LE GOUVERNEMENTDE COMBATS N’A GAGNÉ QUE LES COMBATS POLITICO-JUDICIAIRES
L’amélioration des conditions de vie des Sénégalais était au premier rang des priorités de l'équipe gouvernementale actuelle. Au finish, ces combats semblent s’être soldés par des échecs, du moins selon beaucoup de citoyens lambda

17 septembre 2022-17 septembre 2023. Le gouvernement du Premier ministre Amadou Ba vient de boucler sa première année. L’amélioration des conditions de vie des Sénégalais était au premier rang des priorités de cette équipe qui se présentait comme un «gouvernement de combat social» et de «défis». Au finish, ces combats semblent s’être soldés par des échecs, du moins selon beaucoup de Sénégalais lambda qui, un an après, disent être restés sur leur faim… Bref, le gouvernement de combats en aurait gagné très peu !
Le président de la République, Macky Sall, qui a renoncé à briguer un troisième mandat, a porté son choix sur l’actuel Premier ministre pour porter les couleurs de son parti (Apr) et de la coalition Benno Bokk Yaakar à la présidentielle du 25 février prochain. Il s’agit d’Amadou Bâ qui, lors de sa prise de fonctions, avait annoncé la formation d’un gouvernement de 38 ministres choisis pour relever des défis et surtout combattre la situation sociale du pays. Une équipe d’hommes et de femmes d’expérience qui était engagée à opérationnaliser les objectifs prioritaires du président de la République. Un gouvernement qui devait être à la hauteur des enjeux avec des hommes et des femmes d’action et rompus à la tâche. L’objectif prioritaire que s’était fixé le nouveau gouvernement d’Amadou Bâ était basé sur le «combat social» et les «défis». La principale priorité étant la sécurité sociale, et faire en sorte d’améliorer la qualité de vie des Sénégalais concernant surtout le pouvoir d’achat, la formation professionnelle et faire en sorte que le sénégalais puissent vivre de façon agréable. Le nouveau Premier ministre invitait ainsi à «resserrer» les rangs et mettre plus en valeur l’aspect social de l’action du gouvernement. Un an après la formation du gouvernement dit «de combat», d’après les mots du Premier ministre Amadou Bâ, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a guère convaincu les Sénégalais. C’est le moins que l’on puisse dire
Zéro pointé pour le gouvernement de Macky
D’après la plupart de nos interlocuteurs, le gouvernement dirigé par Amadou Bâ n’a pas pu aider le président Macky Sall à nouer une nouvelle relation de confiance avec le peuple. «Le chantier reste vaste, les attentes nombreuses. Doublement perdu sur le plan économique et social, leur combat n’a été gagné que sur le plan politico-judiciaire», ironise le nommé Souleymane Djigueul. A l’en croire, le principal «combat» mené parle gouvernement en place un an durant a consisté à éliminer des adversaires politiques et d’emprisonner des militants de partis de l’opposition pour... «s’éterniser» au pouvoir. «Oui, c’était un vrai et véritable gouvernement de combats pour rester au pouvoir. Amadou Bâ, c’est Macky Sall bis. C’est le même système, les mêmes méthodes, les mêmes têtes qui vont revenir...». Selon toujours le sieur Djigueul, le «gouvernement de combats» annoncé par le désormais dauphin du président Macky Sall n’était qu’un «gouvernement contre le peuple et pour l’élimination d’un adversaire de taille», à savoir l’opposant Ousmane Sonko.
«Aujourd’hui, il (Ndlr, Amadou Ba) a été choisi pour représenter Benno Bokk Yakkar à la prochaine présidentielle, mais nous n’attendons rien de lui. Ces gens du pouvoir, que peuvent-ils encore nous apprendre, nous faire comprendre si ce n’est de faire des calculs d’épicier pour éliminer des opposants. Ça va changer quoi à la fin? La vie est chère. Nos enfants sont diplômés, mais ne trouvent jamais de travail. Nos fils qui prennent les pirogues ne reviennent plus. C’est des familles dévastées de tout petits enfants orphelins, des mamans désemparées...», éructe de rage Youssouf Senghor.
Avec ce programme social de «combat», l’équipe d’Amadou Bâ voulait répondre aux besoins des populations ainsi qu’à leurs attentes pressantes et légitimes. Seulement, la feuille de route qui demandait beaucoup plus d’actions concrètes sur le terrain et de communication pour un impact positif sur les conditions de vie des populations, semble avoir été perdue…en cours de route ! Pour le sieur Senghor, ce pacte de confiance n’a pas pu donner les effets escomptés malgré les besoins identifiés». «Il (Ndlr, Amadou Bâ) est modeste, mais il n’a pas réussi le jeu. C’est comme s’il était là comme figurant attendant son tour. Son plan de jeu qui couvrait beaucoup de domaines n’a réussi que dans le domaine judiciaire et très politique avec Antoine Diome qui a fait un excellent travail. Surtout dans la stabilité», a t-il magnifié à l’endroit du ministre de l’Intérieur.
Pour le nommé Talla Mbodj, «le gouvernement de combat social dont parlait Amadou Bâ n’était qu’un effet d’annonce. Le virage social n’a jamais abouti. Je peux me permettre de dire qu’on est condamné à vivre éternellement comme ça. Tout tourne autour de la politique. Même les programmes dits sociaux, c’est des programmes politiques. Juste pour dire que le Sénégal connait une ségrégation sociale énorme».
Ce qui est frappant dans les réactions de nos interlocuteurs, c’est la demande d’autorité. «Tous nos candidats font de belles promesses avant les élections. Et une fois nommés à des postes stratégiques, ils nous oublient. Ils se moquent pas mal de la situation sociale des citoyens que nous sommes. L’important pour eux, c’est d’être élus ou réélus», a souligné Djeynaba Sow. «Nous ne voulons pas d’Amadou Bâ qui n’aura même pas 10% des voix aux élections parce que le temps du système est révolu. Nous voulons Ousmane Sonko. Nous réclamons sa libération et celle de nos fils emprisonnés depuis des mois», a-t-elle martelé. « Cette équipe avait été présentée comme un gouvernement de combats et de défis avec une continuité et des surprises. Ce n’était qu’un combat pour rester au pouvoir. Ce n’était qu’un calcul politique. Amadou Ba a dirigé mais il a été incapable d’apporter des solutions aux grandes questions comme l’émigration clandestine et la hausse vertigineuse des prix des denrées et aussi du coût du loyer.
Le pays se vide de ses jeunes
Aujourd’hui, le pays se vide de ses jeunes qui bravent la mer à leurs risques et périls parce que les politiques menées parle gouvernement ne répondent pas aux besoins des jeunes. La vie est chère. Les prix des denrées de première nécessité ont pris l’ascenseur jusqu’au dernier étage», a-t-elle souligné. Pour elle, c’est tout cela qui explique aujourd’hui les mouvements de contestation de jeunes parce que les aspirations des populations n’ont pas été prises en compte. Mme Dieynaba Sow se dit convaincue que le gouvernement s’est limité à emprisonner et à contraindre certains militants de l’opposition à l’exil.