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16 juin 2025
SIGNE D'UNE FIN DE CRISE
Mardi 20 août, un million de barils de brut stockés dans les cuves du port béninois de Sèmè-Kpodji a pu être chargé sans encombre sur un tanker y ayant accosté comme prévu quelques jours plus tôt pour être exporté
Niamey et Porto-Novo sont-ils sur le point d’enterrer la hache de guerre après des mois de crise diplomatique sur fond de blocage des exportations de pétrole ? Mardi 20 août, un million de barils de brut stockés dans les cuves du port béninois de Sèmè-Kpodji a pu être chargé sans encombre sur un tanker y ayant accosté comme prévu quelques jours plus tôt pour être exporté, selon plusieurs sources officielles béninoises et nigériennes.
« C’est un premier pas vers la normalisation des relations » entre la junte nigérienne au pouvoir depuis son coup d’Etat de juillet 2023 et le Bénin, se réjouit un membre du gouvernement à Porto-Novo.
Depuis que le Niger, pays enclavé, est devenu exportateur d’or noir début 2023 grâce à l’inauguration en mars d’un pipeline permettant au brut puisé dans les gisements d’Agadem, dans l’est du pays, d’être acheminé jusqu’au Bénin en vue d’être vendu sur les marchés internationaux, le pétrole est au cœur d’un imbroglio diplomatique entre Niamey et Porto-Novo.
Si Niamey n’a toujours pas donné son feu vert ni à la reprise de la production à Agadem, ni rouvert sa frontière avec le Bénin, le succès de ce deuxième export, après celui qui était resté bloqué plusieurs semaines en mai, signe l’amorce d’un dégel...
Ces dernières semaines, Pékin a multiplié les pressions sur le Niger et le Bénin pour qu’ils honorent les termes du contrat tripartite encadrant l’export du brut, signé en 2019. Une médiation chinoise, envoyée mi-mai à Cotonou et à Niamey, avait permis de débloquer le premier export d’or noir depuis les côtes béninoises.
Mais, en parallèle, la Chine s’est vue proposer par le gouvernement nigérien une solution alternative qui a crispé la CNPC, selon plusieurs sources : abandonner l’export du pétrole depuis le Bénin pour privilégier la voie de l’est, à savoir le Tchad.
L'IDENTITÉ LIBÉRÉE
Patrick Chamoiseau, héritier de Glissant et Césaire, invite à repenser le rapport au monde. Fini les cases et les frontières, place à la fluidité et à l'interconnexion. Et si l'identité était comme le vent, insaisissable et libre ?
(SenePlus) - Dans le paysage littéraire et philosophique antillais, une voix s'élève pour célébrer la complexité de l'identité et la richesse de la diversité culturelle. Patrick Chamoiseau, héritier spirituel d'Édouard Glissant et d'Aimé Césaire, nous invite à repenser notre rapport à l'identité, à la culture et au monde.
"Nul ne saurait être enfermé dans un monolithe identitaire, une culture, une langue, un territoire ou une nation...", déclare Chamoiseau, faisant écho à la pensée de Glissant sur la "Relation". Cette vision rejette l'idée d'une identité figée, unique et immuable. Au contraire, elle embrasse la multiplicité et la fluidité de nos racines et de nos appartenances.
Chamoiseau poursuit en utilisant une métaphore évocatrice : "Notre arbre relationnel individuel est un rhizome, une liane, un feuillage et un souffle du vent." Cette image illustre puissamment la nature interconnectée et dynamique de notre identité, toujours en mouvement, toujours en croissance.
Cette perspective fait écho à la pensée d'Édouard Glissant qui prônait "l'indépendance dans l'interdépendance". Glissant affirmait : "Je défends l'idée de l'indépendance de la pensée et de l'action dans une interdépendance qui est nécessaire." Cette approche nuancée reconnaît l'importance de l'autonomie tout en soulignant notre interconnexion inévitable dans le monde moderne.
La poésie d'Aimé Césaire vient compléter ce tableau, apportant une dimension viscérale et cosmique à cette réflexion. Ses vers évoquent "le sang ému par le cœur mâle du soleil" et "ceux dont la survie chemine en la germination de l'herbe", rappelant notre lien profond avec la nature et l'univers.
