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PAR GILLES OLAKOUNLÉ YABI

LA RESPONSABILITÉ COLLECTIVE DE FAIRE RECULER LA BÊTISE

Il est temps de reconnaître que les préjugés négatifs basés sur l’appartenance ethnique, les complexes de supériorité ou d’infériorité des uns par rapport aux autres, existent dans tous les pays et qu’ils peuvent favoriser la banalisation des injustices

Gilles Olakounlé Yabi  |   Publication 02/04/2019

Un massacre d’hommes, de femmes, de jeunes, de vieux, d’enfants dans deux villages au centre du Mali, dans le cercle de Bankass. 160 morts et une cinquantaine de blessés. Toutes les victimes réputées de la communauté peule. Des tueurs venus à l’aube le matin habillés en tenue de chasseurs traditionnels. Destruction des villages par l’incendie des cases, des vivres, des animaux. C’est l’attaque la plus meurtrière depuis la grave détérioration de la sécurité dans cette partie du Mali. Mais des tragédies de ce type se comptent par dizaines depuis plus d’un an. Les Nations unies estiment à 500 morts le nombre de victimes des violences au centre du Mali en 2018.

Le bilan humain de violences dites intercommunautaires s’accroît aussi rapidement au Burkina Faso voisin depuis la fin de l’année dernière. Un pays qui n’avait jamais connu de violences de grande ampleur impliquant des populations civiles. L’année 2019 y a commencé par un massacre à Yirgou, dans la région du Centre Nord. Loin de la quarantaine de morts annoncée officiellement, ce sont 210 victimes identifiées par leurs noms qui ont été dénombrées par le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), qui a fait un travail précieux d’assistance des familles des victimes. Selon ce collectif, dont la création après la tragédie de Yirgou est salutaire, « l’extermination de la communauté peule a été planifiée, ourdie et orchestrée… ».

Série de violences unilatérales qui visent spécifiquement des populations appartenant à la communauté peule, au centre du Mali comme au nord du Burkina Faso. Dans les deux cas, la justification implicite des attaques ciblées sur des Peuls est leur appartenance ou leur soutien à des groupes armés djihadistes opérant dans les deux pays. Sans conteste, la brutale détérioration de la sécurité au Burkina Faso est directement liée à celle de la région centrale du Mali, passée en partie sous contrôle des djihadistes armés affiliés à Amadou Koufa.

Au Mali comme au Burkina Faso, il n’y a aucun doute sur le détonateur de violences qu’a été la mobilité de groupes armés djihadistes du nord vers le sud de l’espace sahélo-saharien et leur capacité à établir des connexions locales fiables, basées sur des réseaux anciens. En s’installant dans le centre du Mali, zone d’une très grande diversité ethnoculturelle où les communautés se spécialisent aussi dans des activités économiques qui les mettent en rude concurrence pour les terres et d’autres ressources naturelles, les groupes terroristes ont réussi un grand coup: faire imploser la cohabitation interethnique.

En l’absence de la moindre présence protectrice et bienveillante de forces de sécurité maliennes pour des communautés abandonnées largement à leur sort de longue date, on imagine à quel point la frontière peut être ténue entre l’adhésion de villageois isolés à des groupes djihadistes armés et une soumission de fait à la loi de tels groupes dictée par un impératif de survie dans un contexte d’extrême vulnérabilité. Les milices d’auto-défense communautaires, associées ou non aux confréries de chasseurs traditionnels, n’ont pu que prospérer.

Qu’il y ait des dizaines ou des centaines de jeunes hommes peuls présents depuis longtemps dans des groupes à tendance extrémiste et violente au Mali et que d’autres les aient rejoints plus récemment est une certitude. Qu’il y ait des centaines de milliers de Peuls vivant au centre du Mali ou au nord du Burkina Faso, même dans les zones aujourd’hui les plus concernées par l’insécurité, qui n’aient absolument rien à voir avec le djihadisme armé, et qui en soient les principales victimes, est aussi une certitude. Qu’il y ait enfin des opportunistes sans scrupule dans toutes les communautés ethniques qui se saisissent de la situation de non droit et d’impunité généralisée pour poursuivre des desseins économiques et politiques inavouables, notamment accaparer des terres et expulser des rivaux, est aussi une certitude.

