Seneplus.com
  • La Une
  • Politique
  • Economie
  • International
  • Sports
  • People
  • Opinions
  • Societe
  • Annonces
  • Culture
  • Medias
  • Diaspora
  • Femmes
  • Développement
  • Santé
  • Éducation
  • SENEPLUS TV
  • Baromètres
  • #SilenceDuTemps
  • NELSON MANDELA
  • LEOPOLD SENGHOR
  • CHEIKH ANTA DIOP
 
3 octobre 2025
FacebookTwitterRSS
Seneplus.com
Opinions
  • La Une
  • Politique
  • Economie
  • International
  • Sports
  • People
  • Opinions
  • Societe
  • Annonces
  • Culture
  • Medias
  • Diaspora
  • Femmes
  • Développement
  • Santé
  • Éducation
  • SENEPLUS TV
  • Baromètres
  • #SilenceDuTemps
  • NELSON MANDELA
  • LEOPOLD SENGHOR
  • CHEIKH ANTA DIOP
Texte Collectif

IL NOUS FAUT SORTIR LE PROCESSUS DE DECOLONISATION DE L’ORNIERE

En réponse aux crises récurrentes de l’impérialisme français, des changements interviennent sporadiquement afin d’en préserver l’essentiel. Paris doit annoncer un retrait militaire complet et une sortie inconditionnelle du franc CFA

Texte collectif  |   Publication 29/11/2023

Alors que se tient un bref débat à l’Assemblée nationale puis au Sénat, sur la politique africaine de la France, un collectif appelle à « s’attaquer à l’armature institutionnelle et culturelle du colonialisme français » et à cesser de focaliser l’attention sur des réformes minimalistes. « Il nous faut sortir du processus de décolonisation de l’ornière dans laquelle il a été poussé au moment des indépendances africaines. Paris doit annoncer un agenda de retrait militaire complet et de sortie française inconditionnelle du franc CFA. »

Un bref débat sans vote, en fin d’après-midi à l’Assemblée nationale puis au Sénat : voilà ce que la République française propose de mieux, en matière de débat démocratique, sur sa politique africaine – au moment même où celle-ci connaît une contestation populaire sans précédent depuis la période des indépendances en Afrique et où l’armée française tente vaille que vaille de retirer son matériel et ses soldats du Niger.

Dans une tribune publiée en janvier 2020 à l’occasion du Sommet de Pau, emblématique de l’incapacité des autorités françaises à penser leur rôle autrement qu’avec l’orgueil qu’implique une posture coloniale, nous prévenions : la présence militaire française au Sahel, prétendant apporter une « vaine solution militaire à des problèmes politiques et sociaux » ne pouvait que nourrir ce qui commençait à être qualifié de « sentiment «anti-français» » dans les rédactions parisiennes et couloirs du Quai d’Orsay. Un an plus tard, l’aviation française bombardait les abords du village malien de Bounti, tuant une vingtaine de civils qu’elle prétend toujours être des « terroristes », en dépit des conclusions inverses de l’ONU. Deux mois après, les intérêts français étaient pris pour cibles dans des émeutes au Sénégal. En novembre 2021, il y a deux ans quasi jour pour jour, une colonne militaire destinée à ravitailler l’opération Barkhane était bloquée par une foule hostile : d’abord au Burkina Faso puis au Niger, où l’armée française se dégageait en ouvrant le feu. Elle est accusée d’avoir tué trois personnes et mutilé une dizaine d’autres manifestants – un crime colonial qu’elle nie comme tant d’autres.

« La montée d’un sentiment «anti-français» n’a rien d’étonnant, écrivions-nous : il s’agit en somme d’un sentiment antiFrançafrique. »

