence distant et une gestion financière préoccupante qui soulèvent de nombreuses questions au sein du football africain.
Élu en mars 2021 après un intense lobbying du président de la FIFA Gianni Infantino, qui a conduit au retrait de plusieurs candidats de poids, Patrice Motsepe a rapidement marqué sa différence avec ses prédécesseurs. Quatrième fortune d'Afrique du Sud et premier milliardaire noir du pays, l'homme d'affaires cultive une distance peu commune avec l'institution qu'il dirige.
Cette distance se manifeste jusque dans ses habitudes quotidiennes. Comme le rapporte Jeune Afrique, "Il se déplace avec sa propre sécurité, son propre avion et, même, ses propres bouteilles d'eau." Basé à Johannesburg, il ne fait que de rares apparitions au siège cairote de la CAF, uniquement "pour quelques heures, le temps d'assister aux réunions où sa présence est strictement nécessaire."
Son style de communication intrigue également. Selon les témoignages recueillis par le magazine, ceux qui l'ont côtoyé décrivent "un drôle de président qui parle beaucoup en conférence de presse sans répondre aux questions", avec des réponses alambiquées qui pourraient masquer une méconnaissance des dossiers.
Un épisode particulier, relaté par JA, illustre la singularité de sa présidence. Le 21 décembre 2021, à quelques semaines de la CAN au Cameroun, Motsepe patiente dans sa suite présidentielle de l'hôtel Hilton de Yaoundé pour une rare audience avec le président Paul Biya. Cette rencontre, fruit d'intenses négociations, montre comment le milliardaire sud-africain, habitué aux plus hautes sphères du pouvoir économique, doit parfois composer avec les réalités politiques africaines.
Une gestion financière alarmante
L'enquête révèle une situation financière inquiétante. Un rapport de la Commission d'audit et de conformité de la CAF, consulté par Jeune Afrique, fait état d'une perte de 16 millions de dollars pour l'exercice clos au 30 juin 2023. Ces pertes, ventilées entre divers postes dont des "coûts techniques non attribués" et des "dépenses qui devraient être comptabilisées et enregistrées", portent le déficit total à 25 millions de dollars pour l'année 2022-2023.
Au cœur de ces turbulences figure le secrétaire général de la CAF, Véron Mosengo-Omba, dont l'omniprésence suscite des interrogations. Proche de Gianni Infantino, ce Suisso-Congolais qui dit avoir fui le Zaïre de Mobutu dans les années 1980 règne en maître au Caire. Comme le souligne un cadre du football africain cité par JA : "Le vrai problème de la Confédération ce n'est pas Motsepe mais Mosengo."
L'ingérence présumée de Mosengo-Omba dans le processus d'audit a particulièrement alerté la commission de contrôle. Selon les documents consultés par Jeune Afrique, il aurait tenté d'interférer dans la procédure en cours, allant jusqu'à mandater un cabinet externe pour un "audit dans l'audit", alors même qu'une enquête était en cours sur la disparition de 16 millions de dollars.
Des ambitions politiques sous-jacentes ?
Les motivations réelles de Motsepe interrogent. Une source proche du dossier confie à Jeune Afrique : "Tout le monde disait que Motsepe était venu à la CAF parce qu'il avait besoin de se forger une stature de présidentiable pour succéder à son beau-frère Cyril Ramaphosa." Si ce dernier a depuis été réélu, la question des ambitions de Motsepe reste entière.
Malgré ces controverses, le 25 octobre dernier, Patrice Motsepe a officialisé sa candidature pour un second mandat. Tandis que l'Égyptien Hany Abo Rida est évoqué comme possible challenger, le président sortant devra rendre des comptes aux fédérations africaines et aux employés de la CAF.
