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9 août 2025
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Par Thierno Bachir SY

BACARY SAMB ET SES RAPPORTS, UNE GOUTTE D’EAU DE PLUS !

Depuis plusieurs années, Timbuktu Institute adopte une position militante sur les questions de radicalisation, souvent à travers des entretiens médiatiques et publications où se mêlent préoccupation religieuse, urgence sécuritaire et discours politique

Thierno Bachir Sy  |   Publication 05/05/2025

Dans un contexte où les menaces sécuritaires dominent les récits politiques et médiatiques en Afrique de l’Ouest, certains acteurs se sont imposés comme des voix incontournables -mais non sans controverse. A travers ce texte, nous interrogeons la démarche et les productions du Timbuktu Institute, dirigé par Bacary Samb, dont les rapports à forte teneur alarmiste soulèvent de sérieuses questions de méthode, de transparence et d’éthique intellectuelle. Il s’agit d’un appel à la rigueur, face à un champ où l’approximation peut coûter cher.

Le Timbuktu Institute, dirigé par le Dr Bacary Samb, s’est imposé depuis plus d’une décennie comme un acteur majeur du champ de la prévention de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest. Ses nombreuses publications, interventions médiatiques et ateliers avec des institutions sécuritaires en font une référence dans la sphère publique. Pourtant, la lecture attentive de ses rapports révèle une série de lacunes profondes sur le plan de la rigueur scientifique, ainsi qu’une tendance constante à l’alarmisme, en décalage avec les standards académiques attendus.

Le plus récent rapport intitulé «La menace du Jnim dans la zone des trois frontières du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal» illustre parfaitement cette orientation. Il y est avancé que Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (Jnim), affilié à AlQaïda, intensifie sa présence dans cette zone frontalière stratégique en exploitant des fragilités locales (tensions communautaires, flux migratoires, absence de l’Etat). Le rapport prétend même déceler une «infiltration silencieuse» du territoire sénégalais, et appelle à une vigilance accrue face à cette menace.

Or, plusieurs éléments fondamentaux minent la crédibilité de ce document. D’abord, le ton est clairement alarmiste. Il convoque des expressions chargées d’émotion («menace croissante», «présence latente», «infiltration insidieuse») qui relèvent davantage de la rhétorique militante que de l’analyse distanciée, scientifique. Pour preuve, aucune de ces affirmations ne repose sur des données vérifiables : pas d’observations de terrain, pas de sources primaires identifiables, pas d’entretien avec des acteurs locaux. L’expression «présence latente», par exemple, citée dans le Sud-est du Sénégal, n’est soutenue par aucun élément factuel.

Ensuite, le rapport se distingue par une absence totale de rigueur méthodologique. Aucun protocole de recherche n’est exposé, aucun cadre théorique ou bibliographie n’est mobilisé. Les lecteurs restent dans l’expectative quant à la manière dont les données ont été collectées (si elles l’ont été), analysées ou croisées avec d’autres travaux. Ce défaut est récurrent dans les publications de l’institut, qui se caractérisent par un certain flou méthodologique et une présentation narrative plutôt que scientifique.

Par ailleurs, la perspective adoptée est surplombante et désincarnée. Les réalités communautaires, les logiques locales d’adaptation, les formes d’autorégulation communautaire face à la violence sont ignorées. Aucune place n’est réservée aux chefferies coutumières, aux leaders religieux locaux, aux jeunes ou aux femmes, pourtant au cœur des dynamiques sociales dans les zones frontalières concernées. En cela, le rapport reconduit une représentation binaire du territoire : d’un côté, des zones «saines» (ou disons «saintes» !) ; de l’autre, des zones «infiltrées». Une telle dichotomie évacue les zones grises, les espaces de négociation et de résilience.

Ce biais s’inscrit dans une posture plus générale que l’on retrouve dans plusieurs textes portés par le Dr Bacary Samb, fondateur du Timbuktu Institute. Depuis plusieurs années, ce dernier adopte une position publique militante sur les questions de radicalisation, souvent à travers des tribunes, entretiens médiatiques et publications, où se mêlent préoccupation religieuse, urgence sécuritaire et discours politique. Cette orientation a pour conséquence une confusion entre activisme de prévention et démarche scientifique, au risque de sacrifier la complexité du terrain sur l’autel de l’efficacité médiatique.

Le cas du rapport sur le Bounkani en Côte d’Ivoire (2021) vient conforter ce constat. Là encore, l’accent est mis sur les risques de radicalisation, sans qu’on en comprenne les ressorts profonds. Aucune analyse des filières religieuses, des parcours individuels ou des politiques de développement local n’est présentée. Le discours repose sur des peurs projetées, et non sur des diagnostics posés. Il ne s’agit pas de nier les risques réels liés à l’extension des violences extrémistes vers le golfe de Guinée, mais de rappeler que leur analyse doit s’appuyer sur des données fiables, contextualisées, croisées, pour éviter les raccourcis dangereux.

