VIDEOABBA MBAYE DÉNONCE UNE DÉMOCRATIE FAUSSÉE
L'ancien député pointe une "injustice démocratique" majeure : 130 députés de la majorité élus avec pratiquement le même nombre de voix que l'opposition. Une distorsion qu'il juge "affligeante" et dangereuse pour la stabilité du pays

L'ancien député et président du Mouvement "Convictions" estime que le système électoral actuel pose un grave problème de représentativité, avec une majorité écrasante obtenue grâce au même nombre de voix que l'opposition.
Dans l'émission "Soir d'infos" du 27 mai 2025 sur TFM, Babacar Abba Mbaye n'a pas mâché ses mots concernant les dysfonctionnements du système électoral sénégalais. L'ancien parlementaire et président du Mouvement "Convictions" a pointé du doigt une anomalie démocratique majeure qui, selon lui, menace la stabilité politique du pays.
"C'est quand même affligeant d'avoir une telle puissance à l'Assemblée de 130 députés alors qu'on a quasiment le même nombre de voix que l'opposition", a déclaré Babacar Abba Mbaye, qualifiant la situation de profondément injuste. Cette critique vise directement les résultats des dernières élections législatives qui ont accordé une majorité écrasante au pouvoir malgré un écart de voix relativement faible avec l'opposition.
L'ancien député tire la sonnette d'alarme sur les conséquences à long terme de cette distorsion : "Si les gens ne travaillent pas à changer cela, qu'est-ce qui va les rattraper ? Ce qui va nous rattraper, c'est ce qui s'est passé avec les régimes précédents."
Le spectre des crises passées
Babacar Abba Mbaye établit un parallèle inquiétant avec l'histoire politique récente du Sénégal. Il rappelle que, "une fois que vous passez trois ans de gouvernance, une intercoalition va revenir vous amener en ballotage et on va repartir dans une crise comme on a connu". Cette référence aux crises politiques qui ont fait "12 morts en 2012" et "80 morts" lors d'autres épisodes de tensions souligne l'urgence d'une réforme.
Pour lui, les "points de vulnérabilité du pays tournent principalement autour de la politique", d'où la nécessité d'un dialogue pour éviter que ces tragédies ne se reproduisent.
À la veille du dialogue national sur le système politique, l'ancien de Taxawu Senegal plaide pour une discussion sans tabou sur tous les sujets. "Le plus grand mal qu'on peut faire à notre démocratie, c'est de lui mettre des barrières", affirme-t-il.
L'ancien député estime qu'il faut "travailler sur la qualité du député en tant que tel et faire un système beaucoup plus juste". Cette réforme s'inscrit dans sa vision d'une "démocratie qualifiée" qui répondrait mieux aux aspirations populaires.
Un nouveau mouvement pour "faire le pont"
Babacar Abba Mbaye, qui prépare le lancement officiel de son Mouvement "Convictions", se positionne comme un acteur de la "reconfiguration du champ politique". Ancien membre du Parti socialiste, il critique l'obsolescence des partis classiques qui ont "perdu leur prise sur le réel" et la confiance des Sénégalais.
Son Mouvement ambitionne de "participer à la reconfiguration du champ politique" en développant une "éthique de responsabilité" et en créant "un lien avec les populations pour comprendre que la politique n'est pas une affaire de baguette magique".
Tout en défendant l'amélioration des conditions de travail des députés - il dénonce notamment le fait que seulement huit assistants parlementaires doivent servir tous les députés. Babacar Abba Mbaye appelle à se concentrer sur l'essentiel : "L'accessoire suit le principal, parlons du principal, parlons de l'essentiel."
Cette sortie de l'ancien député intervient dans un contexte où le dialogue national suscite des positions divergentes au sein de l'opposition, certains partis ayant annoncé leur boycott tandis que d'autres, comme le PS et l'AFP ou encore le PDS, ont confirmé leur participation.