Chamoiseau conclut en citant Césaire : "La chose à espérer, c'est le vent." Cette métaphore capture parfaitement l'essence de cette philosophie : une identité en perpétuel mouvement, insaisissable, libre, capable de traverser les frontières et de mêler les cultures.
LE MALI SOUS ALERTE
Le gouvernement malien a déclaré vendredi l’état de catastrophe nationale après des inondations qui ont fait 30 morts et 47 374 sinistrés depuis le début de la saison des pluies en juin, lors d’un conseil des ministres extraordinaire.
Le gouvernement malien a déclaré vendredi l’état de catastrophe nationale après des inondations qui ont fait 30 morts et 47 374 sinistrés depuis le début de la saison des pluies en juin, lors d’un conseil des ministres extraordinaire.
Du début de l’hivernage au 22 août, 122 cas d’inondations ont été enregistrés dans 17 régions et à Bamako. Elles ont touché 7077 ménages, faisant 47 374 personnes sinistrées, selon un communiqué du gouvernement.
Elles ont occasionné 30 décès dont 12 à Ségou, 6 à Gao, 5 à Bamako, 3 à Koutiala, ainsi que 104 blessés.
Dans le district de Bamako, la capitale, 563 ménages ont été affectés, pour un total de 4639 personnes sinistrées. La région la plus touchée est celle de Gao, dans le nord, avec un total de 9936 sinistrés.
Le Mali n’est pas le seul pays sahélien frappé par les intempéries. Au Niger voisin, les inondations ont fait 217 morts, 200 blessés et plus de 350 000 sinistrés, selon les autorités. Au Tchad, elles ont aussi fait des dizaines de morts et des milliers de sinistrés.
Le conseil des ministres malien a adopté un plan d’organisation des secours. Il comporte des mesures comme la poursuite de la sensibilisation sur les risques d’inondation, l’interdiction formelle d’attribution de parcelles à usage d’habitation dans les zones inondables ou encore le curage des collecteurs, des caniveaux et des jonctions des voies d’écoulement d’eau.
La junte au pouvoir a également annoncé mobiliser 4 milliards de franc CFA pour faire face aux conséquences des inondations, renforcer le stock national de sécurité alimentaire et apporter l’assistance nécessaire aux ménages touchés.
ALERTE AUX RISQUES DE DÉBORDEMENT DU FLEUVE SÉNÉGAL
Le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement invite les populations riveraines et les porteurs d’activités aux abords du delta et de la vallée du fleuve Sénégal à observer une ‘’vigilance maximale’’ ...
Dakar, 24 août (APS) – Le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement invite les populations riveraines et les porteurs d’activités aux abords du delta et de la vallée du fleuve Sénégal à observer une ‘’vigilance maximale’’ au passage de ‘’l’onde de crue’’ et à prendre toutes les dispositions nécessaires contre les risques de débordement de ce cours d’eau.
‘’Le ministère invite les populations riveraines et les porteurs d’activités aux abords du fleuve Sénégal à entreprendre, à observer une vigilance maximale au passage de l’onde de crue et à prendre toutes les dispositions nécessaires pour se prémunir d’éventuels dégâts qui seraient liés au débordement du cours d’eau’’, indique un communiqué parvenu à l’APS, vendredi.
Le communiqué informe que ‘’le fleuve Sénégal est à 34 centimètres de la cote d’alerte de 10 mètres à Bakel, à 39 centimètres sur 08 mètres à Matam, et 50 centimètres sur 10 mètres à Kidira’’, selon les stations hydrologiques de ces zones.
‘’Par conséquent, si la tendance pluviométrique actuelle se poursuit, le seuil critique pourrait être atteint dans les prochaines heures. Ce qui entrainerait des débordements du fleuve par endroits, notamment dans la Vallée et le Delta du fleuve’’, prévient le communiqué.
Selon la même source, le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement rassure que ‘’dans le cadre de la prévention des inondations, un suivi permanent de la situation hydrologique des fleuves Sénégal et Gambie sera assuré, à travers les stations hydrométriques installées à cet effet’’.
