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8 juin 2025
Par El Amath THIAM
LE DÉCRET DE DISSOLUTION DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE PEUT-IL ÊTRE ATTAQUÉ DEVANT LE JUGE ?
Le décret présidentiel de dissolution de l’Assemblée nationale est une décision de grande portée qui relève des prérogatives discrétionnaires du président de la République
Le décret présidentiel de dissolution de l’Assemblée nationale est une décision de grande portée qui relève des prérogatives discrétionnaires du président de la République.
En 1983, cette question a été mise en lumière avec la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président Abdou Diouf. Cette décision a été contestée devant la Cour suprême par des députés, mais la Cour a rejeté leur recours, soulignant que la dissolution de l’Assemblée relève du pouvoir discrétionnaire du Président, à condition que les procédures constitutionnelles soient respectées.
L’affaire Macky Sall c. État du Sénégal (2008) illustre également les limites du contrôle judiciaire sur les actes politiques du Président. Macky Sall, alors Président de l’Assemblée nationale, a été destitué après une modification législative de la durée du mandat du Président de l’Assemblée. Sa contestation basée sur un abus de pouvoir a été rejetée par la Cour suprême, qui a affirmé que les décisions relatives aux prérogatives politiques du Président échappent au contrôle judiciaire strict.
Ces affaires montrent que, bien que certaines décisions présidentielles, comme la dissolution de l’Assemblée nationale, puissent être contestées, le contrôle judiciaire est souvent limité par le caractère politique de ces actes et le respect des procédures constitutionnelles.
« NUL N’EST CENSÉ IGNORER LA LOI »
Par Moussa Sow
REPENSER LA JEUNESSE SENEGALAISE
Le président de la République du Sénégal devrait appeler cette jeunesse pour une conversation franche et directe car il a l’âge de ceux qui prennent les pirogues et donc comprend leur mindset. Il est en mesure de les convaincre de rester
Le Sénégal comme tout pays a besoin de sa vaillante jeunesse et tirer de celle-ci des dividendes démographiques pour construire durablement notre pays. L’immigration irrégulière et les tragédies qu’elles provoquent dans le ventre de l’atlantique et dans la Méditerranée ont pris une ampleur inquiétante ces derniers mois et doivent interpeller toute la nation sénégalaise. Nous nous inclinons devant la mémoire des disparus. Nos condoléances à leurs familles, parents, époux, épouses, enfants, collègues et amies. Que Dieu les agrée au Paradis. Chacun de nous doit réfléchir sur comment apporter sa pierre pour coconstruire l’idéal d’une jeunesse qui recentre ses ambitions et son avenir dans son pays pour un Sénégal prospère.
Nous sommes tous interpellés ! D’abord un discours présidentiel engageant qui dessine les contours d’une stratégie nationale pour la jeunesse est nécessaire. Son Excellence le Président de la République du Sénégal devrait appeler cette jeunesse pour une conversation franche et directe car il a l’âge de ceux qui prennent les pirogues et donc comprend leur mindset. Il est en mesure de les convaincre de rester ici pour bâtir leur pays. Un discours fort et rassurant avec des propositions concrètes pour trouver des solutions d’employabilités sur le moyen terme. L’expertise de notre armée pourraient être également mise à contribution pour une formation en masse des jeunes aux métiers dont le marché sénégalais et sous-régional a besoin. Deux années de formation rémunérée dans l’armée avec au finish un métier et un financement après compétition de pas moins de 1000 entreprises de jeunes par la DER fj et autres structures affiliées. Refonder le Fonds National de Promotion de la Jeunesse (FNPJ) doit être une priorité. L’heure est également venue d’exploiter le réservoir de possibilités que nos foyers religieux peuvent offrir quant à l’emploi des jeunes et leur stabilité socio-économique. Des structures qui organisent les grandes actions et en lesquelles les sénégalais se reconnaissent et ont confiance comme Touba ci kanam, Coskas, l’église ou toute autre plateforme doivent aider à organiser les jeunes et contribuer à trouver un consensus fort et des solutions innovantes ancrées dans nos réalités socio-culturelles. En outre, inviter le privé national à participer à la réflexion sur la problématique de notre jeunesse avec des mesures fiscales incitatives pour des emplois, et autres stages en entreprises avec des résultats mesurables dans tous les domaines notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’agro-industrie, des Btp, de l’artisanat…
Le rôle de l’Etat est de créer les conditions d’employabilité avec une maîtrise du marché de l’emploi. Instaurer un dialogue permanent avec le secteur privé pour trouver les niches et anticiper l’évolution du marché de l’emploi. Par ailleurs, des projets visant l’équité territoriale peuvent aussi constituer un puissant levier pour fixer les populations dans leurs terroirs respectifs. Les travaux qui accompagnent sa mise en œuvre devraient faire appel à une forte main-d’œuvre. L’heure est à une responsabilité collective. Posons-nous chacun la question : qu’est-ce que nous pouvons faire pour stopper cette tragédie ?
URGENCE MPOX
L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a exprimé, mercredi, un besoin de financement en urgence de 21,4 millions de dollars soit près de 13 milliards de francs CFA afin intensifier la riposte face à l’épidémie de Mpox (variole du singe)
Dakar, 12 sept (APS) – L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a exprimé, mercredi, un besoin de financement en urgence de 21,4 millions de dollars soit près de 13 milliards de francs CFA afin intensifier la riposte face à l’épidémie de Mpox (variole du singe) dans les pays touchés en Afrique.
‘’Cette nouvelle épidémie de Mpox met en danger les populations les plus vulnérables, parmi lesquelles les réfugiés et les communautés déplacées de force’’, a déclaré Allen Maina, responsable de la santé publique au HCR dans un communiqué.
Cet appel de fonds vise à soutenir 9,9 millions de personnes déplacées de force ainsi qu’aux communautés qui les accueillent dans 35 pays d’Afrique.
Selon lui, ‘’ces personnes vivent souvent dans des abris surpeuplés où elles n’ont pas accès à l’eau potable, au savon et à des aliments nutritifs. Pour les réfugiés et les membres des communautés déplacées, qui sont déjà confrontés à d’énormes difficultés d’accès aux soins de santé, ces conditions de vie les exposent à un risque plus élevé et les empêchent de se prémunir contre la maladie’’.
M. Maina a réaffirmé l’engagement du HCR à accompagner les gouvernements à renforcer leur leurs services de santé afin de pouvoir apporter une réponse efficace à cette épidémie qui a touchée plus de 20.000 cas suspects en Afrique depuis le début de l’année 2024.
‘’Il faut un financement soutenu pour renforcer les systèmes de santé, les infrastructures d’eau et d’assainissement et d’autres services, afin d’assurer leur résilience aujourd’hui et à l’avenir’’, a avancé le responsable de la santé publique au HCR.