Face aux critiques, Motsepe tente de rassurer. Il a notamment garanti devant le comité exécutif que la Commission d'audit pourrait mener ses investigations sans "crainte ni favoritisme". Pourtant, ses actes semblent contredire ses paroles : le 22 octobre, lors de la 46ème assemblée ordinaire de la Confédération à Addis-Abeba, il a avalisé le rapport financier contesté pour 2022-2023.
Le bureau du secrétaire général, interrogé sur les écarts de chiffres, maintient sa position, affirmant que "le rapport financier de l'année 2022-2023 a été approuvé par les auditeurs de la CAF, Ernst and Young, la commission de finance ainsi que par la 46ème assemblée générale ordinaire de la CAF."
PAR CHABI YAYI
LA FACE CACHEE DES CROISSANCES ECONOMIQUES EN AFRIQUE DE L’OUEST
La croissance devrait s'accélérer dans la région Afrique de l'Ouest, le taux moyen estimé passant de 3,2 % en 2023 à 4 % en 2024 et 4,4 % en 2025 selon la BAD Malheureusement, derrière ces agrégats flatteurs se cachent des réalités autres.
La croissance économique a toujours été considérée comme le baromètre clé permettant d’évaluer la pertinence des politiques économiques. En effet, considérer la somme de la valeur créée par les agents économiques sur une période d’un an, permet de juger la vitalité d’une économie. Rappelons que la croissance économique est mesurée par la variation du produit intérieur brut.
La croissance devrait s'accélérer dans la région Afrique de l'Ouest, le taux moyen estimé passant de 3,2 % en 2023 à 4 % en 2024 et 4,4 % en 2025 selon la Banque Africaine de développement.
Malheureusement, derrière ces agrégats flatteurs se cachent des réalités autres. Très récemment, dans six pays de la CEDEAO, malgré qu’ils soient parmi les meilleures croissance du continent, 30% de leur population vivaient avec moins de 1.90 dollars par jour. Les 1% les plus riches des ouest africains gagnent plus que le reste de la population de la région réunie.Une croissance du PIB par habitant de 1 % est associée à une réduction de la pauvreté de seulement 1 % dans la région, contre 2,5 % dans le reste du monde selon le dernier rapport Pulse de la Banque Mondiale d’Avril 2024. Comment expliquer qu’en Afrique subsaharienne la croissance économique ne permet pas une réduction de la pauvreté d’une même ampleur que partout dans le monde ?
Une des explications est la structure de nos économies : cette croissance est tirée par l'augmentation des prix des matières premières, ce qui nous rend vulnérables aux chocs externes. Lorsque les prix chutent, nos économies en subissent les conséquences immédiates, démontrant notre dépendance et notre fragilité.
Intéressons-nous aux inégalités. Un des outils utilisés en économétrie pour illustrer ce processus afin de le décrire est la courbe de Lorenz qui est un outil graphique utilisé pour illustrer la répartition des ressources dans une population donnée. Elle permet de visualiser les inégalités économiques en comparant la distribution effective des ressources. Lorsqu’il y a croissance économique, même si on constate à court terme une amélioration de l’emploi et des revenus des classes moyennes, on constate rapidement que les revenus du capital augmentent plus vite que les revenus du travail comme l’a si brillamment documenté Thomas Picketty. Ce renforcement des inégalités s’accompagne des tensions économiques, sociales avec la polarisation économique comme corollaire.
Le meilleur moyen pour nous pays africains de sortir de cet engrenage est de travailler à ce que la croissance soit inclusive. En effet, les politiques publiques doivent accorder autant d’importance à la croissance économique qu’à d’autres indicateurs comme le coéfficient de Gini ou l’Indice de développement humain qui mettent en exergue d’autres facettes du développement du pays.
Intégrer la justice sociale à travers un vrai mécanisme de redistribution permettrait de réduire les inégalités d’opportunités et de travailler à une politique d’aménagement du territoire équilibrée.