LE MAGAL, MIROIR D'UN SÉNÉGAL EN MUTATION
L'islam confrérique sénégalais, loin de s'effacer, se réinvente face aux défis du 21e siècle. Entre tradition séculaire et modernité assumée, c'est tout un pays qui cherche un nouvel équilibre
(SenePlus) - Dans les rues bondées de Touba, la ferveur du Grand Magal bat son plein. Chaque année, cette célébration transforme la ville sainte des mourides en épicentre spirituel du Sénégal. Mais au-delà de la dévotion religieuse, cet événement révèle les changements profonds qui s'opèrent dans les relations entre l'État sénégalais et l'islam confrérique.
Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde, Cheikh Gueye, expert reconnu et auteur d'une thèse sur Touba, offre un éclairage précieux sur ces mutations. Secrétaire général du Cadre unitaire de l'islam, il observe de près les évolutions en cours et livre une analyse nuancée de la situation.
Contrairement à de nombreux pays africains où l'islam réformiste gagne le terrain, le Sénégal voit ses confréries maintenir leur influence. Cheikh Gueye explique ce phénomène par leur capacité d'adaptation remarquable : "Ce sont les confréries qui ont répandu l'islam dans le pays au XVIIe siècle. Elles sont historiquement les premiers acteurs islamiques du pays." Il ajoute : "Elles sont nées dans le monde rural et ont longtemps été actives dans la culture d'arachide. Mais elles ont su s'adapter en accompagnant l'urbanisation."
Cette adaptabilité s'est manifestée à travers une diversification des activités économiques et une présence accumulée dans les centres urbains. "Dès les années 1950, elles s'installent dans les villes moyennes, se lancent dans le commerce, les transports… avant de mettre un pied à Dakar, et dans des secteurs économiques comme l'import-export", précise l'expert.
Plus remarquable encore, les confréries ont su embrasser la révolution numérique. "Aujourd'hui, des acteurs confrériques s'essaient à l'économie numérique. En matière de prosélytisme, les confréries ont vite pris le virage du son et de l'image, puis d'Internet et des réseaux sociaux", souligne Cheikh Gueye. Cette agilité contraste avec d'autres pays où ces domaines ont été laissés au discours réformiste ou salafiste.
Le Grand Magal, qui commémore la déportation de Cheikh Ahmadou Bamba par les autorités coloniales françaises en 1895, prend une dimension nouvelle à l'heure où le débat sur le passé colonial s'intensifie. Cheikh Gueye observe : "Aujourd'hui, des intellectuels de gauche ou des étudiants panafricains considèrent Cheikh Ahmadou Bamba comme une figure de résistance à la colonisation."
Cette relecture de l'histoire témoigne d'un rapprochement inédit entre les sphères laïques et religieuses. "Cela dit quelque chose de ce mouvement de fond où les univers laïques et religieux sénégalais se rencontrent plus que par le passé", analyse-t-il.
L'arrivée au pouvoir d'Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye a marqué un tournant dans les relations entre l'État et les confréries. Malgré les accusations de « salafisme » portées contre Sonko par ses adversaires, le nouveau gouvernement s'est empressé de tisser des liens avec les autorités religieuses.
"À peine arrivés aux affaires, M. Sonko et ses camarades ont tout fait pour faire mentir l'idée d'un froid entre eux et les tariqa", note Cheikh Gueye. "Ils se sont pliés aux traditions du pouvoir sénégalais qui reposent aussi sur des échanges de bons procédés entre le politique et le spirituel."
L'expert évoque notamment le projet de création d'un ministère du Culte, porté par Sonko : "Il veut une formalisation et une institutionnalisation des relations entre l'État et les marabouts." L'objectif affiché est de rompre avec le clientélisme et le manque de transparence qui ont longtemps caractérisé ces rapports.
La modernisation de l'État sénégalais pose de nouveaux défis aux confréries. Les réformes fiscales et foncières envisagées par le nouveau gouvernement pourraient impacter les acteurs économiques liés aux confréries. Cheikh Gueye souligne : "Il y a un défi : assurer que les travailleurs actifs dans le secteur informel ou les entrepreneurs liés à des confréries acceptent de payer les impôts 'classiques', autant qu'ils soient prêts à financer les organisations religieuses."
La ville de Touba illustre ces mêmes mutations. L'abandon récent de la police des mœurs par le khalife des mourides témoigne d'une prise de conscience des limites du modèle traditionnel face à l'explosion démographique. "La police des mœurs de Touba, chargée de faire respecter l'interdiction de boire par exemple, ne suffisait plus. Les marabouts l'ont reconnu d'eux-mêmes. Ils veulent voir déployer des services de l'État", indique l'expert.