Au moins 88 cas de Mpox ont été signalés parmi les réfugiés en Afrique, dont 68 en RDC, le pays qui a enregistré le plus grand nombre de cas dans le monde.
L'HEURE DES DECOMPTES
Trois cent six buts (306) ont été inscrits la saison dernière en championnat national de football de Ligue 1 et trois cent soixante-cinq (365) en Ligue 2, soit au total, 671 réalisations
Dakar, 12 sept (APS) – Trois cent six buts (306) ont été inscrits la saison dernière en championnat national de football de Ligue 1 et trois cent soixante-cinq (365) en Ligue 2, soit au total, 671 réalisations, a révélé le vice-président de la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP), Pape Momar Lô.
Durant la saison 2022-2023, un total de six cent cinquante-six buts ont été inscrits, dont trois cent vingt-sept en Ligue 1.
‘’Trois cent six buts ont été marqués en Ligue 1, soit une moyenne d’un 1.6 but par match. En ligue 2, 365 buts ont été inscrits, soit une moyenne de deux buts par match’’, a-t-il dit lors, mercredi, lors de la cérémonie de tirage au sort du calendrier de la nouvelle saison 2024-2025.
Le championnat de Ligue 1 et Ligue 2 devrait démarrer entre le 12 et le 19 octobre. La date sera confirmée, mardi, par la LSFP. Des changements majeurs ont été apportés au niveau du championnat national de la Ligue 1 et Ligue 2. Pour cette saison, seize équipes, au lieu des quatorze habituelles, seront en lice pour chaque division.
Avec 31 réalisations, le club de Teungueuth FC, champion du Sénégal de Ligue 1, a marqué le plus grand nombre de buts. Souleymane Cissé de l’ASC Jaraaf est le meilleur buteur de la Ligue 1 avec dix buts. En Ligue 2, le club de l’ASC HLM a obtenu quarante-quatre réalisations. Almamy Fall du Dakar université club, auteur de seize buts, est le meilleur artificier de ce championnat.
‘’Le milieu offensif du Jaraaf Aimé Tendeng et Papis Badiane des HLM sont élus respectivement meilleurs joueurs de la Ligue 1 et Ligue 2. Beau Saliou Touré de Wally Daan est nommé meilleur entraîneur de la Ligue 2. Pour la Ligue 1, Cheikh Gueye de Teungueth FC est élu meilleur entraîneur par la Commission technique de la Ligue’’, a rappelé Pape Momar Lô.
Huit matchs sur 364 émaillés d’incidents majeurs
Faisant le bilan de la saison écroulée, il a précisé que la Commission de discipline de la LSFP a rendu 96 décisions dont 64 avaient trait à des cas de suspensions, d’interdictions de vestiaires, de stades ou de bancs de touche concernant des joueurs et officiels d’équipes.
‘’Sur les 364 matchs joués, nous avons identifié huit matchs qui ont été émaillés d’incidents majeurs’’, a-t-il dit.
A cela s’ajoutent trois décisions d’absences d’équipes constatées qui ont conduit à des forfaits, trois autres forfaits pour d’autres causes, une décision sans suite. ”Treize autres décisions ont concerné des cas d’incidents pendant, avant ou après match’’, a-t-il détaillé.
‘’Il y a sept décisions sanctionnant les pratiques occultes et huit réclamations d’avant match. Pour ces réclamations, quatre ont concerné des cas de fraudes d’identité, un pour suspension non purgée, un pour défaut de qualification et un autre pour non-respect de la réglementation sur le contrat’’, a-t-il ajouté.
Une saison attractive
‘’La saison dernière, l’objectif de la Ligue était de démarrer le championnat le 28 octobre 2023 et de la terminer le 31 mai 2024. Mais il y a eu dix jours de décalage. Nous avons terminé le 12 juin 2024 pour diverses raisons. Nous sommes quand-même, satisfaits de la maîtrise du calendrier’’, a-t-il dit.
Selon lui, ‘’l’attractivité du championnat national de Ligue 1 et Ligue 2 a été importante. En Ligue 1, il y a eu 182 915 spectateurs et 30534 en Ligue 2’’.
CI-GIT LA 14EME LEGISLATURE
L’oraison funèbre de l’Assemblée nationale prononcée ce 12 septembre ? L’adresse à la Nation du président Diomaye Faye n’a pas été officialisée par les services de la Présidence. Mais elle a été annoncée par diverses sources pendant la journée
La 14ème législature vivrait ses derniers instants ce jeudi 12 septembre 2024. Tout porte à le croire puisqu’ une déclaration à la Nation du président de la République Bassirou Diomaye Faye est annoncée pour ce jour au cours de laquelle il devrait annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale.
L’adresse à la Nation du président Diomaye Faye n’a pas été officialisée par les services de la Présidence. Mais elle a été annoncée par diverses sources pendant la journée. Le président de la République va parler à la Nation ce soir. Tout porte à croire que le principal sujet qui sera abordé par le président Diomaye Faye concernera la crise en cours entre l’Exécutif et le Législatif. Une large place devrait également être consacrée à la question de la reddition des comptes dont le Premier ministre avait annoncé l’effectivité cette semaine. Bref, la dissolution de l’Assemblée nationale reste une certitude partagée largement au sein de l’opinion nationale. Surtout qu’une série d’actes posés par l’Exécutif donne à penser que la 14ème législature poussera son dernier soupir ce jeudi 12 septembre date où elle boucle ses deux ans d’existence (elle avait été installée le 12 septembre 2022). Le dernier acte en date posé par le président Diomaye Faye sur ce sujet a consisté à redéfinir les rôles des uns et des autres. « Abordant la question du principe de la continuité de l’Etat et du fonctionnement régulier des pouvoirs publics, le président de la République, garant du fonctionnement régulier des institutions, a mis l’accent sur les relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. L’article 55 de la Constitution stipule : « le Gouvernement est responsable devant le Président de la République et devant l’Assemblée nationale dans les conditions prévues par les articles 85 et 86 de la Constitution ». Voilà pourquoi il attache du prix au respect des prérogatives constitutionnelles, des compétences et missions de chaque institution de la République. Car la bonne qualité des rapports entre les institutions détermine fondamentalement la stabilité politique et institutionnelle du pays ainsi que la mise en œuvre optimale des politiques et programmes publics indispensables au bienêtre de nos populations » lit-on dans le communiqué du dernier Conseil des ministres tenu exceptionnellement ce mardi 10 septembre.
