LE DANGER DES BASES "LIBÉRÉES"
Fin juillet 2025, le Sénégal n'aura plus aucune base militaire étrangère sur son sol. Mais derrière l'euphorie de la "souveraineté retrouvée", des experts sécuritaires lancent un cri d'alarme : il faut inspecter les sites libérés avant toute réoccupation

Enclenché dès l'avènement du nouveau régime, le retrait des troupes militaires étrangères du Sénégal, devenu irréversible, amorce son dernier tournant. Mieux, le processus prendra fin d'ici fin juillet 2025, date à laquelle le Sénégal n'aura plus, sur son sol, aucune base militaire étrangère... Seulement, face à l'euphorie à cette idée de « souveraineté » retrouvée, de plus en plus de spécialistes de questions sécuritaires alertent sur les risques et dangers consistant à réoccuper les anciens sites et locaux libérés par les puissances étrangères, sans au préalable bien inspecter de fond en comble d'éventuels ou probables éléments de signalement ou de partage de données ou d'informations susceptibles de compromettre la sécurité nationale.
À partir de fin juillet 2025, le Sénégal ne devrait plus avoir sur son sol aucune base militaire étrangère. Alors que les nouvelles autorités ne cachent pas leur « fierté » face à cette « souveraineté » retrouvée, nombreux sont des spécialistes de questions sécuritaires qui attirent l'attention sur la « grosse erreur » qui consisterait à réoccuper les anciennes emprises libérées par les puissances étrangères, sans se donner le temps nécessaire de bien inspecter de fond en comble d'éventuels ou probables éléments de signalement ou de partage de données ou d'informations susceptibles de compromettre la sécurité nationale.
Selon eux, aujourd'hui, avec le départ de toutes les Forces armées étrangères, « il urge d'inspecter toutes les occupations, tous les sites et locaux, avant de s'y installer », alertent-ils, prenant pour prétexte la reprise de Protêt c'est-à-dire le retrait de l'Armée française des locaux jadis occupés au port autonome de Dakar. Non sans rappeler les cas suscitant encore des interrogations des sites déjà rétrocédés au Sénégal notamment, entre autres, le Camp de Bel-Air et autres libérés sous le régime de l'ancien président, Me Abdoulaye Wade, et les locaux de l'ancienne Ambassade des États-Unis d'Amérique (USA) au centre-ville de Dakar réaffectés au ministère de la Justice et qui abritent aujourd'hui l'une des plus hautes juridictions du Sénégal : le Conseil constitutionnel chargé de veiller sur la régularité et la constitutionnalité des lois et règlements et de garantir la sincérité des processus électoraux et de valider les résultats de toutes les élections, y compris l'installation du Chef de l'État élu dans ses fonctions.
Toujours pour étayer leur conviction sur la nécessité de prendre des précautions avant toute réoccupation des anciens domaines militaires des puissances étrangères, relativement aux questions de sécurité, ils remettent au goût du jour l'histoire du siège de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en Éthiopie, espionné par une puissance étrangère.
En effet, dans l'une de ces publications, le 26 janvier 2018, soit la veille du 30e Sommet de l'organisation panafricaine prévu les dimanche 28 et lundi 29 janvier, le Monde Afrique avait révélé qu'il y a un an (en 2017), les informaticiens de la « Tour de verre moderne », entièrement construite, équipée et offerte en 2012 par la Chine à l'Afrique, ont découvert que l'intégralité du contenu de ses serveurs était transférée hors du continent, par cette même puissance étrangère. Selon le journal français, corroboré plus tard par des experts algériens et éthiopiens, le siège de l'UA à Addis-Abeba, en Éthiopie, a fait l'objet d'un « espionnage massif entre 2012 et 2017 ».
Donc, pendant cinq (5) ans non interrompus, des « partenaires » du continent se sont adonnés à cet exercice qui n'a été découvert qu'en janvier 2017.