VIDEOLA DÉFENSE DE FARBA NGOM ACCUSE
Des avoirs saisis avant même l'inculpation, une caution rejetée sans motif légal, un traitement différencié entre co-accusés.. Les avocats dénoncent des irrégularités en cascade dans la procédure visant le député poursuivi dans une affaire de blanchiment

Les avocats de Farba Ngom, député incarcéré depuis fin février pour des accusations de "blanchiment, escroquerie sur les deniers publics et association de malfaiteurs", ont tenu une conférence de pressece mardi 13 mai 2025 pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme "une justice de vengeance" à l'encontre de leur client.
Me Dialy Kane, l'un des principaux conseils de l'accusé, a vivement critiqué le traitement judiciaire réservé à son client, pointant des inégalités flagrantes dans la procédure. "Il y a incontestablement une justice de vengeance qui est en cours. C'est ça la réalité", a-t-il affirmé devant les journalistes.
L'avocat a notamment mis en lumière la disparité de traitement entre Farba Ngom et un autre mis en cause dans la même affaire, identifié comme "Tahirou Sarr". Selon Me Kane, alors que les deux hommes se trouvent "exactement dans la même situation", le cautionnement proposé par Farba Ngom sur la base de titres fonciers a été catégoriquement rejeté par le juge d'instruction, tandis que celui de Tahirou Sarr a été "accepté avec beaucoup de diligence" et validé par la chambre d'accusation financière.
"À chaque fois que l'égalité entre deux justiciables est rompue, c'est qu'il n'y a plus de justice", a martelé l'avocat, qualifiant de "violation flagrante des droits de la défense" la décision du juge d'imposer une mesure conservatoire sur les titres fonciers proposés comme caution.
Sur le fond de l'affaire, Me Kane conteste la qualification juridique des faits reprochés à son client. Il estime que Farba Ngom "n'est pas compris dans le champ de répression" des articles 152 à 155 du code pénal sénégalais, qui définissent les personnes susceptibles d'être poursuivies pour détournement de deniers publics. L'avocat affirme que son client ne peut être considéré comme un "comptable de fait" pouvant manipuler des fonds publics.
"Malheureusement dans ce pays, le parquet manipule les concepts juridiques en fonction de sa volonté pour mettre en prison des citoyens", a déploré Me Kane, promettant que "le temps viendra où l'on démontrera de façon nette, claire et précise que Farba Ngom est complètement innocent".
Pour rappel, selon le parquet du pool judiciaire financier (PJF), "les investigations menées révèlent des mécanismes sophistiqués de blanchiment de capitaux par le biais de sociétés écrans qui auraient été utilisées pour des transactions suspectes d'une valeur estimée provisoirement à plus de 125 milliards de francs CFA".
L'avocat a également dénoncé les "pouvoirs exorbitants" du ministère public, capable selon lui de maintenir un prévenu en détention malgré une décision de libération prononcée par une chambre d'accusation. Il a reproché aux actuels détenteurs du pouvoir d'avoir critiqué cette situation lorsqu'ils étaient dans l'opposition, avant de s'en accommoder une fois aux commandes de l'État.
Me Kane a conclu en dénonçant des saisies opérées sur les avoirs bancaires de Farba Ngom "alors qu'il n'était même pas encore inculpé", ce qui constituerait selon lui une nouvelle entorse à la procédure légale.