BÉNI PAR DIOUF
Makhtar Diouf, fils de l’ancien président Abdou Diouf, a résumé le lien fort qui unissait son père à Ousmane Tanor Dieng

Makhtar Diouf, fils de l’ancien président Abdou Diouf, a résumé le lien fort qui unissait son père à Ousmane Tanor Dieng : le premier considérait le second comme « son fils ». C’est qu’une bonne partie de la trajectoire d’Otd est intimement liée à celle de Diouf, parfois même leurs cheminements sont similaires. Tout comme son mentor, Ousmane Tanor Dieng était formé pour être plutôt un technocrate qu’un politique (lire son portrait). Tous les deux ont été admirés par leurs chefs qui les ont encouragés à descendre dans l’arène politique : Senghor a mis en selle Diouf et celui-ci, une fois président, a porté et béni à son tour Tanor. Très tôt donc, Diouf, c’est lui qui le confie dans ses « Mémoires », est émerveillé par le jeune homme qu’il avait laissé partir servir le président Léopold Sédar Senghor. Après avoir bien observé ce garçon « méthodique, sérieux, travailleur et cultivé », maître dans l’art d’écrire des discours, Diouf décide, à son avènement à la tête du Sénégal, de garder cet homme de 46 ans d’abord comme conseiller diplomatique, ensuite directeur de cabinet en 1988 (année de son accession au bureau politique du Ps) pour ensuite le nommer directeur de sa campagne à l’élection présidentielle de 1993.
Et lorsqu’il décide de se décharger des tâches de secrétaire général du Parti socialiste, Abdou Diouf pense tout naturellement au natif de Nguéniène, le mettant ainsi dans le viseur des barons du parti. Mais, comme il le dit, « mes camarades de parti ne voulaient pas en entendre parler ». Alors, il décide de couper la poire en deux : il devient président du Ps et Tanor premier secrétaire. Certains ont vite fait d’assimiler le rôle de cette étoile montante au sein du Ps et au cœur de l’Etat comme un dauphinat. Difficile à l’époque de faire croire le contraire. Et très vite, l’ascension fulgurante est jalonnée de bataille sans merci avec les barons.
Et lorsqu’il s’est agi de formaliser le nouvel organigramme du parti, certains ont vite taxé Diouf d’organiser un « congrès sans débat », le 30 mars 1996. Un tournant dans la vie du Ps. Ce jour, Abdou Diouf dit tout le bien qu’il pense de l’homme : « Ousmane Tanor Dieng est un garçon remarquable, un jeune homme plein de vertus, de talent, de courage, de compétence, d’une loyauté et d’un engagement sans pareil ». L’accusation de dévolution du pouvoir prend alors plus de l’ampleur : « c’est quand Ousmane Tanor Dieng a commencé à présider les bureaux politiques à ma place, que l’impression a prévalu que j’avais abandonné le parti en laissant quelqu’un qui devait être mon dauphin sur les plans du parti et de l’Etat le faire ». Le plus proche collaborateur se retrouve ainsi à l’apogée de sa carrière : ministre d’Etat chargé des Affaires présidentielles, gestionnaire des fonds politiques de la présidence, premier secrétaire du Ps. Plus de dix ans après la perte du pouvoir, Diouf confesse : « Quand on analyse ça avec le recul, c’est vrai qu’on peut se dire que c’est une double confiance qui conduit tout droit vers ce soit disant dauphin ». A l’arrivée, l’homme n’a jamais accédé à la tête du pays, mais Otd est resté solide à son idéal socialiste et à la barre du navire Ps jusqu’à son dernier souffle.