Pour réduire les inégalités et promouvoir une justice sociale, nous devons repenser les systèmes fiscaux pour les rendre plus justes. Il est essentiel de renforcer le rôle et la progressivité de l’impôt sur le revenu, garantissant que les citoyens les plus aisés contribuent davantage, tout en allégeant la charge fiscale des plus démunis. Les taxes indirectes, telles que la TVA, qui frappent les riches et les pauvres de manière uniforme, doivent être progressivement réduites car elles exacerbent les inégalités. Ces fonds publics doivent être stratégiquement alloués pour offrir une meilleure égalité des chances, en finançant prioritairement l'éducation, la santé et une protection sociale universelle. En valorisant les métiers essentiels comme ceux des enseignants et des médecins, et en leur garantissant des rémunérations compétitives, nous pourrons freiner l'exode des talents et renforcer les piliers du développement humain.
Sur le plan économique, la priorité doit être donnée à la transformation structurelle de nos économies. Il s'agit de passer d'une position de "pricetaker" (soumission aux fluctuations des prix des matières premières) à celle de "price maker", grâce à la diversification et la valorisation locale des produits. Une économie axée sur les besoins de consommation intérieure et non sur les cultures de rente permettra de réduire la dépendance extérieure. Protéger nos industries embryonnaires devient impératif face àla doxa ultralibérale qui nous impose d’ouvrir nos économies au monde sans protection, sans prendre en compte le degré de maturité de nos économies respectives.
Le renforcement des échanges sous-régionaux, à travers des initiatives comme la ZLECAF, est également crucial pour stimuler le commerce intra-africain et maximiser les opportunités économiques dans un contexte où seulement 16% du commerce africain est sous régional. Enfin, il est impératif de lutter contre les inégalités de genre en créant un cadre économique et social où les femmes ont un accès équitable aux ressources et aux opportunités, ce qui est fondamental pour un développement durable et inclusif.
Les pouvoirs publics doivent travailler à mettre en place un cadre règlementaire pour permettre aux acteurs économiques de créer de la valeur. Mais les pouvoirs publics ne peuvent pas se targuer uniquement de cette mission. Elles doivent aussi travailler à mettre en place les mécanismes de redistribution de cette richesse, mettre en place les filets sociaux (assurance maladie,emploi, etc.) et enfin travailler à réduire les inégalités d’opportunités en investissant massivement dans d’éducation et la santé. Une politique équilibrée de développement du territoire serait la meilleure réponse au péril intégriste qui menace nos états nation en Afrique de l’Ouest car le terreau du fondamentalisme est la pauvreté, l’insécurité et l’absence de perspective pour une jeunesse sans repère.
Malgré des périodes de croissance économique, des pays comme le Burkina Faso, l'Égypte et le Mali montrent que la croissance, si elle est inégalement répartie peut coexister avec des troubles politiques majeurs. Au Burkina Faso, entre 2010 et 2014, une croissance économique de 5 à 7 % par an, portée par l’or et l’agriculture, n’a pas suffi à apaiser les frustrations populaires, ce qui a engendré en 2014, une insurrection qui a renversé Blaise Compaoré. De même, en Égypte, malgré une croissance de 6 à 7 % dans les années 2000, la révolution de 2011 a éclaté sous l’effet de fortes inégalités sociales, d’une élite accaparant les richesses et d’une corruption endémique. Le soulèvement a renversé Hosni Moubarak, mais les tensions ont perduré, menant à un coup d’État militaire en 2013 contre Mohamed Morsi.
Au Mali, avec une croissance économique stable autour de 5 % par an au début des années 2010, portée par l’or et le coton, les fragilités structurelles ont éclaté au grand jour. En 2012, la rébellion de l’Azawad, menée par des groupes touaregs et alimentée par des revendications d’autonomie et des frustrations liées à la marginalisation des régions du nord, a plongé le pays dans une crise majeure. Cette rébellion, combinée à une insécurité grandissante due à des groupes djihadistes, a entraîné un coup d’État militaire la même année. Malgré des tentatives de stabilisation, l’instabilité a persisté, menant à un nouveau coup d’État en 2020.