Cette posture est, en réalité, l’Adn même des interventions du Dr Samb, que nous avons pris l’habitude d’écouter d’un air amusé, un sourire au coin des lèvres, tant ses logorrhées dithyrambiques pullulent sur les plateaux radiophoniques et télévisés. Dès qu’un micro lui est tendu, il s’élance sans gants, sans retenue, et surtout sans nuance. Dans sa dernière sortie sur Rfi, à la suite de la publication du rapport sur la menace du Jnim, interrogé sur les tentatives d’infiltration djihadiste à l’Est du Sénégal, notamment dans la zone de Bakel, il se lance, sans même marquer de pause pour respirer :

«Justement, dans cette région de l’Est du Sénégal, le principal élément de résilience idéologique, à savoir la présence des confréries soufies, est moindre…

Cette zone est dominée par la présence d’un islam salafiste de plus en plus renforcé par les réseaux de la migration, avec des populations qui sont parties en Europe et qui ont eu des contacts avec les milieux salafistes et qui construisent justement des mosquées salafistes pour contrecarrer l’islam traditionnel et délégitimer les chefs religieux locaux, par rapport justement à leur position peu claire sur l’esclavage par ascendance dans la région de Bakel précisément.»

Une déclaration à la fois précipitée, caricaturale et socialement explosive, sans ancrage empirique, mais à haute valeur médiatique -ce qui semble être, hélas, l’essentiel dans sa démarche. Une autre couche, et non des moindres, entoure le Timbuktu Institute : celle de ses sources de financement. A la lecture de ses rapports, comme sur son site officiel, aucune mention explicite n’est faite des bailleurs, des soutiens institutionnels, ni des partenariats financiers qui soutiennent financièrement ses activités de recherche, de plaidoyer ou de communication. Cette opacité financière, en contradiction flagrante avec les principes de transparence, devient d’autant plus préoccupante que ses productions alimentent régulièrement des narratifs sécuritaires alignés sur les intérêts de certains gouvernements ou organisations internationales. Suivez mon regard. L’absence de clarté sur l’origine des fonds soulève donc des questions légitimes : qui finance le Timbuktu Institute ? Dans quel but ? Et surtout, quelles influences ces flux financiers peuventils exercer sur le contenu, le ton et les angles choisis dans ses analyses ? A l’heure où l’exigence d’éthique, d’indépendance et de traçabilité est un minimum vital dans la recherche, ce silence a un poids. Il est non seulement troublant, mais aussi fondamentalement incompatible avec les standards élémentaires de redevabilité intellectuelle et publique.

Il faut tout de même reconnaitre que cette opacité ne concerne pas que le Timbuktu Institute : elle renvoie à un problème structurel plus large auquel sont confrontés nombre de think tanks africains. En l’absence de financements publics conséquents ou de mécénat local durable, beaucoup d’instituts de recherche dépendent quasi exclusivement de bailleurs internationaux -souvent occidentaux- pour assurer leur fonctionnement. Cette dépendance financière a aussi un poids : elle peut orienter les priorités thématiques, modeler les discours produits et conditionner le degré d’alignement avec les grilles de lecture sécuritaires promues par les partenaires. A terme, cela pose la question élémentaire d’autonomie intellectuelle. Que vaut un discours produit sous influence ? Comment construire une pensée stratégique africaine si les problématiques sont dictées par l’agenda des bailleurs ? En cela, la transparence sur les sources de financement ne relève pas de la formalité, mais d’un enjeu politique de souveraineté. Au demeurant, l’influence du Timbuktu Institute dans les cercles médiatiques et politiques est telle que ses publications sont souvent perçues comme faisant autorité. Pourtant, leur faible valeur scientifique devrait inciter à la prudence. Il est regrettable que les instances d’orientation des politiques publiques de sécurité et de prévention de la radicalisation s’appuient sur ce type de travaux, au lieu de mobiliser les universités, les centres de recherche indépendants.

Ce constat appelle à une distinction nécessaire entre militantisme et scientificité. Là où le premier cherche à produire un effet de choc pour orienter les politiques, la seconde s’attache à déconstruire, contextualiser, expliquer, relativiser. Il est possible, et même souhaitable, que des instituts comme Timbuktu produisent de l’expertise. Mais cette expertise ne peut être considérée comme fiable tant qu’elle n’est pas soumise à des règles de transparence, de méthode et de réfutabilité.

Il est temps que les universitaires africains s’emparent de ces questions avec rigueur, nuance et indépendance. Face à la complexité des dynamiques d’extrémisme violent, il ne suffit plus de produire des discours anxiogènes : il faut produire de la connaissance vérifiable, construite avec les acteurs du terrain et capable d’éclairer durablement les choix politiques.

Il ne s’agit donc pas simplement de critiquer un homme, un institut ou un rapport de plus, mais de poser une exigence fondamentale : celle de la responsabilité intellectuelle et scientifique dans un champ aussi sensible que celui de la sécurité. Car à force de confondre communication, expertise et foi médiatique, on finit par affaiblir les vraies luttes, décrédibiliser les acteurs sérieux, et brouiller les lignes de fracture qui exigeraient, au contraire, précision, rigueur et discernement. La sécurité ne peut être laissée aux seuls faiseurs d’opinion. Elle doit être éclairée par des savoirs solides, produits avec, depuis, et pour les sociétés concernées. Autrement, ce n’est pas seulement la science qu’on trahit -c’est la paix elle-même qu’on compromet.

Thierno Bachir Sy esy universitaire, écrivain, citoyen africain du Sénégal.

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