LE DR ABDOURAHMANE THIAM «AUDITE» L’APPEL DE TANOR DIENG
Interpellé par Sud quotidien sur les motivations du patron du Ps, Dr Thiam, a fait remarquer que le Ps n’est pas à son premier remous sur fond de dissensions et de volonté de rapprochement et de faire part des stratégies derrière la main tendue de Tanor

Le Dr Abdourahmane Thiam, Enseignant chercheur en Sciences politiques à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Ucad, se prononce sur l’appel du Secrétaire général du Ps, Ousmane Tanor Dieng, à la réintégration des responsables socialistes exclus le 30 décembre 2017. Interpellé par Sud quotidien sur les motivations du patron du Ps derrière cette opération en cette période marquée par la démission prochaine du gouvernement et la nomination d’un nouveau attelage gouvernemental mais aussi par le dernier mandat du président Sall, l’Enseignant chercheur en Sciences politiques a fait d’abord remarquer que le Ps n’est pas à son premier remous sur fond de dissensions et de volonté de rapprochement, avant de faire part tout de même de deux stratégies derrière la main tendue d’Ousmane Tanor Dieng.
«Le Parti socialiste a une histoire consubstantiellement liée à la trajectoire politique du Sénégal. Si on parle de l’histoire politique du Sénégal, il faut impérativement associer la contribution du Parti socialiste de même que le Parti démocratique sénégalais (Pds). Je pense que la dualité de la compétition politique au Sénégal s’est longtemps articulée autour de ces deux formations politiques. Maintenant, de par son histoire, le Parti socialiste a connu beaucoup de soubresauts dans le passé : des dissidences ensuite des divisions depuis l’Ups (Union des progressistes du Sénégal), le Pra Sénégal. On a vu ce qui s’est passé ensuite en 1996 avec le congrès sans débat suivi de la dissidence de feu Djibo Leyti Ka qui a fondé l’Urd, ensuite Moustapha Niasse avec l’Afp pour ne citer que ces deux cas puisque la liste est longue. Ceci pour dire que le Ps est un parti qui est souvent traversé par des dissensions internes. Maintenant pour ce qui s’est passé lors du référendum de 2016, il y a eu une scène de violence au sein de la maison de ce Parti socialiste qui a atterri devant la justice, le tout suivi par l’expulsion des camarades parmi lesquels il y a l’ancien député-maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, le maire de la Médina, Bamba Fall, ses collègues, Barthélémy Dias et Banda Diop, respectivement maires de Mermoz-Sacré cœur et de la Patte d’Oie.
La question de fond, c’était l’orientation et je pense que Bamba Fall l’a un peu expliqué dans certaines tribunes. C’était l’orientation du Parti autrement dit, avoir un candidat sorti de ses rangs qui était la question de fond. Une élection présidentielle au Sénégal sans le Parti socialiste et le Parti démocratique sénégalais, je pense que c’est une compétition inédite, ce qui s’est passé en 2019. Le président Macky Sall a été réélu c’est son dernier mandat si on se réfère à certains spécialistes même si la discussion autour de cette question de renouvellement du mandat est partagée mais jusqu’à preuve du contraire, ça reste que c’est son dernier mandat. Cette situation de dernier mandat change complètement les enjeux. Tous les alliés vont essayer de se positionner en élaborant des stratégies. Sous cet angle, on peut analyser sous deux niveaux la position actuelle du Secrétaire général du Parti socialiste.
D’abord, sa démarche peut être une stratégie pour montrer au président Macky Sall, le poids du Parti socialiste dans le champ politique sénégalais pour qu’au moment de la distribution des rôles, ce parti ne soit pas laissé en rade. De ce fait, il cherche à apporter des rectifications sur les erreurs qui ont été commises dans la gouvernance du Parti socialiste. Ensuite, le deuxième niveau d’analyse est que cela peut être une manière de réunifier le Parti socialiste avant de rendre le tablier. Je pense que ça serait une sortie honorable pour lui, vu ce que s’est passé ces dernières années. Dans l’histoire du Parti socialiste, je pense que c’est la première fois qu’on a vu des batailles de positionnement qui vont jusqu’à la justice. On a vu l’incarcération de l’ancien député-maire de Dakar dont on imputerait une certaine responsabilité à la direction du Parti socialiste qui n’a jamais d’ailleurs apporté son soutien à l’ex-maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall.
En tant qu’observateur, je n’ai pas connaissance de la visite d’aucun membre du Parti socialiste à leur camarade à Rebeuss jusqu’à présent. En plus, beaucoup de choses se sont également passées comme le décès de membres de sa famille biologique et il n’y avait même pas eu la présentation de condoléances encore moins de délégation de ses camarades socialistes. Le mal est donc trop profond comme le disait l’autre. Et pour essayer de panser cette plaie, une stratégie de signer une paix des braves est envisageable pour essayer de recoudre les déchirures et après organiser un congrès où tous les acteurs seraient présents pour ensuite rendre le tablier de manière démocratique. Ca serait une voie de salut pour Tanor, ce qui va certainement l’aider à revoir son image auprès des Sénégalais, vu qu’il n’est pas bien vu auprès de l’opinion».