Les propos du panafricain Nkwame Krumah raisonnent dans nos esprits : « Tout humanisme sérieux doit découler de l’égalitarisme et doit mener à des politiques choisies de façon objective dans le but de sauvegarder et de pérenniser l’égalitarisme». Nous devons revisiter ces paroles afin de bâtir une Afrique prospère et plus juste car à l’horizon 2050, notre continent sera soit le cœur des opportunités de la planète ou sera une bombe à retardement pour la stabilité du monde. A nous d’en prendre conscience et de travailler sur la durée pour offrir aux générations futures un meilleur avenir.
Diplômé d’un Bachelor en Sciences Économiques de l’Université de Montréal et d’une Maîtrise en Sciences de l’Innovation et de l’Entrepreneuriat à HEC Paris, Chabi Yayi combine expertise académique et engagement citoyen pour relever les défis du développement en Afrique. C’est ce qui l’a amené à fonder en 2010 la Jeunesse Engagée pour le Changement et son Avenir(JECA). Il donne corps à cette ambition en participant aux élections législatives de 2015 au Bénin. En 2023, il est élu Secrétaire aux Relations Extérieures du parti Les Démocrates(LD), le principal parti de l’opposition au Bénin, puis en 2024 secrétaire exécutif du Cadre de concertation des Forces de l’Opposition. Très porté sur les questions géostratégiques et leurs influences sur l’économie, il a publié plusieurs tribunes sur les conséquences de la fluctuation du dollar, les impacts de la guerre Russie-Ukraine, tribunes influencées par sa vision progressiste et inclusive du Bénin et de l’Afrique. Entrepreneur agricole, Chabi Yayi dirige une coopérative de producteurs basée à Tcharourou au nord du Bénin, prouvant ainsi son engagement pour le développement rural et la valorisation des produits locaux.
VIDEO
L'AFRIQUE CHANGE, ET EN FACE, LA FRANCE NE CHANGE PAS
Antoine Glaser et Francis Kpatindé dressent le portrait d'une ex-puissance coloniale qui n'a pas su anticiper les mutations sur le continent. Les récentes demandes de retrait des troupes françaises du Sénégal et du Tchad illustrent ce divorce croissant
Un entretien majeur avec deux spécialistes reconnus de l'Afrique vient éclairer le déclin accéléré de l'influence française sur le continent. Antoine Glaser, journaliste chevronné et auteur du "Piège africain de Macron" (Fayard), ancien fondateur de La Lettre du Continent, et Francis Kpatindé, ancien rédacteur en chef de Jeune Afrique et du Monde Afrique, aujourd'hui maître de conférence à Sciences Po, dressent un constat sans appel de la situation.
Les récentes demandes simultanées du Sénégal et du Tchad exigeant le départ des troupes françaises marquent un tournant historique dans les relations franco-africaines. Antoine Glaser pointe du doigt une France qui "s'est un peu endormie en Afrique", révélant une incapacité à comprendre les mutations profondes du continent.
"La France n'a pas vu l'Afrique se mondialiser", analyse Glaser, soulignant un aveuglement historique qui remonte aux indépendances. Selon lui, Paris est restée prisonnière d'une vision dépassée, celle de la "Françafrique", un système intégré qui a perduré bien au-delà de sa pertinence historique. Cette posture reflète une conviction erronée : celle d'une présence française éternellement désirée sur le continent.
Francis Kpatindé met en lumière un décalage croissant entre une Afrique en pleine mutation et une France figée dans ses certitudes. "L'Afrique change, elle a beaucoup changé depuis deux décennies. Et en face, la France ne change pas", observe-t-il. Il souligne particulièrement le fossé générationnel avec une jeunesse africaine qui n'a "aucune référence par rapport à la France, à l'ancienne puissance coloniale."
