VIDEOCOMME UN AIR DE RÈGLEMENT DE COMPTES
Selon Thierno Alassane Sall, pendant que certains sont poursuivis, d'autres rapports tout aussi accablants sont « mis sous le coude » car les personnes concernées ne sont pas opposées au régime de Diomaye

Dans un entretien accordé à TV5 Monde ce jeudi 8 mai, Thierno Alassane Sall, président du parti République des Valeurs, n'a pas mâché ses mots concernant la décision du Parlement de renvoyer cinq anciens ministres devant la Haute cour de justice pour malversations présumées. L'opposant y voit clairement « un air de règlement de comptes » orchestré par le nouveau pouvoir.
« La reddition de comptes ne nous pose aucun problème », affirme d'emblée l'ancien ministre, reconnaissant l'existence d'un rapport de la Cour des comptes datant de 2022 qui « pose des faits assez troublants ». Cependant, il dénonce une application sélective de la justice, pointant du doigt d'autres rapports tout aussi accablants qui auraient été « mis sous le coude » car concernant des personnalités « pas aussi franchement opposées à l'actuel régime ».
Pour illustrer ses propos, Thierno Alassane Sall cite le cas de l'ancienne ministre Salimata Diop, poursuivie pour environ 40 millions de francs CFA, alors qu'une affaire impliquant l'Office national des assainissements (ONAS), où un véhicule de 80 millions aurait été offert au directeur général, n'a connu aucune suite judiciaire malgré une plainte déposée par Sall lui-même.
« Nous aurions aimé que le débat ne fût pas seulement judiciaire », déplore l'opposant, estimant que cette « opération de règlement de comptes » sert d'écran de fumée au nouveau pouvoir pour « excuser d'avance l'incurie et l'incompétence » face aux graves difficultés économiques que traverse le pays.
Cette justice à « deux vitesses » se manifesterait également dans la répression ciblée des critiques du régime. « Des jeunes influenceurs ou chroniqueurs sont mis aux arrêts simplement parce qu'ils émettaient des critiques assez virulentes », alors que « des gens du Pastef qui profèrent des insultes très graves à l'endroit de l'opposition ne sont nullement inquiétés », souligne-t-il.
Le président du parti République des Valeurs fustige par ailleurs l'attitude du Premier ministre qui, « du haut de la tribune de l'Assemblée nationale », aurait menacé de « réduire l'opposition à des résidus » et de s'en prendre à ceux qui critiquent le pouvoir sur les réseaux sociaux.
Face à cette situation, Thierno Alassane Sall a refusé de participer au dialogue politique national prévu le 28 mai, qu'il qualifie de « mascarade ». Selon lui, ce dialogue n'a pas pour objectif de faire progresser la démocratie sénégalaise mais plutôt de « modifier les lois électorales, limiter les partis politiques et trouver les mécanismes pour asseoir davantage leur pouvoir ».
Le député regrette que le gouvernement s'évertue à « poser de faux problèmes » et à « chasser les opposants » au lieu de s'attaquer aux défis urgents du pays, notamment le retard économique et le dysfonctionnement des universités, qui accusent près d'un an de retard sur le calendrier académique mondial.