Cette évolution s'accompagne d'une modernisation de la ville. "Touba dispose depuis deux ans d'une université, islamique certes, mais tout à fait moderne, qui collabore avec des pays européens, propose des cursus en langues ou en agronomie", explique Cheikh Gueye. "La cité tâche de conserver son rôle de ville sainte tout en perdant son caractère presque 'extraterritorial'."
Ces changements structurels de l'islam sénégalais se manifestent jusque dans l'éducation. Cheikh Gueye souligne le succès croissant des écoles hybrides : « C'est le succès, dans les quartiers modernes de Dakar comme à Touba, de nouvelles écoles élémentaires hybrides qui proposent aux enfants de suivre à la fois l'enseignement 'en français', classique , et l'enseignement dit 'arabisant' et islamique."
Cependant, l'intervenant rappelle qu'une partie importante de la société sénégalaise ne vit pas à l'heure des prescriptions islamiques. Il plaide donc pour un débat ouvert : "Le Sénégal est un pays de compromis, notamment entre l'islam et d'autres affluents idéologiques, religieux et culturels. Le débat entre la société civile, la puissance publique, les intellectuels laïques et islamiques est seul à même de satisfaire toutes les parties.
Comme le résumé Cheikh Gueye : "Entre la laïcité mimée sur la France à l'indépendance et le pouvoir des religieux, il y a un éventail de possibles." L'avenir dira quelle voie le Sénégal choisira d'emprunter.
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DAKAR SE FIGE POUR LE GRAND MAGAL
Alors que Touba, épicentre spirituel, grouille de pèlerins venus des quatre coins du globe, la capitale retient son souffle. Cette pause collective rappelle que dans le cœur battant du Sénégal, la foi peut, l'espace d'un instant, suspendre le temps
Dans un spectacle saisissant, Dakar, la vibrante capitale, s'est transformée en ville fantôme. Le Grand Magal de Touba, événement phare du calendrier mouride, a vidé les artères habituellement bouillonnantes de la métropole.
Les klaxons ont cédé la place à un silence presque mystique, tandis que les vendeurs à la sauvette contemplent des étals désertés.
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AMATH DANSOKHO, UNE VIE À GAUCHE
Retour sur la trajectoire de cette figure marquante de la politique sénégalaise et africaine morte en 2019, à travers de nombreux témoignages d'ex-camarades de lutte et autres collaborateurs
Retour sur la trajectoire de cette figure marquante de la politique sénégalaise et africaine morte en 2019, à travers de nombreux témoignages d'ex-camarades de lutte et autres collaborateurs. Cette vidéo commémorative a été diffusée le 30 janvier 2020 au siège du PCF.
L'ÂME GÉNÉREUSE DU MAGAL
Des bénévoles s'activent autour de marmites géantes, préparant des repas copieux pour les pèlerins. Le "Berndé", cette tradition, enracinée dans les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba, transforme la ville sainte en un vaste espace de communion
Le Magal, commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme, est un grand moment de ferveur religieuse avec les prières et recueillements, mais également un moment de solidarité et de partage, illustré par le ‘’berndé’’, la préparation de repas copieux pour les nombreux pèlerins qui prennent d’assaut la ville de Touba à cette occasion.
Ce geste de générosité incarne l’esprit de partage au cœur de cet événement religieux commémorant le départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927).
Le grand Magal de Touba célébré ce vendredi est une fête durant laquelle on doit rendre grâce à Dieu en lisant le Coran et les “Khassaïde” (les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba) mais surtout préparer des repas copieux pour les pèlerins, selon le responsable moral du Hizbut Tarqiyyah.
Serigne Youssou Diop rappele que ‘’c’est une recommandation de Cheikh Ahmadou Bamba”.
Le jour du Magal, dès les premières heures de la matinée, des centaines de bénévoles s’affairent autour de grandes marmites fumantes pour la préparation des repas succulents et en quantité offerts aux pèlerins, un aspect non négligeable de l’évènement.