Un des aspects les plus alarmants soulevés par Kpatindé concerne l'érosion de l'expertise française sur l'Afrique. "Il n'y a plus d'experts : il n'y a plus de gens qui connaissent vraiment l'Afrique. Et surtout, il n'y a plus de gens qui ressentent l'Afrique", déplore-t-il. Cette perte de compréhension profonde conduit à une politique de réaction plutôt que d'anticipation, laissant la France systématiquement "un train de retard dans les événements en Afrique."
NDEYE ASTOU NDIAYE REVISITE LA TRADITION DU CONTE AFRICAIN
'Veillées africaines' réinvente l'art du récit en mêlant héritage culturel et préoccupations contemporaines. L'auteure, qui allie sa carrière universitaire à une sensibilité littéraire affirmée, livre un recueil où chaque histoire devient une leçon de vie
(SenePlus) - Les éditions Lettres de Renaissances enrichissent leur catalogue avec la publication d'un nouveau recueil de contes signé Ndeye Astou Ndiaye, "Veillées africaines". Cette œuvre s'inscrit dans la pure tradition du conte africain tout en portant un message universel.
Dans sa préface, Amadou Elimane Kane souligne la richesse allégorique de ces récits qui, à travers la métamorphose littéraire des animaux et de la flore, transmettent des valeurs fondamentales : loyauté, engagement, partage, fidélité, humilité, protection de l'environnement et espérance. L'auteure utilise ces transformations comme support d'un récit d'apprentissage à portée éducative.
Ndeye Astou Ndiaye apporte une contribution significative à la littérature africaine contemporaine. Enseignante-chercheuse en Science politique, diplômée de Sciences-Po Bordeaux et de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, elle mène des recherches approfondies sur les politiques publiques, le genre et les identités, la gouvernance et les modèles d'éducation en Afrique. Son expertise académique enrichit sa démarche littéraire, comme en témoignent ses précédentes publications : "Une étoile qui ne brille pas pour l'amour" (L'Harmattan, 2015) et "Commune condition" (Éditions Moukat, 2020).
Membre du Laboratoire IGD2P (Institutions Gouvernance Démocratique et Politiques Publiques) et personne-ressource à l'école d'été du Codesria en collaboration avec le Centre d'études africaines de Bâle (CASB), l'auteure conjugue avec talent sa carrière universitaire et sa passion pour l'écriture.
"Veillées africaines" est disponible à la commande directement auprès des éditions Lettres de Renaissances (editionslettresderenaissances@yahoo.fr), sur fnac.com, ainsi que dans les librairies parisiennes Présence Africaine et L'Harmattan.
Cette publication s'annonce comme une contribution majeure à la littérature africaine contemporaine, alliant la richesse de la tradition orale à des préoccupations universelles, tout en servant de pont entre l'héritage culturel africain et les enjeux contemporains.
OSLO FA SURPREND TEUNGUETH FC, DAKAR SACRÉ-CŒUR TRIOMPHE FACE À L’US OUAKAM
Le champion en titre, a vu son invincibilité en Ligue 1 brisée ce samedi lors de la 6ᵉ journée. Battu 1-2 par Oslo FA, le club rufisquois reste à 11 points et pourrait se faire distancer par le Jaraaf, en cas de victoire de ce dernier face à Waalydan.
Le champion en titre, Teungueth FC, a subi sa première défaite de la saison en Ligue 1, ce samedi, lors de la sixième journée. Opposé à Oslo FA, le club rufisquois s’est incliné sur le score de 1-2, mettant ainsi fin à son invincibilité.
Malgré un début de saison prometteur, cette défaite freine les ambitions de Teungueth FC, qui reste bloqué à 11 points au classement. À égalité avec le Jaraaf, qui dispose d’un match en retard, le club rufisquois pourrait se retrouver à trois longueurs du leader en cas de victoire de l’équipe de la Médina face à Waalydan ce lundi. Une situation qui rebat les cartes en tête du championnat.