Saisine du Conseil Constitutionnel, avis du Président de l’Assemblée national et du Premier ministre requis
Avant ce Conseil des ministres, le président Diomaye Faye avait posé d’autres actes en perspective de cette échéance du 12 septembre. Il avait saisi le Conseil Constitutionnel le 05 août dernier pour demander aux 7 Sages un avis consultatif pour la détermination de la meilleure date de dissolution de l’Assemblée nationale.
Dans leur réponse en date du 30 août, ces derniers avaient indiqué que l’Assemblée nationale ne pourra être dissoute qu’à partir du 12 septembre. Ce conformément à la Constitution qui dispose qu’une dissolution ne peut pas intervenir durant les deux premières années de législature. Or, les députés ont été élus en juillet 2022 et installés en septembre de la même année. Ensuite, le 10 septembre, selon nos confrères de L’Observateur, le président de la République avait saisi le président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre conformément à l’art 87 de la Loi fondamentale pour recueillir leurs avis sur son intention de dissoudre l’Assemblée nationale. Seule la réponse du Président de l’Assemblée a été révélée toujours par notre confrère L’Observateur. Amadou Mame Diop aurait écrit ceci à l’attention du président de la République : « J’ai l’honneur de porter à votre haute attention que je n’ai pas d’objection à une procédure de dissolution dans les termes indiqués par le Conseil constitutionnel. » Seulement, le président de l’Assemblée nationale a tenu à rappeler courtoisement au chef de l’État « qu’à la date du 6 septembre 2024, vous nous avez notifié par courrier n°000493/PR, la date arrêtée pour la Déclaration de politique générale, soit le 13 septembre 2024 ».
Pour finir, Amadou Mame Diop a assuré que « l’Assemblée nationale, Institution de la République, demeure disposée à effectuer toutes les tâches au programme de sa présente session extraordinaire tant qu’elle sera habilitée à le faire ». On saura dans quelques heures jusqu’à quand durera cette « habilitation ».
LA MIGRATION NE PEUT ÊTRE EXPLIQUÉE UNIQUEMENT SUR LA BASE DE LA RECHERCHE D’EMPLOI
Aly Tandian, Professeur titulaire en Sociologie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, analyse et révèle qu’au Sénégal, les jeunes migrent par devoir, par honneur, par fierté et surtout pour éviter la honte à leurs familles
La migration irrégulière notamment par voie maritime continue de multiplier son lot de victimes. Des pertes en vies humaines et des personnes portées disparues sont enregistrées sans cesse dans le pays. Interrogé sur le sujet, Aly Tandian, Professeur titulaire en Sociologie à l’UFR des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, analyse et révèle qu’au Sénégal, les jeunes migrent par devoir, par honneur, par fierté et surtout pour éviter la honte à leurs familles. Le consultant international et Président de l’Observatoire Sénégalais des Migrations estime que la migration est comme une charge mentale, morale et émotionnelle. Des éléments qui, selon lui, justifient que les migrations ne peuvent pas être expliquées uniquement sur la base de la recherche d’emploi ou de la pauvreté.
Quelle analyse faites-vous de la situation actuelle de la migration irrégulière ?
Le départ massif de candidats à la migration irrégulière ne cesse de prendre des proportions implorantes, mobilisant des questionnements à la fois au pays de départ le Sénégal, aux pays de transit et d’arrivée, la Mauritanie et l’Espagne. Le nombre de migrants irréguliers arrivés dans l’archipel des Canaries entre le 1er janvier et le 15 août a plus que doublé par rapport à la même période l’an dernier, passant de près de 10.000 à plus de 22.000, selon les chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur. Je ne suis pas sûr que les départs s’arrêtent car habituellement en automne, entre septembre et décembre, il y a des vagues importantes malgré les campagnes de sensibilisation et les moyens mobilisés pour contrôler les frontières.
Parlez-nous de la visite du Premier ministre espagnol en Mauritanie, en Gambie et au Sénégal ?
Récemment l’Espagne, à travers son Premier ministre, a proposé à la Mauritanie, à la Gambie et au Sénégal une politique de «migration circulaire» ; il s’agira d’accueillir en Espagne des personnes en activité pour couvrir un besoin de main d’œuvre spécifique. Je signale au passage que ce n’est pas la première fois car il y a eu des initiatives similaires. Dans le passé, en 2007, il y a eu un envoi de femmes sénégalaises et plus précisément à Huelva, à Almería, dans le Sud de l’Espagne pour la cueillette de fraises. Malheureusement, ces femmes dans la grande majorité ont quitté les activités agricoles préférant fuir ou rejoindre des parents établis dans d’autres pays. Ces femmes en majorité sont urbaines alors que l’Espagne espérait accueillir des femmes rurales et travailleuses agricoles. Cette tentative de migration circulaire s’est soldée d’un échec et à ce jour il n’y a pas eu de bilan ou d’évaluation au Sénégal. Des personnes en charge de la sélection des travailleuses agricoles ont profité de la migration circulaire pour en faire une monnaie politique. Je pense qu’il faut de la rigueur et du sérieux de la part de nos politiques pour réussir une migration circulaire comme il en est le cas au Maroc, en Honduras, en Colombie, en Équateur, en Argentine et en Uruguay, des pays qui développent une politique de migration circulaire avec l’Espagne.
Quelles sont les causes ?
Entre autres difficultés que nous avons, c’est la connaissance des causes exactes des migrations irrégulières. Sortir des causes matérielles et se pencher aux causes immatérielles et surtout celles qui sont proposées par les candidats à la migration. Nos récents résultats de recherches nous renseignent que les jeunes migrent parce qu’il leur est impossible de gagner assez et d’épargner. Ils migrent à cause de la pénibilité du travail et du faible salaire. Ils migrent parce que les bénéfices gagnés n’appartiennent pas au travailleur. Ils migrent à la suite de la pression des parents. D’autres personnes interrogées soutiennent qu’elles migrent à cause d’un manque de financement à la suite de plusieurs demandes faites. Elles migrent pour acquérir plus de prestige au sein de leur famille ou de leur communauté. Enfin, des jeunes nous disent qu’ils migrent parce que la pêche n’est plus rentable à cause de la présence de chalutiers étrangers. Ils migrent à cause de l’angoisse, du sentiment d’abandon et de la frustration. En résumé, deux points sont à retenir. Le premier point, la migration est une charge mentale suivant les injonctions sociales, une charge morale si l’on prend en compte les pressions familiales et enfin une charge émotionnelle, c’est-à-dire on voyage pour le bien-être personnel. Le deuxième point, les jeunes migrent par devoir, par honneur, par fierté et surtout pour éviter la honte.
Quels sont les profils des candidats aux migrations irrégulières ?
