LE REQUISITOIRE DE SONKO
Ousmane Sonko, le leader de Pastef-Les Patriotes, a dressé un réquisitoire sans complaisance contre le régime avant-hier, mercredi 29 mai.

En conférence de presse, le candidat arrivé troisième à la dernière présidentielle a taxé les concertations lancées par Macky Sall de « mise en scène » et de « cirque », voire de « manœuvre pour se décharger de la situation catastrophique du pays ». La classe politique n’a pas été épargnée dans ce réquisitoire, en premier lieu les membres du Front de résistance nationale (Frn) qui ont répondu à l’appel de Macky Sall. Des responsables dont l’attitude est assimilable, selon Sonko, à une certaine « duplicité ».
Moins de vingt-quatre heures après le lancement officiel du dialogue national par le président Macky Sall, son ancien challenger à la magistrature suprême Ousmane Sonko a tenu à réitérer son refus catégorique de répondre à la main tendue aux dites concertations nationales dites inclusives. En conférence de presse organisée au siège de sa formation politique à Dakar, mercredi 29 mai 2019, le leader de Pastef-Les Patriotes a dit sans ambages que son partie et ses alliés ne vont pas participer au dialogue national initié par le président de la République. Un dialogue qu’il a d’ailleurs qualifié de « mise en scène ». Ousmane Sonko a tenu à faire savoir dans la foulée que rien ne justifiait d’ailleurs l’organisation de ces concertations. « Nous ne sommes pas en guerre, il n’y a aucun besoin de faire un dialogue national », a dit le patron de Pastef.
Poussant plus loin sa diatribe contre le régime en place, l’ancien candidat malheureux à la présidentielle du 24 février dernier s’est dit convaincu que le dialogue appelé par le président Macky Sall est « une manœuvre pour se décharger de la situation catastrophique du pays ». C’est ainsi qu’il a relevé, face à la presse : « Nous assistons à un vaste cirque sous prétexte d’un président neutre…Le premier objectif de ce dialogue est une manœuvre pour se décharger de la situation catastrophique du pays. Il cacherait la réalité des finances publiques. Avec un gap budgétaire à ce jour de plus de 100 milliards et qui, s’il n’est pas résorbé, se portera, d’ici la fin de l’année, à 340 milliards ». Dans cet exercice de disqualification du dialogue initié par Macky Sall, Ousmane Sonko ne manquera pas de brocarder les personnalités indépendantes mises en selle à l’occasion.
Aussi dira-t-il, « Je n’ai rien contre ceux qui ont été désignés. Où étaient-elles, ces personnalités crédibles, pendant les 7 ans que Macky Sall foulait du pied les règles fondamentales et sacrées de notre consensus national. On n’en a jamais entendu un seul, ne serait-ce que faire une tribune pour rappeler à l’ordre Macky Sall par rapport à ses dérives. Ils étaient où, quand par manque de patriotisme, le même Macky Sall livrait notre économie aux intérêts étrangers et vandalisait nos ressources naturelles dans une gestion nébuleuse et clientéliste ? ». Le leader du Pastef ne manquera d’avertir les Sénégalais qui doivent s’attendre, selon lui, à souffrir durant les cinq prochaines années. Et cela pour la bonne raison, d’après lui, que « les choix à la base ont été mauvais. Macky Sall a atteint ses limites et veut se baser sur ce prétendu dialogue, et demander à d’autres acteurs d’endosser et d’assumer à sa place. Il est clair maintenant que l’Etat n’a pas les ressources nécessaires pour organiser les élections locales de 2019. C’est cela qu’ils veulent cacher».
Le Frn mis au « ban »
La conférence de presse d’avant-hier, mercredi, a été aussi l’occasion pour Ousmane Sonko de se démarquer du Front de résistance nationale (Frn) dont les représentants au dialogue assuraient avoir reçu l’onction de tous les quatre candidats à la dernière présidentielle pour participer au dialogue lancé par le chef de l’Etat. Tirant sur l’opposition qui a répondu à l’appel au dialogue sous la bannière du Frn. Il a parlé de fait de « la duplicité d’une certaine opposition, et même de l’incohérence de cette opposition ». En effet, pour Ousmane Sonko, « on ne peut pas avoir crié après les élections, pour dire que nous ne reconnaissons pas, et être les premiers à se bousculer, aller dire M. le Président ici, M. le Président là-bas. Ils sont tous pressés de serrer la main du Président ». Et le leader de Pastef de poursuivre : « Nous respectons la liberté de chaque organisation politique dans l’opposition, de ses choix. Mais aller au dialogue, soyons clairs, c’est être en collision avec Macky Sall ou à une forme de ralliement. Celui qui se dit élu à l’élection présidentielle de février 2019 est supposé l’être suite au programme politique proposé aux Sénégalais. Dans un Etat de droit, après les élections, il n’y a que deux camps politiques, ceux qui gouvernent et ceux qui s’opposent. Après, il y a la Société civile, les citoyens. Mais politiquement, il y a deux camps ». En conclusion, le candidat arrivé en troisième position à la présidentielle avec près de 15 % des suffrages assénera: « On ne peut pas avoir de camp hybride. Il faut que ce soit très clair. Et chacun maintenant doit faire son choix. On s’oppose ou on est avec Macky Sall. Mais je ne suis pas ici, je ne suis pas là-bas. Cà, c’est essayer de tromper le peuple ».