Dans l’autre rencontre de la journée, Dakar Sacré-Cœur (DSC) a confirmé sa bonne dynamique en s’imposant 2-0 face à l’US Ouakam.
Avec cette troisième victoire de la saison, DSC se positionne dans le haut du tableau, affichant une régularité qui pourrait en faire un sérieux prétendant pour la suite du championnat. De son côté, l’USO, qui enregistre sa première défaite, reste coincée en milieu de classement.
ARRESTATIONS TOUS AZIMUTS, LE PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT RÉPOND À L’OPPOSITION
Alors que l’opposition dénonce un recul démocratique marqué par des condamnations de ses membres, Moustapha Ndjekk Sarré balaie ces critiques et assure que toutes les interpellations respectent strictement la loi.
Depuis plusieurs mois, des opposants au régime actuel font l’objet d’arrestations et de condamnations. L’Alliance pour la République (Apr), ses alliés, comme nombre de partis de l’opposition parlent de recul démocratique. Le porte-parole du gouvernement réfute.
Face à la presse hier vendredi, les responsables du régime de Macky Sall ont dénoncé un recul démocratique, du fait des arrestations dans les rangs de l’opposition. La réplique du porte-parole du gouvernement ne s’est pas faite attendre.
«Ce sont des gens qui sont mal placés pour parler de recul démocratique. Quand ils étaient aux affaires, le mandat de dépôt était automatique pour les opposants. Vous avez vu comment l’actuel président de la République a été arrêté suite à un post sur facebook ?», demande Moustapha Ndjekk Sarré.
Sur les ondes de la Rfm, le porte-parole du gouvernement a déclaré que les opposants qui ont été interpellés ont juste violé la loi. «Aujourd’hui dites-moi quel est l’opposant qui est arrêté qui est condamné et qui n’a pas enfreint la loi. Nous sommes dans un pays où l’anarchie ne doit pas être la règle», dit-il.
PAR PAPE ALÉ NIANG
QUI A PEUR DE L’ABROGATION DE LA LOI D’AMNISTIE ?
"À coup sûr, ce n’est pas la majorité des Sénégalais. Les Sénégalais veulent connaître la vérité sur les crimes de sang commis pendant cette période barbare et inhumaine où l’unique méthode de gouvernance était le règne de la terreur."
Qui a peur de l’abrogation de la loi d’amnistie ? À coup sûr, ce n’est pas la majorité des Sénégalais. Les Sénégalais veulent connaître la vérité sur les crimes de sang commis pendant cette période barbare et inhumaine où l’unique méthode de gouvernance était le règne de la terreur.
La seule manière de rendre justice aux victimes, c’est d’abord de leur permettre de connaître la vérité. Cette loi d’amnistie, votée aux forceps, a été adoptée dans le but de favoriser l’apaisement et la réconciliation nationale. Malheureusement, les plaies sont plus que béantes et refusent de se cicatriser. Les victimes continuent de vivre douloureusement des événements traumatisants.
Que dira-t-on aux enfants de Didier Badji et Fulbert Sambou ? Ces enfants ne méritent-ils pas de connaître la vérité, surtout avec ces accusations loufoques débitées par des écervelés sur leurs pères ?
Cette puante loi d'amnistie avait comme unique objectif d’effacer les traces des graves crimes perpétrés par l’ancien régime. L'impunité offerte par l'amnistie nuit aux droits des victimes qui sont les seules à pouvoir pardonner.
Le Sénégal a connu 82 morts. Comment peut-on parler de réconciliation réelle et durable si on cherche, à travers une loi d’amnistie, à cacher la vérité aux victimes ? L’abrogation de cette loi d’amnistie est essentielle pour permettre la manifestation de la vérité.
LA BAD A APPROUVÉ 132 OPÉRATIONS EN FAVEUR DU SÉNÉGAL POUR PLUS DE 2 470 MILLIARDS DE FCFA
À l’occasion de la célébration des 60 ans de la Banque Africaine de Développement, Abdourahmane Sarr a affirmé qu'en 2024, le portefeuille actif de la Banque comprend 39 opérations pour un engagement total de 1 630 milliards FCFA.
