VIDEOIBOU FALL DÉNONCE UNE CULTURE DE L'EMPRISONNEMENT AU SÉNÉGAL
Le journaliste et chroniqueur replace l'arrestation de Moustapha Diakhaté dans un contexte historique, dénonçant une pratique devenue "culturelle" au Sénégal qui révèle, selon lui, un mépris de la valeur de la vie humaine

Le journaliste et chroniqueur Ibou Fall a vivement réagi à l'arrestation de l'ancien parlementaire Moustapha Diakhaté, arrêté depuis mardi 10 juin 2025 suite à des propos jugés offensants envers le président de la République Bassirou Diomaye Faye. L'ancien député avait déjà été condamné à deux mois de prison ferme le 28 novembre dernier pour "insulte commise par le biais d'un système informatique", "manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique" et "troubles politiques graves".
Dans sa réaction, Ibou Fall estime que le gouvernement devrait se concentrer sur les urgences économiques plutôt que de se laisser distraire par ce type de débats. "Gouverner, administrer un pays, ça demande de la concentration. Il faut pas se laisser distraire par des débats qui n'ont pas de sens", déclare-t-il, rappelant qu'en fin de mandat, c'est sur les résultats concrets que les dirigeants seront jugés.
Le chroniqueur replace cette arrestation dans un contexte historique plus large, soulignant que "de Senghor à Bassirou, il y a toujours eu des journalistes qu'on a jetés en prison, des leaders d'opinion qu'on a jetés en prison". Pour lui, cette pratique est devenue "une culture" au Sénégal, révélatrice d'un problème plus profond de gouvernance.
Au cœur de la critique d'Ibou Fall se trouve la question du respect de la dignité humaine et des libertés individuelles. "Tu ne peux pas penser que la valeur de la vie humaine... tu peux pas priver quelqu'un de liberté comme ça", s'indigne-t-il. Selon lui, cette approche répressive reflète un "sous-développement" dans la conception même du pouvoir et de la justice.
Le journaliste pointe du doigt le dysfonctionnement des institutions, particulièrement la justice, "même après les assises" nationales sur la réforme judiciaire. Il prône une approche plus constructive pour les infractions non violentes, privilégiant la réparation et le travail d'intérêt général plutôt que l'incarcération qui, selon lui, "déplace le problème" et crée "une charge supplémentaire" pour l'État.
Ibou Fall conclut en appelant à une transformation philosophique de la classe dirigeante : "La politique, c'est une question d'élite. Il faut avoir une haute idée de la vie humaine, des libertés, pour pouvoir au moins diriger un pays." Il oppose cette vision à celle d'autres pays du continent où "ce sont des soldats qui frappent à ta porte", plaidant pour un Sénégal qui se distingue par le respect des droits fondamentaux.