COMMENT ÉVITER L'ENGORGEMENT DES CANDIDATURES ?
L'étape des parrainages permettra-t-elle de contenir le débordement d'ambitions des candidats ? Avec 75 candidats déjà déclarés, la profusion de prétendants contraste avec les exigences fixées par cette réforme adoptée lors du dialogue national en juin

Alors que la campagne de recueil des parrainages citoyens pour l'élection présidentielle de février 2024 vient de commencer, Jeune Afrique (JA)se demande si cette étape permettra de contenir le débordement d'ambitions des candidats. Avec déjà 75 candidats déclarés, la profusion de prétendants contraste avec les exigences fixées par la réforme adoptée lors du dialogue national en juin.
Selon cette réforme, chaque candidat devra obtenir au moins 44 559 parrainages valides, soit 0,6 % du corps électoral, pour que sa candidature soit acceptée. Cependant, le principal défi réside dans la prévention des doublons entre candidatures concurrentes, car chaque électeur ne peut accorder son parrainage qu'à un seul prétendant. Cette question des doublons sera examinée par le Conseil constitutionnel entre le 26 décembre 2023 et le 12 janvier 2024, lors de l'évaluation des dossiers de candidature.
La profusion actuelle de candidats est frappante, notamment compte tenu de l'exclusion d'Ousmane Sonko, un opposant majeur dont le poids électoral dépasse probablement 20 %. Radié des listes électorales et confronté à des condamnations et à des détentions provisoires, Sonko est d'ores et déjà hors course, bien que son parti refuse de l'admettre, à en croire Jeune Afrique.
Pour la plupart des autres favoris, l'enjeu est moindre. À l'exception d'Idrissa Seck, dont le parti ne dispose plus de députés à l'Assemblée nationale et ne peut donc pas compter sur le parrainage par des élus locaux, les principaux candidats semblent être en position favorable. Parmi eux, on retrouve Amadou Ba de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY), ainsi que les opposants Karim Wade du Parti démocratique sénégalais (PDS) et Khalifa Sall de Taxawu Sénégal. Le Parti de l'unité et du rassemblement (PUR), qui avait créé la surprise en 2019, devra également se plier aux exigences des parrainages citoyens s'il souhaite présenter un nouveau candidat.
La réforme adoptée en juillet stipule que les parrainages doivent être répartis dans au moins sept des quatorze régions du pays, avec un minimum de 2 000 parrainages par région. En cas de doublons de signatures entre plusieurs candidats, seules les premières listes enregistrées devant le Conseil constitutionnel seront prises en compte.
Lors de l'élection précédente en 2019, seuls cinq dossiers de candidature avaient été acceptés sur les vingt-sept soumis au Conseil constitutionnel. Les irrégularités constatées dans les parrainages avaient été le principal motif de rejet de plus de 80 % des candidatures.
L’objectif de cette réforme est de rationaliser le processus de candidature et d'éviter un engorgement des prétendants. Cependant, avec 75 candidats déclarés dès le début de la campagne de recueil des parrainages citoyens, il reste à voir si cette étape sera suffisante pour contenir le nombre d'ambitions présidentielles.
La période d'évaluation des dossiers par le Conseil constitutionnel sera cruciale pour déterminer quels candidats pourront effectivement concourir à l'élection présidentielle de février 2024 au Sénégal.