La Banque Africaine de Développement (BAD) a célébré son 60ᵉ anniversaire à Dakar le 29 novembre 2024. Cet événement, marqué par la présence de plusieurs membres du gouvernement sénégalais et de représentants du corps diplomatique, a permis de mettre en lumière la coopération entre l’institution panafricaine et le Sénégal.
Créée en 1964 avec un capital initial de 250 millions de dollars, la BAD affiche aujourd’hui des actifs dépassant les 300 milliards de dollars. Lors de son discours, le ministre sénégalais de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, a rappelé l’évolution de l’institution, soulignant son rôle dans le financement du développement sur un continent où « presque tout est à bâtir ».
« La BAD a su rester une institution dynamique, parmi les meilleures au monde, tout en s’adaptant aux mutations rapides de l’Afrique », a déclaré le ministre, avant d’ajouter que l’ouverture de son capital à des membres non régionaux fut une décision visionnaire, renforçant sa capacité tout en préservant son caractère africain.
Depuis le début des opérations de la BAD au Sénégal en 1972, cette relation s’est traduite par des réalisations majeures. « La BAD a approuvé un total de 132 opérations en faveur du Sénégal pour un montant cumulé de plus de 2 470 milliards de FCFA », a précisé Abdourahmane Sarr.
« Le premier projet financé par la Banque était une ligne de crédit de 1,5 millions d'unités de compte, soit 1,2 milliards de francs CFA qui a été accordé à l'Union sénégalaise de banques pour le commerce et l'industrie en vue de financement des paires. C'est pour vous dire l'importance qu'on accorde à la banque privée africaine », a pour sa part rappelé Mohamed Chérif, responsable du bureau pays de la BAD au Sénégal.
Le portefeuille actif en 2024 comprend 39 projets représentant un engagement total de 1 630 milliards de FCFA. Ces projets touchent des secteurs variés, notamment les infrastructures, l’énergie, l’agriculture et les projets sociaux. M. Chérif a illustré ces impacts : « Nos projets ont contribué à la souveraineté alimentaire, au développement des chaînes de valeur, à l’accès universel à l’électricité, ainsi qu’à la valorisation de l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes. »
Les deux hommes ont souligné les défis persistants sur le continent, tels que la pauvreté et le faible développement humain. Pour y répondre, la BAD a adopté une stratégie décennale ambitieuse (2024-2033), axée sur la construction d’une Afrique prospère, inclusive et résiliente.
« La BAD devra davantage prendre de risques pour mobiliser les capitaux nécessaires au financement de notre développement », a insisté le ministre sénégalais, mettant en exergue l’importance d’impliquer le secteur privé et de renforcer la maîtrise de l’endettement.
Mohamed Chérif a pour sa part rappelé le rôle de la BAD en tant que « banque des solutions », soulignant sa proactivité lors des récentes crises mondiales, du Covid-19 à la crise alimentaire.
Il a enfin réaffirmé la disponibilité permanente de la Banque africaine de développement à œuvrer au renforcement de sa coopération avec le Sénégal.
MAMADOU DIA DÉVOILE ‘’DEMBA’’, UNE RÉFLEXION SUR LE DEUIL ET LA RÉSILIENCE
Le film raconte l’histoire de Demba, un homme en quête de réconciliation avec lui-même et ses proches, confronté à la solitude et au poids du deuil à l’approche de l’anniversaire de la mort de sa femme, Awa.
Le réalisateur sénégalais Mamadou Dia a présenté, vendredi, au cinéma Pathé de Dakar, son nouveau long métrage »Demba », une œuvre qui explore le deuil, la résilience, la santé mentale et les tabous culturels liés à l’expression des émotions, et inspirée de sa propre expérience.