Il faut souligner que de plus en plus de jeunes et d’enfants sont sur les routes migratoires. Les statistiques récentes nous confirment une juvénilisation des candidats à la migration irrégulière. Il faut se demander si les jeunes partent ou bien on les fait partir. Autre chose, ily a davantage de femmes et de filles qui partent. L’envie de se réaliser à travers le voyage a restructuré les rapports sociaux de sexes. En clair, les migrations irrégulières ont aidé à redéfinir les nouvelles responsabilités. Par conséquent, il y a lieu de faire une déconstruction dans nos analyses et réponses politiques. Enfin, il y a un éclatement des destinations, une sorte de démocratisation des routes migratoires irrégulières. Selon les ressources économiques, les candidats à la migration irrégulière sont sur les routes de «Barca ou Barsaax» de «Mbeuk Mi» (les routes du désert) et des Amériques (Nicaragua). Ces typologies de routes nous renseignent également sur le rétrécissement des risques, la peur ou la détermination des candidats à la migration irrégulière.
Quelle est la réponse de l’Etat du Sénégal ?
L’État du Sénégal a fourni des efforts. Récemment, il y a eu une mobilisation des Forces de défense et de sécurité. Il ne faut pas minimiser les résultats obtenus. En 2010, il y a eu la criminalisation des migrations irrégulières. Il y a eu aussi la présence de l’Agence de l’Union européenne chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures de l’espace Schengen, le Frontex. Tout cela nous montre les efforts mobilisés. Mais, n’empêche, les migrations irrégulières demeurent. Je pense qu’il faut analyser la migration comme un fait social ; par conséquent il faut une réponse sociale. Il nous faut un discours moins polarisé et qui reconnaît les difficultés des populations, qu’elles soient les parentèles ou les progénitures. Au Sénégal, ces dernières années, ily a eu une superposition de crise qui a fait perdre aux populations locales de l’espoir, de l’emploi et de la confiance malgré les nombreuses promesses faites. Si certains ont préféré se tourner vers la violence, d’autres ont préféré prendre les routes migratoires irrégulières. Je pense qu’il faut prendre le temps d’analyser tout cela et apporter des réponses basées sur des évidences scientifiques. Pour le moment, ceux qui doivent apporter des réponses sont dans la désolation, l’indignation ou l’inquiétude qui ne vont pas nous aider. Il faut des politiques sensibles aux profils des candidats à la migration irrégulière. Il faut sortir de ces campagnes de sensibilisation faites dans les zones de départ et s’interroger sur ce qui ce passe dans les zones d’origine, il faut des réponses spécifiques construites à partir d’ici. Il faut que la migration soit dans l’agenda de nos politiques et enfin élaborer une véritable gouvernance des migrations et non une simple gestion des migrations.
LE CHOC JARAAF-GF EN OUVERTURE DU CHAMPIONNAT NATIONAL
La Ligue sénégalaise de football professionnel a procédé hier, mercredi 11 septembre, au tirage au sort du calendrier du championnat de Ligue 1 2024-2025 dont le coup d’envoi est programmé entre le 12 septembre et le 19 octobre prochains.
Le tirage au sort du calendrier de la nouvelle saison de Ligue 1 sénégalaise 2024-2025 a été effectué hier, mercredi 11 septembre, par la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp). Le passage du nombre de d’équipe de 14 à 16 équipes est l’innovation de cet exercice. Cette nouveauté permet selon les responsables de la Ligue pro une compétition encore plus relevée. Il constitue également une avancée significative pour le football professionnel sénégalais et le développement du football au niveau des régions. Le choc Jaraaf- Génération et en ouverture donnera le coup le coup d’envoi du championnat de Ligue 1 programmé le 12 ou le 19 octobre prochain.
La Ligue sénégalaise de football professionnel a procédé hier, mercredi 11 septembre, au tirage au sort du calendrier du championnat de Ligue 1 2024-2025 dont le coup d’envoi est programmé entre le 12 septembre et le 19 octobre prochains. Avec comme innovation l’augmentation du nombre d’équipe de 14 à 16 équipes. Une nouveauté qui permet selon les responsables de la Ligue pro de relever un peu plus la compétitivité des équipes. Cette nouvelle configuration avec l’augmentation du nombre des clubs issus des régions constitue, selon Pape Momar Lô vice-président de la Ligue pro, une avancée significative pour le football professionnel sénégalais et le développement du football au niveau des régions.
« Nous avons mis en avant les matchs phares et les derbys depuis maintenant 9 saisons, ainsi que le derby des promus en Ligue 1, Bambèye et Kaffrine. Des équipes de National 1 très ambitieuses et elles l’ont montré l’année dernière. Ce sont des équipes qui veulent jouer les grands rôles au niveau de la Ligue professionnelle. Au cours des cinq dernières années, on a constaté que les équipes de Dakar représentaient 70% des effectifs de la Ligue professionnelle », a-t-il déclaré.
« LE CALENDRIER BOUCLÉ SELON LES NORMES ANNONCÉES PAR LE CALENDRIER INITIAL »
Le responsable de la Ligue pro a saisi l’occasion pour présenter les fait saillants de la saison écoulée et les acquis obtenus en termes de maitrise du calendrier et d’attractivité des matchs.
« Le premier aspect à souligner est le calendrier. L’année dernière à pareilles heures, nos discussions portees sur la maitrise du calendrier parce que nous avions eu beaucoup de perturbations lors de la saison 2022-2023. Nous avons pu terminer le 6 août et la Coupe du Sénégal, le 23 août. Cette année, nous avons bouclé le calendrier selon les normes annoncées par le calendrier initial. Nous avons démarré le 28 octobre pour terminer 31 mai. Contrairement à la saison 2022-2023, avec seulement une semaine de décalage », a déclaré Pape Momar Lo avant de poursuivre : « Nous avons terminé le championnat le 13 juin pour des raisons que l’on connait. Il y a des cas de réserves, il fallait attendre un peu, jouer sur l’éthique et la responsabilité. Il s’agissait de mettre l’équilibre dans la programmation des matchs. Il y a eu un décalage de 10 jours par rapport au calendrier initial. A ce niveau, on peut être très satisfait ».
« Nous avons tenu compte des contraintes rencontrées, y compris les ajustements liés a la CAN pendant laquelle nous avons fait le pari de jouer au moins trois journées de championnats. Ce qui n’est pas toujours évident. Nous avons joué au moins trois journées. Nous avons également eu des contraintes d’ordre politique au mois de février et au mois de mars. Il y a eu beaucoup de perturbations au mois de mars. Cela ne nous a pas empêcher de maîtriser le calendrier. Ces évènements ont bloqué le déroulement des coupes de la Ligue. Des ajustements liés aux incidents et aux obligations de la CAN ont également été des contraintes », indique-t-il.