Le même décor est visible dans toutes les grandes familles des dignitaires mourides jouxtant la grande mosquée de Touba. Comme à la résidence du Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, située à Darou Miname.
Les gestes des bénévoles chargés de préparer les ‘’berndé’’ sont précis, fruit de plusieurs années d’expérience et un profond dévouement à la tâche.
‘’Nous commençons les préparatifs bien avant le Magal’’, explique Yaye Dieynaba Diagne, coordinatrice de l’une des grandes cuisines installées dans le quartier de Darou Miname.
‘’Chaque année, nous accueillons de plus en plus de pèlerins, et notre mission est de veiller à ce que personne ne reparte sans avoir mangé’’, fait-elle savoir.
Les cuisines géantes de Touba, souvent montées spécialement pour l’événement, rivalisent en taille et en efficacité.
Des milliers de sacs de riz, accompagnés de viande de bœufs immolés pour l’occasion, sont cuisinés pendant la période du Magal et sont offerts aux milliers de fidèles qui rallient la ville sainte pour commémorer cet événement religieux.
Les repas sont préparés dans de grandes marmites placées sur des foyers alimentés par du bois de chauffe, dégageant une odeur qui se répand dans les rues environnantes.
Des bénévoles dévoués à la tâche
Les bénévoles, pour la plupart des jeunes, hommes et femmes de la communauté mouride, travaillent en équipes. Pendant que certains s’occupent de la préparation des ingrédients, d’autres s’affairent à la cuisson, à la distribution des repas.
‘’Ce n’est pas seulement un travail, c’est une bénédiction de pouvoir servir les pèlerins en cette période de Magal’’, confie Ndèye Fatou Mbodj, étudiante de 21 ans qui participe à la préparation des repas.
Logée non loin de la résidence du Khalife général, elle souligne que ‘’cela fait partie de notre devoir en tant que mouride’’.
Chaque jour, des centaines de repas sont servis par les différents dahiras (regroupements religieux) et les foyers de Touba.
Les plats comme le thiébou dieune (riz au poisson) et le lakh (bouillie de mil), sont préparés en grande quantité, confie l’étudiante.
La distribution des repas est rapide et efficace ; les pèlerins, dont la plupart sont des jeunes, sont servis par groupe ou par rang.
Khadim Gueye, un autre bénévole parle d’une ‘’récompense en soi’’ en lisant la joie sur le visage des pèlerins après avoir distribué des repas, des fruits et des canettes de boisson.
Une logistique impressionnante
La coordination de la distribution des repas lors du Magal repose sur une logistique bien huilée.
Des camions chargés de provisions arrivent en grand nombre à la grande mosquée de Touba pour offrir des repas aux pèlerins.
Les responsables de chaque dahira planifient soigneusement les quantités nécessaires en fonction du nombre de pèlerins qu’ils accueillent à bras ouvert.
Des entreprises locales, des commerçants et des membres de la diaspora sénégalaise font aussi des dons pour contribuer la préparation des repas.
‘’La recommandation de Serigne Touba n’est pas seulement d’offrir des repas copieux aux pèlerins, c’est un acte de foi et de solidarité’’, a déclaré Mbagnick Diop, cofondateur d’une entreprise de distribution alimentaire qui offre chaque année des tonnes de riz et de sucre pour appuyer le comité d’organisation du grand Magal.
Un acte de foi et de partage
Pour de nombreux pèlerins, le ‘’berndé’’ est bien plus qu’une simple distribution de repas. Il incarne l’esprit de partage et de fraternité recommandé par Cheikh Ahmadou Bamba.
Assis sous un arbre après avoir fini de prendre son déjeuner, Ibrahima Sy, la trentaine révolue, venu de Sédhiou, exprime sa gratitude.
‘’Ici, à Touba, personne n’est laissé en rade. Tout le monde reçoit, tout le monde partage. C’est ce qui rend cet événement si spécial‘’, se réjouit ce pèlerin.
Pour Papa Alioune Thiam, étudiant en quatrième année d’Histoire, en cette journée de Magal, Touba offre au monde une leçon sur l’importance de la solidarité et du don de soi.
‘’Le berndé, en tant que symbole de cette générosité, continue de rappeler à chacun l’essence même de la foi mouride, notamment servir et partager‘’, soutient Thiam.
