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Par Fatou Warkha SAMBE

TARIQ RAMADAN COMME CHEIKH YERIM, COMME SONKO

En tant que féministes, nous savons que la Justice ne se rend pas sur les réseaux sociaux. Mais dérouler le tapis rouge à des hommes poursuivis ou condamnés pour viol, c’est envoyer un message clair : leur douleur est secondaire.

Fatou Warkha Sambe  |   Publication 12/05/2025

Tariq Ramadan est à Dakar dans le cadre de la 13e édition de «Jokkoo», tenue le samedi 10 mai à l’espace Maam Samba. Il a également été reçu par le Khalife général des Mourides à Touba, un acte fort de reconnaissance dans un pays où les autorités religieuses occupent une place centrale dans le paysage moral et symbolique. L’annonce de sa venue au Sénégal n’a pas laissé indifférentes de nombreuses militantes pour les droits humains. Certaines ont tenté de se faire entendre à travers une action de protestation lors de sa conférence. Bien que rapidement contenue, cette manifestation révèle le profond malaise que suscite la normalisation de la présence publique d’un homme accusé à plusieurs reprises de viols. Le simple fait que des femmes aient ressenti le besoin de s’opposer à cette tribune montre à quel point leur douleur continue d’être ignorée.

Au-delà de la stature intellectuelle et religieuse de l’homme, ce sont les accusations très graves de viols et d’agressions sexuelles qui l’entourent depuis plusieurs années qui interpellent. Le fait qu’il soit accueilli avec autant d’honneurs par des figures aussi influentes envoie un message clair : ici, l’aura spirituelle peut primer sur les faits reprochés. Ce type de légitimation publique participe à banaliser la gravité des accusations et à reléguer la parole des victimes dans les marges du débat social. Accorder de telles tribunes à une personnalité poursuivie ou condamnée pour des faits aussi lourds, sans aucune prise en compte des survivantes, revient à reléguer les violences sexuelles au second plan, à en faire un sujet négligeable. C’est aussi nourrir une culture de l’effacement de la parole des femmes dans l’espace public.

Depuis 2017, Tariq Ramadan fait l’objet de plusieurs plaintes pour viols et agressions sexuelles, en France comme en Suisse. Ces affaires l’ont poussé à quitter son poste de professeur à Oxford. En France, il a été mis en examen pour des viols présumés sur cinq femmes. En juin 2024, la Cour d’appel de Paris a décidé de le renvoyer devant la Cour criminelle départementale. En Suisse, il a été condamné en appel à trois ans de prison dont un an ferme. Depuis, on l’entend peu sur la scène internationale, mais c’est au Sénégal qu’on lui tend le micro pour parler du «khidma», comme si ces accusations n’avaient jamais existé. Ce contraste en dit long sur notre rapport à la dignité, à la justice et, surtout, à la mémoire collective.

On ne peut pas dissocier l’intellectuel de l’homme confronté à de telles accusations. Peut-on faire abstraction des violences présumées au nom du savoir qu’il incarne ? Peut-on séparer le penseur du comportement ? Ce serait un privilège que peu de femmes pourraient se permettre. Le génie, aussi brillant soit-il, ne peut être un alibi à l’impunité. Il est préoccupant de constater notre rapport collectif à la justice. Nous oublions trop vite quand cela protège les puissants. Pourquoi cette facilité à oublier les femmes qui parlent ? Cette complaisance quand l’homme accusé est charismatique ou religieux ? Ce n’est pas seulement la présence d’un conférencier controversé qui interroge, mais la manière dont on efface, relativise ou minimise les faits de violence sexuelle.

