MULTIPLE PHOTOSALIOUNE BADARA MBENGUE, UN SENS ÉLEVÉ DE LA NATION ET DE LA RÉPUBLIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il refusait d'écrire ses mémoires. Son fils a pris le relais pour transmettre l'héritage d'un homme qui incarnait une époque où la politique rimait avec probité, loyauté. Un témoignage nécessaire sur ce que fut la grandeur politique
Je vous parle d’un temps que les moins de…50 ans ne peuvent pas…comprendre… Ce temps révolu où les hommes politiques auraient eu honte d’être milliardaires dans un pays pauvre et où le don qu’ils faisaient de leurs personnes à la Nation ne souffrait d’aucun doute. Le temps où il était juste inconcevable qu’un enfant de ministre de la République puisse ne serait-ce que monter à bord de la voiture de fonction de son géniteur. Je vous conte ce temps, qu’enfant j’eus la chance de traverser, et parce que demeurant chez mes parents dans ce périmètre très administratif du Plateau à Dakar, et ayant maintes fois l’occasion de croiser ces « hommes », en étant terrifié et pas loin de me faire « pipi dessus », tellement ces hommes politiques étaient « chargés » et « charismatiques » sans avoir à en remettre des couches. Oui… « Chargés » parce que c’était le temps où « être ministre » était justement appelé une « Charge ». Ils n’avaient pas besoin de mettre en évidence des montres dorées achetées avec autant de prétention que de mauvais goût à…Dubaï.
Je n’ai en mémoire aucun « sabar » de réjouissances accompagnant leurs nominations à ces responsabilités ministérielles, qu’ils accueillaient avec humilité et surtout…Responsabilité.
En lisant avec plaisir ce livre de Babacar Mbengue intitulé « Alioune Badara Mbengue : Un parcours au service de la Nation, analyses, témoignages et réflexions sociopolitiques », il était fatal que j’en fasse une « lecture en creux », une comparaison avec l’ère actuelle s’imposant à mes sensations et souvenirs, pour donner à nos « hommes politiques » d’aujourd’hui un statut de « pâles…toquets » emplis de désuétudes satisfaites. Ces grands hommes cultivaient tellement la discrétion et avaient tendance à la justifier par leur seul sens du devoir patriotique, que rares sont ceux qui ont sacrifié à l’entreprise de transmission de leurs mémoires. Celles-ci auraient eu le mérite de faire ruisseler dans l’esprit de leurs successeurs quelques traces positives de ce qui nous manque souvent : L’exemplarité.
Le fils Badara Mbengue, vecteur affectueusement fidèle de la transmission
Alioune Badara Mbengue a toujours refusé d’écrire ses mémoires, préférant en laisser le soin à d’autres, ayant peu de goût « pour ceux qui n’entendent écrire l’Histoire qu’à la première personne du singulier ». Un de ses enfants a décidé de nous offrir à partir de documents inédits et de témoignages assurés, une lecture unique de la vie de cet homme et à travers elle, un éclairage souvent nécessaire sur des évènements constitutifs de l’Histoire de notre Nation et du cours de notre République. Voilà ce qu’en dfit Babacar Mbengue : « J’ai entrepris d’écrire la biographie de mon père, Alioune Badara Mbengue, animé par un devoir de fidélité et de justice envers sa mémoire. J’ai évoqué les valeurs qui ont guidé sa vie — probité morale, loyauté indéfectible, courage dans l’épreuve et discrétion dans l’action — elles méritaient d’être connues, transmises, et méditées. À travers cette biographie, j’ai voulu faire œuvre de vérité, en me fondant sur des sources vérifiables, pour restituer le parcours d’un homme droit et constant dans ses engagements. C’était aussi une façon de lutter contre l’oubli, en racontant aussi objectivement que possible, un parcours assez exceptionnel, sans tomber dans les compliments vides. Ce travail est donc d’abord un acte de fidélité, mais aussi un hommage sobre à l’honnêteté, à la dignité et au sens du devoir ».