Le responsable de la Ligue pro a également évoqué les faits de violence et les matchs qui ont émaillé la saison. «Nous ne devons pas ignorer les faits de violence. Sur les 364 matchs disputés, nous avons identifié 8 qui ont été émaillés par des incidents majeurs », a-t-il noté.
L’ATTRACTIVITÉ DU CHAMPIONNAT, UN OBJECTIF CLÉ
Sur la base des statistiques, il n’a pas manqué de donner une mesure de l’attractivité du championnat sénégalais et le niveau de fréquentation des stades durant la dernière saison. Les statistiques ont ressorti la présence de 182 915 spectateurs payant en Ligue 1. Pour la meilleure affluence en Ligue 1, c’est l’As Pikine qui se retrouve au sommet de la pyramide avec 42 616 spectateurs. Elle est suivie du Jaraaf et de Teungueth FC. « Des clubs comme l’AS Pikine attire à elle seule 42 616 personnes pour les meilleures affiches. En Ligue 2, la fréquentation est restée plus modeste, avec environ 1 136 spectateurs par journée, contre 7035 en Ligue 1. Cependant, des équipes comme Ajel et Wallydan ont réussi à attirer 60 % de l’affluence totale de la Ligue 2. «L’amélioration de l’attractivité du championnat demeure un objectif clé », a précisé Pape Momar Lo.
UN CHOC JARAAFGÉNÉRATION FOOT ET DES DERBIES POUR LANCER LE MARATHON
Auparavant, le directeur exécutif, Amsatou Fall, promet également d’intéressantes affiches au cours de l’exercice 2024. Comme c’est le cas lors de la première journée avec le choc Jaraaf- Génération Foot et d’autres autres derbies pour lancer le marathon du championnat. « Le choc le plus attendu est le match d’ouverture choc entre deux grands clubs du pays : Jaraaf et Génération Foot. Il y a aura également pour la première journée d’autres matchs non moins entendus comme le derby Guédiawaye- Ouakam, les retrouvailles Ajel-Walidane, les deux promus, Casa Sports-Sonacos, Linguère-Jamono, Teungueth-Hlm, Dakar Sacré Cœur-As Pikine. C’est un tirage intéressant et il y a toujours des derbies. Quand il y a 16 équipes et 8 rencontres, l‘objectif est d’avoir de la compétitivité. On va faire plus de matches de coupe du Sénégal. En Ligue 2, il y a pas mal de matchs intéressants avec le derby Lébou entre Camberène et Yoff, Bambèye-Kaffrine. Nous souhaitons une bonne saison et qu’il ait moins de violence », a-t-il relevé.
AFFICHES DE LA PREMIERE JOURNÉE
US Gorée - Oslo FA
Dakar Sacré-Cœur- AS Pikine
Guédiawaye FC-US Ouakam
Linguère de Saint- Louis -Jamono Fatick
Jaraaf- Génération Foot
AJEL -Wallydaan
Teungueth- HLM
Casa Sports -Sonacos
Par Vieux SAVANÉ
EN ATTENDANT LA RUPTURE SYSTÉMIQUE
A moins de vouloir bâtir un « Etat pastéfien », le ministre Ibrahima Sy n’est assurément pas à sa place. A plusieurs niveaux s’expriment des préoccupations aux antipodes de l'espérance de rupture. Le sillon de la désinvolture s'élargit
L’animateur Boubacar Diallo allias Boub’s, racontait hier mercredi, lors de l’émission « xew xewu jamano » sur Iradio, une anecdote vécue. Un jeune homme de ses connaissances qui lui a demandé s’il ne connaissait pas une personne en besoin de rein à acheter après que ce dernier lui ait demandé de patienter jusqu’au lendemain pour qu’il puisse répondre à sa sollicitation. Il était donc prêt à se livrer à une telle transaction après avoir vu des émissions de télévision s’épancher sur l’existence de ces pratiques. Cette demande glaçante, qui rend compte d’une désespérance dont la survenue correspond à une période d’embrouille où l’on ne sait plus où donner de la tête. A l’image de cette série macabre de pirogues migratoires qui continuent d’embarquer les rêves de nombre de jeunes escomptant échouer sur la terre ferme des Iles Canaries assimilée à un eldorado. Si d’aucuns y arrivent, un grand nombre bascule dans un cauchemar, engloutis dans les profondeurs océanes suite à un naufrage. Ainsi vit-on au Sénégal, depuis quelques jours, au rythme insoutenable de corps régurgités par la mer, repêchés et ramenés sur les plages. Ce sont de jeunes hommes et femmes, de toutes conditions sociales, qui se livrent à cet exercice où même les bébés ne sont pas épargnés.
« Barça ou Barsax », lancent-ils en chœur portés par une sorte de loterie qui tutoie la vie ou la mort. A jeu égal. Même si l’on se demande pourquoi se risquent-ils à cela plutôt que de tenter tout ce qu’il est possible pour s’en sortir chez eux, tels l’auto-entreprenariat, l’investissement dans l’agriculture, il demeure que cela interroge nos chercheurs, nos sociologues, pour expliquer ce qu’il se passe jusqu’à libérer autant de pulsions suicidogènes.
Un questionnement d’autant plus nécessaire que l’on se souvient qu’en 2000, avec l’avènement de la première alternance politique, 40 ans après l’indépendance, il y avait une grande respiration démocratique avec une libération fulgurante de poumons longtemps comprimés et qui pouvaient se réoxygéner enfin. Il y avait une forte espérance qui s’est déversée avec une vague de jeunes diplômés qui ont pris le pari de quitter un travail bien rémunéré en Europe, à l’appel d’un opposant historique qui les avaient entraînés dans ses promesses de transformation du visage du Sénégal et de leurs quotidiens respectifs.
Un espoir structuré autour d’un slogan mobilisateur : « Travailler. Toujours travailler. Encore travailler » leur a été proposé comme catalyseur. Avec en arrière fond les promesses d’un changement institutionnel : Une justice ; des organes de contrôle qui font leur travail ; un Etat protecteur et non partisan. Très rapidement, la désillusion a douché les espoirs lorsque les propos de jour de victoire de l’opposant historique ont été étalés sur la place publique. « Nos problèmes d’argent sont maintenant terminés », avait-il confié à son directeur de campagne, s’inscrivant ainsi dans la perpétuation d’un Etat vache à lait et nourricier. Le désenchantement s’en était suivi. Comme un chat échaudé craignant l’eau froide de la désillusion, nombre de gens aux préjugés favorables sont dans l’attente de voir que cette nouvelle alternance portée par la jeunesse va dans le bon sens.