En tant que féministes, nous savons que la Justice ne se rend pas sur les réseaux sociaux. Mais dérouler le tapis rouge à des hommes poursuivis ou condamnés pour viol, c’est envoyer un message clair : leur douleur est secondaire. Ce silence n’est pas neutre. Il est complice. Il alimente l’impunité. Il réinstalle le pouvoir du côté de ceux qui l’ont toujours détenu, et rappelle aux survivantes qu’il ne suffit pas de parler pour être crue -encore moins pour être protégée. Ce n’est pas une abstraction. C’est une réalité qui bouleverse des vies. Elle fait taire. Elle isole. Lorsqu’on est victime d’un homme puissant, on mesure à quel point sa propre vie semble dérisoire face à l’influence. Ce que l’on ressent, ce que l’on vit, est balayé au nom de la présomption d’innocence, ou pire, d’une solidarité masculine tacite. On se sent seule, comme si l’on avait osé déranger un ordre établi. Et cet ordre, profondément patriarcal, protège ceux qui parlent fort - même quand d’autres crient qu’ils ont fait du mal. L’injustice ne vient pas seulement du viol, mais de ce qui suit : le doute, le silence, l’effacement. Notre humanité elle-même est remise en question dès que l’on ose briser le silence.

Notre société pardonne facilement aux hommes puissants, surtout quand ils portent des titres ou des turbans. La mémoire collective est sélective. Un homme accusé de viol est présenté comme une victime d’acharnement ; une femme qui parle est réduite au silence. Le cas Tariq Ramadan n’est malheureusement pas isolé. Il fait écho à celui de Cheikh Yérim Seck, condamné en 2012 pour viol. A sa sortie, il retrouve micros et tribunes. Qui peut dire ce qu’est devenue la jeune fille qui a porté plainte ? Si ce ne sont pas ses proches, personne. Elle a dû quitter le pays, reconstruire sa vie loin. Elle était victime, mais elle a été traitée comme un problème.

Et comment ne pas penser au cas de Adji Sarr ? Cette jeune femme, qui avait accusé l’homme politique Ousmane Sonko, a dû fuir le pays, changer de nom, de vie, de nationalité. Elle vit aujourd’hui exilée, avec pour seul tort celui d’avoir parlé. Même si, dans ce dossier, le juge a finalement requalifié les faits en corruption de jeunesse, on observe le même sort implacable réservé à la plaignante. Sa vie a été bouleversée de manière irréversible, sans qu’aucun mécanisme de protection sociale, institutionnelle ou politique ne soit activé. Pendant ce temps, l’homme qu’elle a accusé a vu sa popularité grandir, porté par une narration victimaire très bien orchestrée, qui a réussi à inverser les rôles et à faire passer l’accusé pour celui que la Justice opprime. Dans ce système si bien huilé, il est plus simple de construire une image de héros calomnié autour d’un homme accusé que de garantir à une femme un minimum de protection, de dignité et de respect. Ce que cela coûte aux femmes qui osent parler est vertigineux : la peur, l’exil, l’effacement, la solitude. On leur impose de porter seules la charge de tout un système qui refuse de les croire, de les accompagner, ou même de les considérer comme dignes de justice. Ce deux poids, deux mesures est en soi une violence institutionnelle qui pèse sur chaque femme.

Cette impunité masculine se nourrit aussi d’un système de valeurs sexistes profondément ancré dans notre culture. Le paradoxe Tariq Ramadan révèle ceci : la pudeur au Sénégal n’est pas universelle. C’est un outil de contrôle des femmes. Cette hypocrisie est violente. Elle légitime, excuse -jamais ne répare. Que chacun ait droit à la justice, oui. Mais que personne ne soit sanctifié, idolâtré, revalorisé publiquement alors même que des accusations aussi lourdes persistent, c’est une exigence éthique. Il ne s’agit pas de condamner sans preuve, mais de refuser l’amnésie organisée. Il s’agit de cohérence, de décence, de respect.

Il s’agit, enfin, d’une mémoire politique qui n’oublie pas les survivantes. Qui refuse le double standard. Qui exige une société juste, où les principes de justice ne dépendent ni du genre, ni de la notoriété, ni du statut religieux ou intellectuel.

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