Le film raconte l’histoire de Demba, un homme en quête de réconciliation avec lui-même et ses proches, confronté à la solitude et au poids du deuil à l’approche de l’anniversaire de la mort de sa femme, Awa.
Alors qu’il s’apprête à prendre sa retraite après trente ans de service dans une mairie de Matam, ville du nord du Sénégal, il tente de renouer avec son fils Bajjo, malgré les tensions qui les éloignent.
»+Demba+ est avant tout un film profondément personnel, qui est né d’une expérience liée au deuil”, a confié le cinéaste, originaire de Matam, qui a perdu sa mère à l’âge de 13 ans.
“J’aurais voulu qu’un adulte vienne simplement me dire que ma mère ne reviendrait pas, avec des mots clairs”, a-t-il expliqué, évoquant un défaut d’explication qui a marqué son enfance.
Des années plus tard, lors d’une thérapie aux États-Unis pendant la pandémie du Covid-19, Mamadou Dia a revisité cette douleur de l’enfance.
Une démarche qui lui a permis de comprendre les différentes phases du deuil, notamment la dépression, une »notion difficile à nommer dans certaines cultures ».
“En langue pulaar, je n’ai pas trouvé l’équivalent du mot dépression. Cela m’a poussé à m’interroger sur la manière dont nous dépassons une douleur que nous ne pouvons pas nommer”, dit-il.
Le deuil comme expérience collective
À travers »Demba », Mamadou Dia ne se limite pas à une exploration individuelle du deuil. Le film montre comment cette expérience affecte toute une communauté.
‘’Chaque personnage du film expérimente la perte de quelque chose’’, explique-t-il, indiquant qu’Aïcha, une ancienne influenceuse, doit faire le deuil de son identité après avoir utilisé une fausse maladie pour attirer l’attention ; Bajjo, quant à lui, est confronté à la fragilité de son père vieillissant, une situation qui renverse les rôles familiaux traditionnels.
“Nous faisons tous des deuils dans nos vies : deuil d’une relation, d’un corps qui change ou d’une ancienne vie”, soutient le réalisateur, insistant sur la portée universelle de son œuvre.
Une autre perspective sur les émotions masculines
Le choix d’un protagoniste masculin était également intentionnel pour Mamadou Dia. “Dans notre société, les hommes n’ont pas vraiment l’espace pour exprimer leurs émotions. La colère est souvent la seule réponse attendue. Avec +Demba+, j’ai voulu montrer un homme confronté à une souffrance silencieuse, loin des explosions émotionnelles classiques”, a-t-il signalé.
Malgré les thèmes lourds abordés dans le film, Mamadou Dia a voulu créer une œuvre visuellement belle.
“Nos mères, avec un simple boubou, dégagent une élégance incroyable. Cette beauté est facile à montrer et contrebalance la gravité des émotions explorées”, selon lui.
Demba n’est pas seulement un film, pense-t-il, mais il est aussi un outil pour ouvrir le dialogue sur des sujets souvent tabous, comme le deuil et la résilience.
“Ce film invite chacun à partager ses expériences et à mieux comprendre celles des autres”, soutient-il.
Diplômé de la prestigieuse Tisch School of the Arts de l’Université de New York, Mamadou Dia s’est fait remarquer avec son premier long métrage, »Baamum Nafi » (Le Père de Nafi), récompensé au Festival de Locarno, en Suisse, et sélectionné pour représenter le Sénégal aux Oscars du cinéma, à New York, en 2021.
Avec »Demba », Mamadou Dia poursuit son exploration des thématiques humaines et sociales, mêlant réalité et fiction pour raconter des histoires universelles ancrées dans la culture sénégalaise.
En plus de la projection-presse, »Demba » sera en première nationale à Matam, samedi, avant sa sortie nationale et internationale le 6 décembre prochain.
Le film est sélectionné en première mondiale pour le prochain festival international du film de Berlin, du 13 au 23 février 2025.