Loin d’être prometteurs, les premiers signaux laissent d’ailleurs penser que les promesses de campagne ne valent que pour celles et ceux qui y croient. Les appels à candidature et la rationalisation des agences mis en berne, on continue de nommer aux postes de direction comme si de rien n’était, sous prétexte qu’il y a des préalables administratifs qui ne sont pas encore au rendez-vous. Les fonds politiques naguère décriés sont toujours de mise. La rupture ensevelie, la continuité s’éternise. Un surplace incroyable bercé par un regard politicien qui tourne le dos à l’intérêt général. L’obsession partisane en lieu et place de l’empathie pour autrui. Le patriotisme de parti au-dessus de la patrie. Avec une telle vision, il va de soi que l’on ne s’en sortira pas facilement.
A-t-on d’ailleurs idée de voir un ministre de la République, celui de la Santé, affirmer à ses partisans « donner systématiquement sa priorité aux candidatures issues du parti Pastef lorsqu’il reçoit des CV ». Tout à essayer de trouver des propos de langage censés le dégager de ce sable mouvant, Ibrahima Sy n’a fait que s’enfoncer encore plus en expliquant que dans son cabinet ministériel « il n’y a aucun profil politique ». A l’en croire, il privilégie toujours les compétences, l’expérience et le savoir-faire pour qu’en définitive, les résultats priment sur toutes les autres considérations. Et de s’égarer dans l’indéfendable en affirmant : « A compétence égale, je ne pense pas que cela soit un délit de promouvoir un cadre de Pastef qui est aussi un Sénégalais bien méritant ». Là n’est surtout pas la question puisque la nomination doit être « aveugle », c’est-à-dire basé exclusivement sur la compétence comme le souhaiterait la tradition républicaine. A moins de vouloir bâtir un « Etat pastéfien », force est de constater que le ministre Ibrahima Sy n’est assurément pas à sa place. Il devrait plutôt se retrouver au niveau des instances du parti et laisser la place à une personne autre dont l’obsession est le Sénégal.
La rupture dont il est question consiste à s’engager à ce que plus jamais, le parti ne soit mis au centre de la gouvernance étatique. Au regard de tout ce que l’on observe, malheureusement il faut se résoudre à l’idée que cette éventualité n’est pas pour demain. A plusieurs niveaux s’expriment en effet des préoccupations aux antipodes de cette espérance. Aussi est-on en droit de s’inquiéter en constatant que s’élargit le sillon de la désinvolture.
Ainsi en est-il du ministre Oumar Diagne et son engagement à ériger une mosquée à la présidence. Pays de croyants, de brassages culturels, ethniques comme on se plait à le rappeler, surtout en cette veille de Maouloud, il y a donc à traiter les Sénégalaises et les Sénégalais avec une égale dignité, en évitant de s’inscrire dans une logique de majorité et/ou de minorité confessionnelles. Dans la perspective qu’il dessine, Oumar Diagne nie les autres à moins de les considérer comme des citoyens de seconde zone. Qu’il penche pour la construction d’une mosquée en lieu et place de salles de prières aménagées l’oblige à penser à celle d’une chapelle pour les fidèles chrétiens, d’un autel pour les adeptes des religions traditionnelles. Le palais de la République faut-il le rappeler, appartient aux Sénégalaises et aux Sénégalais quelles que soient leurs origines et aucune exclusion n’y est tolérable.
La perpétuation du système, c’est encore cette chose incompréhensible qui voit un pan de l’avenue Léopold Sédar Senghor barricadé, interdit à la circulation piétonne. De telles dispositions n’avaient pas cours sous Senghor ni sous Abdou Diouf ni sous Abdoulaye Wade, à part une gestion ponctuelle de manifestations dans cet espace sensible. C’est sous Macky Sall qu’un tel dispositif a été mis en place. Il est donc à déplorer que les nouvelles autorités s’installent dans ce sillage, privant les populations et les touristes comme naguère de continuer à admirer la devanture du Palais et de se faire photographier avec les gardes rouges. Il est plus que temps de s’investir dans ce qui répond aux attentes urgentes des populations et enrichir son système démocratique.
Démystifier le pouvoir, c’est en domestiquer les apparences en déroulant une simplicité subversive toute tournée vers l’amélioration des conditions de vie des populations, en se positionnant comme un serviteur soucieux de leur bien-être. Les enjeux sont dans l’effectivité des réponses apportées et non dans les effets d’annonce, encore moins dans les foucades.
Une manière de rappeler que le bail de cinq ans qui a été contracté avec le nouveau pouvoir est de transformer le pays autour des urgences que sont l’emploi, l’agriculture, l’école, la santé. Et parce que le temps presse, il est important de prendre exemple sur des expériences concluantes à l’image de Singapour qui a montré que le possible est le chemin, à condition de s’en donner les moyens avec détermination et rigueur. Aujourd’hui, il est le premier pays au monde en enseignement des mathématiques et des sciences, le troisième pays le plus riche au monde. Toutefois, s’il est vrai que les tenants du pouvoir sont aux manettes depuis quelque six mois, il est prématuré de juger sauf à dire que l’on ne sent pas frissonner des pratiques prometteuses. En attendant l’impatience sourde
Par Fadel DIA
ET SI NOUS-MÊMES NOUS NOUS CHANGIONS (SYSTÉMIQUEMENT) ?
Il n’y a pas eu le moindre sursaut de civilité ou de civisme pour accompagner le nouveau gouvernement. Changer, pour les nouveaux gouvernants c’est aussi « réactualiser » leurs promesses d’opposants car ils avaient à la fois trop promis et mal promis
C'est l’un de ses plus illustres théoriciens, et peut-être même l’inventeur de la notion, qui nous a enseigné que la démocratie ce n’était pas seulement gouverner, c’est aussi être gouverné. Etre gouverné est une vraie compétence et aucun gouvernant ne peut atteindre ses buts sans la participation de ceux qu’il gouverne.
