LA POLITIQUE «ECLIPSE» LES AUTRES SECTEURS
Le chef de l’Etat, Macky Sall, procède ce jour, mardi 28 mai, décrété Journée nationale du dialogue au Sénégal, au lancement du dialogue national auquel il a convié toutes les forces vives de la Nation.

Toutefois, force est de constater que depuis l’annonce faite de ce dialogue, à savoir le jour de la proclamation des résultats définitifs du scrutin présidentiel par le Conseil constitutionnel, la classe politique semble s’approprier ledit dialogue, faisant un black-out complet des autres secteurs du pays.
Dans un communiqué rendu public par le Ministre d’Etat, Directeur de Cabinet politique du Président de la République, Mahmoud Saleh, il a été informé à l’opinion que le dialogue national initié par le Président de la République sera lancé le mardi 28 Mai 2019, c’est-à-dire ce jour, au palais de la République. Ainsi, se concrétise une volonté exprimée par le président Macky Sall, dès la confirmation de sa réélection par le Conseil constitutionnel. En effet, le 5 mars dernier, le chef de l’Etat avait convié «à ce dialogue républicain toutes les forces vives de la Nation, sans exclusive ; dialogue auquel mes prédécesseurs, les Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade pourraient apporter leur contribution». Donc, ledit dialogue doit normalement prendre en compte tous les secteurs d’activité du pays «sans exclusive», comme l’a dit le président Macky Sall.
Force est de reconnaitre, cependant, que le landerneau politique semble «confisquer» lesdites concertations pour son propre compte. En effet, aux lendemains de la sortie du président nouvellement réélu, les langues ont commencé à se délier sur la participation ou non des acteurs politiques à ce dialogue. Si le camp du candidat Madické Niang, par la voix de son directeur de Cabinet, Habib Sy, exigeait la nécessité de la restauration de la confiance pour prendre part à ce dialogue, celui du candidat El Hadji Sall, posait la sincérité du dialogue comme condition, selon Khalifa Mbodj, Secrétaire permanent du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur). En revanche, le parti Pastef disait passer à autre chose car «c’est un non-évènement», pour reprendre le chargé de communication dudit parti, El Malick Ndiaye. Quant à Idrissa Seck, arrivé deuxième lors de cette présidentielle, il aurait rejeté sans fioritures ledit dialogue en ces termes : «Je ne peux pas dialoguer avec une personne habituée à renier sa parole», rapporte Yérimpost.
Alors, commençait la surenchère des politiques sur leur participation ou non à ce dialogue lancé par le président Macky Sall, mettant en berne tous les autres secteurs. La convocation, le 9 mai dernier, des acteurs politiques autour du processus électoral par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, ne fera que raviver les débats sur le dialogue orienté uniquement sur la politique. D’ailleurs même, la convocation des acteurs politiques avant le lancement officiel du dialogue national pour discuter autour des termes de référence en dit long. Une brèche ouverte alors pour une panoplie de conditions posées par l’opposition dite «significative». Elle exigera du chef de l’Etat une commission cellulaire, une personnalité indépendante et enfin un engagement formel de sa part pour mettre en œuvre toutes les décisions issues de ce cadre de concertation. Même l’acceptation de toutes ces conditions par le président Macky Sall, si on se fie à la note de son Directeur de Cabinet politique, ne clôt pas la question de la participation ou non du Front de résistance nationale (Frn), qui a jugé nécessaire de se concerter à nouveau pour statuer sur les décisions prises par le chef de l’Etat. Cela, même si le président n’a fait qu’accepter les conditions qu’ils lui ont eux-mêmes posées.
A cela s’ajoutent les autres conditions mises sur la table par le “Pape du Sopi“, concernant la réouverture du dossier de son fils, Karim Wade, ou encore la libération de Khalifa Sall, exigence posée par les “Khalifistes“. Et c’est dans ces conditions générales de surenchère et de rapport de forces que s’ouvre, ce jour, le dialogue national appelé par Macky Sall qui doit toucher toutes les composantes de la Nation.