Ce sont des évidences qu’il est bon, voire vital, de rappeler aujourd’hui, alors que des massacres de civils peuls sont attribués au Mali à des milices d’auto-défense dogon, au Burkina, à des milices « Koglweogo » de la communauté mossi. Pour compléter un tableau extrêmement inquiétant, des exécutions sommaires de civils non armés, autant dire d’autres massacres, sont attribuées aussi à des forces armées régulières sous le couvert de la lutte contre les groupes terroristes.

De telles accusations ont régulièrement entaché l’image de l’armée malienne. Elles touchent aujourd’hui également les forces armées du Burkina Faso. Le Mouvement burkinabè pour les droits de l’homme et du peuple ainsi que l’organisation internationale Human Rights Watch ont publié récemment des rapports qui semblent confirmer l’exécution par les forces de sécurité burkinabé de plus d’une centaine de civils non armés accusés de soutenir ou d’héberger les islamistes armés. Des victimes quasi exclusivement de la communauté peule.

Les causes structurelles et conjoncturelles de la flambée de violences au centre du Mali sont assez connues : conflits locaux autour du contrôle de ressources rares; absence ou incapacité avérée de l’Etat censé être le garant de la cohabitation pacifique entre les communautés ; prolifération des groupes armés irréguliers ; opportunisme criminel des groupes armés djihadistes; tolérance voire soutien actif de milices armées dites d’auto-défense des communautés par des autorités politiques au niveau local mais aussi national.

Il n’y a pas de solution à court terme à ces problèmes de fond. Ce n’est pas demain que l’Etat malien ou celui du Burkina Faso aura transformé ses forces de défense et de sécurité en forces solidement formées, efficaces et bienveillantes pour les populations civiles quelles que soient leurs affiliations ethniques. Ce n’est pas après-demain qu’on réussira à mettre un terme à la prolifération des armes de guerre dans ces zones. Ce n’est pas pour bientôt la neutralisation complète des groupes terroristes par les forces maliennes et burkinabè épaulées par les soldats et les avions français de l’opération Barkhane.

Alors ce qui peut être fait dans l’immédiat relève de l’engagement politique, de la communication et de la mobilisation collective citoyenne. Il ne doit y avoir au Mali comme au Burkina Faso aucune ambiguïté dans la réaction politique et dans le discours des gouvernants : pas d’impunité pour les assassins, quels qu’ils soient, et tolérance zéro pour l’amalgame entre un groupe donné de criminels et les communautés ethniques auxquels ils appartiennent.

Rien ne doit susciter le doute sur l’engagement des autorités politiques de ces Etats, même au plus fort de leur faiblesse, à mettre un terme au glissement de l’insécurité liée à la présence de groupes terroristes à des violences intercommunautaires généralisées. Pour éviter toute recherche d’une responsabilité collective d’une communauté pour des crimes commis par quelques-uns, il faut investir de manière exceptionnelle et visible dans les enquêtes pour identifier et arrêter les assassins impliqués dans les derniers massacres. Au Mali comme au Burkina Faso.

Enfin, au-delà des actes politiques à poser par les gouvernants, les sociétés civiles malienne, burkinabè et ouest-africaines de manière plus large, doivent aussi jouer un rôle essentiel de prévention par l’éducation et la sensibilisation. Il est temps de reconnaître que les préjugés négatifs basés sur l’appartenance ethnique, les complexes de supériorité ou d’infériorité des uns par rapport aux autres, existent bel et bien dans tous les pays de la région et qu’ils peuvent favoriser la banalisation des injustices qui touchent une communauté. Dès lors qu’on commence à trouver la moindre justification à un traitement différencié basé sur l’appartenance ethnique, on ouvre la porte à la banalisation de l’intolérance ethnique, puis, plus tard, à celle de la violence ethnique.

Nous devons aujourd’hui clamer haut et fort, sans sourciller, sans douter, en y croyant vraiment, que nous sommes tous des Peuls. Tous des Africaines et des Africains attachés à ce que chacune de nos vies soit considérée comme sacrée. Tous des humains égaux en droits et en dignité dont aucun ne peut expliquer rationnellement pourquoi il ou elle est né(e) au Mali au sein d’une famille peule, touareg, bambara, dogon ou au Burkina Faso au sein d’une famille mossi, bisa ou peul. Sans parler de l’ampleur des métissages et des brassages ethnoculturels dans tous les pays sahéliens et ouest-africains. Nous avons la responsabilité de nous battre, chacun à son échelle et avec ses moyens, pour faire reculer la bêtise partout où elle ronge notre humanité et détruit notre avenir.

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