LA SANTÉ DE FARBA NGOM SE DÉGRADE
Une expertise médicale ordonnée par le juge d'instruction conclut sans appel : la détention de l'ancien député n'est "pas compatible" avec ses multiples pathologies chroniques

La situation de santé de Farba Ngom se dégrade de plus en plus et de manière très préoccupante. Farba souffre de plusieurs maladies et qu'au moment de sa convocation par le juge il s'apprêtait à aller en France et en Allemagne pour des rendez-vous médicaux.
Ses médecins traitants, sa famille ainsi que les populations de Matam notamment ses administrés de Agnam s'inquiètent beaucoup et s'attendent au pire. Le juge d'instruction a, sur demande des avocats de Farba, ordonné une expertise médicale dont les conclusions confirment la gravité de l'état de santé décrite ci-dessus.
Il n'y a parfois qu'un battement de cœur entre la détention et la liberté. Pour Farba Ngom, ce battement est aujourd'hui celui de l'urgence médicale. Détenu dans le cadre d'une enquête menée par le Pool judiciaire financier, l'ancien député et homme de confiance de Macky Sall fait désormais face à un enjeu vital : sa santé déclinante menace de ne pas supporter le régime carcéral.
Devant l'aggravation de son état, le juge d'instruction du premier cabinet a fini par ordonner une expertise médicale. Une décision prise à contre-courant du procureur de la République financier, qui s'y opposait fermement.
Mais les signaux d'alerte étaient trop nombreux pour être ignorés. C'est l'Ordre national des médecins du Sénégal qui a été saisi afin de désigner un expert indépendant. Il a proposé le professeur Alassane Mbaye, cardiologue réputé de l'hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff. Une référence dans son domaine.
Son rapport, aujourd'hui versé au dossier, a l'effet d'un électrochoc. « L'état de santé de monsieur Mouhamadou Ngom, dit Farba, n'est pas compatible avec la vie en milieu carcéral », écrit-il sans détour.
L'expertise indique que le détenu ne présente certes pas de complication aiguë engageant son pronostic vital immédiat, mais cumule de nombreuses pathologies chroniques : cardiovasculaires, métaboliques, hépatiques, vertébrales, neurologiques et prostatiques. Des maladies évolutives, nécessitant un suivi médical spécialisé, des traitements rigoureux et un environnement adapté.
« Le milieu carcéral, par ses conditions de vie probablement non optimales, pourrait aggraver ces pathologies et exposer le patient à des complications dans un délai imprévisible », ajoute le professeur Mbaye.
Le rapport souligne également la nécessité d'une prise en charge globale : régimes alimentaires précis, activité physique encadrée, contrôle du stress, rééducation fonctionnelle et accès constant aux médicaments. Une équation difficile à garantir dans les murs d'une prison.
Face à ces conclusions, les avocats de Farba Ngom ont saisi le juge d'une demande de mise en liberté provisoire. Pour eux, l'analyse du professeur ne laisse aucune place au doute : « La dégradation de son état est documentée, objective et dangereuse. Le maintien en détention reviendrait à exposer leur client à un risque médical majeur, avec des responsabilités pénales et humaines lourdes. »
Ils rappellent aussi que Farba Ngom a été perfusé à trois reprises à l'infirmerie de la prison et qu'il limite désormais ses visites, y compris celles de ses avocats et de ses proches. Un isolement qui ne relève plus d'une stratégie judiciaire, mais d'un état de santé fragilisé.
« Il ne peut se soustraire à la justice », affirment-ils. « Son état suffit à le clouer à une discipline médicale stricte. Il n'a aucun intérêt, ni même la force physique, pour fuir. »
Dans un contexte politique encore tendu, cette affaire prend un relief particulier. Le juge d'instruction, désormais en possession de l'avis médical et de la requête des avocats, devra trancher. Entre le poids des charges et celui du cœur, il lui faudra dire ce qui pèse le plus.