EMBALO MOBILISE POUR MACKY À L'ONU
En septembre, le président bissau-guinéen a joué les entremetteurs à New York, multipliant les contacts auprès des membres du Conseil de sécurité pour faire valoir les atouts de l'ancien chef d'État sénégalais

(SenePlus) - La discrétion n'est plus de mise. Bien qu'il ne se soit pas encore officiellement déclaré candidat au poste de secrétaire général des Nations unies, Macky Sall mène déjà une campagne active pour succéder à António Guterres, dont le mandat s'achèvera fin 2026. Selon Jeune Afrique, l'ancien président sénégalais bénéficie du soutien appuyé du président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló, qui s'est transformé en véritable agent de lobbying pour son homologue.
En marge de l'Assemblée générale des Nations unies fin septembre, Embaló a multiplié les rencontres avec différents responsables pour plaider la cause du Sénégalais. Dans un entretien accordé au média, le dirigeant bissau-guinéen ne cache pas son optimisme : « L'ONU a besoin d'un secrétaire général respecté, expérimenté et crédible. Macky Sall coche toutes les cases », assure-t-il, avant d'ajouter que l'ancien président « aura le soutien de l'Afrique, des pays musulmans et de l'Asie ».
Le 27 septembre, Macky Sall déclarait prudemment sur la chaîne YouTube H5 Motivation qu'il n'était « pas encore candidat » au poste, tout en n'écartant pas cette hypothèse. Trois jours plus tôt, il avait choisi un grand hôtel new-yorkais pour lancer son livre L'Afrique au cœur, copublié en français et en anglais aux éditions Odile Jacob. Le timing n'avait rien d'anodi, d'après JA : en pleine Assemblée générale de l'ONU, cette cérémonie lui a permis de recevoir les hommages de personnalités de premier plan, dont Ban Ki-moon, ancien secrétaire général de l'ONU, Moussa Faki Mahamat, ex-président de la Commission de l'Union africaine, ou encore Charles Michel, ancien président du Conseil européen.
Jeune Afrique révèle que l'ancien chef d'État sénégalais compte s'appuyer sur plusieurs dirigeants africains pour sensibiliser les membres du Conseil de sécurité, instance qui recommande le candidat à l'Assemblée générale. Umaro Sissoco Embaló affirme avoir des indications selon lesquelles « la Chine, la Russie et la France se prononceront en sa faveur », ce qui constituerait trois voix parmi les cinq membres permanents dotés du droit de veto.
Le président bissau-guinéen, attendu à Dakar le 6 octobre, devrait évoquer ce dossier avec son homologue Bassirou Diomaye Faye. Une rencontre délicate, car si le soutien du pays d'origine n'est pas requis pour le poste de secrétaire général, la candidature de Macky Sall suscite des critiques au Sénégal, où son bilan et celui de ses ministres font l'objet de poursuites judiciaires.
Une concurrence redoutable
La route vers le 38ᵉ étage de la tour de l'ONU reste semée d'embûches pour l'ancien président sénégalais. Une dizaine d'autres postulants sont également en lice, et le principe officieux de rotation géographique pourrait jouer en sa défaveur. Le groupe Amérique latine-Caraïbes, qui n'a plus fourni de secrétaire général depuis le Péruvien Javier Pérez de Cuéllar il y a 35 ans, estime que le siège lui revient de droit.
À cela s'ajoute une pression croissante pour qu'une femme soit nommée à ce poste, jamais occupé par une représentante du sexe féminin en près de 80 ans d'existence de l'organisation. Dans ce contexte, la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, fait figure de favorite. Elle cumule en effet les atouts d'être une femme, de venir de la région des Caraïbes et de jouir d'une réputation internationale solide, notamment sur les questions climatiques et de développement.
Face à cette concurrence, Embaló se veut néanmoins catégorique : « Si Mia Mottley ne se présente pas, Macky a 100 % de chances ! », lance-t-il avec assurance. Un enthousiasme que tempère la réalité diplomatique, où chaque candidature doit recueillir l'approbation des quinze membres du Conseil de sécurité, dont les cinq permanents disposent d'un droit de veto.
Macky Sall, conscient des obstacles, a précisé que sa décision finale dépendrait d'un « consensus international » en faveur de sa candidature. S'il était élu, il deviendrait le premier Africain francophone à occuper ce poste prestigieux, après l'Égyptien Boutros Boutros-Ghali et le Ghanéen Kofi Annan.