Voilà pourquoi la nouvelle équipe qui dirige notre pays depuis près de cinq mois et qui nous avait promis, un peu imprudemment peut-être, des changements « systémiques », aurait dû aussi nous rappeler que ceux-ci ne sont possibles que si nous-mêmes acceptions de changer. Ses chefs, dont on vante la piété, auraient pu appeler en renfort ce précepte du Coran selon lequel Dieu ne change pas un peuple tant que celui-ci ne fait pas lui-même l’effort de se changer. Quand on a l’ambition de bouleverser de fond en comble la gestion de la « chose publique » (puisque c’est la définition de « république ») il faut garder à l’esprit que la « chose publique est la chose du peuple », qu’on n’y peut rien changer sans sa participation, que ce ne sont pas les bonnes lois qui font les bons citoyens, mais les bons citoyens qui font les bonnes lois. Enfin, après nous avoir appelé à notre responsabilité, et en se fondant sur l’évaluation qu’ils avaient dû faire de l’État de la nation, les nouveaux maitres du pays auraient pu s’inspirer, de Winston Churchill cette fois, et nous avertir que les sacrifices auxquels nous aurons à consentir ont un coût et qu’avant de connaitre des jours meilleurs, nous vivrons probablement des jours difficiles …
Aucune de ces précautions n’a été prise et c’est peut-être faute d’avoir été appelés à la rescousse, faute d’avoir été mis face à leurs responsabilités, que les Sénégalais se comportent comme si rien ne s’était passé. Ils avaient pourtant vécu une élection sans bavures, ils avaient porté au pouvoir un homme encore vierge des tares des politiciens professionnels et qui était en prison quelques jours avant le scrutin, ils avaient assisté à l’avènement de la première vraie alternance politique qu’ait connue leur pays, pour ne pas dire à un changement de régime, et pourtant ils n’ont pas été en mesure de faire éclore une sorte de « printemps (un pré-hivernage ?) du peuple » … et, surtout, ils n’ont renoncé à aucune de leurs mauvaises habitudes. Ce n’est pas seulement qu’ils ne les ont pas changées, c’est à se demander s’ils ont conscience qu’il faut les changer pour que change la gouvernance du pays. Ils ne sont donc pas sortis dans la rue pour proclamer solennellement que plutôt que de demander ce que leur pays pouvait faire pour eux, ils demanderont désormais ce qu’ils pouvaient faire pour lui, afin de le sortir des terrains minés dans lesquels il s’est embourbé depuis des décennies. Il n’y a pas eu, dans tout le Sénégal, le moindre sursaut de civilité ou de civisme pour accompagner le nouveau gouvernement, et plus que jamais les Sénégalais se battent pour conserver des privilèges ou des passe-droits, pour solliciter des récompenses ou des prébendes !
Les accidents de circulation se sont multipliés, à une fréquence jamais atteinte et pour les mêmes raisons qu’auparavant, et pourtant il n’y a eu nulle part de mouvement de foule pour boycotter les bus surchargés, aux pneus usés ou simplement crasseux. Le dernier accident en date, et sans doute le plus monstrueux (16 morts calcinés, 16 blessés graves…) n’a même pas fait le principal titre du journal télévisé de la RTS qui, au moins dans ce domaine, n’a pas non plus changé : elle était en Chine !
L’exode des jeunes ne s’est pas tari, il s’est même accéléré, avec quelquefois le soutien des familles, par des voies encore plus périlleuses. Jamais il n’a fait autant de victimes en si peu de temps, le dernier naufrage en date qui s’est fait à notre porte, a paru si banal qu’il n’a suscité aucune manifestation à portée nationale. C’est, d’une certaine, manière, une forme de camouflet pour le nouveau pouvoir, comme si notre jeunesse doutait qu’il puisse tenir ses promesses de campagne, alors que c’était elle qui avait le plus contribué à sa victoire et qu’elle en a payé le prix.
Tout comme autrefois, la moindre mesure de salubrité et d’hygiène provoque la colère des populations … et fait reculer l’autorité chargée de la garantir. Une des illustrations les plus symboliques de cette apathie générale, c’est que l’idée de Journée nationale du set setal est une décision de l’Etat alors qu’elle aurait dû être, comme il y a quelques années, une initiative citoyenne et populaire, elle a des relents de corvée et notre passé colonial nous a enseigné que les corvées sont sans avenir.
Nous avons continué à penser que le trottoir était un lieu de commerce ordinaire, ou le prolongement de notre maison et que nous pouvions nous l’approprier, y installer des barrages, voire de petits bois sacrés ou toutes sortes d’obstacles qui obligent les piétons à disputer la chaussée avec les véhicules ou à marcher dans la fange…
On ne peut pas clore cette liste, loin d’être exhaustive, des actes et comportements qui traduisent notre incivisme et notre penchant à violer les lois qui fondent ce que Senghor appelait « notre commun vouloir de vie commune », sans évoquer un de ses grands regrets : notre manque de ponctualité. Contrairement à nous, le président poète avait compris que l’exactitude n’est pas seulement la politesse des rois, mais qu’elle est la botte secrète du développement de certaines démocraties avancées.
Mais, me dira-t-on, véniel que tout cela ! Les vrais changements, c’est ailleurs qu’il faut les chercher, il faut aller aux principes que diable ! C’est vrai, mais outre que cela nous conduirait très loin, et qu’ils se font attendre, on ne peut pas nier que ces petits « riens » que j’ai évoqués sont non seulement ceux qui pourrissent notre vie quotidienne mais aussi ceux dont la solution est à notre seule discrétion. C’est parce que nous les prenons à la légère que tous nos espaces sensoriels se rétrécissent comme une peau de chagrin ,à commencer par notre espace visuel qui se réduit de jour en jour par le surgissement inopiné dans notre proche environnement, sur des espaces qui n’y étaient pas préparés et au mépris des règles d’hygiène et des lois de l’architecture, d’immeubles, voire de tours, qui nous cachent le soleil ou la mer, nous privent de la fraicheur des vents, obscurcissent ou rendent étouffant notre espace vital. Notre espace auditif est quant à lui pollué par des bruits qui ne sont pas de doux chants d’oiseaux, mais des disputes de passants, voire de nos voisins, les klaxons des voitures, les bêlements de moutons affamés, les micros de marchands ambulants ou des cérémonies familiales qui squattent les chaussées et dont on ne sait pas toujours si elles célèbrent un évènement heureux ou malheureux, où ceux des lieux de culte qui donnent à croire que Dieu serait dur d’oreille ! Notre espace olfactif est envahi par les mauvaises odeurs, celles des eaux usées, des dépôts d’ordures clandestins, des canalisations éventrées ou utilisées à contre-emploi, celles des mares stagnantes. Même notre espace tactile est menacé, et en ces temps de Covid rampant, il est devenu dangereux de frôler de ses mains les rampes des escaliers dans les lieux publics ou sur les passerelles qui enjambent les autoroutes !
Si nous avons tourné une page de notre histoire, cela n’a pas encore modifié notre mode d’existence, sans doute parce que notre refus de changer est l’expression la plus parfaite de notre refus du progrès et du développement, comme nous le faisait observer une des nôtres il y a bien longtemps. Est-ce que ceux qui nous gouvernent ont conscience qu’eux aussi doivent se remettre en cause ? Car hier, ils étaient dans l’opposition, ils pouvaient donc promettre de changer le monde, mais maintenant qu’ils gouvernent, il leur faut désapprendre leur ancienne fonction et apprendre la nouvelle. C’est peut-être ce que notre Premier ministre a voulu démontrer en faisant ami-ami avec son homologue malien dont le gouvernement use en matière des droits de l’homme de pratiques dont il avait été lui-même victime il y a quelques mois. Il lui sera en revanche plus difficile de reconnaitre que si, hier, il était libre de faire des critiques, aujourd’hui il lui faut accepter d’être l’objet de critiques, et ce n’est pas facile sous nos cieux car nos dirigeants ont une fâcheuse tendance à refuser toute contrariété. Les évènements récents semblent indiquer que les nouveaux maitres du pays n’échappent pas à cette règle.