La Françafrique, enterrée tellement de fois

Le putsch au Niger et le bras de fer diplomatique qui a suivi ont ravivé cette question lancinante du néocolonialisme français dans la région. Mais le président français ne se démonte pas : « le temps de la Françafrique est révolu, je vous le confirme », affirme-t-il dans une interview fin août, après l’avoir dit en mars depuis le Gabon. Sa ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna lui emboite le pas début septembre, en assénant que « la Françafrique est morte depuis longtemps ». D’innombrables commentateurs leur donnent raison, à commencer par l’historien Achille Mbembe, devenu depuis 2021 un zélé ambassadeur de la politique africaine d’Emmanuel Macron. A chaque fois, les formules sont efficaces et marquent les esprits : la Françafrique, terme qui paraît aussi poussiéreux aujourd’hui qu’il semblait encombrant par le passé, relève à fortiori de l’histoire ancienne. Mais alors pourquoi ressort-ils ans cesse de sa boîte ? Ironie du sort, c’est Gérard Araud, ex-ambassadeur de France auprès de l’ONU au moment notamment de deux interventions militaires emblématiques de la Françafrique sous Sarkozy, en Libye et en Côte d’Ivoire, qui alerte contre ce discours tautologique. Dans une tribune publiée début août, il souligne l’importance de « cette Françafrique dont tout nouveau président annonce la fin dès son élection comme s’il ne se rendait pas compte que cette répétition rituelle prouvait qu’elle avait survécu à ses prédécesseurs et lui survivrait sans des mesures radicales qui ne sont jamais venues »

Mais disons l’évidence, puisque c’est le faux procès auquel on s’expose : la Françafrique des années 2020 n’est pas le clone de celle des années 1960 ou des années 1990. Inutile donc d’insister sur les différences avec l’époque de l’ancien président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, à qui la paternité du mot est d’ailleurs attribuée à tort. Ce qu’il convient de regarder, c’est ce qui s’est perpétué.

Certes, le néocolonialisme français est aujourd’hui bousculé par le regain de contestation populaire auquel on assiste, amplifié par les réseaux sociaux – et encouragé par des puissances concurrentes, ce qui n’a rien de nouveau. Il est évidemment inédit depuis soixante ans que la France connaisse simultanément un recul dans trois pays africains voisins, tel un large trou dans la carte habituelle de l’influence française. Mais ce que l’histoire franco-africaine nous montre (1), c’est qu’en réponse aux crises récurrentes de l’impérialisme français, des changements interviennent sporadiquement avec pour effet, justement, d’en préserver l’essentiel.

Reprendre la décolonisation

Ceux qui brandissent l’incapacité de Paris à faire rentrer dans le rang les putschistes nigériens comme nouvelle preuve irréfutable de la fin de la Françafrique oublient un peu trop vite que l’histoire a souvent emprunté des méandres. Ils se leurrent en pensant que la France a toujours maîtrisé parfaitement le cours des événements et en omettant que c’est justement face à des déconvenues qu’elle a régulièrement modifié sa politique africaine pour ne pas être pleinement poussée vers la sortie. Elle a particulièrement bien réussi à le faire au moment des indépendances, préemptées avant même d’être accordées. Elle a continué à le faire depuis par une succession de réformes. En dépit des événements des dernières semaines, le pouvoir macronien fait le pari que cette stratégie peut encore payer.

Bien que l’arrogance française ait servi de paratonnerre aux putschistes depuis fin juillet au Niger, la politique d’Emmanuel Macron donne encore à voir un puissant système d’influence, auquel contribuent des élites africaines et qui en bénéficient en retour – une constante depuis les prémices de la Françafrique. La France n’a jamais été un deus ex machina intervenant en déconnexion voire en contradiction avec l’ensemble des forces internes d’un pays ou d’une sous-région. Elle a toujours tenté de manœuvrer au mieux selon ses intérêts, grâce à des leviers de pouvoir dont la pérennité depuis soixante-cinq ans est en réalité sidérante : la présence militaire multiforme, le franc CFA, la mal nommée « aide au développement », l’influence culturelle et linguistique, la fabrique d’une légitimité politique pour les dirigeants alliés… Autant d’« outils [...] dorénavant désuets », selon Achille Mbembe, qui reconnaît tout de même ainsi, en creux, la perpétuation des principaux attributs de la puissance française en Afrique. « Le temps est peut-être venu de s’en débarrasser, et en bon ordre », suggère-t-il : chiche !

Plutôt que de focaliser l’attention sur des réformes minimalistes, comme la mutation du franc CFA d’Afrique de l’Ouest fin 2019 ou l’annonce en février dernier de l’évolution des bases militaires permanentes, il est temps de s’attaquer à l’armature institutionnelle et culturelle du colonialisme français. C’est devenu une évidence : il nous faut sortir du processus de décolonisation de l’ornière dans laquelle il a été poussé au moment des indépendances africaines. Mener à bien ce processus sera long, mais deux étapes minimales sont d’ores et déjà évidentes : Paris doit annoncer un agenda de retrait militaire complet (bases, opérations extérieures, coopérants détachés) et de sortie française inconditionnelle du franc CFA

(1) Voir T. Borrel, B. Collombat, A. Boukari-Yabara, T. Deltombe (Dir.), Une histoire de la Françafrique. L’Empire qui ne veut pas mourir, Points Histoire, 2023.