« L’Homme est par nature un animal politique ». Aristote.
A.B. Mbengue homme politique emblématique de l’histoire du Sénégal
Le Professeur Mamadou Kandji dans sa préface, note que l’auteur met en évidence les moments importants de l’histoire sociopolitique du Sénégal, notamment l’époque charnière du passage de la colonisation à l’indépendance, « époque où les jeunes cadres tels que Mamadou Dia, Alioune Badara Mbengue, Ousmane Socé Diop et tant d’autres, avaient pris la pleine mesure de leurs responsabilités, à savoir la construction d’un jeune état-nation ».
Lire cet ouvrage sur cet homme emblématique de notre histoire, sera aussi l’opportunité de comprendre nos moments forts comme l’éclatement de la Fédération du Mali, la crise de 1962 entre Senghor et Mamadou Dia, mais aussi les prises de position fort courageuses d’Alioune Badara Mbengue en cette période critique. Ce livre rafraîchissant avec sagacité nos pages d’histoire, retrace sa vie fascinante, explorant ses réalisations politiques et son héritage, avec l’ambition de faire de cet homme une référence certaine pour les générations futures.
Toute sa vie durant, empli de cette pensée du Dalaï Lama, selon laquelle, « nos actions devraient être fondées sur des principes universels comme la compassion et la responsabilité », Alioune Badara Mbengue aura été un modèle de dignité et de principes solides. Sa jeunesse et sa formation académique sont contés avec détails et précisions, et vous saurez tout sur l’école William Ponty, berceau de tous les hauts cadres africains qui ont eu à façonner leur continent. Vous partagerez sa vie professionnelle et serez subjugués par son parcours politique, administratif et ministériel aussi précoce qu’implacable d’évidence. Vous découvrirez des noms d’hommes politiques qui ont fait partie d’un personnel politique de très haute facture, qui avaient une idée de leurs missions très éloignée de jouissances terrestres personnelles, et qui se souciaient alors, tous tant qu’ils étaient, de leur pays plutôt que de leurs petits profits, et qui avaient fait don de leurs personnes au Sénégal, et dont la dignité les empêchait de n’être que des « béni-oui-oui » face à quelque autorité que ce soit.
C’est cette haute idée de la dignité qui transpire à l’évocation et au long du récit que l’auteur fait des évènements cruciaux et historiques et qui a fait jouer à Alioune Badara Mbengue son rôle déterminant. Vous serez captivés par les révélations de l’auteur concernant la crise de 1962 et son impact sur son parcours politique. Vous poserez un regard nouveau sur la motion de censure et ses rapports qui ont pu être houleux avec Mamadou Dia, avant de devenir apaisés comme cela peut exister entre grands hommes politiques responsables et patriotes.
Ce qui nous amène à la postface du Professeur Souleymane Bachir Diagne, dans laquelle il convoque cette énorme qualité prêtée à Alioune Badara Mbengue, qu’il nomme FIDÉLITÉ, symbolisée par ces propos tenus au soir de sa carrière au service de l’état du Sénégal : « Ce n’est pas pour me vanter, mais s’il y a eu un homme qui n’a pas eu deux positions politiques dans sa vie, c’est bien moi ».
Pour paraphraser Souleymane Bachir Diagne en guise de conclusion, vous tirerez de cet ouvrage remarquable, autant de leçons qui font la valeur de cette précieuse biographie, que nous devons à la fidélité d’un fils à la mémoire de son père, un fils qui a succombé au devoir de partager le testament d’un homme dont la trajectoire individuelle est un brillant reflet de la marche du pays qu’il a servi toute sa vie.
Ce livre est une fraîcheur nécessaire qu’il est urgent de diffuser dans l’espace torride et saturé d’invectives futiles qui illustre si mal ce pays qui est le nôtre et que nous devons protéger ensemble, « AU SERVICE DE NOTRE NATION ».