Changer, pour les nouveaux gouvernants c’est aussi « réactualiser » leurs promesses d’opposants car ils avaient à la fois trop promis et mal promis. Une réforme « systémique » c’est une réforme qui privilégie les composantes du système sur les causes, c’est une réforme globale qui va au fond des choses et évite de s’égarer dans l’accessoire et dans les fantasmes des réseaux sociaux, et force est de reconnaitre qu’ils se sont trop attardés sur des détails. Car c’était un détail que cette querelle sur le voile, survenue au pire moment, qui n’a fait que réveiller des rancœurs et des suspicions. C’est encore un détail que cette publicité autour d’une forme de spoil system inédite, précipitée, d’une ampleur sans précédent au Sénégal et qui, en moins de cinq mois, a opéré près de 500 nominations de nouveaux responsables dans notre administration et dans nos institutions. Outre le reproche porté sur cette opération, accusée d’être le reniement d’une promesse et une forme de discrimination, elle est loin d’être conforme à l’usage qui en est fait dans le pays qui l’a inventée. A titre de comparaison, aux Etats-Unis ce sont seulement 0,002% des fonctionnaires fédéraux qui sont éligibles à cette procédure (soit 4000 sur 2.000.000 !), et pour un tiers d’entre eux, l’avis favorable du Congrès est nécessaire.
Enfin, et pour conclure, avons-nous les moyens d’une réforme « systémique » ? L’histoire a montré que ce genre de réformes mène généralement aux mêmes paradoxes et que ceux qui les ont promulguées et qui sont chargés de leur exécution sont souvent paralysés par l’ampleur de la tâche et sa complexité. Lorsqu’ils les mettent à l’œuvre ils courent le risque de tomber dans des excès de pouvoir et dans des aveuglements qui dressent contre eux, quelquefois inutilement, la majorité de leurs concitoyens. Alors, changement pour changement, pourquoi ne pas préférer un changement, un vrai, profond et salutaire, mais qui se ferait étape par étape, de proche en proche et qui ferait l’économie de querelles inutiles et de règlements de comptes. C’est une façon de reconnaitre cette réalité : rien n‘est plus difficile à gouverner qu’un être doué de raison !
LE TEMPS DE DIOMAYE
L'Assemblée nationale est suspendue à la décision du président de la République concernant une éventuelle dissolution
La dissolution de l’Assemblée nationale, qui est sur toutes les lèvres, sera-t-elle entérinée aujourd’hui par le régime en place ? On ne saurait donner de réponse que seul le régime en place détient. Celui-ci, sur la base de la Constitution, dispose de ce droit après les deux ans d’existence de cette XIVème législature. Une dissolution qui, si elle intervient, annule de fait tout simplement la Déclaration de politique générale du Premier ministre et suscitera un débat sur la légitimité du président Bassirou Diomaye Faye à la tête du pays.
L’heure de la dissolution de l’Assemblée nationale a sonné. C’est aujourd’hui que cette dissolution doit intervenir comme le stipule la Constitution. Le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye avait posé un acte légal allant dans le sens de mettre fin à la XIVème Législature, après ses deux ans d’existence. C’est sous ce rapport qu’il avait saisi le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, d’une correspondance référencée n°313/Pr en date du 9 septembre (avant-hier mardi) pour une demande d’avis, conformément à la Constitution. En réponse à la lettre du chef de l’Etat, le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, a tranché. «J’ai l’honneur de porter à votre haute attention que je n’ai pas d’objection à une procédure de dissolution dans les termes indiqués par le Conseil constitutionnel», détaille le président Diop.
Ce dernier a tenu à rappeler courtoisement au chef de l’Etat : «A la date du 6 septembre 2024, vous nous avez notifié par courrier n°000493/Pr, la date arrêtée pour la Déclaration de politique générale, soit le 13 septembre 2024.» Pour finir, souligne L’Observateur, Amadou Mame Diop a réaffirmé que «l’Assemblée nationale, institution de la République, demeure disposée à effectuer toutes les tâches au programme de sa présente session extraordinaire tant qu’elle sera habilitée à le faire».
Avant le Parlement, le chef de l’Etat sénégalais avait recueilli l’avis du Conseil constitutionnel, lui donnant le feu vert à partir du 12 septembre (aujourd’hui). Il y a beaucoup d’agitation autour de cette question.
Les députés de Benno bokk yaakaar (Bby), à travers le président de leur groupe parlementaire, Abdou Mbow, avait annoncé une proposition de loi visant à retirer au Président Diomaye Faye les prérogatives de dissoudre l’Assemblée nationale pour s’afficher contre cette volonté du chef de l’Etat. Lui reprochant ainsi de n’avoir rien fait pour obliger son Pm Ousmane Sonko à se présenter devant eux pour faire sa Déclaration de politique générale (Dpg) après la mise à jour du Règlement intérieur. Se pliant ainsi à la condition fixée par le Pm pour venir dérouler sa Dpg.
Après le rejet du projet de loi du président de la République visant à dissoudre le Cese et le Hcct par les députés de la majorité, ces derniers verront le chef de l’Etat prendre un décret pour limoger les présidents de ces deux institutions que sont respectivement Abdoulaye Daouda Diallo et Aminata Mbengue Ndiaye, issus du régime sortant.
La motion de censure des députés de l’opposition pour «destituer» le gouvernement du Pm Ousmane Sonko fait réagir le Président Bassirou Diomaye Faye, qui convoque l’Assemblée nationale en session extraordinaire.
Faisant partie des points à examiner durant la session extraordinaire, la Dpg a fini par être fixée pour demain, vendredi 13 septembre, par le président de la République. Ce dernier a eu le dernier mot sur la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale, qui avait voulu qu’elle se tienne hier 11 septembre, veille de la dissolution du parlement. Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye passera-t-il à l’acte ? On n’en est pas certain pour dire ce qui adviendra de cette XIVème législature. Mais s’il ne dissout pas l’Assemblée nationale, on pourrait dire que le chef de l’Etat reste sur sa ligne, qui est que son Premier ministre tienne sa DPG. En tout cas, ce dernier avait donné l’assurance qu’une motion de censure ne sera pas déposée par les députés de l’opposition avant le 12 septembre (aujourd’hui). Affirmant que ceux qui s’acharneraient à déposer une telle motion «auront autre chose à faire que d’être députés à l’Assemblée nationale».