JEAN-MICHEL SÈNE DÉGAINE CONTRE THIERNO ALASSANE SALL
Le Directeur Général de l'ASER a publié ce mardi une réponse cinglante au député, l'accusant de "manœuvre politicienne" dans le dossier d'électrification rurale AEE POWER. "Vous défendez les ripoux", assène le jeune dirigeant

(SenePlus) - Jean-Michel Sène, Directeur Général de l'Agence Sénégalaise d'Électrification Rurale (ASER), a publié ce mardi 17 juin 2025 une réponse cinglante au député Thierno Alassane Sall, l'accusant de "manœuvre purement politicienne" dans le dossier AEE POWER.
Dans une question écrite adressée au ministre des Finances, Thierno Alassane Sall avait pointé le 15 juin dernier, du doigt des irrégularités dans l'attribution du marché d'électrification rurale à la société espagnole AEE POWER EPC. Le député dénonçait notamment l'émission de garanties par la SONAC (Société Nationale d'Assurance du Crédit) sans paiement préalable des primes d'assurance, pour un montant total de 56 millions d'euros.
Selon lui, cette situation violait le Code CIMA qui exige le paiement intégral des primes avant la délivrance des attestations d'assurance. Le parlementaire accusait également l'ARCOP (Autorité de Régulation de la Commande Publique) d'avoir été ignorée par la SONAC malgré ses interpellations sur ce dossier.
Dans sa lettre ouverte particulièrement virulente de ce mardi 17 juin, le patron de l'ASER dénonce ces accusations et qualifie la démarche du député de pure "chorégraphie médiatique déguisée en question écrite". "Vous confondez vacarme médiatique et action publique. Le temps est venu de mettre fin au spectacle", lance-t-il d'emblée.
Jean-Michel Sène reproche à l'ancien ministre sa "méconnaissance du dossier" et son "déficit de compréhension du mécanisme de délivrance des garanties dans les marchés publics". Il l'accuse de "défendre sans relâche des hommes véreux capables de surfer sur des pratiques de surfacturation".
Pour réfuter les critiques, le DG de l'ASER revendique les résultats obtenus depuis sa prise de fonction. Selon lui, l'objectif d'électrifier 40 localités d'ici fin juin a été dépassé : "42 localités sont déjà électrifiées contre 40 prévues." Ces premières installations seront mises en service dans les prochains jours, et 360 localités supplémentaires devraient être raccordées d'ici la fin 2025.
Jean-Michel Sène établit un bilan comparatif sévère avec la gestion précédente : "Au milieu du premier semestre de cette année, nous sommes à plus de 320 localités rurales électrifiées (en moins d'un semestre), là où vous peiniez à dépasser la centaine en une année entière."
Pour démonter les accusations de Thierno Alassane Sall, Jean-Michel Sène rappelle un élément chronologique crucial : les garanties contestées ont été émises le 20 mars 2024, "avant l'élection présidentielle, avant l'élection du nouveau Président, avant l'arrivée du nouveau gouvernement, avant ma nomination en tant que DG de l'ASER."
Il précise également que la demande de paiement des avances avait été introduite par l'ancien DG le 22 mars, "deux jours seulement avant l'élection présidentielle." Concernant l'ARCOP, le patron de l'ASER dément les affirmations du député : "C'est faux. Et c'est grave de l'ignorer. Pour votre gouverne, la SONAC a répondu non pas une, mais deux fois."
Jean-Michel Sène retourne les accusations contre son détracteur en évoquant le dossier OS Myna, datant de l'époque où Thierno Alassane Sall était ministre de tutelle de l'ASER. Il dénonce "un véritable scandale" : un contrat de 60 milliards de FCFA censé électrifier 1 144 localités en 12 mois qui, "10 ans après, n'a permis d'électrifier que 368 localités alors que 45 milliards sont décaissés."
"Le vrai scandale n'est pas là où vous pointez le doigt, mais là où vous évitez soigneusement de regarder", assène-t-il, rappelant au député sa responsabilité d'ancien ministre : "À l'époque, c'était vous le Ministre de Tutelle de l'ASER, donc un acteur de premier plan. Cette responsabilité vous ne pouvez pas vous en débarrasser."
Loin de fuir la controverse, le Directeur Général renouvelle publiquement son invitation à un débat contradictoire : "Je tiens à vous renouveler publiquement mon invitation à un débat sur le dossier au lieu et à la date de votre choix." Il promet de mettre préalablement à disposition "toute la documentation en rapport avec le Contrat AEEPOWER EPC."
"Vous souhaitez connaître la vérité ? Honnêtement ? Je vous ouvre grand les portes. Venez débattre", conclut-il, accusant le député de préférer "les postures aux preuves" et "le théâtre" à l'action concrète.