VIDEOBARTH MET LA JUSTICE AU DÉFI
Dans une sortie remarquée ce lundi 21 juillet, l'ex-maire de Dakar interpelle directement la Cour suprême et lui lance un ultimatum : qu'elle se prononce sur sa révocation ou assume un "silence complice"

(SenePlus) - Dans une conférence de presse tenue ce lundi 21 juillet, l'ancien maire de Dakar Barthélémy Dias a lancé un appel solennel à la Cour suprême du Sénégal, l'exhortant à se prononcer sur la légalité de sa révocation et à "rendre justice au peuple de Dakar".
Barthélémy Dias a saisi la Cour suprême pour excès de pouvoir le 16 décembre 2024, après avoir contesté l'arrêté préfectoral du 13 décembre devant la cour d'appel. Dans sa déclaration, il a rappelé avec insistance que la Cour d'appel a rejeté son recours le 31 décembre 2024, mais maintient que sa démarche devant la Cour suprême reste valide.
"Je rappelle que l'article 135 du code général des collectivités locales stipule clairement qu'un maire ne peut être révoqué que par décret présidentiel, et seulement en cas de crime ou de faute grave après une procédure contradictoire", a martelé Dias, soulignant qu'aucune de ces conditions n'a été respectée dans son cas.
L'ancien édile a voulu élever le débat au-delà de sa personne : "Il ne s'agit pas de moi. Il ne s'agit pas de mon mandat de maire. Je suis d'abord un citoyen sénégalais. Je ne suis pas n'importe quel citoyen sénégalais. Je suis un élu. Je ne suis pas n'importe quel élu. Je suis le maire de la capitale du Sénégal."
Il a particulièrement insisté sur le caractère unique de Dakar : "Je voudrais vous rappeler que Dakar est la seule ville du Sénégal citée dans la Constitution du Sénégal. Dakar ne peut pas être la seule ville du Sénégal aujourd'hui qui ne dispose pas d'un maire élu au suffrage direct. C'est anormal, c'est illégal et c'est manifestement antidémocratique."
Dans une formulation particulièrement directe, Barthélémy Dias a présenté trois options à la Cour suprême : confirmer la légalité de l'arrêté préfectoral en citant les textes juridiques applicables, rendre justice au peuple de Dakar en respectant son vote, ou "s'emmurer dans un silence qui ne dirait pas son nom".
"J'espère qu'on en arrivera pas là", a-t-il ajouté, avant de lancer un avertissement : "J'espère que la justice de notre pays que le président Bassirou Diomaye Faye a dit être libérée ne sera pas une justice coupable d'un déni."
L'interpellation de la Cour suprême s'inscrit dans un contexte plus large de tensions politiques au Sénégal. Dias a dénoncé "la confiscation du vote populaire du peuple de Dakar", rappelant qu'il est "le seul maire ciblé parmi plus de 500 maires au Sénégal".
Il a également annoncé son intention de "mettre en place une coalition et une vaste coalition d'acteurs politiques de tout bord, d'acteurs de la société civile" pour faire face à ce qu'il perçoit comme une dérive autoritaire.
La procédure de destitution a été initiée par un partisan du pouvoir, qui a saisi le préfet de Dakar à propos de la condamnation définitive de Barthélémy Dias à deux ans de prison pour un homicide en 2011. Cependant, l'ancien maire conteste la validité juridique de cette procédure, arguant qu'elle ne respecte pas les dispositions du code général des collectivités locales.