ABDOU MBOW SANS DÉTOUR
Le député de l'opposition s’en prend vertement au chef du gouvernement, Ousmane Sonko qui, selon lui, devrait « réserver son énergie pour apprendre à gérer ses émotions »

Le député Abdou Mbow s’en prend vertement au chef du gouvernement, Ousmane Sonko qui, selon lui, devrait «réserver son énergie pour apprendre à gérer ses émotions». Dans cet entretien accordé à «L’As», le porte-parole adjoint de l’Alliance pour la république (Apr) dénonce «la prise d’otages» des chroniqueurs. Il s’est prononcé aussi sur la dernière sortie de Ousmane Sonko, l’achat des véhicules de l’Assemblée nationale et le silence du porte-parole de l’Apr, Seydou Guèye.
Que pensez-vous de la sortie de Ousmane Sonko qui parle d’un problème d’autorité au Sénégal ?
Cette affirmation est non seulement grave mais dangereuse. Ousmane Sonko a un problème avec la société, c’est un homme qui se trompe de pays. S'il pense que ce pays peut être dirigé par usurpation, il se trompe. Le président de la République est investi de pouvoirs constitutionnels et de légitimité tirés du peuple souverain. S’il pense qu’il peut gouverner à sa place c’est parce que jusqu’à présent il ne comprend pas le fonctionnement normal des institutions de la république. L’autorité ne se décrète pas, elle se mérite.
Il s’en est également pris à son parti et à la société civile. Est-ce que l’heure est aux confrontations ?
Il n’en est pas à son premier coup, le président du Pastef est connu pour ses diatribes à l’endroit de tous les acteurs de la société. Avant-hier c’était une volonté d’effacer des personnes, hier le tour des acteurs de la justice et aujourd’hui la société civile qu’il qualifie de « fumiers ». Il est temps qu’il arrête et comprenne enfin que les insultes et insanités ne vont pas remplacer son incapacité à régler les difficultés auxquelles sont confrontées les populations. Quant aux attaques par rapport à son propre parti, cela traduit simplement un aveu d’échec et une crise d’autorité profonde au sein du Pastef. Pour dire simplement que Ousmane s’adresse à lui-même. Sonko doit réserver son énergie pour apprendre à gérer ses émotions. Un homme d’Etat doit être serein, calme et visionnaire au lieu de passer son temps dans des polémiques inutiles.
D’aucuns disent qu’il est impossible pour Sonko de retourner à l’Assemblée nationale s’il quitte la primature. Partagez-vous cet avis ?
Je voudrais juste rappeler la jurisprudence Barthélémy Dias qui est encore fraîche dans nos mémoires. Ousmane Sonko est aujourd’hui condamné définitivement et la loi est suffisamment claire là-dessus. Aussi il faut que les sénégalaises et sénégalais sachent que la nomination de Ousmane Sonko est antérieure aux élections législatives. Il a démissionné de l’Assemblée nationale pour incompatibilité avec son poste de membre du gouvernement. Comment cette personne peut après la perte de son poste de Pm revenir à l’assemblée ? Et je rappelle que cette loi organique dont on parle portant règlement intérieur de l’assemblée nationale n’est même pas encore promulguée. Il peut vraiment dire Adieu à l’Assemblée nationale.
Quel ’avenir pour le duo Diomaye-Sonko ?
Il ne faut pas qu’on prenne les Sénégalais pour des moins que rien. Ces autorités ont montré devant le monde entier qu’elles sont incapables de gérer un Etat en étalant au grand jour leurs divergences. Comment un Premier ministre peut se permettre d’attaquer ouvertement un président de la République élu au suffrage universel. C’est une crise qui risque de retarder davantage l’émergence économique du pays. Au moment où l’économie est pratiquement à l’arrêt, avec un taux de chômage qui ne cesse de grimper, une diplomatie boiteuse, des prises d’otages politiques à foison, on nous sert une crise politique interne qui risque d’écorner ce qui reste de l’image de notre cher pays.
Le chroniqueur Badara Gadiaga a été placé sous mandat de dépôt. Êtes-vous surpris par les charges contre lui ?
Encore une nouvelle farce de mauvais goût. Le seul tort de Badara c’est d’avoir préféré 100 ans de prison à une minute de liberté sans dignité. Je l’ai dit hier, l’emprisonnement de Badara Gadiaga n’est rien d’autre qu’une prise d’otage organisée pour approfondir une tentative de musellement de l’opinion. Il faut libérer Badara Gadiaga , il doit être libéré immédiatement et sans aucune condition.
Est-ce que vous vous attendez aussi d’être «effacé» comme l’ont été Abdou Nguer, Badara Gadiaga, Assane Diouf entre autres ?
Non du tout. Ces personnes ne sont pas effacées, ce sont des otages politiques qui sont arrêtés injustement. Quant à moi, je suis un homme politique qui a commencé à me battre avant l’avènement de Ousmane Sonko sur la scène politique et ce n’est pas lui qui va me dire comment je dois mener mes activités. Il doit se calmer et s’il y’a quelqu’un qui ne doit pas parler dans ce pays c’est bien lui. Les menaces n’atteignent que ceux qui l’écoutent vraiment. Je lui ai dit et en face à l’assemblée, que tant que je serais en vie, personne ne pourra m’empêcher de dire ce que je pense. Qu’il se le tienne pour dit.
Quel bilan tirez-vous de la session ordinaire de l’Assemblée nationale ?
A la clôture de la session, notre groupe parlementaire a organisé une conférence de presse pour faire le bilan. Le groupe a félicité ses membres pour leur participation remarquable aux travaux. On a aussi dénoncé des manquements graves et répétés au respect du Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale. Le groupe TWS a fait part de sa vive préoccupation face aux violations graves et répétées du règlement intérieur par le président de l'Assemblée nationale. Nous avons été témoins à plusieurs reprises, de nombreuses entorses aux règles qui régissent le fonctionnement l’Assemblée nationale entre autres : Le refus d’appliquer dans toute sa rigueur les dispositions de l’article 74 qui permettent à l’auteur d’une question préalable de reprendre la parole ; La participation aux débats du Président de l’Assemblée nationale, en violation flagrante des dispositions de l’article 69 du règlement intérieur pour commenter ou répondre aux députés, notamment ceux de l’opposition, après leur prise de parole. Notre groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal a dénoncé les manquements qui portent atteinte à l’équité et au bon déroulement des débats, et a invité le Président de l’Assemblée nationale à prendre de la hauteur et à se départir de sa stratégie de communication déjà vouée à l’échec.
Êtes-vous pour ou contre l’achat de véhicules pour les députés ?
Nous on a été ni de près , ni de loin associés à ce problème d’achats de véhicules. Ce sont eux qui avaient fustigé l’achat de véhicules pour les députés , aujourd’hui ce sont les mêmes personnes qui défendent le contraire. Mais comme on est en face de populistes qui ne sont là que pour leur confort personnel au détriment des difficultés des sénégalais, les populations doivent en tirer toutes les conséquences.
A quand la disponibilité des véhicules de l’Assemblée nationale ?
Il faut vraiment poser la question à ceux qui gèrent la question notamment la majorité parlementaire. On n'en sait absolument rien.
Que devient le porte-parole titulaire de l’APr ?
Il se porte bien. D’ailleurs, je profite de cette occasion pour féliciter Docteur Seydou Guèye qui vient de soutenir avec brio sa thèse ce samedi à Paris. On travaille en parfaite intelligence.