Signataires :
Boubacar Boris Diop, écrivain, Sénégal ;
Patrice Garesio, co-président de Survie, France ;
Demba Karyom Kamadji, syndicaliste, Tchad ;
Eric Kinda, Porte-parole du Balai citoyen, Burkina Faso ;
Younous Mahadjir, syndicaliste, Tchad
Issa Ndiaye, universitaire et ancien ministre, président du Forum civique Mali,
Jacques Ngarassal Saham, Coordinateur de Tournons la Page-Tchad ;
Ndongo Samba Sylla, économiste, Sénégal

Articles les plus lus

madiambal.jpg
UN DOSSIER JUDICIAIRE FALLACIEUX
Je tiens à saluer et remercier mes compatriotes sénégalais, ainsi que tous les amis à travers le ...

mackyligassama.jpg
MAKHILY GASSAMA OU UNE VOIX MAJEURE DE LA LITTÉRATURE AFRICAINE
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un ...

lisca.jpg
L'ALERTE DE LA LISCA SUR LE CANCER DU SEIN
Dans le cadre du mois d’Octobre rose, dédié à la sensibilisation sur le cancer du sein, la Ligue ...

sante_epidemie_.jpg
LE DISPOSITIF DE RIPOSTE ACTIVE
Poussée épidémiologique au Sénégal : le système de santé publique est perturbé à la fois par ...

sadio_ba_gnigue.jpg
UNE UNIVERSITAIRE EVOQUE LA CONDITION DE DEPENDANCE ET DE LEGITIMITE SOCIALE DES SENIORS
Etre une personne âgée au Sénégal porte une double signification de légitimité sociale, mais également ...

Vos articles préférés de la semaine

touba_eaux.jpg
LA PROBLEMATIQUE DES INONDATIONS A TOUBA : CAUSES, SOLUTIONS ET ENJEUX
(Partie 1 : Contexte et Causes) Les images impressionnantes des inondations qui frappent tous ...

capture_decran_2025-09-19_a_15.17.55.png
SORTIR DE LA FASCINATION DU MARABOUTAGE
Inaf, inaf, inaf ! Nos écrans sont devenus des miroirs puissants de notre société. À travers les ...

capture_decran_2025-09-25_a_00.27.18.png
JAMAIS, L’AFRIQUE N’A ÉTÉ AUSSI COURTE SUR PATTES
On attendait l'imagination au pouvoir, c'est la mesquinerie qui est arrivée. Jamais peut-être, l'Afrique ...

mackyligassama.jpg
MAKHILY GASSAMA OU UNE VOIX MAJEURE DE LA LITTÉRATURE AFRICAINE
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un ...

capture_decran_2025-09-22_a_21.09.15.png
L'EXIL DES INVISIBLES
Capitale sénégalaise et carrefour de multiples destins, Dakar voit affluer chaque jour des femmes ...


La Une

Politique

Economie

International

Sports

Football

Media

People

Opinions

Societe

Annonces

Diaspora

Femmes

Développement

Santé

Éducation

PARTENAIRES DE SENEPLUS

APS
Grand-Place
L'As
L'Enquete
L'Observateur
La Gazette
Le Populaire
Le Quotidien
Le Soleil
Le Témoin
Libération
Nouvel Horizon
Réussir
RFM
RTS
Stades
Sud FM
Sud Quotidien
Sunu Lamb
TFM
Waa Sports

À propos de SenePlus

SenePlus.com est un portail d'informations sur le Sénégal. Nous vous fournissons des articles détaillés, critiques, pertinents sur l'actualité au Sénégal.

Coordonnées

Publicité:
pub@seneplus.com
Informations:
info@seneplus.com
Problèmes techniques:
tech@seneplus.com
Copyright © 2025 SenePlus  |  Publicité  |  Soumettre un Article  |  Nous Contacter  |  Mentions légales  |  Conditions d'utilisation  |  Á propos de nous