SUR LES RAILS DE LA FOI
Le Magal de Touba voit le grand retour du train, devenu le moyen de transport préféré de nombreux pèlerins. De Diamniadio à Thiès, les gares s'animent au rythme des départs vers la ville sainte, offrant une alternative sûre et confortable aux routes
À l’occasion du Magal de Touba 2024, le transport ferroviaire est de nouveau au cœur des déplacements des pèlerins. Comme l’année précédente, de nombreux fidèles ont opté pour ce moyen de transport de masse, privilégiant la sécurité et le confort qu’il offre. Chaque jour, trois rames de 240 places sont mises à disposition des voyageurs au départ de Diamniadio et Thiès, une opération qui s’avère déjà un succès.
À la gare de Thiès, le sifflement du train résonne encore, rappelant l’épopée glorieuse de cette ville emblématique. Les pèlerins, impatients de rejoindre la ville sainte de Touba, se pressent sur les quais. Cette année, ces fidèles se considèrent chanceux d’avoir une place à bord du train, un moyen de transport qui combine sécurité, confort et convivialité.
Le départ est donné après les vérifications d’usage par les agents de sécurité. Pour beaucoup, comme Bineta Niang, le voyage en train est une tradition qu’ils souhaitent perpétuer.
« L’année dernière, j’ai voyagé à bord du train pour Touba et cette année, je fais de même. Je me sens plus à l’aise en train qu’en voiture », confie-t-elle.
Pour d’autres, comme Ndéné Hann, l’expérience est familiale. Accompagné de son épouse, de ses nièces et de ses enfants, il explique : « Nous sommes de fervents mourides, et quand nous allons à Touba, nous préférons emmener toute la famille. Le voyage se fait dans une bonne ambiance, et les conditions sont très agréables. »
Le chef de gare de Touba, Abdoulaye Sène, confirme l’affluence record sur la ligne ferroviaire Diamniadio-Thiès-Diourbel. En seulement 48 heures, 4 728 voyageurs ont été transportés. Face à cette forte demande, les billets retour ont été rapidement épuisés, notamment à la gare de Thiès. Pour répondre à cette situation, deux trains supplémentaires ont été ajoutés aux huit trajets quotidiens habituels, portant à 20 le nombre de trajets aller-retour pour la journée.
Ce renforcement du dispositif ferroviaire vise à désengorger les routes souvent saturées lors du Magal et à offrir une alternative de transport fiable et confortable aux pèlerins. Le succès de cette initiative témoigne de la coordination efficace entre les différentes parties prenantes et de l’engagement des autorités à assurer un déplacement serein vers Touba.
Ainsi, le train s’impose, une fois de plus, comme un choix privilégié pour les fidèles en route vers la ville sainte, alliant tradition et modernité dans un voyage empreint de spiritualité et de convivialité.
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LA MÉTAMORPHOSE DE TOUBA
La ville est devenue le nouveau moteur économique du Sénégal. Entre supermarchés géants et zones industrielles, la cité du grand Magal se réinvente. Mais ce boom économique soulève aussi de nouveaux défis pour cette cité en pleine mutation
Au cœur du Sénégal, Touba se transforme en un véritable phénomène économique. Cette cité religieuse, autrefois connue uniquement pour son pèlerinage annuel, le grand Magal, devient aujourd'hui un pôle d'attraction pour les investisseurs audacieux.
L'ouverture récente d'un supermarché géant de 4000 m² symbolise cette métamorphose. Avec 70 % de produits locaux, ce temple de la consommation incarne la renaissance économique de la région. Un investissement colossal de 4 milliards de francs CFA qui parie sur l'avenir.
Mais Touba ne s'arrête pas là. La ville, devenue le département le plus peuplé du Sénégal, rêve grand. Une autoroute la relie désormais à Dakar, et une zone économique spéciale promet de faire d'elle le nouveau centre industriel du pays.
Cependant, ce boom économique ne va pas sans défis. Assainissement, accès à l'eau : la ville sacrée doit urgemment moderniser ses infrastructures pour soutenir sa croissance fulgurante.
Le Grand Magal, loin d'être un simple événement religieux, devient ainsi le catalyseur d'une transformation profonde. Touba, à la croisée de la tradition et de la modernité, s'affirme comme le nouveau visage d'un Sénégal en pleine mutation.